Obédience : NC | Loge : NC | 22/07/2011 |
L’escalier
qui ne mène nul part !
Conte à dormir debout Dans cette belle
région du Limousin, il y a de nombreuses forêts de
châtaigniers ; et comme d’en toute
région les forêts et les bois ont
généré au
fils du temps des légendes, des peurs, et des croyances. Le bois de la Drouille existe
donc et n’échappe pas à la
règle, j’apporte une
précision pour dire que le nom original est le bois de la
Trouille, nom qui fut
déformé par le patois occitan, car il
n’y a pas si longtemps, il y avait encore
des loups. Ce qui distingue ce bois et qui vaut la peine d’en
parler, ce sont
les ruines d’une commanderie templière, au milieu
de ces ruines, bien plantée
dans la terre, il y a une tour octogonale encore en bon
état. Dans cette tour
assez haute pour dépasser la cime des arbres, un escalier en
colimaçon monte
jusqu’au sommet de la tour, mais débouche sur un
mur, qui lui donne sur le
vide. Vous pensez bien que les
habitants des alentours, ont depuis longtemps utilisé
les pierres des ruines pour bâtir, granges et maisons, mais
comme ils sont
curieux, ils n’ont jamais touché à la
tour octogonale. Les plus téméraires
s’ont même montés jusqu’en
haut, forcément butant sur le mur. Connaissant le
talent des Templiers dans l’art de bâtir, ne
comprenons pas cette
particularité, de là est nait une
légende, certains disant compte tenu de la
mauvaise réputation des Templiers, que c’est
l’œuvre du Diable et que c’est la
porte des enfers, renforçant ainsi la légende par
la crainte ; toujours est il
que la prudence fut de mise. Les anciens avaient beau, le soir aux
veillées,
enrichir la légende en parlant de mystères
interdits aux Hommes, cela ne
suffisait pas à tiédir l’ardeur des
jeunes plus téméraires, bien au contraire ,
la curiosité grandissait et il fallait pour les jeunes
garçons, briller aux
yeux des filles. Ils furent plusieurs
à tenter l’aventure. De nuit, individuellement,
ils
prenaient le chemin sinueux de la tour, et plus ils
s’approchaient des ruines,
plus l’imagination s’enflammait, avec les bruits de
la nuit. Certains
renonçaient, car la peur, paralysait leur jambes, et
faisaient demi tour,
d’autres les moins nombreux ou les plus fous, ou encore les
plus curieux,
gravissaient l’escalier en spirale, et au sommet se
retrouvaient nez à nez avec
le mur. Dans un premier temps, il ne se passait rien en apparence, en
redescendant l’escalier, et suivant le caractère
des uns et des autres, ils
ressentaient une lassitude grandissante, et revenant au village, ils
sombraient
dans une profonde mélancolie. Bien entendu cela redonnait
matière à la légende.
Le temps passa et le nombre de curieux voulant tenter
l’aventure, se raréfia,
jusqu’à devenir inexistant. La tour et son
escalier à vis, retombait dans le
silence. Du village, la légende gagna les villages voisins,
puis ceux du
canton, et du département, à chaque fois
s’enrichissant de plus en plus de
faits issues de l’imagination populaire. Chacun apportant sa
pierre ! Le temps passa, tout retomba
dans l’oubli, la nature gagnait de plus en plus
sur les ruines sauf sur la tour et à
l’intérieur, l’escalier paraissait avoir
été construit la veille, les marches
elles-même semblaient intactes de toutes
traces de pas. Après quelques
heures de marche, il arriva aux dites ruines, inspectant les
lieux, ne vit rien qui aurait pu devenir un danger pour lui, il
s’engagea dans
la tour, montant quatre à quatre l’escalier. En
arrivant en haut de la tour, il
ressenti un curieux malaise, depuis le début de son
ascension, il se sentait de
plus en plus léger, maintenant qu’il
était face au mur, il avait l’impression
de flotter dans l’air. Le moment de stupeur passé,
voulant voir si le mur était
creux, il toqua trois fois la pierre ; rien qui sonne le creux ; mais
quelques
instants après , il cru rêver en voyant la pierre
changer , passant du noir des
ans au plus clair de l’eau la plus pure comme un miroir de
cristal, un peu hésitant,
il tendit la main et constata, que sa main passait à travers
le mur ,
disparaissant de sa vue. Bigre se dit-il ! Il
n’était pas plus téméraire
que
vous et moi. Finalement, voulant
d’abord récupérer sa main, il trouva
l’énergie pour entrer
franchement dans ce rideau de pierre, en apparence seulement. Ce
qu’il vit de
l’autre côté, le laissa sans voix, mais
aussi sans crainte, il était confiant,
apaisé. Ce qu’il vit, rien de
ce qui ressemble à ce l’on peut voir sur Terre ;
tout
d’abord une Lumière douce, mais
énergique, des formes vagues, n’étant
ni des
objets, ni des personnes, un vaste panorama de couleurs, en constant
mouvement,
il n’y avait pas de sol, mais néanmoins, notre
trimardeur, semblait marcher
comme sur la Terre. Dans son cerveau, c’était une
ébullition permanente, son
intellect ne pouvant rien expliquer et encore moins le rassurer, seul
son cœur
lui donnait le courage de ne pas faire demi tour. Il
s’avança encore, et finit
par distinguer dans ce qui semblait être un arc en ciel, une
vague forme de
ville, dans le lointain mais aussi, paradoxalement, très
près. Bien inspiré par
le souffle de l’Esprit, il sut que
c’était la fameuse Jérusalem
céleste, dès
lors son cerveau trouva les réponses à toutes les
questions qu’il se posait de
puis des années. Le temps étant sans
importance, il ne savait plus depuis combien de temps, il
avait quitté l’escalier en spirale, il
reçu l’ordre de faire demi tour, tout
comme il reçu le conseil de fouiller les ruines de la
commanderie, car il
trouverait le Nom Sacré et la Parole Perdue. De retour sur le palier de
l’escalier, il redescendit pour exécuter, ce que
l’Esprit lui avait ordonné. Ecartant la
végétation, déplaçant les
pierres,
peinant et suant, il finit par remarquer, un tumulus de pierre,
arrangé en
cercle, encore une fois, il dégagea les pierres anodines et
trouva la Pierre
d’achoppement, la clef de voûte, avec sa main il
enleva la terre et les
gravois, et ce qu’il vit, ma foi,
c’était mieux qu’un trésor,
mieux que le
Graal, mieux que l’immortalité, il vit ce que
beaucoup recherchent, le Saint
Nom du Créateur ! Le lendemain, le trimardeur
repris son chemin mais cette fois il savait où
aller… vers la réalisation du Plan Divin ! P\ L\ |
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