La
dernière tentation d’Hiram
Pauvres
fous! Serez-vous ingénus au point de croire que nous vous
enseignons
ouvertement le plus grand et le plus important des secrets. Je vous
assure que
celui qui voudra expliquer selon le sens ordinaire et
littéral des mots ce
qu'écrivent les philosophes hermétiques, il se
trouvera pris dans les méandres
d'un labyrinthe d'où il ne pourra s'enfuir.
Artéphuis(
début du XVIIe siècle)
A cet
instant,
alors que la lumière du jour venait de prendre cette couleur
blanche du plein
midi, l'homme se tenait dans le silence du chantier
déserté. Les ouvriers,
épuisés par la chaleur et tant
d'années de labeur, avaient regagné des lieux
ombragés. Le temple était achevé
.
Il était flamboyant et l'homme, dans la solitude, se
regardait comme dans un
miroir, en un face à face avec l'œuvre accomplie,
érigée dans la sueur et la
connaissance de ses bâtisseurs.
Voilà dix ans, déjà, que l'homme avait
quitté son pays, le royaume de Tyr, pour
venir, ici, sur cette colline, à la demande du roi Salomon,
élever un
sanctuaire dédié au dieu des hébreux.
Le
silence
inhabituel disait l'achèvement des travaux. L'espace
sacré était enfin délimité.
L'homme avança doucement et pénétra
une dernière fois jusqu'au Nartex.
Entre
les 2
colonnes, qu'il avait fondues dans l'airain pour attester de la
hiérogamie du
ciel et de la terre, il s'arrêta, se retourna, laissant le
parvis du saint des
saints derrière lui, dominant la cité qu'un pur
rayon de soleil éclairait.
Jérusalem
semblait appartenir au ciel.
Sa
souffrance
d'être exilé avait disparu depuis longtemps. Une
paix indicible l'habitait
aujourd'hui. En participant à la création du
temple, il; était entré en
communion spirituelle avec le peuple d'Israël.
L'œuvre, en sacralisant une
pensée et ses gestes, lui avait permis de se fusionner avec
l'univers et dans
cette réunification cosmique de trouver la communion avec la
lumière. C'est un
des messages qu'il avait inscrit dans ses colonnes.
.
L'homme décida, soudain, dans sa méditation de
rentrer préparer son retour à
Tyr. Un désir de fermer un cercle, de revenir au point
initial pour se
ressourcer afin de poursuivre.
Serait-ce
encore possible ? Le début est il
toujours à la même place ?
Cercle ou spirale, le temps et mon
cheminement me laisseront-ils retrouver ce que j’ai
quitté?
Une
hâte juvénile le poussa à
accélérer ses pas. Il descendit vers
une des sorties de l'enceinte.
Mais
oui je pars. Je rentre. ce que j’ai achevé ici, je
le rebâtirai
ailleurs. A Saba peut-être où de nouveaux
chantiers s’ouvrent et le message
reçu de l’Egypte, inscrit ici, sera
révélé là-bas aussi ! Par
les bâtisseurs, le
parole doit se répandre. Allons !
Avec
une énergie revivifiée par ses projets, l'homme
se dirigea vers
la sortie la plus proche, à la porte du midi. Son visage
luisait de cette
sagesse qui pour certains, à l'âge mûr,
témoigne d'un passé actif au cours
duquel les expériences sont
intériorisées. La sensualité de ses
traits
montraient sa générosité, son pas
ferme et vif sa détermination. Grande et
svelte, sa silhouette attestait une vie saine dont les seuls
excès ne sont que
ceux de la pensée. Malgré ses années,
une grande force, qu'on devinait
inaltérable,lui donnait cette beauté souveraine,
faite d'une harmonie délicate
où se mêlent l'intelligence, la
mansuétude, la spiritualité, la droiture. Le
regard de l'homme imposait le respect: C'était celui d'un
maître, du M\ d'œuvre
du Temple et il s'appelait Hiram Abi, ce qui veut dire Hiram le
père.
Soudain
jaillit une ombre sur le sol
C’est
certainement un ouvrier, puisqu’ils ont seuls
accès à ce lieu !
Mais que peut-il faire à cette heure trop ardente ? Pourquoi
ne se repose-t-il
pas comme les autres ?
Dissimulé
du feu solaire dans les replis de son long vêtement de
laine, un comp\ du chantier se
plaça entre l'issue sud et
Hiram, comme pour lui
interdire l'accès. Dans sa main la règle
graduée. Hiram reconnut Séterkin,
le maç\ aussi
appelé Phanor,
à la face de lion.
Que
la paix soit avec toi. Puis-je t’aider en quoi que ce soit ?
Cherches-tu quelque chose ?
Maître,
répondit l'homme, cela fait 5 ans que je travaille ici. Nous
étions un groupe uni de comp\ mais tu as choisi
un petit
nombre d'entre nous
pour les distinguer. Pourtant, nous oeuvrions tous ensemble sur le
même
ouvrage. Aujourd'hui, ils ont la tête ceinte d'un couvre-chef
particulier qui
les désigne comme nos maîtres. Je sais que tu leur
as transmis un mot de passe
grâce auquel ils ont accès au pouvoir de diriger.
Je ne veux attendre plus
longtemps pour bénéficier moi aussi de la marque
de leur supériorité. Donne moi
ce mot de passe pour que j'use, moi aussi, de privilèges.
Enfant
! Quelle impudence, pensa Hiram amusé mais
déçu par cette
vindicte, Dommage ! Un bâtisseur ! Il veut faire comme tant
d'autres, là-bas,
dehors. Il veut dominer. Il a cédé à
la tentation de l’identité dans
l’orgueil
et de la suffisance. Son impatience est un échec de
l’enseignement qui lui fut
donné. L’ardeur est parfois juste mais il faut
d’infinies préparations,
d’infinies précautions pour mener à
bien une vie d’homme, création même de
la
création. Nul ne peut accéder à une
connaissance qu’il ne soupçonne même
pas.
Autrement c’est avilir la voie de ceux qui font
l’effort d’y avancer. Sa vanité
veut précipiter le temps de l’éveil et
sa quête est déviée. N’a-t-il
pas
compris le secret de la règle qu’il tient ?
C’est une graduation des 12 heures
du jour. Une conscience du temps. Mais sans
le compas il n’a plus
d'ajustement sur la mesure, sur le
raisonnablement connaissable.
La
règle sans le compas, c’est
l’imagination exaltée qui poursuit
jusqu’à l’infini ses propres envies, en
dehors de toute réalité. Son aspiration
au pouvoir est une ambition castrante pour la manifestation des
modalités
généreuses de l’être. Vouloir
primer sur les autres, c’est renier l’esprit de
fraternité qui est instituée dans cette
communauté de bâtisseurs. Il croît
encore à une hiérarchie de pouvoirs. Elle
n’est que degré de connaissance. Ce
sont les devoirs qui sont les véritables sources des droits.
C’est dans la
différence des devoirs qu’est la distinction des
groupes. Par ailleurs…
Avec
bonté,
Hiram tenta d'expliquer au comp\ son
impossibilité, par
ailleurs, de lui
communiquer le mot du M\
A
moi seul je ne puis t'accorder cette faveur.
Le
comp\ insiste,
paralysé dans sa compréhension par
son ambition.
Insensé,
ce n’est pas ainsi que je l’ai reçu, ni
qu’il doit se
demander. Travaille, persévère et tu seras
récompensé.
Séterkin,
le
maç\ s'emporte, menace.
Le maître demeure calme
mais inflexible. Alors la main
se lève et frappe, visant à la gorge. Mais,
déviée, la règle atteint Hiram
à
l'épaule droite sur la clavicule, qui sous le choc de la
surprise et l'onde de
cette violence, chancelle et met le genou droit à terre.
Je
ne veux pas l’affronter avec la force. La force ne peut
changer un
état d’esprit. Laissons là.
Hiram
se relève et s'éloigne pour éviter un
combat. Préoccupé par cet
incident, endolori, il se dirige vers une autre sortie à la
porte de
l'occident.
Mais
le comp\ n'était
pas seul. Un complice attendait devant la 2ème
issue. Comprenant l'échec de son acolyte, il se montre
d'emblée menaçant, figé
comme un bouc prêt à foncer: A moi tu dois donner
le mot de passe. Je suis Otefut appelé
aussi Amron, le
charpentier. Tu es un mauvais chef. Tu as
créé des hiérarchies entre tes
ouvriers. Le salaire des M\ est plus
élevé que
le mien, je les envie. Je suis aussi instruit qu'eux, je veux obtenir
la même
rémunération. Parle et prononce le mot des M\
pour que je touche mon salaire en
chambre du milieu.
Hiram
comprend qu'il y a conjuration. Une inquiétude nouvelle ne
le
décourage pourtant pas. Il explique avec fermeté
en voyant le levier dans la
main de l'homme.
Puisque
ton nom Amron veut dire parler, révéler, sache
que la parole
sans l’action n’est rien. La discipline que tu as
consentie à la communauté des
charpentiers ne s’accommode ni de la sottise satisfaite ni de
la vanité.
Il
est aberrant que ceux qui entendent travailler avec une
équerre se
soucient de prestige et de faveurs personnelles.
C’est
renoncer à l’essence même de la
solidarité des bâtisseurs.
C’est désobéir à la norme.
Ton équerre t’indique que tu ne peux
bâtir que sur
ce qui est juste, animé par l’esprit
d’équité. Le levier que tu tiens,
c’est ta
volonté qui s’imposera si elle prend un point
d’appui sur un dévouement absolu
à une cause élevée, noble et
généreuse. Tourner les règlements,
être le plus
malin, plus exigeant, vouloir sans mériter meilleur salaire,
c’est condamner la
vertu de l’ordre instauré entre les
différents groupes de travailleurs. Le
secret que tu demandes, il est dans la paix intérieure, dans
une réponse que tu
te feras à toi-même et qui met toute chose
à sa place et tout homme où il peut
soutenir l’édifice. Passion, ambition,
vanité, déraison t’éloignent
de cette
voie sur laquelle tu t’étais engagé.
Nul ne peut la parcourir à ta place et le
mot du M\ se trouve
plus loin sur ton chemin. Persévère, travaille,
cherche et tu trouveras.
Mais
Otéfut n'entend rien, d'un geste fanatique il frappe avec le
levier qui atteint la nuque du M\
Un
outil lui aussi !
Le
coup est fulgurant, douloureux.
Construire,
détruire avec le même objet ! Sublimation et
perversion
se présentent de la même façon.
J’avais raison. Mes colonnes ne le démentent
pas. Pervertir l’usage du levier retire tous les fruits de
l’enseignement. Cet
homme est redevenu profane.
Hiram
cherche maintenant à échapper à ce qui
se referme sur lui. Ces
comp\ impatients et
exigeants sont devenus les gardiens d'une ouverture
close à
jamais.
A la
porte de l'orient, ultime issue qui permet d'éviter
d'entraîner
ses agresseurs vers le kodech kodechim(le Saint des Saints)
le M\ se
heurte à Habirama le mineur,
appelé aussi Méthoushaël,
de son
autre nom Hoben. La voie du comp\ est stridente
comme celle d'un
serpent. Hiram mesure d'instinct toute la haine de l'homme. En voyant
le
maillet qu'il tient dans sa main, il esquisse un sourire
malgré la
recrudescence de sa souffrance aux deux points d'impact des outils.
Le
symbole du Maître! Ah s’il avait voulu diriger sa
pensée vers
l’intelligence, la persévérance, la
conscience morale, mais son nom, celui qui
tue le père, me dit très clairement ce qui va
advenir.
Hiram
ne doute pas que l'homme cherchera à l'atteindre avec
l'outil
transformé en arme. Il n'a pas peur. Mais il sait que la
mort de l'esprit qu'il
lit dans les yeux de son agresseur, c'est sa mort: Donne moi le mot des
M\! Tu
ne peux plus t'échapper, et sans attendre, Habirama frappe,
avec la masse, le
M\ au front d'une
atteinte mortelle.
Ainsi
le génie des ténèbres, qui est en
chaque être, avait soulevé
les passions pour tenter de ruiner l'œuvre, en jetant le
trouble parmi les
comp\ qui
déjà initiés aux premiers
secrets de l'art se regardaient comme
victimes de l'injustice et de la partialité parce qu'ils
n'avaient pas été
reconnus comme M\
Ne
pas tomber, ne pas perdre l'équilibre, lutter encore pour
être,
refuser la menace, ne plus sentir cette paralysie qui
m’asphyxie, qui endort ma
conscience. Je veux vivre debout. J’ai
créé, protégé,
aimé. Tous mes gestes de
vivre m’abandonnent. Que j’ai mal ! Je suis si
seul. Il suffirait de dire et on
m’aiderait, me soutiendrait, me soignerait
peut-être. Ah ces tourments de la
trahison où tout s’inverse et de la douleur que je
ne maîtrise plus.
Compagnons, qu’avez-vous
fait de votre
enseignement ? Vous ne savez pas ce que vous faites Vous êtes
devenus chimère à
tête de lion et de bouc et à la queue de serpent.
Mes
forces me quittent, il suffirait d'un mot, ma vie pour un mot- -
- - -
Iod
- Hé - Vav - Hé, Iod - Hé - Vav -
Hé, 10 , 5 , 6 , 5- - -
Les
lettres se succèdent et tournent devant ses yeux.
Mot
de passe, mot de Maître, mot-clef pour ouvrir mais aussi pour
fermer, pour le passage de ma vie à la mort. C'est toute la
connaissance de la
doctrine ésotérique qui est contenue dans ces 4
lettres. Nommer, c'est créer,
mais prononcer seul le mot, c'est ne rien dire. Et pourtant, il faut
que je
vive. Je suis dépositaire d'une partie de la parole qui
disparaîtra si chacun
des dépositaires ne transmet pas son morceau de clef. Elle
n'est complète que
si réunis avec le roi Salomon et le roi de Tyr, nous
prononçons ensemble ce qui
est imprononçable seul.
En ce
temps, un roi était un initié au plan
supérieur qui était
coiffé d'une couronne ou d'une tiare et qui était
capable d'enseigner suivant
la voie initiatique, la voie royale.
Le roi
de Tyr possédait tous les matériaux de bois et de
métal.
En lui la force. Le roi
d'Israël conçut, transforma pour
l'élaboration du temple. En lui la
fondation. Hiram, envoyé de Tyr auprès
du roi Salomon, en réalisant l'œuvre
ferme le triangle en une synthèse indissociable avoir-agir-être.
Personne
ne connaît mon secret. En tant que M\ je dois encore
enseigner un autre M\ pour qu'il me
remplace et pour que la
chaîne ne se brise
pas. Il faut que je vive ! Mais comment vivre sans dire à
celui qui ne peut
comprendre
Je
n'en connais que les lettres dans leur forme, pas le
phonème. Le tétragrammaton
ne se prononce pas. Pas
de défi à relever, pas de
détermination héroïque. De toute
façon, ils ne
peuvent comprendre.
Alors
pourquoi ne pas céder ? Prononcer au moins une fois pour
moi-même. Faire cesser le tourment. Réunir mes
forces et dire pour survivre.
Il
essaya de respirer : AUMMM………
Dis,
vas-y,
parle, donne moi le mot insista le félon. Hiram ferme les
yeux.
Dire
et leur laisser croire que le mot suffit. NON !
C'est le mal dans ma chair qui chavire mes
pensées. Il faut que le mal se taise. J'ai
témoigné en faveur de la
connaissance par ma vie, mon œuvre et ma sagesse. Ma mort
doit témoigner aussi.
Le secret doit-il être préservé au prix
de la vie ? Le secret vaut-il par
lui-même ? Ou plutôt par la façon dont
on le vit ? Ma mort
sera garante du secret, même si elle l'efface. J'ai
cherché la réponse qui terminerait mon
questionnement. Cette réponse ne peut
être entendue que de moi. Ce n'est pas celle de l'autre,
c'est celle que je
fais mienne. C'est ma foi. Je ne la trahirai pas en laissant croire
à ce
compagnon autre
chose.
Je
suis même si lui a renoncé à
être.
Sans
ce défi avec l'insupportable, je n'aurai jamais su
l'espérance
qu'il faut avoir. Ma vie fut comme une journée bien remplie
et maintenant, je
puis être las. La loi de l'homme n'est pas la possession,
c'est l'attente.
Dire
serait non seulement me trahir mais trahir aussi
l’enseignement
donné à mes meurtriers. Je me meurs. Mais
essayer, au moins une fois, de
prononcer seul l’ineffable. Tenter une ultime
sonorité intégrant dans
l’unité,
peut-être enfin trouvée, la totalité
des parties.
Un
nuage voilà le soleil.
En
s'affaissant, Hiram murmura une parole qu'Habirama n'entendit
pas. Elle se perdit dans la mort. L'avait-il prononcé ce mot
du M\ ou bien son
dernier souffle fut-il pour dire "vanité des
vanités" ou bien
"buttom of rose" ou tout autre mot d'un
rêve désormais
impossible.
En
mourant Hiram entra dans la lumière et la parole fut perdue.
En
apprenant la mort d'Hiram, Salomon fut obligé de remplacer
la
parole perdue par un vocable de substitution : les premiers
prononcés par les
M\ qui
découvrirent le corps du mort scellèrent
à nouveau le secret de la
maîtrise; c'est ce que nous disent les rituels mac\
Voilà!
Inventer,
frénétiquement inventer, sans se
soucier des liaisons, jusqu'à ne plus parvenir à
faire un résumé. Un simple jeu
de relais, entre emblèmes, l'un qui dise l'autre, sans
trêve. Décomposer le
monde en une sarabande d'anagrammes en chaîne,et puis croire
à l'inexprimable.
N'est-ce pas la vraie lecture de la Thora ?
