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Le Feu

Ce soir, je regarde le feu dans la cheminée
Et laisse mon esprit, mes pensées s'envoler.
Sa douce chaleur me caresse,
Réchauffe mon sang, réchauffe ma vie.
Les flammes naissent et disparaissent
Tel un Phénix, à l'infini.
<< ce bûcher qui soi-même s'engendre,
Un instant voile tout de son ardente cendre >>.
Qu'Apollinaire avait raison !
Il en est de nos feux comme de nos passions,
Ils s'embrasent et s'attisent,
Nous fascinent, magiques, parfois nous hypnotisent,
Nous transportent longtemps sur un tapis volant,
Et nous ramènent souvent du passé au présent.

Je crains le feu comme tous les hommes de tous les temps,
Car je sais qu'il fait mal, peut brûler, peut détruire
Et apporter la mort, et pourtant il m'attire.
A l'instar de ses flammes, j'avoue être changeant.
Ma propre ambiguïté me tracasse et m'appelle,
Ravive mon désarroi, quelque part m'interpelle.
Sentiment d'impuissance, prescience de la Mort ?
Chaleur de la Vie, ou force de l'Amor ?

Le voilà qui repart, renaît, se régénère !
Ce soir, je veux laisser ce que les sciences enseignent
Et dans un autre monde, entre rêve et éveil
Conduire mes pensées vers les voies de l'éther,
Vers la source de ce feu que je pressent cruciale.

Drôle de mot au milieu de cette phrase banale,
M'indique-t-il, un chemin ? Serait ce là un message ?
Un de ces nombreux songes, qui donne un passage ?
Un croisement, une croix qui dirige mes pensées
Vers le Feu des Rose-Croix, vers celui des Croisés
Morts pour n'avoir pas su au monde expliquer
A qui, leurs corps, leurs âmes étaient prédestinés.
C'était pourtant facile, de dire que c'était Dieu !
Leur Amour de la Vie, celui d’I.N.R.I.
<< Igne Natura Renovatur Integra >>
<< Nature renouvelée entièrement par le Feu >>,
Ils l'avaient transcendé et non jeté à bas,
Le portant sur leurs flammes, tous les jours que Dieu fait,
Hymne au feu du soleil qui tous les jours renaît
Au printemps qui réveille et sans cesse surgit
A la terre nouvelle, à la vie qui sourit.

S'agit-i1 d'un blasphème ou d'une incitation
A creuser un symbole ? A poser des questions ?
Je penche pour celles la, car Celui de la Croix
Offre un exemple aux hommes du renouveau suprême,
De la Résurrection de la Nature Humaine
Par le Feu de l'Amour, par le Feu et la Foi.

A la Résurrection de la Nature Divine,
Répond celle du Phénix cet autre Pélican
Qui de sa chair nourrit ses petits leur donnant
La vie contre sa mort, cette charité ultime.
Est-ce de ce Phénix dont parle l'Ecriture?
<< De même que l'or est purifié dans la fournaise,
Ainsi le juste sera purifié par le feu,
Ce principe de vie qui anime tous les êtres. >>
Le feu, la vie: Soleil, en un mot la Nature,
Tous ces mots me transportent et me rendent heureux
D'être là maintenant, de revivre comme en rêve
Ma passion pour le Feu, ma passion pour le Maître.

Le feu n'est pas chrétien ! Il est universel.
Le << ka >> des égyptiens, oiseau symbole de l'âme,
Image du soleil, de son cycle journalier
Fertilité du Til, de son cycle annuel,
Lie sa vie aux saisons, et à sa façon clame
La mort renaissance, la vie régénérée.

Ce vieux combat entre la vie, entre la mort,
Entre vie de lumière, entre mort des ténèbres,
Entre la vie du feu, entre la fin du noir
Est né avec le monde, au quatrième jour.
Moment de création qui nous permit de voir
En passant de la nuit à la lumière du jour,
Que la Lumière était déjà dans notre Ténèbre,
Sans que le Créateur la mette en apport.

Le feu est la lumière, déjà là, dans la nuit,
Non pas lumière physique, mais Lumière Spirituelle
Pour ceux qui cherchent au fond de leur propre Ténèbre.
<< …et la Lumière luit dans les ténèbres,
Mais les ténèbres ne l'ont point saisie >>
Ténèbre Lumière, nuit jour, mal bien, terre ciel.
Vieilles oppositions, toujours complémentaires,
Repris dans des symboles parfois « élémentaires ».
Chez les chinois déjà, la chose n'est point nouvelle,
Un grand cercle de feu symbolisait le ciel,
Firmament arrondi de la voûte stellaire
Avec en son centre le carré de la terre.

Le Phénix y affronte le Dragon qui y dort
Dans un combat rituel, un combat perpétuel.
Le Dragon gagne toujours, grâce au feu qui l’anime
Obligeant le Phénix à l'envol vers la cime.
Il y brûle son vieux corps aux rayons du soleil,
Y renaissant toujours,...et c'est enfin l'aurore.

Enfin le chant du coq, cet autre oiseau mythique,
Qui prescient avant nous les rayons du soleil,
Me ramène sur terre, me rapproche de l'éveil.
Lui aussi, tel Hermès est messager des Dieux,
Car sait de première main, que Lumière bénéfique
Va renaître au matin, revivant de ses feux.

Mon feu maintenant s'épuise et semble s'endormir.
La nuit fut longue pour lui qui a porté mes rêves.
Je passe de l'éveil à un état second
Et en quelques secondes à un sommeil profond.
Ce feu vient de mourir, mais pour très peu de temps,
Car ce soir de nouveau j'écouterai son chant.
Pour le feu, comme pour nous il n'y a point de trêve,
De la Mort à la Vie, il nous faut revenir.

Quand tu m'a demandé de te parler du Feu
Martine, je t'avais dit, que j'en savais un peu,
Que j'avais quelques << planches >>, quelques écrits d'amis
Mais quelle fut ma surprise lorsque je découvris
Qu'en vers depuis une heure je venais de commettre
Ce qu'habituellement je ne confie qu'au Maître.
C'est donc certainement qu'Il l'a voulu ainsi
Et que te connaissant, il t'estime parmi
Celles qu'il attend, celles qu'Il a choisi,
Pour retrouver un jour, les feux du Paradis.

Le Maçon que je suis, crois en la Chose Divine
Comme huit millions d'autres, du carré de la terre.
Le ciel, l'astrologie, quelques uns d'entre nous
S'y sont aventurés et trouvé quelques mines
De recherches spirituelles qui ne datent pas d'hier.
Votre voie et la nôtre se retrouveront au bout
En un temps, en un lieu ou nous serons heureux
Enfin de retourner dans le giron de Dieu.

En ce début d'année, permet que je vous souhaite
A toi, à tes ami(e)s, mes vœux les plus sincères.
Que la Paix, que l'Amour, et pourquoi pas la fête
Règnent dans vos foyers, éloignent les misères.

Halte du Berger (G\ B\)


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