Obédience : NC Loge : NP Date : NC

Rite et tradition



Rite et tradition, « au singulier », pourraient nous sembler très restrictif, mais après quelques recherches et réflexions il m’apparaît, une multitude d’interprétation et de symboles, que nous allons essayer de découvrir et, peut être de comprendre ensemble.

Avant de nous lancer dans des spéculations philosophiques, considerons tout d’abord, la mesure des mots et de leur définition ordinaire.

RITE :
Ensemble des traditions liturgiques et des prescriptions cultuelles propres à une communauté religieuse, … nous sommes déjà dans le sacré.
Par analogie : ensemble des pratiques initiatiques propres à une société secrète, exemple : les rites de la Franc-Maçonnerie.
Du point de vue Anthropologique, certaines sociétés traditionnelles pratiquent ces gestes de caractère surnaturel ou symbolique : rites magiques, rites nuptiaux ou rites chamaniques.
Nous savons déjà, par définition, que le rite est un ensemble de traditions.
Mais, que savons-nous de LA TRADITION : 
C’est l’action de transmettre un bien, un savoir, une culture, une doctrine religieuse ou une philosophie.
La Tradition est : l’un des deux fondements de la religion catholique, l’autre étant la Révélation contenue dans les saintes écritures, définies par les pères de l’église, les conciles, le Pape et les évêques.
Au sens populaire du terme ; la tradition est une croyance largement répandue, une façon de faire ou de penser héritée du passé, nous dirons d’une tradition propre qu’elle est propre à une famille ou un métier.

Je me suis alors attaché à chercher et essayer de comprendre notre rite Ecossais Ancien et Accepté qui est un rite Maçonnique et Chevaleresque qui porte en lui les éléments de l’Initiation, s’enracine dans la tradition et, …
Est dit Universel, malgré les différentes obédiences qui caractérisent la Franc-Maçonnerie.
Cette réalité initiatique s’inscrit dans la tradition millénaire des constructeurs qui par la pratique quotidienne du travail et de la réflexion réalisaient eux mêmes dans leurs œuvres, l’équilibre de la sagesse, de la force et de la beauté.
Aussi , nous nous devons, mes frères, de connaître son origine, son histoire et ses spécificités,  fussent elles Ecossaises.

L’influence de la Maçonnerie sur le mouvement des idées fut particulièrement vive en France dans la seconde moitié du XVIII siècle, à travers les Lumières et dans la préparation de la révolution.
Pour exemple, Le Grand Orient, rationaliste et anticlérical joua un rôle politique notable sous la troisième République.
Les rites maçonniques se définissent par un ensemble de règles concernant les pratiques gestuelles, les déplacements et les mises en situation des frères à des cérémonies dites rituéliques appelés « tenues ».
Ces règles établissent un ordre que la tradition, par le rite, véhicule.
Toutes les loges n’ont pas le même rite :
Le Grand Orient travaille au « rite Français »
La Grande Loge Nationale Française et La Grande Loge Unie d’Angleterre travaillent au « Rite Emulation »
La Grande Loge Traditionnelle et symbolique au « Rite Ecossais Rectifié »
Et l’on trouve le « Rite d’York moderne » en Amérique du Nord ou encore le «  Rite Memphis Misraïm » en Europe.
Le rite Ecossais Ancien et Accepté est le rite le plus pratiqué au monde, et la Grande Loge de France, depuis 1894, à pour mission d’administrer les trois premiers degrés du rite, qui, comme chacun sait, en comporte 33.
Abordons maintenant nos spécificités :
 Est spécifique, ce qui caractérise une chose et lui est propre.
L’histoire de l’Ecossisme rattache le Rite à plusieurs traditions.
Les documents anciens comme le Regius, Le Manuscrit de Cooke, Le registre d’Edimbourg, et de nombreux autres, font référence à la Tradition des constructeurs, a ses règles et sa déontologie.
Les premières loges ont donc probablement été introduites en France dès la fin du XVII siècle et la dimension spirituelle de la pratique maçonnique apparaît dans les rituels vers 1730 avec la légende d’Hiram.
Cette spécificité développera ensuite sa richesse initiatique au dela de nos trois premiers degrés qui naquirent en France vers 1740 mais seront encore ignorés en Ecosse au même moment.
Appelé Rite Ecossais, car d’origine écossaise pour les trois premiers degrés, mais d’inspiration essentiellement française, pour les grades qui furent ajoutés.
Il est, pour la première fois codifié en 1762 ; et le convent universel de Lausanne en adaptera le principe un siècle plus tard.

Progressivement le problème du principe créateur va nous interpeller et nous déranger.
Depuis l’avancée technologique du XIX siècle jusqu'à nos chercheurs actuels, capables de manipuler une chaîne d’ADN et modifier le destin d’un individu, l’Homme considère cela comme un succès face au Créateur.
Cette vision scientifique du monde, quel qu’en soit son contenu, a tendance à se refermer sur des certitudes privilégiant les réponses par rapports aux questions qui les ont suscitées.
Là s’ouvre pour l’être humain la dimension spirituelle et la spiritualité.
C’est dans cet espace que les religions ont construit leurs réponses et que les traditions ont balisé les itinéraires.
Nombre de scientifiques constatent que la question de savoir quand a commencé le temps semble échapper plus que jamais à la physique, comme il échappe sans aucun doute aux possibilités de notre langage et de notre imagination.
Nous voyons bien que quelles que soient l’approche que nous avons, science, religion, démarche spirituelle en Franc-Maçonnerie, mais aussi Zen, Bouddhisme, Soufisme, nous retrouvons la même tension entre l’être et le devenir, entre l’éternité et le temps.
L’objectivité scientifique n’a pas de sens si elle aboutit à rendre illusoire les rapports que entretenons avec le monde.
Si nous relions la matière, la vie, la conscience, cela nous renvoie à une énigme plus profonde, celle de l’existence « a priori » d’un fondement, d’un Principe à la fois cause et signification de l’univers.
Aussi, de la simple foi religieuse basée sur une confiance inébranlable en une Entité supérieure, le rite Ecossais Ancien et Accepté nous ouvre une porte sur la spiritualité, en proposant une quête personnelle de cet au delà de nous même. Notre Rite lui donne le nom de Grand Architecte de l’Univers et nous travaillons à sa gloire de par notre existence.
 En effet pour l’homme, le fait d’exister ne se réduit jamais au simple fait d’être, car contrairement aux choses qui simplement sont là, seul l’homme existe, c’est a dire qu’il a conscience de son existence et se pose la question de son sens.

Pour SARTRE, cependant, il n’y a pas de sens préalable à l’existence, que celui que l’homme lui donne.
Pour lui l’existence précède l’essence.
Si au contraire, c’est le concept d’un Principe ou de Dieu qui l’emporte, on dira alors, «  l’essence précède l’existence »
Tout se réduit au problème de la foi et de l’espérance.
D’un coté l’homme pense et prend conscience, c’est lui qui donne un sens à sa vie, par ses projets, ses actes et ses choix.
De l’autre, l’essence et l’existence à la foi précèdent tout et donne un sens à la vie.
L’attitude religieuse est celle de la dévotion et de la piété. Elle consiste à honorer Dieu, à le servir, à le prier. Tandis que travailler à La Gloire du Grand Architecte de l’Univers c’est agir pour rendre plus rayonnant et magnifier le Principe Créateur, la vie et son origine.
L’esprit qui sustente le Rite Ecossais Ancien et Accepté est d’ordre initiatique  et par conséquent « traditionnel »

Cette fidélité à la tradition est indiscutable pour notre rite, sa caution pourrait se trouver, s’il en était besoin dans le Volume de la Loi Sacrée. En effet la Bible constitue pour le rite le symbole de la tradition. Mais n’oublions pas qu’outre la tradition  judéo-chrétienne, Le Rite Ecossais Anciens et Accepté dans ses rituels, ses documents fondateurs, et sa tradition se réfèrent à d’autres grandes traditions authentiques telles que, entre autres, les traditions égyptienne et gréco-latine.

Le rhéteur Latin Quintilien donnait dans ses « Institutions Oratoires » le sens « d ‘enseignement » pour « traditio » et faisant la différence, entre remettre « tradere » et transmettre « trasmitere » le premier se rapporte à une chose et le deuxième à un acte de…

Il en résulte que la tradition ne peut être réduite à celle des contenus transmis, mais, la Tradition ne se limite pas à la conversation ou à la communication d’acquis appartenant au passé, elle ajoute en intégrant, et adaptant, les acquis de tous ceux qui en pénètrent les arcanes.
Cette observation valant pour la tradition vaut pour le Rite et l’esprit qu’il véhicule.
Cet esprit, contenu dans la tradition primordiale se présente comme la conciliation du Ciel et de la Terre, de la Matière et de l’Esprit. En quelque sorte une machine à remonter le temps, ou à passer du temps au non-temps, … à l’atemporel, le Rite va re-lier ou ré-unir les deux termes. De cette dualité originelle naît la Manifestation Universelle et, le Maçon Ecossais, lui, sait que toute dualité se résout dans l’unité qui lui est supérieure et dont elle émane. L’esprit de la tradition qui sous tend le rite est irréductible à « l’un », mais pour le Franc-maçon, toujours en recherche d’unicité par delà la multiplicité, fidèle à l’esprit du rite, il convient de toujours « rassembler ce qui est épars » … dans l’unité.
 
Sans vouloir véritablement conclure, et ce serai bien prétentieux de ma part, je dirai que dans toutes les traditions authentiques, la structure rituelle implique une référence à un principe transcendant à l’origine du tout.
Ce principe est toujours supra humain, il ordonne et architecture le monde.
En toute logique, le Rite qui constitue une modalité de retour à ce principe
ne peut être que d’essence spirituelle.

C’est pourquoi le Rite Ecossais Ancien et accepté qui prône en toute chose le retour à l’unité reconnaît la suprématie de l’Esprit sur la matière.

V\M\ et vous tous mes FF\, J’ai dit.

E\ J\

7052-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \