GODF | Loge : NC | 06/1999 |
Le Feu De la guerre du feu à la paillote de « chez Francis » en passant par la folie de Néron, le feu et son histoire ont fait couler autant d’encre que d’eau. Le feu est le dégagement de chaleur et de lumière résultat d’une combustion rapide et persistante. Les conditions nécessaires à l’existence d’un feu sont : un combustible, une température suffisamment élevée pour provoquer une combustion, et une quantité d’oxygène pour alimenter la combustion. L’homme a depuis longtemps dompté le feu. Nous verrons tout d’abord à quelles utilisations l’a-t-il destiné, puis le culte qu’il lui portait pour terminer sur son utilisation symbolique. Si l’on considère que l’homme a probablement commencé à utiliser le feu il y 500.000 ans, il est très difficile de déterminer si les traces archéologiques d’une telle ancienneté sont d’origine humaine ou naturelle. Les foyers deviennent plus facilement identifiables vers 300.000 ans. L’utilisation du feu se serait développée en quatre étapes. Tout d’abord les hommes auraient repéré dans la nature les sources naturelles du feu, tels que les volcans et les arbres enflammés par la foudre. Ensuite, ils auraient produit du feu à partir de ces sources naturelles et l’auraient utilisé comme moyen de chauffage, d’éclairage, de cuisson des aliments et de protection contre les prédateurs du feu Finalement, ils auraient dompté le feu et l’auraient utilisé pour cuire des poteries, pour fondre des minerais métalliques et dans de nombreuses applications, contribuant progressivement à créer de nouvelles technologies et à améliorer la qualité de la vie. Dans les temps anciens, on suppose que le feu était allumé selon deux méthodes : la friction et la percussion. La friction provoque une augmentation de la température du combustible (petit bois d’allumage) jusqu’à la température de combustion. Elle s’effectue en long (sciage) ou par rotation (forage), entre un bois dur, mobile sur un bois tendre fixe. La percussion produit une étincelle qui enflamme le bois d’allumage. Elle consiste à frapper deux morceaux de silex l’un contre l’autre. L’utilisation de la pyrite puis de l’acier prévalut dans le mode occidental jusqu’en 1820, date d’apparition des allumettes. On peut également produire du feu à l’aide d’une lentille ou d’un réflecteur incurvé en concentrant les rayons du soleil sur la substance combustible. En 2000 ans avant J.C. débute l’ère de la métallurgie et de la forge. Les premiers fours sont de petites fosses surmontées d’une cheminée d’argile percée de trous pour l’oxygénation Grâce à la chaleur dégagée dans un foyer, Le cuivre fut l’un des premiers matériaux utilisés pour confectionner de petits outils et des parures. Trop mou et trop cassant pour être véritablement travaillé, on y ajouta de l’étain pour donner du bronze. Facile à couler, il pouvait être moulé et aiguisé afin d’obtenir un tranchant résistant et réaffûtable, tandis que les outils usés ou cassés étaient refondus et moulés à nouveaux. Vint ensuite le travail du fer, plus résistant que le bronze, mais plus difficile à travailler et ne fondant qu’à une température très élevée (1500 °C) Comme le culte du soleil dont elle n’est pas toujours différenciée, l’adoration du feu est l’une des formes les plus anciennes de religion. Problème vital au début des sociétés humaines où l’on a beaucoup de mal à le produire, le feu permanent symbolise la permanence du groupe, son âme en quelque sorte. D’où le respect dû au feu, tendant à le sacraliser, voire à en faire l’image de Dieu. La flamme elle-même peut être l’objet de l’adoration ou être considérée comme la manifestation ou l’expression de la divinité. Le culte du feu a occupé une place importante dans les rites religieux de l’antiquité, des Aztèques aux Hindous, sans oublier les Incas et les Egyptiens. Dans l’hindouisme, lors des cérémonies funèbres, la prcession vers le lieu de la crémation est conduite par un homme portant un flambeau. Après l’incinération, les cendres sont dispersées dans un fleuve sacré. Dans certains groupes religieux, la veuve devait commettre le sati, c’est à dire s’immoler sur le bûcher funéraire de son mari. En Grèce, le titan Prométhée était censé avoir dérobé la précieuse flamme du mont Olympe, demeure des Dieux. Le culte de Hestia, déesse de la terre, et d’Héphaîstos, dieu du feu, furent les éléments essentiels de la religion grecque, comme plus tard à Rome ceux de leurs homologues : Vesta et Vulcain. Lors de fêtes : les Volcanalia, le 23 août, on lui offrait des sacrifices pour repousser les incendies. C’est cependant dans la Perse antique où la vénération perpétuelle de la flamme était la principale caractéristique du zoroastrisme, que le culte du feu connut son développement le plus important. Sous le règne de Darios 1er le feu était supposé être la manifestation terrestre de la lumière céleste. Les Parsis, qui vivaient en Inde, en Iran et au Pakistan, adeptes de cette religion considéraient que le feu était sacré et purifiait. Il était entretenu en permanence dans les temples par les prêtres. Pour éviter la profanation, ils laissaient leurs morts sur des tours et les abandonnaient aux vautours et autres oiseaux charognards. Ces pratiques cessèrent au VII° siècle lorsque la Perse fut convertie à l’islam après la domination arabe. On retrouve toutefois quelques parsis dans la banlieue de Bombay. Le rituel religieux consistant à marcher sur