GLDF Loge : NC Date : NC


L’Utopie

La planche que je vais vous lire ce soir porte sur le mot « UTOPIE », et il serait utopique de penser que j’en aurais cerné tous les sens.

Ma planche est constituée de réflexions et d’interrogations sur ce mot et son sens. On pourrait bien en écrire 50 ou 100 pages, je me suis simplement arrêté à 3 (Chiffre symbolique).

L'utopie peut-elle faire avancer l'homme ?

Nombreux sommes-nous parmi les Francs-maçons à qualifier notre démarche d’utopique.
La représentation imaginaire d'une société “idéale” suggérée par le terme “Utopie” trouve, en effet, facilement son pendant dans notre symbolique de constructeur.
Et ce, d'autant plus qu'elle se fonde sur le principe de la responsabilité totale de l'Homme dans la construction de son bonheur, en rupture avec les visions religieuses qui le repoussent dans un au-delà déterminé par l'intervention divine.
Nous avons chez nous, celle du grand architecte de l’univers.

La banalisation du mot UTOPIE, nous le font souvent confondre avec ses synonymes, tels que l’Idéal,  le Rêve, la Chimère,  voire plus prosaïquement : Objectif et Ambition.
Cela a certainement conduit à en occulter toute la complexité.
En inventant en 1516 le terme d'Utopia, pour désigner l'île de la société idéale, Thomas More (encore un anglais, Chancelier de son état) semble afficher d'entrée l'ambiguïté du terme.
Selon l'étymologie retenue actuellement par le grand ou le petit Larousse, ce mot désigne
 « le lieu qui n'est pas »  ou  « le lieu du bien ».

Soit l'Utopie est définie comme ce lieu ne pouvant être (lieu qui n'est pas), et de ce fait ne peut exister qu'en tant qu'objectif imaginaire, jamais atteint, mais fixant le cap d'une démarche progressive vers cet impossible but.
“L'Utopie, c'est une étoile lointaine vers laquelle on prend la décision de se diriger.
 Il ne s'agit pas de prétendre l'atteindre, mais d'être fidèle à l'attraction de sa lueur,  même lorsqu'elle est à peine discernable dans le brouillard.” 
(A. Jacquard.).

Soit  l'on conçoit l'Utopie comme la construction d'une société idéale (le lieu du bien), lequel idéal reposerait sur une définition a priori du bien et du mal appliquée à un groupe humain.
Le modèle de société ainsi dessiné devient réalisable, dès lors que seraient éradiquées les racines identifiées du mal. (Utopie Marxiste ?)
“ Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun.” (Boris Vian).

Aspect Négatif et positif de l’utopie :

Une acception négative, voire méprisante de l’utopie, la cantonne dans une déconnexion totale des réalités en la plaçant dans le monde purement imaginaire et sans intérêt.

Un sens positif et valorisant décrit une utopie comme une stimulation de l’esprit, une activation de l'intelligence constructrice qui peut éclairer ou guider les chemins suivis dans le monde réel et dans notre vie.
L’utopie de la paix serait elle possible ?

L’apôtre de la non-violence, Gandhi affirme :
  « Si la haine répond à la haine, quand finira la haine ? ».

Plus récemment, au Brésil, certains essayent aussi de réaliser l’utopie de la paix en enseignant la paix comme une matière de l’enseignement scolaire :
« Puisqu’il existe bien de l’argent pour la guerre, pourquoi ne serait-il pas possible d’en débloquer pour la paix ? L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui reste à réaliser ».


Les éruptions volcaniques sont inscrites dans la constitution matérielle de la terre.
Les éruptions des guerres semblent inéluctables, inscrites dans le patrimoine génétique de la société humaine.
(L’homme est il naturellement bon ou mauvais ?, mais ce n’est pas le sujet)
Les fauteurs de guerre (idéalistes destructeurs) sont ils des utopistes au même titre que les fauteurs de paix (idéalistes constructeurs) ?


FRATERNITE MACONNIQUE : REALITE  OU  UTOPIE

Le thème m’interpelle, nous, hommes libres et de bonnes mœurs, qui préfèreront la paix à la guerre,  la joie aux souffrances,  l’harmonie au désordre.
Il m’interpelle parce qu’il fait surgir en nous d’autres interrogations, à savoir, la fraternité maçonnique, l’avons-nous bien comprise ? Et si nous l’avons comprise, la vivons-nous aussi bien en loge qu’en dehors ?
Notre fraternité est-elle restée au niveau de l’utopie sans trouver de points d’ancrage dans la réalité ? C’est à cette question que nous devons répondre librement, dégagés de tout préjugés.

Je passerai sur le concept pur de la fraternité qui n’est pas l’objet de ma planche de ce soir pour m’attarder sur le caractère utopique de la fraternité maçonnique.
L’utopie est une construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal total.

Rappel :

(Textes fondamentaux de la Grande Loge de France) :

« La Franc-maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité.
Elle constitue une alliance d’hommes libres et de bonnes moeurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances.
La Franc-maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’Humanité. A cet effet, les Francs-maçons travaillent à l’amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel. Les Francs-maçons se reconnaissent comme Frères et se doivent aide et assistance, même au péril de leur vie».

Notre rituel est riche en réflexions et en enseignements, il est notre bible de façon non dogmatique.

En fin de tenue,
 Notre Vénérable Maître,  nous évoquera les propos suivants :
Je cite :
« Mes frères, les travaux de ce jour sont terminés, nous avons droit au repos.
Unissons nous en Fraternité,  Formons la chaîne d’union.

Mes frères, Bien au dessus de la vie matérielle, s’ouvrent pour le Franc-maçon, le vaste domaine de la pensée et de l’action.
Avant de nous séparer, élevons nous ensemble vers notre idéal.
Qu’il inspire notre conduite dans le monde profane, qu’il guide notre vie, qu’il soit la Lumière sur notre chemin…… »

Que la lumière qui a éclairé nos travaux continue de briller en nous pour que nous achevions au dehors l’œuvre commencée dans ce temple……

Que la paix règne sur la terre,
Que l’amour règne parmi les hommes,
Que la joie soit dans nos cœurs.

Mes frères, Nous avons ici par ces mots, ces phrases quelques exemples qui nous montrent que nous avons affaire à une présentation merveilleuse d’une organisation idéale de la société humaine qui est appelée à vivre en fraternité.
Soit une parfaite utopie, un idéal inaccessible mais un chemin à suivre.

CONCLUSION

Après ces tours et détours, nous devons conclure. Il convient de retenir que la
Fraternité maçonnique est une utopie, au sens positif du terme, dans la mesure où elle s’analyse comme idéal, car l’oeuvre n’est jamais achevée.
Mais la Fraternité se manifeste au quotidien de mille et une manières dans la réalité.
L’utopie se trouve ici comme une porte ouverte sur la réalité. En cela, l’utopie, idéal total, contribue à donner un sens à notre vie, à notre existence, sens en tant que signification et direction.
L’utopie de l’utopie, ne serais-ce pas que cela puisse se réaliser ?

Vénérable Maître et vous tous mes frères,
J’ai dit.

J
\ A\

7041-5 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \