GODF Loge : Giordano Bruno - Orient de Saint Maur Date : NC


Utopie : Bien ou mal nécessaire ?  

     7041-2-1
 Résumé
Après avoir défini la problématique relative à l’utopie, le concept d’homo-utopicus apparaît.
Une invitation est faite pour un voyage dans l’univers des utopies en faisant escale sur quelques utopies: Utopie de la paix, de la sagesse et de l’infini.
Une assemblée utopique se met ensuite au travail sur … l’utopie!
Mais la plus belle des utopies est celle de la fraternité universelle.
« Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère », ni de frontières.

 Plan
1 Problématique
L’Homo-Utopicus
2 Un voyage dans l’univers des utopies
  2.1 Utopie de la paix,
  2.2 Utopie de la sagesse
  2.3 Utopie de l’infini.
3 Une assemblée utopique
Un travail sur l’utopie.
4 La plus belle des utopies:  La fraternité universelle.

1 Mise en place de la problématique et tentative de définition de l’utopie
Je ne vais pas ouvrir le dictionnaire pour obtenir une définition sèche mais je vais plutôt brosser une exploration du contexte des utopies en essayant de définir une problématique pour mieux aborder leur étude.
Utopie !
Ce mot a été forgé relativement récemment par Thomas More en 1516 dans un livre où il avait fait siéger la meilleure des républiques dans une île qu’il avait nommé " île d’Utopie".
Pourtant, le concept d’utopie est très présent dans le passé de Platon à Rabelais, de Rabelais à Jaurès, chez de nombreux écrivains, philosophes, sociologues, politiques, médecins. Il envahit le monde profane et bien sur le monde maçonnique.
Une acception négative, voire méprisante de l’utopie, la cantonne dans une déconnexion totale des réalités en la plaçant dans le monde du fumeux et de l’imaginaire sans intérêt.
Un sens positif et valorisant décrit une utopie comme une stimulation de l’esprit, une activation de l'intelligence constructrice qui peut éclairer ou guider les chemins suivis dans le monde réel et dans notre vie.
Entre le cumulus et l’étoile, il existe bien des objets dans le ciel. Il en est de même dans l’univers des utopies. Le seul facteur commun entre les différentes utopies est qu’elles sont une production de l’imaginaire.
Cet imaginaire peut avoir des origines diverses en étant issu du rêve, de la pathologie ou du raisonné et, comme on l’a déjà dit, être relatif à des domaines humains très variés.

On en retire le sentiment d’aborder un sujet d’une grande complexité ; ce qui pourrait nous en détourner. Mais essayons tout de même d’avancer !
Vers l’Homo-Utopicus

Les objectifs qui guident nos actions peuvent être clairs et solides mais aussi flous et incertains.
La recherche de la lumière nous amène naturellement à marcher sur des chemins bien balisés et éclairés par une forte lumière solaire mais aussi sur des chemins mal tracés et éclairés par une faible lumière lunaire.

L’utopie engendre une demi-obscurité ou une demi-clarté sur le deuxième type de chemin. Issue de notre imagination, marquée le plus souvent par l’incertitude, elle nous pousse cependant dans une progression car nous avons toujours l’espoir que, plus loin, il y aura plus de lumière.
L’utopie est une chance et un luxe, produits par l’imagination et l’intelligence. Elle est le jardin secret de nos espérances. Elle contribue à l’équilibre nécessaire entre le réel et le virtuel d’une part, la raison et le rêve d’autre part.

Les pieds sur la terre et la tête dans les nuages, l’opératif en bas et le spéculatif en haut constituent un double ancrage en haut et en bas permettant de relier le profane au sacré.

J’ose affirmer que l’Homo-Sapiens ne pourrait exister sans qu’il n’existe un autre homme que je pourrai qualifier comme étant l’ Homo-Utopicus.
En effet, il existe en l’homme une énergie créattice multi-forme dont un des éléments est l’énergie utopique. Cette énergie a vocation à être libérée et exprimée, sinon l’homme pourrait se consumer, être desséché de l’intérieur voire détruit par cette énergie.

2 Un voyage dans le monde des utopies

Les utopies forment un immense patchwork. Il n’est pas question d’en étudier tous les carreaux. Ce serait trop long et fastidieux.

Je ne vais pas parler de la Tour de Babel, de l’Espéranto, de la construction de l’Europe, de la recherche de l’Union, de la Science qui explique presque tout, de la Religion qui explique presque rien, des Utopies Sociales, celle de Charles Fourrier et de son phalanstère ou celle de Marx, de l’Utopie Médicale qui est un volet de la schizophrénie avec une vie qui se déroule dans un monde imaginaire.

Je vais plutôt vous imposer le choix de l’étude d’un petit nombre d’utopies, trois par exemple qui me sont chères, pour pénétrer dans leurs différences et s’en enrichir. Ces trois utopies, je vais les étudier avec une approche personnelle, qui en aucun cas ne pourrait prétendre être une approche commune à tous.

Voyageons donc dans l’utopie de la paix, dans celle de la sagesse et celle de l’infini.

2.1 L’utopie de la paix

Lorsque Jean Jaurès s’indigne en disant :
« Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? ». Et aussi en disant :
« Le courage…c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel », il considère l’utopie comme nécessaire, face à la réalité, elle aussi nécessaire car incontournable.

Il est de plus animé par un optimisme fondé sur le passé pour envisager un futur embelli lorsqu’il affirme qu’après la réalisation du « paradoxe de la grande liberté républicaine » , on ira vers le « paradoxe de la grande paix humaine ».
L’apôtre de la non-violence, Gandhi affirme :
« Si la haine répond à la haine, quand finira la haine ? ».

Plus récemment, au Brésil, certains essayent aussi de réaliser l’utopie de la paix en enseignant la paix comme une matière de l’enseignement scolaire et le docteur Nano dit :
« Puisqu’il existe bien de l’argent pour la guerre, pourquoi ne serait-il pas possible d’en débloquer pour la paix ? L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui reste à réaliser ».

Ces trois hommes et bien d’autres sont des lutteurs pour la paix, inspirés par une utopie qui postule que la paix est possible. Cet axe utopique a guidé leurs choix politiques et surtout leurs actions.
Pourtant le passé et le présent que nous vivons nous donnent à penser que la vraie paix, celle qui dure, n’existe pas !

Des îlots de tolérance, qui engendrent une paix temporaire, côtoient des génocides et des guerres de conquête. Les éruptions des guerres semblent inéluctables, inscrites dans le patrimoine génétique de la société humaine comme les éruptions volcaniques sont inscrites dans la constitution matérielle de la terre.

L’utopiste réaliste va penser que ce sont des soupapes nécessaires qui empêchent l’explosion totale mais il va cependant essayer de lutter contre la guerre.
Et même si cela me déplaît de le dire, l’utopie de la guerre, solution nécessaire, est aussi présente. Les fauteurs de guerre sont des utopistes au même titre que les fauteurs de paix.
Allons plus loin dans cette voie : Georges Orwell dans son livre 1984 nous explique qu’une utopie mauvaise peut être imposée par la force et le lavage de cerveau. Je cite :
« Tout pouvait être vrai. Ce qu’on appelait lois de la nature n’était qu’absurdités. La loi de la gravitation n’avait pas de sens…. »

Par cette image, il brosse un profil d’acceptation qui transforme «une utopie totalitaire en une réalité ».

Par la force, par le conditionnement, par la guerre, de nombreuses utopies mauvaises sont malheureusement devenues des réalités. Ainsi celle de l’existence d‘une race pure a généré l’extermination des juifs, celle de la déclinaison stalinienne du communisme a généré le goulag, le déplacement de populations et aussi les purges.

Alors que les bonnes utopies empruntent le plus souvent la voie pacifique dans leurs essais de réalisation, les mauvaises utopies prennent le plus souvent la voie de la force pour leurs tentatives de réalisations.

Il est difficile aussi de classer dés le départ les utopies en bonnes et mauvaises. Souvent les utopies sont bonnes au départ mais ce sont leurs déclinaisons par certains hommes qui les rendent mauvaises à l’arrivée : Par exemple Jésus et l’inquisition, Mahomet et l’intégrisme islamique.
Rêvons avec Raymond Lévèque que les soldats pourraient être des troubadours :
« Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misères »

2.2 L’utopie de la sagesse

Nous allons vagabonder dans une deuxième utopie, celle de la sagesse.

Comment aller vers cette sagesse ? Peut-être en s’engageant dans une voie, sans nul doute, elle aussi utopique, celle de la lenteur, de la méditation et du rêve en mélangeant des images symboliques à des situations vécues.
Voilà l’image symbolique qui servira de support à ma réflexion utopique :

Puis silencieux, plongés dans leur méditation, les hommes du désert s’éloignèrent en direction de Babylone, aux pas lents de leurs chameaux…
Image provocatrice alors que les colonnes armées progressent trop rapidement vers Bagdad….

Les chars ont remplacé les chameaux qui progressaient vers Babylone !
Mais cette image appelle d’autres réflexions.

On peut penser que la lenteur de la marche est nécessaire pour l’assimilation de la découverte d’un nouvel horizon.

On peut penser aussi que la lenteur est une juste récompense et une suite naturelle après l’excitation et la volonté de progression rapide car on a souvent l’envie d’aller de l’avant très vite. On est souvent prêt à courir un cent mètres alors que, sans nous le dire, ceux qui souhaitent nous aider nous ont inscrit pour un marathon ! Et ils ont eu certainement raison.
Après la lumière, la nuit vient, réparatrice, lieu propice au repos, lieu du songe, du rêve, de la méditation et de l’utopie. Après le bruit du jour, vient le silence de la nuit.
Digérer un repas certes, mais aussi prendre le temps de digérer ce qu’on a appris pour mieux l’assimiler et surtout le comprendre.
Prendre le temps d’analyser, de savourer, de revivre, de vagabonder, « d’utopiser ».
Sortir du stress associé à la volonté forcenée de réussir et d’accomplir une tache.
Cheminer sur l’échiquier sur les carreaux noirs de la lenteur après le cheminement sur les carreaux blancs de la rapidité et de l’excitation.
Passer du rock au slow.
Faire lentement couler le thé de très haut dans la théière fumante, de préférence à lancer un sachet dans l’eau en ébullition.
Entendre le doux chant des crapauds du désert,
Goûter le silence des étoiles,
Et s’endormir sur une natte,
Les orteils à l’air libre et les yeux dans le bleu profond de la nuit.
Ecouter le silence attentivement et le trouver très sonore.
Voir au loin les chameaux fatigués, dormir eux aussi.
Regarder Aicha ( Monolithe situé dans le désert de Mauritanie ) et son sexe de l’âge de pierre dans le désert de Mauritanie.
                                                                                          
Penser à toute la sagesse à découvrir.
Et se dire que tout cela n’est qu’un rêve.
Penser à Giordano Bruno qui a su très bien nous parler de la sagesse de l’âne.
Oui, l’âne est un animal intelligent car il n’avancera jamais sur une voie qui ne correspond pas à son choix.
Penser à François Villon et dire comme lui :
« Dites-moi où n’en quel pays es » l’homme modèle, celui qui prend le temps pour pouvoir assembler les pierres qui construisent sa vie ?
Mais où sont les chameaux d’antan ?

2.3 Utopie de l’infini


Je vous propose de voyager dans une autre utopie très différente, celle de l’infini.
Je donne la parole à Louise Michel :
« Rudes sont les étapes, elles ne seront point éternelles.

Ce qui est éternel, c’est le progrès mettant sur l’horizon un idéal nouveau quand a été atteint celui qui, la veille semblait encore une utopie.
Louise Michel évoque avec justesse la chaîne infinie des utopies où une utopie vivante naît à la suite d’une utopie morte car déjà réalisée.

Comme une hydre dont la tête coupée repousse, l’utopie renaît de la mort de l’utopie.
Après cette introduction, nous allons discuter du concept utopique de l’infini qui s’exerce sur de nombreux terrains :

Il est mathématique et philosophique, a été aussi investi par les religions avec l’éternité et aussi par des ésotérismes comme celui de la cabale avec l’EnSoph.
Des éléments du puzzle de la vie, apparemment disparates, pourraient être reliés par le concept d’infini. Ordo ab chao !
L’infini abstrait des mathématiques vient compléter le fini de la physique. Le monde virtuel de la théorie mathématique vient compléter le monde réel de l’expérience, faisant jouer à plein l’harmonie des contraires, symbolisée par un échiquier avec des carreaux noirs et des carreaux blancs. Les mathématiques nous apprennent qu’une somme infinie d’infiniment petits, pas trop petits, peut générer l’infini alors qu’une somme infinie d’infiniment petits, trop petits, peut être bloquée dans le fini.
Ainsi, selon la force de notre construction, nous sommes dans le fini ou l’infini. Nous passons de la finitude humaine à la transcendance infinie en acceptant l’hypothèse que les étapes de cette construction sont en nombre infini.
La recherche utopique de la lumière, de l’infini, peut guider notre quête et nous amener à penser que la transcendance est en nous et qu’elle est la motrice de nos actes.
En d’autres temps, le bûcher aurait été allumé pour avoir osé avancer cette thèse utopique ! J’en connais un qui fut brûlé au Campo dei Fiori pour avoir osé enlever à Dieu la propriété de l’infini, pour avoir osé avancer la thèse de l’existence de mondes infinis. On n’a pas le droit de manger dans la gamelle de Dieu. Ce n’est pas bien !
La poésie est peut être le mode d’expression qui convient le mieux pour évoquer une utopie car l’utopie et la poésie ont en commun le privilège de pouvoir s’affranchir des contraintes imposées par la réalité et la littérature.
                                                                        Devant toi…
   Devant toi, souffle un vent,
   Derrière toi, souffle un autre vent,
   Et partout l’infini,
   Celui d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
   Avance en silence dans le chemin du temps,
   Et danse vers la flamme, ma sœur, mon frère.
  
    Devant toi, des mains qui se tendent,
    Derrière toi, d’autres mains qui te lient,
    Et partout l’infini,
    Celui des morts, des vivants et des suivants.
    Avance en patience dans le chemin des ans,
    Et danse vers la lumière, ma sœur, mon frère.
   
    Devant toi, un océan d’eau et de terre,
    Derrière toi, une montagne altière,
    Et partout l’infini,
   Celui du temps, de l’espace et du construit.
   Avance en musicien dans le chemin de la vie,
   Et danse vers l’harmonie, ma sœur, mon frère.

Construire un modèle, c’est naviguer vers l’île d’Utopie ; Je vous donne quelques éléments à méditer concernant l’infini présentés comme dans la table d'émeraude ( table alchimique):

Le début et la fin sont identiques et infinis.
La connaissance et la transcendance sont dans l’infini.
La simplicité, base de tout, génère une complexité infinie.
L’homme est porteur d’un humanisme infini.

La Cabale est aussi un autre modèle utopique venant du passé. L’arbre des sefirots apporte un point de vue très intéressant.

Tout en bas est placé la réalité, la terre mais tout en haut, au delà des limites humaines, de la limite de l’explication humaine et de la limite de la construction humaine, on trouve les concepts d’inexplicable et d’infini.

Comprendre l’existence de limites n’exclut pas la volonté de les repousser. Cela donne un sens positif à la vie. Une thèse me donne à penser que plus on avance, plus grandit le fossé de l’inexplicable. Cela peut induire un pessimisme et un renoncement. J’emprunte à Cornélius Castoriadis son image de cheminement au bord de l’abîme qui induit une humilité mais qui induit aussi la possibilité d’avancer, puisqu’il existe un chemin.

Je prends acte de l’existence de l’inexplicable et de l’infini sans sacraliser ces deux concepts, en résistant à la tentation sécurisante de l’existence d’un dieu créateur. A mon avis, l’inexplicable est coiffé par l’infini. Et donc dépassant le concept d’inexplicable, je me vautre dans celui de l’infini qui est de mon point de vue le concept théorique ultime, issu de l’intelligence humaine, qui apporte la véritable lumière et permet d’accepter notre finitude humaine personnelle. Avis personnel.

Cette utopie du concept ultime de l’infini donne du sens à un chemin qui n’arrête pas de croiser le déterminisme hérité, l’aléatoire rencontré et la construction voulue.

Je prends plaisir à vivre une quête dans un univers utopique, assoiffé de découvertes et de connaissances. Bien sur, je reçois un salaire indu du fait du travail inachevé mais je ne le rembourserai jamais, parce que je sais qu’il est inachevable !
Oui, il faut oser s’enfoncer dans le plaisir de découvrir, dans celui de voyager, de prendre le risque de tutoyer l’inconnu, de se réchauffer au feu dans les paliers atteints et de ressentir la brûlure et l’immense douleur de la tache inachevable.
Peut-on symboliser par un objet tout un ensemble d’utopies, celles qui m’habitent et que j’ai essayé d’exposer ?
Je vois un bijou triangulaire, fait en jade ou … en bronze,
Une face contient un triangle avec à chaque sommet un cylindre qui contient une phrase :
A un sommet, une phrase de Gandhi :
« Si la haine répond à la haine, quand finira la haine ? »
A un autre sommet, une phrase de Jean Jaurès :
« L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes taches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir ».
Au troisième sommet, une phrase d’Isaac Newton :
« Il me semble n’avoir été qu’un enfant jouant sur la plage, tout au plaisir de trouver de temps à autre un galet plus lisse qu’à’ l’ordinaire, tandis que le grand océan de la vérité s’étendait inexploré devant moi ».
L’autre face est consacrée à l’inexplicable : elle contient gravé le mot ENSOPH et le symbole mathématique de l’infini.
Rêvons sur la chaîne infinie de notre descendance avec notre frère Méhul :
« Les fils sont plus grands que les pères et nos cœurs n’en sont point jaloux… »

3 Une assemblée utopique

Pour jouer un peu et se détendre, je vous invite dans un nouvel univers imaginaire, celui d’une assemblée utopique virtuelle et intemporelle.
Giordano Bruno dirige les travaux, François Villon surveille un coté de l’assistance.
François Rabelais s’occupe de l’autre.
Jean Jaurès est le garant des règles.
Le secrétaire Pierre Dac gratte son résumé.
Pythagore vérifie que les règles sont appliquées.
Groucho Marx, organise les cérémonies.
Le trésorier Jules Verne est à la comptabilité,
L’hospitalier Albert Schweitzer s’occupe des problèmes d’assistance.
Platon bulle au fond de la pièce en contrôlant les arrivées.
Wolfgang Amadeus Mozart assure l’animation musicale.
Condorcet, Laplace et Monge sont présents.
Aujourd’hui, Louise Michel, Victor Hugo, Hermès Trismégiste, Grégoire et Pascoli nous rendent visite.
Je vous invite aux travaux.
Giordano Bruno prend la parole :
Après la planche de Jean Pierre sur l’utopie, je vous invite tous à proposer des pierres utopiques pour compléter son édifice utopique.
La parole circule :
Villon demande la parole :
-Donnons lui la parole :
-Frères humains, en vos grades et qualités, je connais bien les mouches dans le lait, je connais bien quand pipeur jargonne, je connais rien en somme sauf que moi-meme.
La parole est à Newton :
- Dans la malle de mes secrets, j’ai trouvé la raison scientifique et aussi l’hermétisme alchimique. Mon utopie est de penser que notre force humaine vient de l’association de ces deux mondes.
Puis Pythagore a la parole :
- Le commencement est la moitié du tout.
Louise Michel a la parole :
- Mon utopie est de croire en l’avenir de la femme et de croire que l’on peut choisir un chemin et le suivre de manière inflexible.
Puis Gandhi :
- Je n’ai qu’une seule utopie : Celle de penser qu’il existe des moyens non violents pour obtenir gain de cause.
Rabelais ajoute :
- Mon utopie est de croire que l’homme est capable d’appliquer cet adage :
« Fais ce que voudras ».
Puis Pascoli :
- Mon utopie est de croire que tout au long de notre vie, le petit enfant vit en nous.
« Moi, je veux tout ; mais rien : ajouter un point aux mondes de la voie lactée dans le ciel infini ; donner une nouvelle douceur au vagissement. »
Jean Jaurès conclut :
- Dans la chaîne infinie des utopistes, je vous invite à penser à tous ceux qui vous ont précédé, les connus et les inconnus, et aussi à tous ceux qui vous suivront.

4. La plus belle des utopies


J’ai souvent envie sur mon ordinateur de vider le dossier UTOPIE et d’envoyer toutes mes utopies à la corbeille.
Aujourd’hui, j’ai décidé de le faire. Terminées, mes élucubrations !

Mais, à dire vrai, je n’arrive pas à tout jeter !
J’en ai gardé une seule, la plus belle,… celle de la fraternité universelle.

Car la plus belle des utopies, je l’ai trouvée dans plusieurs lieux et en particulier quelque part dans l’assemblée qui vous invite aujourd’hui :
« Que nos cœurs se rapprochent en même temps que nos mains !
Que l’amour fraternel unisse tous les anneaux de cette chaîne formée librement par nous…
Cette chaîne nous lie, dans le temps comme dans l’espace, elle nous vient du passé et tend vers l’avenir…
Promettons de conserver les uns pour les autres la plus fraternelle affection et de travailler sans relâche à l’avènement de la fraternité universelle. »

Cet Hymne à la fraternité est l’utopie maximale, celle qui peut nous fait vibrer, celle qui peut nous aider à vivre.
Et, par-dessus toutes les utopies, j’invente le monde utopique des cœurs et des mains croisés, celui des maillons humains tous reliés.
Ma seule utopie est de croire à l’existence d’une chaîne d’union fraternelle qui unit toutes les femmes et tous les hommes de la terre.
« Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misères. » (Raymond Lévèque)

7041-2 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \