Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Les Liens vers
plus de 20 Planches sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil
R154 : L'Acacia |
L'Acacia
m’est connu « T\R\M\ (Dignitaires, T\R\M\ qui éclairez l’Or\) , et vous toutes et tous mes SS\ et mes FF\ VV\MM\, en vos grades et qualités, et plus particulièrement toi, ma S\ V\M\ Delphine, au long de ton parcours initiatique, tes FF\ et tes SS\ t’ont d’abord reconnu la qualité de Franc-Maçon, tu as ensuite vu l’Etoile Flamboyante, désormais parvenue au grade de Maître, « l’Acacia t’est connu » … Avant
d’essayer d’analyser le
sens de cette
réplique tirée du tuilage
au 3ème degré,
interrogeons-nous. Pourquoi, parmi tous les arbres
sacrés qu’ont adoptés les civilisations
au cours de l’histoire - le saule des
Chaldéens, le lotus des Egyptiens, le myrte des Grecs ou le
chêne des druides –
pourquoi donc l’acacia s’est-il imposé
à la Franc-Maçonnerie ? Ce choix
revêt d’ailleurs une importance capitale car ce
symbole s’identifie à la
Maîtrise voire à toutes les
maîtrises : maîtrise du travail,
maîtrise de la
recherche, maîtrise du savoir et sans doute
l’essentielle maîtrise de soi. Par
rapport aux autres arbres qui ont une certaine
place, ou une
certaine importance, à un moment donné de
l’histoire, l’acacia
bénéficie d’une
certaine continuité, d’une présence
permanente à travers les âges. Dans la
Chine ancienne, l’acacia est l’arbre du nord et de
l’hiver, en Inde, la louche
sacrificielle attribuée à Brahmâ est
faite à base d’acacia. Depuis la plus
haute antiquité, l’acacia est un symbole solaire
car ses fleurs rappellent le
lotus qui s’ouvre aux
rayons du soleil
levant et qui se ferment lorsque le soleil disparaît
à l’horizon. Par voie de
conséquence, il est donc l’incarnation de
la vie éternelle qu’explique
également son bois dur et presque
imputrescible. C’est ainsi qu’il était
considéré chez les anciens Egyptiens qui
s’en servaient pour les embaumements. Lorsqu’il est
représenté avec des fleurs fanées,
c’est pour signifier la
Mort et la Renaissance. Ses épines sont les cornes de la
lune croissante. Pour
les Chrétiens, outre l’immortalité, il
représente aussi la morale chrétienne.
Selon une ancienne légende, la couronne
d’épines était faite d’acacia
dans le
double objectif blasphématoire de se moquer du bois
sacré avec lequel fut
construite l’Arche d’Alliance et de rabaisser
Jésus. L’acacia est la fleur de
l’initiation et de l’innocence,
l’emblème de Nith que les anciens Grecs
associaient à Athéna. Pour les
Hébreux, le Shitta est le bois sacré du
Tabernacle. A ce titre, il est symbole de
l’immortalité mais peut aussi être
associé au deuil. Au-delà
de la forme
spécifique de sa feuille qui ressemble à la
position des FF\
et des SS\
en Loge, le long des colonnes et dont les Trav.Trav\ sont gouvernés par le V\M\,
comment et pourquoi l’acacia s’est-il
imposé comme symbole maçonnique ? A
l’examen de l’histoire de la F\M\,
il apparaît que c’est à
l’époque de
l’établissement des Obédiences et de la
fixation des règles spéculatives
qu’apparaît l’acacia en Europe. On peut
supposer qu’il apparut avec le grade de Maître autour de 1730 car,
antérieurement il n’existait que
deux grades, ceux d’Apprenti et de
Compagnon. Il semble cependant certain que l’on parlait
primitivement du
« cassia » - vulgairement
appelé acacia de Farnèse
(variété de
mimosa) ou « casse ». Ainsi, dans
la Maçonnerie disséquée de
Samuel Prichart datant de 1730, on peut lire cet
échange : - Cassia est mon nom, et je viens d’une Loge juste et parfaite. Notons
par ailleurs qu’au
début de la Maçonnerie spéculative,
les Loges
s’intitulent : « Lieu
très éclairé, asile de la vertu
où règnent la
paix, l’innocence et
l’égalité »,
innocence que les Grecs signifiaient par akakia. L’acacia
trouve donc tout
naturellement sa place en F\M\
à un point tel, même, que pour William
Hutchinson (1732-1814), le nom
« Acaciens » servait à
désigner les
Francs-Maçons. Dans
notre rituel maçonnique, une
branche d’acacia est placée sur le
drap du récipiendaire pour nous rappeler celle qui fut
plantée sur la tombe
d’Hiram. En effet, dans la légende hiramite,
l’assassin va ficher en terre une
branche d’acacia à l’endroit
où il a enseveli le corps du Maître Architecte
afin de dissimuler le lieu de la sépulture. Notons que, sans
le savoir, par ce
geste, il facilite déjà les recherches
à venir. L’acacia devient alors objet
transitionnel car, plus tard, lorsque l’un des
Maîtres partis en quête d’Hiram,
tombant de fatigue, va s’accrocher à cette
branche, il ignorera lui aussi que
c’est par cette branche que les recherches vont aboutir. Dans
cette légende,
l’acacia passe de la main d’un coupable
à la main d’un innocent. Entre les
deux, il accompagne Hiram dans son dernier voyage. Avec quel
sens ? Le
rameau planté en terre comme point de
repère, devient signe de
ralliement, signe de reconnaissance des Maîtres et peut
traduire la
perpétuation de la tradition maçonnique. Ayant
pris racine, il montre, que la
vie prend sa source dans la mort. Inévitablement, la
cérémonie rituelle de
réception à la Maîtrise devait faire
intervenir un symbole végétal pour
signifier la mort, la transformation puis la
régénération du Maître,
l’aidant
ainsi à triompher des ténèbres et
à l’emporter sur la mort. L’acacia, en
raison
de ses feuilles persistantes, représente ainsi la vie
éternelle, celle qui se
perpétue toujours à travers les cycles de
pourrissement, transformation,
régénération. Sa qualité
d’épineux n’est pas anodine non plus. Il
pique, il
fait couler le sang du haut vers le bas, du ciel vers la terre qui
l’absorbe et
s’en nourrit. Or, faire couler le sang constitue un acte
essentiel, garant de
l’établissement et de la continuité de
la vie. Des sacrifices anciens au don
personnel de son sang lors de certaines
cérémonies secrètes, rien
n’a changé
quant à la valeur fondamentale relevant de cet
échange
« terre-ciel ». Sous cet aspect,
l’acacia symbolise aussi la
transition entre le travail accompli sur un plan et le travail
à faire sur un
autre plan, celui de la connaissance métaphysique. Si
l’on veut pousser un peu
plus loin le parallèle et se rappeler que l’Arche
d’Alliance était d’acacia,
osons parler du passage de ce plan de vie matériel et
corporel à un plan de vie
spirituelle allant jusqu’à suggérer
l’immortalité de l’âme. D’une
manière plus
consensuelle, on peut considérer en tout cas qu’il
y
a une analogie certaine entre chaque nouveau Maître et le
rameau de l’acacia.
Lors de l’élévation, le
récipiendaire prend racine et le rameau doit devenir de
plus en plus solide afin que chacun devienne une
représentation de l’axe du
monde, un arbre de vie et de connaissance. Est-ce à ce titre
que le Maître,
tuilé rituellement, répond « L’Acacia
m’est connu » à
l’interrogation « Etes-vous
Maître ? » Au
1er Degré
symbolique, lorsqu’il est questionné sur sa
qualité maçonnique, l’App\ répond : « mes
SS\ et mes FF\ me reconnaissent comme
tel ». Il ne prend aucune
responsabilité : ce
n’est pas lui qui se
déclare maç\, il est juste reconnu par
d’autres. Dans
une deuxième réponse,
alors parvenu au grade de Comp\, il réplique : « j’ai
vu
l’Etoile Flamboyante », le Comp\ Maç\ est toujours passif mais,
cette fois-ci, il
se place en tant que chercheur, comme un voyageur qui trouverait son
chemin en
scrutant les étoiles. Le Comp\, en déclarant qu’il a vu
l’Etoile
Flamboyante, indique qu’il est en train de frayer son chemin
à travers les
ténèbres afin d’aboutir à la
lumière. Mais il n’est toujours pas
maître de son
voyage. Il doit suivre un guide qui lui indique la direction
à suivre. Il ne
peut voyager s’il n’a pas vu l’Etoile. Dans
une troisième réponse, « l’Acacia
m’est connu »,
le Maître Maç\ se place en tant que
connaisseur. Il
déclare connaître l’Acacia. Uni
au symbole, il a la force de prendre en main son propre destin, sa
propre vie.
Déjà le Comp\ assurait son état mais
on peut
considérer que le Maître, lui, fait
preuve dans sa réponse d’une très
grande confiance en lui-même. Est-il pour
autant arrivé au bout du chemin ? Non. Mais cette
fois-ci, il possède
suffisamment d’éléments pour pouvoir
décider seul de la direction à prendre.
L’Acacia sera pour lui plus qu’une Etoile qui
montre le chemin. Grâce à l’Acacia,
il trouvera l’endroit où gît
Maître Hiram, même s’il n’y a
aucun chemin qui y
mène puisque cet endroit est enfoui dans la terre.
Grâce à l’Acacia, il sera
capable de
« déterrer » du fond
des abîmes, de l’obscurité totale,
Maître Hiram, c’est-à-dire la
connaissance, et de lui redonner la vie. En
choisissant un symbole fort comme
l’acacia, la Franc-Maçonnerie
tache de faire prendre conscience à ses membres
qu’ils se trouvent en
possession d’un matériau sacré. La
formule « l’Acacia
m’est
connu » ne signifie pas seulement que
celui qui le dit est devenu
Maître. Cette affirmation va bien au-delà du
degré maçonnique. En prononçant
ces mots, le Maître maçon se relie, par
l’intermédiaire de ce symbole, à des
milliers d’années d’histoire
à travers le monde. En outre, par le choix de
l’acacia, la maçonnerie vise à relier
le Maître maçon d’aujourd’hui
à
l’histoire biblique, d’une part, et à la
légende maçonnique d’autre part. Comme
l’acacia qui fait le lien entre la matière et
l’esprit, voire l’homme et le divin,
le Maître maçon possesseur d’acacia est
ainsi relié à l’Univers. Se
plaçant
sous le signe de l’acacia imputrescible, le nouveau
Maître souligne le
caractère incorruptible de son engagement et de sa
recherche. Par l’épreuve de
la mort, il a vaincu la mort ; connaissant le secret de la
vie, il a pris
conscience du sens de l’éternité mais
attention, le Maître maçon ne doit pas se
laisser arrêter, atteindre ou blesser par les
piqûres d’épines de l’arbre
qui
correspondent à la continuité des
épreuves traversées. Prudence
encore. Afin de se distinguer de ses FF\ et SS\ App\ et Comp\, le Maître donne
d’emblée une preuve de ses
connaissances plus étendues en affirmant que
l’Acacia lui est connu. En effet,
seuls les Maîtres en connaissent le symbolisme et, par
conséquent, sont initiés
à la légende d’Hiram. Sans
doute que celui qui donnera correctement cette
réponse se
fera-t-il reconnaître Maître
Franc-Maçon, du moins au point de vue formel mais
cela ne signifie pas que celui qui s’est justifié
de la sorte soit effectivement
un Maître de l’Art Royal. Or,
au point de vue moral, n’est-ce pas
cela qui importe avant
tout ? Il ne suffit pas qu’un Maître
possède les signes, mots et
attouchements et les autres moyens de se faire reconnaître.
Il faut que son
esprit, que ses actes le fassent apparaître comme un
Maître aux yeux des
Apprentis, des Compagnons et des autres Maîtres.
C’est grâce à ses
connaissances et à son activité
maçonnique qu’il peut espérer gagner
leur
estime, leur amour fraternel. Il doit se donner en exemple à
tous par la haute
notion qu’il a du devoir afin que tous puissent dire de
lui : « En
vérité, voici un
Maître. » Je
conclurai ce travail en évoquant une
mystérieuse particularité de
l’acacia. Contrairement aux autres arbres, les acacias
manquent d’une substance
chimique appelée ‘alcaloïde’
qui permet d’éloigner les indésirables
nuisant à
la croissance de la plante. C’est pourquoi, pour repousser
les envahisseurs qui
se régalent de ses feuilles et de ses branches, les acacias
ont embauchés des
fourmis. Les fourmis profitent d’un abri et se nourrissent du
nectar que
sécrète l’arbre pour elles en
échange de leur protection contre d’autres
plantes, d’autres insectes, des petits mammifères
voire les girafes. Une
question se pose alors. Nous affirmons que
l’acacia nous est connu
mais finalement, ne serions-nous pas tout simplement les modestes
fourmis de
l’histoire ? Autre morale à
tirer de cette symbiose entre fourmis et
acacia : Quand on travaille ensemble, tout le monde en
profite ! » T\ L\ |
Les Liens vers
plus de 20 Planches sur ce sujet, sont au sommaire du Recueil
R154 : L'Acacia |
7067-8 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |