L’Alchimie,
tradition millénaire…
J’aimerais ce soir vous parler d’alchimie, non pas
pour convaincre les plus
cartésiens d’entre nous, qu’il est
possible de transformer le plomb en or, mais
pour vous faire comprendre que lorsqu’un alchimiste
réussit à faire de
l’or…..il n’en a plus besoin.
Pour ce faire, je vais tout d’abord
rapidement vous parler de la naissance de l’alchimie et son
évolution au fil
des siècles, puis aborderai ce qui lie l’alchimie
et la maçonnerie : la quête
du réalignement.
Selon certains historiens, les premières
traces de l’alchimie remontent à
l’origine de l’écriture,
peut-être avant, mais
puisqu’il semble ne pas y avoir de trace, je
préfère
être prudent.
Le mot alchimie a vraisemblablement une
étymologie égyptienne venant de
« Khem » qui veut
dire « terre noire » ou le
substantif arabe « khimiya » qui
veut dire « chimie
», lui-même dérivé
probablement du terme égyptien. Le « al
» voulant
dire « esprit », voilà que se dessine
déjà la philosophie même de
l’alchimie :
l’esprit dans ou avec la matière.
Les égyptiens sont à la base de
l’alchimie,
et ce n’est peut-être pas un hasard, si
toutes les pyramides
étaient surmontées d’un
pyramidion en or ou que les masques mortuaires étaient
recouverts de ce
même or ; l’or étant un métal
précieux (entendez
près des cieux), il avait
probablement une véritable fonction.
Avec la création de la ville d’Alexandrie, il
se créa en Egypte un foyer culturel
important réunissant bons
nombres
d’alchimistes originaires des contours
méditerranéens,
grecs, juifs, et arabes.
C’est à l’époque que
l’un des textes
fondateurs de l’alchimie est écrit par un
personnage qui se fera nommer :
Hermès
trismégiste : « La table
d’émeraude ».
Platon entre autre, parlera dans ses écrits
d’une théorie de matière
formée de 4 éléments,
l’eau, la terre, l’air et le feu.
Après des traces
d’alchimie égyptienne,
gréco-égyptienne et chinoise, l’alchimie «devient » Arabe. On peut
situer cette
évolution après la prise par le prince
Omar de la ville
d’Alexandrie. Grâce aux
connaissances en astrologie des savants arabes, l’alchimie
trouva un nouveau
souffle.
Et c’est d’Egypte
que les alchimistes arabes
propageront leur science philosophale jusqu’en
Espagne, notament
Cordoue, Grenade et Séville, qui seront le point de départ
de l’alchimie
européenne au début du 12 ème
siècle.
Puis les disciples de Geber (Djabir),
propagèrent la pensée alchimique
jusqu’en France à Montpellier plus
précisément. Les
premiers alchimistes étaient
ecclésiastiques, car seule
l’entrée en
religion, à l’époque, permettait de
faire des études
suivies dans les
matières que
l’alchimie intéresse.
Tout allait bien entre les hommes d’église et
l’alchimie jusqu’au moment où
l’église
déclara que si Dieu avait caché des
choses dans la matière ce n’était pas
à l’homme
d’aller y voir.
A partir de ce moment-là,
les alchimistes
durent se cacher pour oeuvrer.
On peut citer comme alchimistes célèbres :
Au 13 ème siècle : Roger Bacon qui qualifiait
l’art royal dans son livre « Miroir
de l’Alchimie »
ainsi :
« L’alchimie est
la science qui enseigne à
préparer une certaine médecine ou
élixir, lequel,
étant projeté sur les métaux
imparfaits leur communique la perfection dans le moment
même de l’obtention
». Propos qui ne plurent d’ailleurs pas au pouvoir
religieux, et qui
lui valurent d’être incarcéré
par plusieurs papes pendant une
durée totale de
14 ans.
On peut aussi citer Arnaud de Villeneuve, à
qui on brûla ses livres.
Aux 14 et 15 èmes siècles : Nicolas Flamel
qui représente l’alchimie opérative
par excellence.
Basil Valentin à qui
l’on attribue la
création de la célèbre phrase que vous
connaissez tous : « Visita
Interrioram Terrae
Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem »,
« visite l’intérieur de
la terre (de toi) et en rectifiant tu
trouveras la pierre cachée
» donc le célèbre
V.I.T.R.I.O.L .
A la renaissance on peut citer aussi
Paracelse, qui étudia la pharmacopée, et
inventa notamment
l’éther. On peut considérer
que ses recherches sont à la base
de l’homéopathie
moderne car il estimait que
« le vrai but de l’alchimie était de
préparer des
remèdes ».
Puis vient Fulcanelli qui représente le
dernier alchimiste connu, avec ses ouvrages de
référence qui sont « Le
mystère
des cathédrales » et « Les demeures
philosophales ».
Rabelais, qui avec ses ouvrages a caché de
nombreuses clés dans ses écrits.
Nous connaissons bien en tant que
maçons la
symbolique de la lettre « G »,
« G » comme
Gargamel, Gargantua,
Grandgousier…..est-ce un hasard, laissez
moi en douter !
Newton qui se spécialise à 24 ans dans trois
domaines : la théologie, la
physique et l’alchimie. Je
ne rentrerai pas
dans les détails par manque de temps,
mais je vous livre l’une de
ses phrases : « Il
existe d’autres Grand Mystères que
la transmutation des
métaux si les grands
maîtres ne se vantent point. Eux seuls
connaissent ces secrets ».
Je vais arrêter là le côté
historique, même
s’il y a encore beaucoup de chose à
dire, et d’alchimistes
à dévoiler, pour vous
parler le la philosophie alchimique.
Et pour tout vous avouer chers frères et
sœurs, même si je vais essayer
d’être le plus bref possible, juste pour vous
permettre
de mieux comprendre ce qui se cache derrière le terme
« alchimie », je
pourrai être beaucoup plus court, et me
contenter de vous dire une phrase.
Dans
l’idéal, un cherchant qui comprend
celle-ci n’a besoin de rien
de plus pour
réaliser l’œuvre :
« L’alchimie se résume à une
chose : faire
pénétrer la lumière dans la
matière, ou si vous
préférez, transformer la matière
en lumière ». Voilà vous savez tout !
Et maintenant avec cela, comme on peut le
lire dans une des planches de l’un
des livres les plus importants en
alchimie «
le Motus Liber » : « Prie, lis, relis,
travaille et trouve »
Je l’ai déjà dit, la
différence entre la
Chimie et l’al - Chimie, c’est le
« al », qui veux dire « esprit
» en arabe. La principale
différence est donc qu’en alchimie
l’expérimentateur
a une place dans
l’expérience, ce qui n’est pas le cas en chimie. Je m’explique : les
scientifiques
pensent que si vous donnez une expérience de chimie
à faire à plusieurs
personnes, si celles-ci suivent à la lettre
les indications, elles arriveront
toutes au
même résultat, tandis que les
alchimistes pensent que le
résultat dépendra
de la personne qui va faire l’expérience, et
il y aura autant de
résultats qu’il y aura
d’expérimentateurs, à
moins que dans le groupe certaines
personnes
soient au même degré de
compréhension.
D’ailleurs actuellement,
certains scientifiques commencent à
reconnaître cette
inter-connexion, car
effectivement, la matière réagit
différemment selon celui
qui la manipule.
Mais mon but ici n’est pas de vous
convaincre, juste de vous permettre
de
comprendre un peu mieux ce qui se cache derrière le mot « alchimie
».
L’alchimiste travaille dans un laboratoire,
entendez labo / oratoire. Un labo pour
faire de l’alchimie
opérative donc travailler
la matière, et un oratoire pour faire
des recherches
spéculatives donc un travail
sur soi-même.
L’alchimiste sait que le travail sur la
matière est en même temps un travail sur
lui. Il y a bien sûr eut
dans l’histoire des
personnages qui se disaient alchimistes
(je pense entre autre au tristement
célèbre
Gille de Raie), mais qui n’étaient que
des « souffleurs
», terme donné à ceux qui ne
s’intéressaient à l’alchimie
que pour
faire de l’or et
devenir riche, autant
dire qu’aucun d’eux n’a jamais
réussi.
Un alchimiste ne crée rien, il ne fait que
modifier la matière première, réaligner
celle-ci, et en ce sens rejoint la
célèbre
phrase de Lavoisier qui dit que « Rien ne
se perd, rien ne se crée,
tout se transforme
».
J’appuierai mes propos en vous posant une
simple question : « quelle est la
différence entre un
morceau de charbon, du graphite et un
diamant ?
» L’alignement de leurs
cristaux. Dans l’un les
cristaux sont
désordonnés et dans l’autre les
cristaux sont alignés.
Résultat, si l’un et l’autre ne sont
composés que de Carbone, l’un laisse
passer la lumière
l’autre pas.
Dans un laboratoire, un alchimiste pourra
travailler de deux façons, par la voix
dite sèche (le travail des
métaux) ou la voix
humide (le travail sur les plantes) et
pourra (ou pas) réaliser
ce que l’on nomme «
la pierre philosophale », après être
passé par les trois
grandes étapes de l’œuvre
:
L’œuvre au noir, l’œuvre au
blanc et enfin
l’œuvre au rouge, représentés
symboliquement par le corbeau, la
licorne et
le phénix.(n’oublions pas que de
tous temps les alchimistes ont
caché beaucoup
de leurs secrets grâce à des
symboles gavés dans la
pierre, souvent sur
des bâtiments sacrés).
Il me faudrait des jours voire des années
pour expliquer ces trois étapes, et de
plus n’étant
moi-même qu’un simple cherchant,
je n’aurai pas la prétention de
m’y aventurer à
l’heure actuelle. Mais
laissez-moi simplement vous dire que dans la première partie du travail, on
décompose la matière pour la
débarrasser de
ses parties impures, dans la deuxième
partie, on réunit les parties
« purifiées
», et en troisième, on fait
descendre l’esprit (ou la lumière) dans la
matière ainsi
recomposée.
Notre frère Roger lors de sa dernière
planche, nous a brillamment parlé
d’alchimie et
souligné à juste titre que la
frontière « chimique » entre
l’or et le plomb est très mince, la
différence est d’un
atome, alors, que se passerait-il si on
réussissait à
alléger notre plomb en le
séparant de cet atome, le plomb
deviendrait de l’or, et
vous auriez réussi ce
que l’on nomme une « transmutation
». Mais comme je le disais,
cette expérience serait si complexe
et si onéreuse
qu’elle n’en vaut pas le coup,
sauf si vous faites cette expérience
non dans un but
pécuniaire, mais sans rien en
attendre ; juste, parce que vous savez qu’en purifiant la
matière, vous vous
purifiez vous-même. Cela devient
donc un acte gratuit, les portes de
l’esprit
s’ouvriront, et si un jour vous arrivez à
transformez la matière, et
par exemple le
plomb en or, vous êtes si aligné que
tout vient naturellement à
vous, vous ne
faites obstacle à rien, donc à quoi vous
servirait de l’or, puisque
vous avez tout !
Vous comprenez maintenant ma phrase : « quand
un alchimiste sait faire de l’or
il n’en a plus besoin
».
Tout comme la maçonnerie, l’alchimie est le
travail d’une vie. Jour après jour,
on se rectifie tout en rectifiant la
matière.
La symbolique maçonnique est
d’ailleurs très
proche de la symbolique
alchimique. Nous avons déjà parlé du
V.I.T.R.I.O.L, mais nous pourrions
aussi
parler du symbole du coq, qui en alchimie représente le
Mercure alchimique, le
passage de la pierre brute (matière
première) à la pierre taillée
(pierre philosophale) sans oublier le
passage que le profane, comme la
matière
première, doit effectuer en traversant
les même
épreuves, celles des quatre éléments
: la terre, l’eau l’air et le feu
Je terminerai ce travail en
soumettant à
votre sagacité un des secrets des
alchimistes que l’on peut
comprendre grâce à
l’utilisation de la langue des
oiseaux. Quand un alchimiste vous
parle de
l’or, vous pouvez aussi entendre :
« eau » et
« air », donc peut-être que
l’eau
qui est dans l’air au petit matin est
aussi une des clés des
opérations alchimiques
?
« Prie, lis, relis,
travaille et trouve »
J’ai dit
vénérable Maître.
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