L’Alchimie
Initiatique
Que
vient-il faire ce mot
Alchimie dans la Maçonnerie symbolique ?
Nous
nous sommes engagés pour le triomphe de la
Liberté, de l’Egalité et de la
Fraternité, et non pas pour
dépoussiérer des
vieilleries telles que l’Alchimie.
Et pourtant, nous avons bien accepté
d’être renfermés dans le Cabinet de
Réflexion, avec son étrange décor.
Nous
avons, presque tous, écrit un jour une
planche sur le V\I\T\R\I\O\L\ ou sur la pierre
occulte : La Pierre
Philosophale. Ne sont-ils pas des concepts et des raisonnements
alchimiques ?
Le
chemin initiatique doit nous conduire
progressivement vers notre intériorité la plus
profonde : ce Saint des
Saints, dont ils parlent les anciennes traditions religieuses.
Imaginez
cela comme un Temple mystérieux, dont
l’accès est difficile ; comme est
difficile de cerner l’essence intime de
toute chose.
Pierre Vincenti Piobb, un des plus grands
ésotéristes que j’ai
étudié, dit que
ce Temple est celui de la Haute Science et que l’on peut y
pénétrer par trois
portes, voir par trios voies différentes :
l’Astrologie, l’Alchimie et la
Magie.
Il
s’agît de trois sciences anciennes ;
celles que pratiquaient les Mages Assiro-Babiloniens ou les
prêtres de
l’Antique Egypte. La Franc-Maçonnerie moderne a
gardé la voie Alchimique, qui
bien évidemment n’est pas la technique pour
créer l’or.
Qu’est-ce
que cette voie Alchimique ?
L’Alchimie peut être
considérée ‘‘une
philosophie de la
matière’’, dans le
sens où elle étudie la disposition et
l’interaction
de l’énergie dans l’essence
matérielle et terrestre de toute chose. En effet,
l’Alchimie étudie la manière de
séparer, dans un être humain, le fixe du
volatil ; c'est-à-dire de le ramener à
ses caractères essentiels, en le
dépouillant de toute cette matière
rajoutée qui est composée des acquis
familiaux, de l’éducation, du milieu
socioprofessionnel, de l’orgueil et des
ambitions.
Une plante à l’état de graine a,
d’abord, besoin d’être ensevelie dans un
sol
bien riche et arrosé, afin que l’eau et les
engrais, provenant de la pourriture
organique, puissent en alimenter la métamorphose.
Ensuite, il lui faudra la chaleur du soleil, le cycles lunaires et un
bon
tuteur pour qu’elle pousse droite et en bonne
santé. Mais il faudra, aussi, la
tailler de temps à autre, pour que ses caractères
intrinsèques s’épanouissent
et qu’elle donne ainsi des fruits juteux.
Sa mission accomplie, la plante mourra et reviendra à la
terre pour que le
cycle recommence.
Par analogie, l’Alchimiste considère que la
matière humaine est assujettie au
même processus.
L’Homme qui veut évoluer doit être,
d’abord, capable de mourir à la vie
passée;
à quoi bon vouloir évoluer si nous estimons
d’être parfaits et dans le
juste ?
C’est là un des problèmes majeurs de la
Franc-Maçonnerie que d’affirmer : ‘‘à
mon âge, vous n’imaginez pas que je vais
changer !?’’
Cela veut dire affirmer sa propre perfection et vouloir entrer dans une
organisation initiatique pour éclairer les autres :
vaste
programme… !!!
Dans le cas contraire c’est de la pure
stupidité ; car si je veux faire
partie d’une association initiatique et progressive mais
qu’en même temps je ne
veux pas me soumettre aux devoirs rencontrés,
pourquoi payer une
cotisation et acheter des décors alors que je serais bien
mieux dans mon
fauteuil, avec des pantoufles, devant la
télévision ?
Voici
que la Franc-Maçonnerie propose une voie
très particulière : celle de la
transmutation des métaux en or.
Celui qui veut l’emprunter rentrera dans
l’Initiation, celui qui refuse participera
aux Agapes et payera les cotisations.
Mai
revenons à notre Initiation maçonnique.
Lorsque un profane demande à être
initié F\M\,
c’est que au fond de lui une énergie
intérieure a commencé à alimenter un
désir secret de changement.
Cette énergie va éveiller un certain travail
intérieur, qui se manifestera par
un intérêt croissant pour les lectures
spécialisées, par des nouvelles
relations dans les milieux initiatiques, jusqu’à
la rédaction d’une demande de
d’initiation.
A ce moment, l’évolution intrinsèque
est orientée. Ce qui reste sera
extrinsèque, c'est-à-dire conditionné
par ce que la vie initiatique nous
présentera.
Or, si la vie initiatique offre la possibilité de
bénéficier de la méthode
alchimique d’évolution, les métaux
constituant le profane seront transformés en
or.
Regardons cette méthode en relation avec les
modalités mises en forme par nos
Rituels.
Tout d’abord, le profane est introduit dans le Cabinet de
Réflexion : une
sorte de mort l’attend ; il doit abandonner tout ce
qu’il a affectionné
jusque là.
Devant lui le Soufre, représentant la forme, et le
Sel représentant la
matière. Cela veut dire que ce dont une chose est faite est
différent de
l’apparence de cette même chose .
Mais en même temps la forme, bien que fallacieuse ou
illusoire, manifeste la
vie de la matière. Or, cette vie est possible par quelque
chose, dont la nature
subtile relie la matière à la forme ;
c’est comme dans l’atome :
d’une part l’énergie intra-atomique
(entièrement immatérielle) et de
l’autre
l’électron (en quelque sorte
matériel).
Le premier principe ne peut s’appliquer au second
qu’en vertu du médiateur
‘‘éther’’, qui
permet la transmission de l’énergie intra-atomique
à l’électron
et ainsi déclenche le mouvement.
Pour les Alchimistes ce médiateur que nous
pourrions appeler l’esprit,
est le Mercure représenté par le Coq.
Un néophyte, abandonnant la matière et ses formes
multiples, revient à
l’esprit. Mais il n’y a plus de mouvement, il se
désagrège, il est calciné,
c'est-à-dire séparé.
A
propos de ce stade du processus
alchimique, P.V. Piobb dit :
« il s’agît d’une
sorte de mort intellectuelle - que certains ont dite
‘‘La Mort du profane’’. Encore
une manière de parler! –
En dehors du Temple, ce qu’on croit savoir est
composé de maintes notions
acceptées en vertu d’habitudes. En dedans, ces
habitudes de penser doivent se
rectifier et plusieurs aussi s’abandonner : la
Raison humaine impose
d’elle-même ces rectifications et ces abandons.
Il en dérive qu’un jour, si on
suit avec profit les instructions reçues, on
s’aperçoit que ce qui était
« profane en soi » a disparu,
évaporé : « le
profane est mort ». (P.V.Piobb –
Clef
Universelle des Sciences Secrètes – Omnium
Littéraire, Paris)
Seul
reste l’esprit du profane. Cette partie
immortelle en lui, enfuie dans la terre lors de la première
des épreuves
initiatiques, devra faire germer une nouvelle plante.
La
vie naît de la putréfaction, du compost qui
enrichi la terre, et qui est engendré par l’action
de l’eau vivifiante.
Le 2° Surveillant, celui qui est chargé de former le
nouvel Apprenti Maçon,
purifie le profane avec l’eau. Toutes les Traditions font
naître la vie dans
l’eau ; pour cela on dit que
« l’eau donne expansion à la
matière ».
Ici c’est l’eau lunaire, c’est la
lumière réfléchie, celle que cet
satellite
reçoit du Soleil et distribue sur la terre en
réglant ainsi les cycles naturels
de la Vie.
Les Alchimistes appelaient cet eau : « l’eau
mercurielle », car pour eux le
Mercure était l’élément
liquide
médiateur.
C’est le Mercure des Philosophes ;
c'est-à-dire le résultat des
conceptions intellectuelles, déversé sur le
néophyte rentrant dans le Temple.
Avec
cet acte de purification par l’eau, le 2°
Surv\
engage une relation réciproque entre les
Maîtres, qui doivent être capables de transmettre
des conceptions
philosophiques, et le nouvel Apprenti qui doit s’ouvrir pour
les recevoir.
A
ce stade du processus initiatique, le
profane ne garde que ce qu’il y a de fixe en lui,
c’est-à-dire sa structure
primordiale intime, dépouillée des formes
rajoutées par la vie matérielle dans
le monde de son existence. Mais ce qui est fixe est mort : le
profane,
n’est-il pas passé par la mort du
« vieil homme » ?
N’a-t-il pas
rédigé un testament philosophique ?
Maintenant le 1er Surveillant
insufflera la vie sur ce corps mort, sur ce fixe alchimique.
« In principium erat
Verbum » dit Jean. Nous savons
qu’en latin Verbum signifie Souffle…
C’est l’épreuve de l’Air, qui
confère une nouvelle force vitale à
l’être. L’être
« initié » devient
ainsi « Solaire »,
c’est-à-dire capable de raisonnement intellectuel,
quittant ainsi sa matérialité statique. Le
néophyte est rentré dans la phase de
la « Solution Alchimique » celle
qui a toujours accompagné la
« Putréfaction ». Une
phase est Solaire, l’autre Lunaire ; l’une
éclaire directement et donne force vitale, l’autre
réfléchit une lumière
indirecte, plus subtile et régulatrice de la vie. Nous
apercevons ici une autre
signification des deux luminaires (le Soleil et la Lune)
présents dans nos
Temples.
Ainsi
le néophyte mort à sa vie profane,
reporté
à sa nature primordiale, après avoir
reçu un souffle vivifiant, renaît en
initié prêt à rentrer dans
l’Athanor : la Loge, où il sera
chauffé par le
feu de la connaissance et de la Tradition, afin qu’il se
produise en lui la distillation
des idées.
Les Alchimistes imaginaient que la solution de la matière
putréfiée pouvait
être réchauffée dans un alambic,
nommé Athanor.
L’Athanor
était un vase clos renfermant l’être
dans un « bain-marie ». Sa
fonction consistait à faire évaporer
l’humidité, qui montait le long des parois
jusqu’au sommet, pour retomber sous
la forme de petites gouttelettes.
« Il s’agit "de changer la
nature et la propriété des
choses". Ce que l’élève
évolutif pense, ce qu’il retient de
l’enseignement
donné et dont son intelligence fait des idées,
monte, comme une vapeur vers les
hauteurs qu’il aperçoit, et de là,
retombe comme une pluie bienfaisante,
génératrice d’autres idées,
pour incessamment remonter puis retomber, ainsi
exercer l’intelligence, l’assouplir,
l’affiner.
Mais le fait a lieu en « vase
clos », ainsi que dans un
alambic ; c’est-à-dire que les
réflexions successives, qui
« distillent » positivement la
pensée, doivent se faire dans un cadre
dûment délimité. Sans quoi, la
rêverie l’emporterait et, plutôt que de
suivre
le droit chemin, on
« déraillerait ».
(P.V.Piobb – Clef
Universelle des Sciences Secrètes – Omnium
Littéraire, Paris)
C’est
le sens de la quatrième et dernière
épreuve : celle du feu. Par cette
épreuve, le Vénérable Maître
annonce au
néophyte le chemin qu’il devra parcourir, afin de
parvenir à la
« conjonction alchimique » de ses
aspects contraires et opposés. Afin
d’acquérir la sagesse, qui est
équilibre et harmonie. Par le feu on lui montre
l’accès au Temple, mais il doit être
conscient qu’il n’y rentrera
qu’après
avoir parcouru et vécu, dans son intimité, tout
le chemin. Car, comme en
Alchimie, en Initiation il n’y a pas de raccourcis possibles,
ceux derniers
étant uniquement des tromperies et des mensonges,
racontés à soi-même, pour se donner
l’illusion d’être différent de
l’image réfléchie par le miroir.
Nous
avons passé rapidement en revue les quatre
premières phases de l’Alchimie :
- La Calcination, dans
le signe de Gémeaux `
- La
Putréfaction, dans le signe du Cancer a
- La Solution, dans le
signe du Lion b
- La Distillation dans
le signe de la Vierge c
Lors
de ces quatre stades du processus
alchimique, on présente le Travail futur au
néophyte et celui-ci s’y engage par
serment, le serment étant symboliquement scellé
par le sang. Mais un contrat a
toujours deux parties contractantes : le Maître qui
doit transmettre la
Tradition Initiatique et le Néophyte qui doit la recevoir.
La transmutation des
métaux en Or ne se fait jamais seule, il faut un Alchimiste
averti. Car dans
les Sciences Secrètes aucune incompétence
n’est admise ; les dégâts sont
toujours irréparables, comme le dit bien Thomas :
Si
l’aveugle conduit l’aveugle,
ils marchent vers la chute.
(Logion 34)
La
chute sera horrible surtout pour celui qui a
conduit, car il a agit contre sa conscience et comme le
Vénérable Maître dit
lors de la fermeture des Travaux de Loge :
« c’est par la Conscience
que nous sommes reliés au Divin ».
Lorsque cette notion de Conscience sera parfaitement
intégrée, que l’Apprenti
aura appris les rudiments de l’Art Royal et le maniement des
Outils ;
lorsque le Compagnon aura appris à parfaire
l’œuvre, à concevoir des
conceptions philosophiques avec rationalité et
sensibilité ; lorsque le
Maître aura appris à tracer les plans de
l’Edifice Initiatique, alors seulement
l’Initié pourra passer aux trois autres phases
alchimiques (Conjonction,
Sublimation, Coagulation) et transmuter ses
métaux ; alors seulement il
pourra dire d’être rentré dans le Temple
et d’être un Initié à
l’Art Royal.
La Tradition ésotérique enseigne qu’on
rentre dans le Temple à 3 degrés du
signe de la Vierge. Or comme le Bain-marie l’indique, la
distillation qui a
lieu dans ce bain, est dans le signe de la Vierge. Ceci confirme cela.
Tant
qu’il n’y a pas eu de distillation dans
l’Athanor, on ne pourra pas concilier
les contraires ; donc il n’y aura pas de
conjonction, ni d’union du Frère
et de la Sœur, phase essentielle pour transmuter le
métal en Or. L’homme ou la
femme demeureront dans leur état profane, ils auront
aperçu la Lumière, mais
ils ne l’auront pas reçue. Leur
respectabilité profane sera intègre, mais ils
ne connaîtront pas l’Homme Parfait, celui
décrit par maintes ésotéristes,
exaltés par les poètes tels Dante Alighieri ou
représenté par l’Homme
débout de
Léonard de Vinci.
G\
C\
|