La Tradition

« Un ordre maçonnique doit porter en lui les éléments de l’Initiation, s’enraciner dans la Tradition et être Universel », selon l’introduction d’un livre récemment reçu (1)

Qui dit tradition, dit passation. Passation d’une connaissance de père à fils, de maître à apprenti, d’initié à profane. Celui qui sait…doit transmettre. à celui qui cherche... à celui qui est en quête.

Le transmetteur doit être le garant de la chose transmise, le moyen utilisé est soit conscient, donc structuré ou soit inconscient et donc spontané. Cette succession de maillon est le lien essentiel qui a fait l’histoire de l’humanité.

N’oublions pas qu’à l‘origine « tradition » a pour sens propagation orale et orale uniquement.

Etes vous Franc-maçons ? en tant que F\, il pourrai être répondu , je suis fils de...  et remonter la lignée jusqu’à Noé. Non il est répondu, Mes FF\ me reconnaissent comme tel. Cette "es qualité" n’est donc connu que de soi-même et n’est reconnu par les autres maçons que parce que notre attitude doit se différencier de celle des profanes.

En grande ligne le rite maçonnique est passé de rituels professionnels moyenâgeux certainement très ciblés « profession du bâtiment » à des rituels plus philosophiquement éclairés.

Sans remonter au land marks, cherchons quelques exemples récents:

Nous l’avons évoqué lors d’une tenue précédente, remémorant le symbolisme de la chaîne d’union ; «  Courte ou longue » !!!

Le débat est ouvert autant dans ma tête que je le suppose dans la votre. Les deux solutions ont inévitablement leurs détracteurs et leurs adeptes

L’égrégore passe-t-il plus lorsque les bras sont contre la poitrine que le long du corps ?

C’est ce que j’avais tendance à croire, mais je dois reconnaître que lors de notre longue chaîne d’union, dimanche dernier, l’esprit de la fraternité est bien passé.

Alors Longue ou courte, le dossier n’est certes pas prêt de se refermer.

En 1877 sort seulement le premier rituel imprimé et diffusé relativement largement auprès des loges françaises. La grande loge de France n’est pas encore crée et l’obédience est contrôlée par le Suprême Conseil de France :

L’urne aux propositions et le tronc de bienfaisance sont bien là, par contre pas de chaîne d’union. Notre rituel originel du Travail Ecossais (datant de 1907) n’évoque pas l’ombre d’un lien physique unissant les FF\.

Par contre, une action de grâce, rappel de la prière faite en fermeture au 17^ème siècle, est lue par le VM, mais les jours de réception seulement (2).

Je ne vous en lis que l’introduction et la fin, le style est très ampoulé et dithyrambique.

Si l’origine de la ronde n’est pas à rechercher ici, la chaîne d’union qui, probablement a du faire partie des cérémonies des métiers, a disparu des rituels maçonniques du dix neuvième pour ne réapparaître que entre les deux guerres. Jules Boucher recommande en 1940 de la joindre à chaque tenue et non pas la réserver à la passation des mots de semestre.

Autre ‘nouveauté’, le non-déplacement des surveillants à l’ouverture et à la fermeture des travaux. Le changement récent du rituel essaye de palier à une pratique pouvant paraître illogique qui faisait que le VM et les 2 surveillants quittaient leurs plateaux à l’ouverture, sans que ceux-ci ne fussent remplacés. Les FF\ présents samedi à la tenue du bicentenaire du suprême conseil auront remarqué que celui-ci applique l’ancien rituel avec déplacement du Président et des deux inspecteurs.

Je me contente ici, simplement, de considérer que la tradition peut se lier avec de possibles évolutions. Le temps terrestre pour que cela se fasse ne compte pas.

La tradition, tout comme l’évolution n’est pas atteinte par l’écoulement des jours.

Que vivrait un maçon du 18^eme  s’il pouvait, par télégénie, revenir parmi nous et assister à une tenue. Eh bien, il ne serait guère dépaysé, en plus de 250 ans, peu de choses ont changé et c’est la grande force de la FM qui a su préserver son âme grâce à cette rigueur dans le choix des changements. Il en découle que ce serait utopie que de croire qu’une loge seule serait viable sans codification chapeautée par une Grande Loge ou un Suprême Conseil.

Si la tradition était immuable, figée dans des diktats anciens, elle serait vouée à l’immobilisme autodestructeur ou suicidaire. La tradition a donc droit à l’évolution qui passe forcement par des cheminements allant de l’erreur à la adéquation entre le Rite et l’Homme.

Le rite est là depuis 3 siècles, certes quelques changements ont eu lieu, mais le cœur, l’esprit du travail et du dévouement restent. La maçonnerie est d’essence supérieure, elle est de tradition séculaire et de demande initiatique ; ce qui la distingue de tout autre mouvement humain, qu’il soit politique ou professionnelle. L’Idéal maçonnique devra apporter à chacun une connaissance critique de l’ardeur de la tâche à accomplir.

La tradition est insaisissable, c’est une force vivante en perpétuelle re-création. C’est le mouvement permanent du passé, du présent et qui prépare l’avenir. Le temps de poser sa pierre et déjà elle s’intègre dans le mur du temple idéal et ne nous appartient plus.

La tradition maçonnique transmet sa connaissance par son symbolisme. Prenons exemple sur le tableau de loge qui en reprend à lui seul toute une série. Chacun appréhendera, en fonction de sa sensibilité ou du niveau atteint, soit la symbolique du temple, soit la symbolique des outils, soit la symbolique des astres, et d’autres encore. Les chemins sont variés, confus, diffus, mais désirent tous la même chose.

Le 1^er degré d’aujourd’hui m’oblige à éviter de développer les traditions Salomonienne ou chevaleresque, maillons si important de cette chaîne passant de l’opératif au spéculatif, du profane à l’initié.

Survolons donc, avec le glaive de l’expert, les colonnes du temple de Salomon et pensons à ces premiers maçons explorant dans la bible un ésotérisme caché au vulgaire et pouvant grâce aux échanges professionnelles et itinérant y ajouter la philosophie grecque oubliée par les Romains et par la renaissance italienne.

Et la recherche n’ayant pas de limite pouvant y intégrer Pythagore et les lois du cosmos.

Chacun ici, dans ce temple peut rechercher par lui-même et pour lui même l’origine de la tradition primordiale, celle des récits narrant la création du monde de manière immuable. Chaque épopée prétendant être la vérité. Que cette aurore de l’homme soit biblique, noachite, massorétique (3) ou zoroastrienne n’est qu’une question d’approche personnelle.

Différents chemins dits de tradition s’ouvrent au FM dès son initiation. Le 1^er degré auquel nous travaillons aujourd’hui ne met-il pas en application la base de départ de l’alchimie avec son initiation aux quatre éléments. Cela n’est que l’aboutissement /prémisse d’un hermétisme ancien arrivé en Europe vers le 12^ème siècle, certainement par le contact des croisés et des musulmans. Notre Hermès trismégiste, notre Hermès trois fois grand ou nos 3 Hermès des temps antédiluvien sont à l’origine de la tradition hermétique permettant de chercher, pour celui qui le désire, une voie magnifique de découverte des sciences occultes. Une piste simple, Haram en égyptien signifie Pyramide. À partir de là, il serait pertinent de tirer le fil d’Ariane de la recherche. La tradition ésotérique lointaine et secrète vient bien d’un inaccessible ailleurs pour parler aux Hommes de Fraternité, d’amour et d’alliance.

Notre histoire maçonnique s’enracine donc dans la construction médiévale et dans le désir d’une élite du 18^ème siècle de rompre avec le poids d’une église romaine envahissante et souveraine. Pour arriver au 19^ème  à la recherche et à la défense d’une laïcité républicaine. Le grand Maître du Grand Orient en 1842 disait : « Là ou la dispute politique ou religieuse commande, notre maçonnerie cesse ». Cela aussi ne doit pas changé.

Mais ces 3 philosophies se rejoignent dans un des grands buts qu’elles se sont fixés : Le temple n’est PAS achevé et c’est à l’Homme, à l’Initié, sans attendre la parousie, la résurrection finale, de chercher à améliorer l’humanité.

Conclusion

L’histoire peut se dérouler, et depuis la nuit des temps, le principe créateur est en marche, rien ne l’arrêtera. Mais seul l’Initié cherche à le comprendre. Le Maçon fait parti de cette lignée d’homme en quête. Travaillons, mes FF\, Bâtissons l’homme. De nous, doit venir l’exemple.

Nous percevons l’étendue du travail restant à accomplir. Ne baissons pas les bras, nous connaissons les fantômes qui sortent de l’enfer, luttons contre ce mal, conservons cette chaîne ininterrompue de FF\, sauvons et sauvegardons cette étincelle d’humanité et de fraternité. Sauvons et conservons cette tradition qui ne fait que débuter.

Le Verbe n’est pas perdu, le maçon est sur le chemin…

V\M\ j’ai dit