Le
Changement Créateur
Notre contexte est souvent fondé sur des
mises en scène conduisant à la
négation de l'autre en tant que strict objet (par exemple :
problèmes graves de manquement de respect à
l'enfance). La question se pose d'une éthique individuelle
et de la capacité à disposer d'une conscience
claire, dégagée des influences paralysantes des
contraintes de la vie au quotidien.
C'est dans ce cadre que je vous propose quelques unes des
réflexions dont Krisnhamurti nous a fait part dans son livre
intitulé « Le Changement
Créateur ».
1. Prendre conscience et faire preuve de
lucidité
La prise de conscience des mots et des idées s'effectue
selon plusieurs degrés :
- c'est d'abord, une prise de conscience superficielle de la chose en
l'état, - c'est ensuite une réaction
psychologique sur ce que l'on pense des choses et sur ce que ces
dernières nous font ressentir. Cette perception n'est donc
pas la perception intrinsèque de la chose elle
même, mais plutôt l'expression de notre culture et
de nos réactions aux contraintes subies qui s'exprime
à travers l'évocation de la chose elle
même. Elle est donc source de contradiction et de
séparation, compte tenu des rapports subtils
établis avec le moi issu des mémoires consciente
et inconsciente.
Des questions se posent alors vis à vis de la pertinence de
nos observations : - peuvent-elles être objectives et
détachées de toute notion de jugement ? - sont
elles mêmes observables, en dehors de nos filtres psychiques
déformants ?
2. Comment vivre dans ce monde ?
L'incertitude de nos observations pose alors le problème de
la pertinence de nos réactions vis à vis des
excès induits notamment, par les contradictions
liées à notre contexte et
l'indifférence, au sens large, pour autrui.
Comment ne pas se laisser enfermer dans une cage psychique limitante
visant à considérer l'existence comme un vaste
problème complexe, insoluble et figé par des
contradictions apparentes ?
Des pistes d'analyse pour la compréhension de notre contexte
et l'aide à la réflexion sont
proposées ci après.
2.1 Compréhension du monde
Le monde peut être perçu comme la
réunion d'un ensemble d'objets et de relations
établies entre ces objets. Cet ensemble se
décline alors, en termes de fragmentation en
nationalités, divisions religieuses, politiques, groupes
ethniques et sociaux.
Cette fragmentation artificielle est elle même
génératrice de conflits, de contradictions et
tend, si elle n'est pas pondérée par l'esprit de
tolérance, à nuire au respect de l'homme dans sa
totalité.
2.2 Conditions du progrès dans
la réflexion
La fragmentation évoquée ci-dessus est
renforcée par les effets de notre subconscient et de nos
mémoires. En outre, les contraintes au quotidien
l’accélèrent par la segmentation de nos
activités, de nos appartenances, de notre culture, de nos
croyances.
Cette perception, souvent ressentie de manière diffuse
à travers le prisme de notre mental, amène au
conflit, à l'incompréhension, à
l'isolement, parfois même à
l'indifférence aux situations d'atteinte à la
dignité humaine.
Dans ce contexte, il pourrait convenir de :
- créer l'harmonie entre le mental et le cœur, -
favoriser la complète compréhension des
mécanismes en action, - neutraliser les effets
négatifs de filtrage de notre prisme mental, - valoriser
l'amour de l'autre,au sens ésotérique du terme, -
concourir à la complète prise de conscience de ce
que nous sommes.
Cette recherche pourrait alors se fonder sur :
- l'acquisition d'une perception claire des choses, à partir
de mécanismes contournant l'influence des sentiments et des
émotions, - la prise de distance
maîtrisée vis-à-vis des
préjugés et des craintes, - la connaissance des
différents niveaux de conscience de l'être.
2.3 Les conditions du changement en tant
qu'acteur
Ces conditions se déclinent suivant plusieurs aspects
a) Voir réellement ce qui se passe autour de soi
Voir le monde tel qu'il est, revient à se voir tel que l'on
est réellement compte tenu des interactions suivantes :
- le passé agit sur le présent pour le modifier,
- le futur est le résultat du passé agissant
à travers le présent, - le mental, le cerveau et
les sentiments sont le résultat de l'expression du
passé.
b) Se donner les moyens de son propre changement
Pour aider à la recherche de son équilibre, il
est souhaitable de transformer les influences de l'esprit et du
cœur, car : « ne vouloir que changer ce
n'est que vouloir changer de prison ».
Mais changer, implique un mouvement de ce qui est vers quelque chose de
différent :
- tout opposé est compris dans son contraire et ne permet
pas le changement (violence, envie, colère,
avidité se maintiennent), - nommer à nouveau,
c'est impliquer encore la pensée et engager un processus de
renforcement des processus négatifs de filtrage, - tout
mouvement dans le même plan pour s'éloigner du je
suis, ne fait que renforcer le je suis.
c) Qu'est ce que le changement ?
Changer c'est faire naître un ordre nouveau, c'est aussi
faire cesser toute pensée : « cesser tout
mouvement de pensée et alors surgit la fin de ce qui
est »
3. Comment vivre avec ce qui est ?
3.1 Objectif
Il s'agit de pouvoir dépasser le signifiant de chaque mot et
d'entrer en rapport direct avec toute chose, de façon
à éviter les conflits de nature cognitive, voire
affective entre ce qui est et ce qui devrait être.
Il s'agit au pire de vivre la confusion, mais sans entrer en conflit
avec elle, car vivre sans conflit avec la confusion nous en affranchit.
3.2 La démarche
Elle consiste essentiellement à être son propre
instructeur et son propre élève, en essayant de
se référencer à quelques principes :
- prendre conscience que la beauté de l'univers se situe
dans ce qui est, - vivre en harmonie avec ce qui est la vertu, -
observer sans comparer, sans soupeser, c'est aussi ne pas donner prise
au prisme déformant du subconscient, - regarder sans
déformer est amour ; cette perception est vertu.
Il importe en toute circonstance de regarder sans
déformation, de façon à :
- disposer de toute la lucidité nécessaire
à l'exercice d'une sage réflexion, - se maintenir
en harmonie avec le contexte, - ne pas se laisser entraîner
par les influences négatives, - protéger le
subconscient de toute suggestion et de toute imprégnation
différées, - disposer intacte, de la
capacité à mettre en œuvre les actions
les plus appropriées.
Le changement créateur est donc
fondamentalement le résultat d'actions et de
réflexions en direction de notre être
intérieur, à partir desquelles nous sommes en
toute conscience, à la fois acteur et observateur.
A travers ces dernières, Il importe d'acquérir la
capacité de se détacher du contexte de
façon à mieux s'en affranchir, de pratiquer
lucidité et tolérance et de favoriser
l'expression des fondamentaux positifs de l'être
intérieur.
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