Essai sur le feu

Consacrons ce travail à un aspect fondamental de l’Initiation.

Parmi les épreuves du récipiendaire nous allons traiter plus particulièrement l’épreuve du Feu. Il n’est nullement question d’instaurer une hiérarchie entre les principes fondamentaux de Vie et d’Existence spirituelle que sont L’Eau, le Feu, l’Air, et la Terre.

Il est entendu que pour nous F\ M\, chacune de ces Forces isolée perdrait beaucoup de sa signification.

Le choix du Feu a été guidé par le fait qu’il permet de donner la forme définitive au dernier maillon qui vient renforcer la Chaîne.

Tel un métal brut, extrait de la terre, purifié et raffiné par l’air, forgé par le feu et trempé dans l’eau qui le rend invulnérable, l’initié est un métal que l’on sublime. C’est dans les étapes de l’Initiation maçonnique que l’on retrouve la logique de la vie universelle : Naissance - Vie - Destruction et…résurrection.

L’eau n’est source de vie que si elle rencontre l’air. L’air donne la vie au feu et la terre se nourrit de ce que détruit le feu. Enfin la terre a besoin d’eau pour redonner la vie. Une logique sublime que l’on peut retrouver dans l’espace-temps et qui ponctue la vie terrestre à l’instar de l’année et de ses saisons.

Terre, fin et début de toute chose. La Terre qui reçoit les offrandes du feu mais qui toujours engendre l’éternel recommencement.

Symboles Divins qui connaissent chacun le Principe de dualité : vitaux et rassurant ils peuvent revêtir l’aspect tonifiant de la destruction. Il en est ainsi du Feu. Apocalyptique, il peut détruire la vie dans la forme que lui donne la nature où dans les formes que l’homme lui donne (et dont il se sert).

N’est-il pas symbole de lumière et de chaleur et au-delà symbole de vérité suprême.

Au regard de cette dualité, Nous pouvons faire un rapprochement avec le mythe d’Icare avec les significations maçonniques qu’il inspire : Nous connaissons tous la légende. Pour s’échapper du labyrinthe, Icare se confectionne des ailes avec des plumes et de la cire. Il arrive à voler et, de plus en plus sûr de lui s’approche dangereusement du soleil qui détruit ses ailes…

Une ascension suivie d’une chute dans la mer, et pas de bras secourables pour le retenir, voici une épreuve de l’air qui se termine bien mal. Après s’être trop approché du feu, l’homme est remis à sa place dans son ignorance et son inconscience. Doit-on penser qu’il n’était pas prêt pour recevoir la lumière, celle-ci devenant alors destructrice.

La lumière se gagne-t-elle donc – se mérite-t-elle ? Voici une question lourde d’implications et qui mérite la deuxième partie de ce travail.
Cela dit, l’essence même de cette légende permet de conclure, avec toute la prudence qui s’impose, qu’un mortel n’a pas le monopole de la Vérité et que le seul morceau de Vérité qu’il peut détenir est que le chemin de la lumière est infini.

Le mortel et qui plus est le Maçon devra sans cesse marcher vers elle sans jamais l’atteindre. Le Temple ne sera pour nous jamais achevé ; Voici là une leçon de modestie et surtout de tolérance.

Ainsi nous voilà prévenu, le mortel qui prétendra détenir la lumière ne détiendra en fait qu’un feu destructeur pour lui et pour les autres.

Voici une condamnation du dogme, ce dogme à l’opposé de la spiritualité maçonnique. Précédemment s’est posé la question de savoir si la lumière se méritait. Ou pour mériter toute chose il fallait le gagner, c’est-à-dire évoluer – changer - se purifier - transmuter. Vous avez compris, difficile de parler de Feu et d’Initiation sans recourir au symbolisme Alchimique. Le Feu destructeur devient ici purificateur, transformateur. C’est celui qui fait fondre le métal afin d’en extraire les impuretés et lui donner une nouvelle forme. C’est celui qui prend le sable opaque et impur, le chauffe à blanc afin que celui-ci devienne un cristal et laisse enfin passer la lumière.

On comprend alors toute l’importance d’une Initiation bien conduite car la lumière ne saurait tolérer l’impureté.

La transparence doit être parfaite pour que la lumière puisse atteindre le cœur du cristal. Toute impureté dévierait la lumière de son but initial, la disperserait, l’affaiblirait et pire ferait illusoirement croire en ce qui n’est pas.

Telle est la portée symbolique de l’initiation : transmutation – purification.

Le Feu est très présent dans la Bible et le texte ci-après illustre éloquemment les propos qui précèdent.

« Le jour de la Pentecôte étant arrivé, les apôtres se trouvaient tous ensemble dans un même lieu quand tout à coup vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues de feu. Elles se divisaient et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’esprit sain ».

Ainsi l’initiation et plus largement le chemin initiatique jusqu’à l’ultime initiation que le profane appelle la mort est-elle une longue œuvre Alchimique que parcourt la matière pour aboutir à la « perfection ».

L’âme suit un chemin de transmutation et de sublimation par le feu.

Au début et à l’image de la matière, elle est comme le plomb sortie de la terre, impure et imparfaite. Elle doit subir la transmutation.

L’âme est en perpétuel devenir et n’a pas la perfection acquise d’emblée. Ainsi de la terre nous irons vers le feu, des ténèbres nous irons vers la lumière, de l’inconscient au conscient, de l’occident à l’orient. La sublimation du feu nous fait renaître, sa transmutation est une élévation et ce qui survit à sa destruction purificatrice est éternel. Nous acquérons alors toutes les vertus de l’or des philosophes.

Cet or que l’on éprouve au feu.

L’épreuve du feu

Esaïe chap. VI verset VI
TERRE AIR
EAU FEU

Récapitulons :

4 Principes interactifs de l’Initiation
4 Principes de Vie et d’Existence Spirituelle
Le chemin du métal impur qui par la transmutation conduit vers l’or.
La dualité du feu – le mythe d’Icare et ses implications maçonnique et initiatiques :

1°/ La lumière se mérite
2°/ Elle brûle celui qui n’est pas apte à la recevoir.
Le chemin de la lumière est infini.
La lumière n’est détenue par aucun mortel.
Initiation et Alchimie
Le feu transforme le sable en cristal afin d’y laisser passer la lumière.
Transmutateur et purificateur
Le chemin initiatique : atteindre la vertu de l’or des philosophes.
Comme l’or, tout ce qui survit au feu est éternel.

J’ai dit.

R\ K\