le feu est étroitement associé à son culte. Il s’agit en général de s’avancer pieds nus sur de grosses pierres chauffées dans un lit de tisons brûlants. Le TEM\ est symboliquement éclairé par des flammes provenant de bougies ou lumières d’ordre, provenant de 3, 5 ou 7 chandeliers suivant le grade de la loge devant être allumées pendant l’ouverture des travaux. Pour que la flamme soit parfaite, la matière de la bougie doit être aussi pure et aussi naturelle que possible et seule la cire d’abeille réponde à ces qualités. D’autre part, le symbolisme de l’abeille elle-même vient y ajouter ses significations : travail, justice, activité, espérance. Pour les écrivains religieux, le cierge est l’image de la trinité : la cire étant le père, la mèche le fils et la flamme le Saint-Esprit. D’ailleurs, dans certains rituels MAC\, c’est le VEN\ qui communique la flamme qui allume les bougies des SURV\ Ainsi, la flamme est pure. De même, à l’extinction, la flamme ne doit pas être soufflée mais étouffée sous un maillet ou sous la cire d’une autre bougie. Dans une documentation sur les Perses, on peut lire : « il n’y a rien qui représente si bien la divinité que le feu ; c’est pourquoi ils ne souffleront jamais une chandelle, ni une lampe, ni même d’employer de l’eau, mails ils l’étoufferont avec de la terre » Les lumières d’ordre, dans un TEM\ sont un feu sacré et non pas un vain détail du rituel. Elle sont appelées également «Etoiles». Il ne faut pas les confondre avec les chandelles qui, contribuant éventuellement à l’éclairage de la L\, ne font pas partie des Etoiles. La flamme de la bougie est vivante, tandis que la lumière produite par le gaz ou l’électricité a toujours quelque chose d’artificiel. Le feu se retrouve dans d’autres manifestations symboliques telles que les fumigations. L’encens était autrefois utilisé par les païens et les civilisations chrétiennes ont longtemps refusé ce cérémonial, d’autant que le sacrifice demandé aux chrétiens qui renonçaient à leur foi consistait à jeter de l’encens sur les charbons ardents devant les idoles. Pourtant, dans l’Exode, Moïse ordonne de construire un autel en plein air pour faire fumer l’encens. Ailleurs dans l’apocalypse de St jean ont lit ( VIII, 3 ) un ange se tint près de l’autel, un encensoir d’or pur à la main, on lui donna beaucoup de parfums pour qu’il fît une offrande des prières de tous les saints, et la fumée des parfums monta de la main de l’ange vers Dieu. Ainsi, si les premiers chrétiens montraient quelque répugnance à adopter une coutume païenne, la Bible atteste néanmoins que dès l’origine, l’usage de l’encens avait une signification religieuse. D’autres produits sont également utilisés tels que la Myrrhe, le bois de Santal, le benjoin ou un mélange de résines : l’oliban. L’utilisation de ces trois produits regroupés donne une odeur très agréable. Il symbolise également les trois mondes : divin, humain et matériel. Sur la table du VEN\ se trouve l’ EP\ FLAM\ Pourquoi donc cette lame a une forme ondulée concrétisant le mouvement vibratoire de la flamme ? On lit dans la Bible que Dieu mit des chérubins dans le jardin des délices, qui faisaient étinceler une épée de feu, pour garder le chemin qui conduisait à l’arbre de vie. C’est cette EP\ que l’on retrouve dans la main du VEN\ qui est une arme symbolique signifiant entre autres que l’insubordination, le vice et le crime doivent être repoussés des TEM\ Cette EP\ FLAM\ sert à la consécration du récipiendaire. J’en arrive aux dernières utilisations du feu en tant que symbole, lors des voyages initiatiques. Pour contempler la reine des enfers, c’est à dire la vérité qui se cache au-dedans de lui-même, l’INI\ doit franchir une enceinte de flamme. C’est l’épreuve du feu. L’INI\ séjourne au milieu des flammes (ses passions) sans y être brûlé, mais se laisse pénétrer par la chaleur bienfaisante qui s’en dégage. Une ardeur vive, mais sagement gouvernée, porte l’INI\ vers tout ce qui est noble et généreux. Il lui appartient surtout de ne jamais laisser s’éteindre dans son coeur le feu d’un amour profond pour ses semblables. Un rayonnement de sympathie se dégagera ainsi de lui. Dans toutes les cérémonies initiatiques, quel que soit le grade, le feu et les objets flamboyants ont leur place. Il suffit d’observer les décorations du TEMP\ pour se rendre compte de l’importance du feu dans la symbolique MAC\ Le 23 juin, nuit précédent la fête de la nativité de Jean le Baptiste, de nombreux feux sont allumés dans les rues ou sur les places. Ces feux reçoivent parfois la bénédiction d’un prêtre. La fête de la St Jean est l’héritière des fêtes païennes et des rites célébrant la fertilité agricole au moment du solstice d’été. On pourrait encore parler de l’utilisation du feu dans d’autres domaines : le feu de l’enfer dans une utilisation guerrière, les feux de l’amour dans le sentimental, ou les feux de signalisation pour la sécurité routière. On pourrait encore parler des feux de voiture, allumés par les jeunes délinquants pour marquer leur différence, ou les feux de camps, marquant des réjouissances entre individus en communauté autour d’un feu. J’allais oublier la flamme olympique, allumée par les rayons du soleil sur le site du mont Olympe et portée jusqu’au stade par des coureurs qui se relaient. Le sujet est tellement vaste qu’il faut bien se limiter. J’ai dit V\M\ A\ L\ |
7042-7 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |