La
Laïcité
« Je promets de
défendre l’idéal et les institutions
laïques, expressions des principes de raison, de
tolérance et de fraternité. »
Il me paraît primordial de débuter ma planche par
ce serment que nous avons tous prêté lors de notre
initiation.
Dans tous les bons dictionnaires, au mot
laïcité, la définition se cantonne
à : nom féminin, caractère
laïque, non confessionnel ; principe de
séparation de l’Eglise et de
l’état.
Avec cette définition concise, certes, mais très
banale, je vais avoir bien du mal à passionner mon
auditoire, qui au dire de mes illustres frères ont
déjà entendu et réentendu de
nombreuses planches sur le sujet.
Je vais donc m’attacher après une
définition de la laïcité, de survoler
son histoire, pour aborder les rapports entre religion et politique et
finir par certains aspects de la laïcité
d’aujourd’hui.
Définition et principe :
L’origine étymologique du mot
« laïcité »
est plus instructive. Le terme grec Laos
désigne l’unité d’une
population, considérée comme un tout indivisible.
Le laïc est l’homme du peuple, qu’aucune
prérogative ne distingue ni
n’élève au dessus des autres.
L’unité du Laos est donc un
principe d’égalité, et cette
égalité se fonde sur la liberté de
conscience. EGALITE, LIBERTE des mots chargés de sens et qui
nous sont chers.
Certains hommes croient en Dieu, d’autres en
plusieurs, d’autres sont athés, d’autres
se posent encore des questions..., mais nous devons tous vivre ensemble
et depuis la Déclaration des Droits de l’Homme,
nous devons avoir la liberté de conscience et
l’égalité de droit. La
liberté de conscience exclut toute contrainte religieuse ou
idéologique, l’égalité de
droit est incompatible avec la valorisation d’une croyance
ou...de l’athéisme !
La puissance publique, chose commune à tous
comme le dit si bien le latin « res
publica », sera donc
neutre sur le plan confessionnel ; neuter,
en latin signifie ni l’un, ni l’autre. Cette
neutralité confessionnelle est à la fois une
garantie d’impartialité, quelle que soit nos
convictions spirituelles ; humanisme athée ou
humanisme religieux, condition sine qua non pour que chacun se
reconnaisse dans cette république ou tout le monde se
retrouve sur un même pied
d’égalité.
Les trois grandes
religions, « religions du livre »,
(judaïsme, christianisme, islam) ont inspiré des
violences qui résulte de l’idée de
s’imposer à tous les hommes.
La laïcité concerne elle, un principe
d’unification des hommes au sein de
l’état. Elle suppose une distinction entre la vie
privée et la dimension publique du citoyen, c’est
en tant qu’homme privé, dans sa vie personnelle,
que l’homme adopte une conviction spirituelle, religieuse ou
non, qu’il peut bien entendu partager avec
d’autres, mais la puissance publique n’a pas
à s’inquiéter de l’expression
des convictions et des confessions, si elles restent compatible avec le
droit d’autrui.
Les premières communautés humaines
ont d’abord été des
communautés de fait, ou la domination reposait sur un
ensemble d’usages.
La distinction entre l’homme privé et la personne
publique (le citoyen) est une particularité culturelle, une
conquête de l’esprit de
liberté ; aucune société ne
l’a sécrétée
spontanément. Ce sont des luttes et des souffrances qui ont
été nécessaires pour qu’on
vienne à la reconnaître comme légitime.
La laïcité, conquise contre une
culture marquée par la religion chrétienne est en
rupture avec nos traditions occidentales. Par exemple,
l’Inquisition et la Monarchie de droit divin
témoignent clairement que la laïcité
n’est pas issue d’une
génération spontanée, même
et surtout sur le sol de la fille aînée de
l’Eglise !
Mais mes remarques acerbes ne doivent pas faire perdre de vue la
dimension positive de la laïcité, qui souffre en
effet du malentendu qu’entretient l’amalgame entre
laïcité et hostilité à la
religion.
Egalité, Liberté,
l’éclairage étymologique de la
laïcité permet donc d’en esquisser la
définition. La laïcité affirme
l’unité du peuple sur la base de la
liberté et de l’égalité des
hommes qui la composent. La liberté en jeu est celle de la
conscience, l’égalité est celle des
préférences spirituelles personnelles.
Athéisme, monothéisme ou polythéisme,
libre pensée ou pensée libre comme le
redéfinit l’un de nos frères,
mysticisme, aucune hiérarchie ne peut être
fondée sur le choix de l’une de ces options.
Deux idées majeures sont dans l’idéal
laïc.
La démarcation entre ce qui est commun
à tous et ce qui relève de la liberté
individuelle
L’acceptation des règles de vie commune et
l’assentiment aux principes qui fonde la
société.
La vie commune n’implique pas qu’autrui ait un
droit de regard sur ma conscience et puisse m’imposer une
religion, mais elle demande que nous observions les règles
de coexistence de nos libertés.
La laïcité a donc pour
référence la chose commune à tous. Le
« Bien commun » ;
res publica, qui a donné le terme
république. Une telle référence
requiert et suppose des hommes dont la conscience serait
libérée et qui serait capable de se donner
à eux-mêmes une loi qui les unisse.
La notion d’autonomie prend ici toute sa
signification ; celle d’une capacité
à deux volets.
L’une juridique et politique s’explicite par le
terme de souveraineté. Un peuple souverain est celui qui se
donne à lui même sa propre loi.
L’autre éthique et civique, consiste à
se savoir source de la loi à laquelle on obéit
et, partant de là, à comprendre qu’une
telle obéissance n’a rien à voir avec
la soumission ou la servitude.
Liberté de conscience, égalité des
droits, bien commun par-delà les différences,
confiance de principe dans l’autonomie, affirmation
simultanée de la souveraineté de la conscience
individuelle, et du peuple sur lui-même :
c’est tout un idéal qui
retentit dans le mot
« laïcité ».
Pour poursuivre sur des recherches
étymologiques le vocable
« démocratie »
provient, lui, du grec démos, qui
recouvre cette fois le peuple entendu comme communauté
politique. Démocratie et laïcité, en un
sens, renvoient donc à la même idée,
celle d’une souveraineté du peuple sur
lui-même.
L’idée de laïcité vise donc
l’unité du peuple souverain, fondée sur
l’égalité de droits de ses membres.
Elle souligne donc la référence au bien commun,
à la République, comme fondement et horizon de la
démocratie. Incompatible avec l’attribution
à une partie des hommes d’un pouvoir confessionnel
sur les autres.
C’est ce genre de pouvoir que l’on appelle
cléricalisme et qui constitue
l’antithèse de la laïcité.
Le vocabulaire religieux distingue le laïc, qui
ne dispose d’aucune attribution spécifique dans la
représentation officielle de la religion, et le clerc,
à qui est dévolu un rôle directeur dans
l’administration de la foi.
Le cléricalisme se caractérise non par le seul
exercice des fonctions cléricales sur les
fidèles, mais aussi par une ambition de pouvoir temporel sur
toute la société.
Peut-on dire qu’il découle naturellement du
prosélytisme inhérent à toute
religion ?
J’établirai par ailleurs deux distinctions
essentielles, l’une entre religion et
spiritualité, l’autre entre religion et
cléricalisme.
En effet, la vie spirituelle ne peut se
réduire à la religion, l’esprit vit
dans la pratique de la vie sociale. L’art, la science, la
philosophie, représentent des formes de la vie spirituelle,
l’esprit réside sans doute dans la foi, mais vit
également dans la pensée rationnelle, dans
l’activité créatrice de
l’artiste, et plus généralement dans la
culture.
La religion, croyance unissant librement les fidèles, ne
peut et ne doit pas être confondue avec le
cléricalisme, ambition temporelle de domination et de
captation de la puissance publique, ce cléricalisme va bien
au-delà de l’autorité
légitime d’un clergé se tenant dans les
limites d’une communauté de fidèles et
ne prétendant pas faire la loi pour d’autres.
Histoire de la
Laïcité :
Après cette vision des principes de la
laïcité, j’aimerai aborder rapidement
quelques moments importants de son histoire.
Le christianisme, par exemple, fut d’abord
persécuté. Devenu religion d’empire par
décision de Théodose en 380, il inspira
immédiatement la proscription du paganisme, transition du
persécuté au persécuteur. Ainsi les
catholiques opprimèrent les protestants en France, mais ils
furent eux-mêmes opprimés en Allemagne et en
Grande Bretagne.
L’oppression cléricale a pris des formes
diverses ;
Les massacres des croisades et des guerres de religion,
Les supplices des bûchers de l’inquisition,
Les autodafés et la mise à l’index des
livres suspects.
La collusion de l’église avec le fascisme comme
dans la Croatie nazie (encore récemment avec la
béatification du cardinal Espinac
réputé pro-nazi...et condamné par les
tribunaux après la guerre).
Les crimes des intégristes et les conflits
interconfessionnels qui renaissent périodiquement, comme
aujourd’hui en Inde ou en Irlande du Nord, entrent en
résonance avec cette histoire tragique, où les
religions du livre ont tous été compromises.
L’Inquisition, imaginé en 1199 par
le Pape Innocent III pour combattre
l’Hérésie Cathare avait le pouvoir
d’infliger des peines corporelles (tortures, mise
à la question, flagellation, bûcher), mais aussi
morales (adjuration, conversion forcée, autocritique
publique, port de signes infamants). Ces méthodes sont
utilisées contre les fidèles qui
interprétaient différemment la foi
(c’est-à-dire les « Hérétiques ».)
Autre invention de l’obscurantisme :
Le catalogue des livres interdits promulgué en 1563 par le
concile de Trente et aboli seulement en 1965 et parmi les auteurs mis
à l’index : Abélard, Dante,
Erasme, Montaigne, Galilée, Descartes, La Fontaine, Pascal,
Spinoza, Malebranche, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Diderot,
Lamartine, etc.
L’Edit de Nantes en 1598, sans mettre en cause
le catholicisme comme religion officielle, avait
toléré le culte réformé. Sa
révocation par « le
Roi Soleil », marquera la
précarité d’une liberté qui
dépend du bon vouloir du prince.
Bref, reste à comprendre, les collusions entre les religions
et le pouvoir politique qui mènent
systématiquement à l’oppression, la
discrimination voir même à la guerre.
Le cas limite de la collusion entre le religieux et le
politique est la théocratie, qui confond
d’emblée les pouvoirs spirituels et temporels.
Le « Pouvoir de Dieu »
dans la figure despotique du pouvoir absolu relève
d’un double amalgame :
Le « Leader » est
divinisé et son empire est une possession directe, la
servitude est totale, la religion n’a d’autre objet
que le dirigeant lui même, ses actes sont sacrés
et sacralisés ( Kim il Soun père et fils en sont
l’exemple en Corée du Nord).
La loi divine à valeur de loi politique, la
piété s’y déploie, comme
moralité et justice. Cette politique théocratique
ne souffre ni examen, ni discussion, il n’y a plus de
liberté de conscience.
La conception islamiste de la Charia comme loi
applicable à tous en est la manifestation, peu conforme
à l’Islam authentique.
A partir du moment où pouvoir politique et
religieux ne sont plus confondus, leurs rapports se posent sur le mode
conflictuel pour deux raisons :
l’aspiration cléricale à un pouvoir
politique,
la puissance politique contrôle la religion.
Les croisements de ces deux attitudes ont engendré des
compromis et des compromissions, où complicité et
rivalité ont alterné dans les faits et dans la
dialectique.
Ainsi le sacre du roi, constitue bien une consécration
religieuse, du temporel par l’autorité religieuse,
qui légitime une puissance spirituelle.
Jean Paul II, montre la ténacité de cette
conception cléricale, en considérant que le
baptême d’un roi implique celui de son peuple en
clamant, lors de sa visite pour les journées mondiales de la
jeunesse : « France, souviens-toi
de ton baptême ».
L’histoire occidentale des rapports entre les
pouvoirs temporels et les autorités
ecclésiastiques n’est donc pas celle
d’une guerre mais plutôt celle d’une
lutte sur fond de complicité.
Comme s’il allait de soi, qu’il leur fallait
exercer une domination, la seule question étant de savoir
qui la détient.
Comprise comme un processus de libération,
l’émancipation laïque se construit en
deux phases.
La première passe de la tolérance restreinte
à la tolérance générale.
L’autre rompt avec les limites et les
ambiguïtés politiques, pour établir un
niveau juridique des principes de la laïcité,
définition simultanée de la liberté de
conscience et de l’égalité des
citoyens.
Malheureusement les pays qui respectent la
liberté de conscience, tout en privilégiant
officiellement une confession, ne respectent pas le principe
d’égalité des citoyens. Ce qui est
simplement toléré reste en position
d’infériorité par rapport à
ce qui est la norme, l’athéisme, par exemple
n’y bénéficie pas du même
régime que les religions officielles.
L’émancipation laïque requiert donc une
dés-implication des religions par rapport à la
puissance publique et non une négation de l’un au
profit de l’autre.
La loi de 1905, dite de séparation de
l’Eglise et de l’Etat est reconnue comme une saine
reconduction de la religion à sa vocation spirituelle par
beaucoup de catholiques.
La Laïcité
aujourd’hui :
A-t-on le droit d’être athée, ou
agnostique, ou protestant, ou de tout autre confession quand le
cléricalisme catholique investit de plus en plus la
sphère publique en France ? (visite
subventionnée du pape, Président de la
République sortant de la messe du dimanche matin devant les
caméras de télévision, Messe
d’enterrement national de François Mitterrand
à Notre-Dame, etc.)
Un citoyen américain athée peut-il
se reconnaître dans le serment du président des
Etats-Unis sur la Bible ?
Un musulman partisan d’un islam éclairé
est-il libre de s’exprimer là où le
fondamentalisme intégriste a pris le pouvoir ?
Un juif athée peut-il disposer de sa vie privée
si des rabbins orthodoxes imposent à la sphère
publique une mise en tutelle du droit, de l’école,
de la mémoire collective ?
On peut remarquer que là où une
religion domine
« spirituellement », les autres
religions et autres formes de spiritualité sont
brimées à des formes et des degrés
variables.
On peut critiquer une religion, ou une figure athée de
l’humanisme, mais on doit respecter le droit de croire ou de
ne pas croire. Un chrétien, un musulman, et un agnostique
pourront alors vivre ensemble dans la paix, dès lors que
l’option spirituelle reste une affaire privée,
c’est-à-dire ne prétend pas
régenter la sphère publique.
Un aspect de nouvelles revendications cléricales sur la
sphère publique, la confusion
délibérée entre le respect des
croyances et le respect des croyants. Elle se manifeste par la
volonté d’inscrire dans le droit public des
sanctions pénales, lors d’atteinte aux doctrines
religieuses ou a leur symbole. Par exemple, la condamnation du livre de
Betina Rheins à ne pas être exposés car
il représentait une femme crucifiée.
Ces atteintes pour sanctionner des
blasphèmes, qui n’existent d’ailleurs
comme valeur qu’aux yeux des croyants, revient à
adapter une conviction particulière en loi
s’imposant à tous !
Une autre thèse vise à faire de la
laïcité, ainsi que des droits de l’homme,
un produit de la religion chrétienne, cette revendication de
paternité est abusive à bien des
égards. L’idée
d’égalité n’est pas une
invention chrétienne, mais un thème essentiel de
la philosophie politique grecque. C’est à
l’idéal des Lumières,
précédé et
préparé par l’humanisme rationaliste
que revient d’avoir construit le modèle politique
et juridique de l’égalité et des droits
de l’homme.
Le pape Pie IX déclarait même que
les droits de l’homme étaient « impies
et contraires à la religion ».
De fait, s’il y avait dans le message du Christ la
potentialité d’une affirmation des droits de
l’homme - Liberté et Egalité -,
l’église a tardé à
s’en aviser. Un millénaire et demi de
persécution cléricale a
précédé la prise de conscience.
Le processus de laïcisation des institutions publiques,
hôpitaux, cimetières, lieux publics,
restitués à la neutralité
confessionnelle, et surtout la laïcisation des
écoles ont conduit à donner tout son sens
à l’idée de séparation.
Cessant d’être soumise à
la religion pour devenir l’école de tous,
l’école publique n’a pas pour autant
à se faire antireligieuse, mais plutôt areligieuse.
Ainsi comprise, la laïcité semble appeler en bonne
logique le principe de dévolution de l’argent
public à l’école laïque et
publique ?
En effet, comment une école privée peut elle
revendiquer son caractère propre et prétendre
à un financement public ?
Dans le cas contraire, il y a injustice et le principe
d’égalité est rompu.
L’école laïque ne doit pas choisir les
élèves qu’elle accueille et la
laïcité lui fait obligation de respecter, par la
neutralité confessionnelle, la liberté de
conscience. Si ces obligations sont appliquées à
l’école privée, comme condition
d’un financement public, que reste-t-il de leur
caractère propre ?
Si elles ne le sont pas, que reste-t-il du principe
d’Egalité Républicaine, qui veut que
les mêmes devoirs correspondent aux mêmes droits
dans l’attribution des fonds publics ?
Dans l’exemple du port du voile, qui
n’est d’ailleurs requis que par une certaine
interprétation de l’Islam, il s’agit de
savoir si la loi du père régnera à
l’école et s’il est juste
d’accepter une discrimination sexiste (les talibans ont
l’air de vouloir faire mieux en exigeant sous peine de
représailles la taille unique pour les vêtements
des femmes !) on entérine la soumission
d’une personne infériorisée.
Le droit à la différence risque de
déboucher sur la différence des droits, ainsi ces
femmes et jeunes filles signe
l’infériorité de leur statut par
rapport aux hommes, en même temps que leur soumission
à une religion.
Une fille apprend à l’école
qu’elle existe pour elle même, qu’elle
est maîtresse de sa vie, et qu’elle n’est
pas simplement la chose de son père.
Comme le disait Victor Hugo « L’instruction
primaire obligatoire, c’est le droit de l’enfant
qui, ne vous y trompez pas, est plus sacré encore que le
droit du père, et qui se confond avec le droit de
l’état. »
Il n’y a pas de place, dans une démarche soucieuse
de récuser l’obscurantisme, pour une
« culture religieuse ».
Il y a la place, en revanche, en une compréhension des
religions au travers de l’histoire, des lettres, de la
philosophie mais aussi des arts.
Le principe étant que
l’élève apprend à disposer
des grandes références spirituelles, au lieu
d’être conditionné par elles.
Affirmer que les clercs sont les plus à même de
les évoquer devant les élèves
équivaut à affirmer que les
représentants des partis politiques sont les mieux requis
pour faire comprendre le sens de leurs doctrines.
Les prosélytismes de tout ordre ne sont pas loin !
La laïcité refuse toute
discrimination dans l’interprétation des
doctrines, par exemple, il ne serait pas juste d’aborder la
doctrine communiste qu’a l’occasion de
l’étude des purges Staliniennes.
La vraie morale se moque donc du moralisme et
récuse tout catéchisme,
l’école laïque n’est ni
école sans Dieu, ni l’école avec Dieu
dont rêve les partisans d’une
« laïcité
ouverte », mais une école de
liberté pour apprendre à devenir maître
de ses jugements et de ses actions.
C’est à ce niveau que pourra se formuler, sans
ambiguïté, le point d’accord entre le
croyant qui respecte, en tout homme, le fils du Dieu auquel il croit et
l’athée qui respecte, en tout homme,
l’humanité elle-même,
éprouvée comme fraternité de condition
et de principe.
Une puissance publique libre de toute allégeance
confessionnelle et capable de ce fait d’unir les hommes
par-delà leurs différences, tel est
l’idéal de la laïcité.
Idéal, car l’union des hommes n’est pas
donnée d’emblée, mais relève
d’une construction patiente où le travail de la
raison est essentiel.
M\ B\
|