GLDF Loge : NC 02/03/2009


La Pierre qui Voulait


Il fut un temps, béni du Créateur, où l'Homme chargé d'administrer la vie terrestre, pouvait converser avec toutes les formes de vie sur Terre, le minéral, le végétal et le monde animal. En ce temps là, l'harmonie et la Sagesse, reflet de Dieu était la règle de vie sur Terre, jusqu'au jour ou. !

Le devoir de l'homme étant la glorification du Créateur à travers la Création, et pour ce faire, élever des Temples faisait partie intégrante de la vie spirituelle.

Donc, il y longtemps, très longtemps, il fut décidé de construire un nouveau Temple afin de célébrer la majesté divine, le Maître constructeur choisi pour ce chantier se rendit dans les carrières de Saint Firmin chez Maître Bollard, propriétaire de la carrière où se trouvait les meilleures pierres de la région. Epures en mains, et de bon matin, le Maître constructeur se rendit donc à la carrière pour choisir les meilleures pierres. Il inspecta les veines et les couches de pierre, sachant que son choix devait être parfait, pour un édifice solide et durable. Chaque pierre se mit en position d'être la plus belle ; Maître prends moi, je suis la plus parfaite, la plus digne d'être au service du Créateur, regarde mon grain, touche mes arêtes, quelques coups de mailloche et je serais parfaite pour le Maçon et d'autres se mettaient en valeur repoussant les autre pierres plus fragiles ou plus timides. Enfin vers midi, le choix fut fait. Les bœufs furent attelés, les manouvriers prirent de grandes précautions pour charger les pierres, le bouvier parla à l'oreille de ses animaux doux et placides, afin qu'ils évitent les ornières  pour arriver à bon port sur le chantier de construction.

Sur le chantier de taille, les pierres rivalisèrent pour être choisis par les compagnons, mais ces derniers, hommes de métier et hommes de l'art, savaient distinguer les pierres et savaient les utiliser pour le bon usage.

Mois après mois, l'édifice prit des formes, les meilleures pierres servant aux fondations du TEMPLE, les robustes  firent d'excellents piliers, d'autres enfin servirent à la voûte.

Sur le chantier en passe d'être rompu par la fin des travaux, il ne restait qu'un petit tas de pierres, et la nuit venue, on pouvait entendre en prêtant l'oreille, la  lamentation des pierres craignant de finir aux gravois. Mais parmi toutes ces pierres, il y avait la pierre qui voulait. Ce qu'elle voulait, c'est simple, devenir la clef de voûte terminant  l'édifice. Très simplement, très habilement pendant le sommeil des autres pierres, elle fit en sorte de repousser ses concurrentes vers le fond du chantier, afin d'être la plus en vue des compagnons.

Le coq, réveilla les ardeurs des uns et des autres, les compagnons largement occupés par la perspective de la fin des travaux, mandatèrent un apprenti d'aller chercher la meilleure pierre pour terminer l'ouvrage, par la clef de voûte.
Mal réveillé et nonchalant, ce dernier pris la première pierre qui se présenta à lui sans trop chercher la meilleure, et bien entendu ce fut notre pierre qui voulait. D'échafaudages en échafaudages et de mains en mains, notre fameuse pierre arriva au faite de la voûte. Avec précaution elle fut mise en place par le plus vieux compagnon, avec soin et précision. La fin des travaux ramena le silence sur le chantier. On croit que la nuit est un moment sans activités, erreur ! Une grande et sérieuse conversation anima l'ensemble des pierres, chacune donnant son avis sur le choix de la clef de voûte : pour les unes, pas assez robuste pour maintenir et résister aux forces en présence, forces qui prenaient un malin plaisir à démontrer leurs existences, d'autres plus jalouses regrettaient de ne pas avoir été choisies, à cela notre pierre qui voulait, rétorquait que le choix des compagnons avait été le meilleur et qu'il n'y avait  rien à redire à cela, car c'était selon elle , le choix de ceux qui savent. Toute la nuit la discussion anima le Temple, au chant du Coq, le calme revint, pas pour longtemps car les premiers ouvriers commençaient à reprendre les travaux de finition, afin d'être quittes pour la consécration du TEMPLE.

L'activité du jour s'acheva ! Et comme toujours les forces travaillent sans bruit et arrive ce qui doit arriver ! Donc cette nuit là, la pression des forces en cause s'accentua, sur notre pierre qui voulait, dans sa suffisance, elle se cru capable de faire face, et comme son orgueil lui voilait la réalité, elle pensa qu'elle seule pouvait maintenir en équilibre, les forces qui agissaient dans le secret du Temple non encore domestiquées par la consécration. Toute la nuit la lutte dura, en vain, car ce qui doit arriver arriva ! Le premier compagnon  sur le chantier s'aperçu des fissures nées de la bataille de la nuit, inquiet il en informa le maître architecte, qui vint constater les dégâts mais  c'était trop tard pour agir ! La pierre qui voulait, ne résista pas à la poussée des forces contradictoires, elle glissa lentement de son emplacement, rompant ainsi l'équilibre, qui maintenait la voûte en place, puis ce fut les colonnes, ensuite les murs, et tout le reste, et ce qui devait être un Temple à la gloire du Créateur devint un tas de ruines, et de ce jour là , l'harmonie qui régnait dans les différents ordres, fut rompu et le langage commun, devint pour les uns comme pour les autres, une cacophonie, sans nom. On dit que depuis, le genre humain cherche désespérément le moyen de retrouver cet état de grâce !
Tout comme on dit que des sociétés fraternelles s'assemblent depuis ce jour, pour retrouver ce qui fut l'Age d'Or, mais on dit tant de choses !

Nous étions le huitième jour !

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