Extrait
du Pendule de Foucault: Umberto Ecco
Mais
nous nous posons des questions.
Comment
se fait-il que, sachant que la parole ne pouvait être que par
la réunion du 3 ( le roi Salomon, le roi de Tyr et Hiram ),
comment se fait-il
qu'aucun d'entre eux n'ait pensé à transmettre sa
propre connaissance à un
disciple pour que la chaîne ne se brise pas en cas de
disparition? Etait-ce se
croire immortel ?
Il
semble que le nouveau mot du M\ soit
partagé par plus de 3
M\
Dans
le rituel du Rite Ecossais Ancien Accepté, tous ceux qui
assistent à l'élévation du corps sont
témoins du mot secret (le gr\Exp\, les 3
M\ qui gardent le
cadavre, le 2ème
surv\, le 1er
surv\, 7
M\ qui rendent la loge
juste et parfaite et délimitent la
chambre du milieu.
C'est
dire que tous les M\ ont
accès cette parole! Il y avait donc
auparavant une hiérarchie implicite du fait du secret. Celui
qui dirige les
travaux est-il plus qu'un M\ ? Pour nous, il n'y
a rien au-dessus du M\
Alors
que peut signifier
que 3 seulement
avaient accès à une connaissance
secrète ?
Considérant
que chez les hébreux, le grand prêtre, le Cohen
Gadol,
était seul détenteur de la prononciation
orthoépique et totale du mot sacré qu'il
vocalisait une fois par an dans le saint des saints, cela pourrait
vouloir dire
que la parole ne fut pas perdue et que si Salomon la substitua, c'est
qu'il
pensait que son M\ d'œuvre
avait cédé
à la pression de ses agresseurs !
Ainsi
en passant d'un plan d'analyse (le réel) à un
autre (le
symbolique) et en les confondant dans le raisonnement, on finit par
dire
presque tout ce que l'on veut et même son contraire.
En
tout cas, c'est ce genre d'interrogation qui s'impose à la
lecture
de la légende d'Hiram que nous avons revisitée.
Il y a
plusieurs tentations d’Hiram évoquées
par notre travail :
-
Celle de retourner dans son pays pour pour-suivre une œuvre.
Elle
est désir.
-
Celle que nous n’avons fait qu’effleurer, mais pas
retenue, elle
est celle de parler pour céder à la menace des
comp\
-
Enfin deux ultimes tentations semblent
intéressantes : celle
de parler pour survivre et sauver le secret qui est dans une
triangulation
symbolique des deux rois d’Israël et de Tyr et de
Hiram qui en est la synthèse
des dualismes.
-
Celle de prononcer, à lui tout seul, la parole inter-dite.
C'est là
à la fois un pêché d'orgueil,
peut-être, mais surtout une curiosité
métaphysique de résonner au plan cosmique avec le
nom de l'Ineffable.
Hiram,
personnage mythique, incarne pour la F\M\ un
syncrétisme de
ces êtres qui doivent mourir pour ressusciter, pour fonder un
courant de
Tradition.
Cet
Hiram là n'a pas pu avoir l'ultime tentation de prononcer,
seul,
l'imprononçable. Cela n'a été qu'un
artifice psychologique pour nous
interroger, car Hiram en tant qu'initié, sait l'abomination
que serait la
compréhension littérale de la fiction mythique.
Tous
les termes désignant le mystère, l'esprit,
l'être, la substance,
le Un, l'essence, l'alpha et l'oméga, sont des vocables
chosifiant ou
personnifiant.
Seul
existe le mystère immanent à l'existence,
l'organisation
harmonieuse de l'univers et l'émotion humaine devant cet
aspect mystérieux
auquel participe tout ce qui existe réellement
(êtres et choses).
Le nom
DIEU, s'il n'est pas abusivement employé, ne signifie
absolument rien d'autre que l'émotion devant l'inexplicable.
Le
créateur et le juge du monothéisme (iod,
hé, vav, hé) sont unis en
un seul symbole dont la signification est le mystère de
l'existence, dans
lequel est inclus le mystère de la vie humaine.
En conséquence le
nom DIEU
implique la responsabilité du choix entre le bien et le mal,
ce qu'attestent
les tables de la loi mosaïque. Nommer c'est faire exister.
Exister signifie en
latin (ex istere) être ex, expulser. L'existence est donc
imaginée comme
expulsée de l'harmonie infinie. L'expulsion, autant dire
l'émanation à laquelle
la racine du terme "exister" fait allusion n'est pas
forcément une
réalité, mais une image rejoignant l'image
personnifiante des mythes, du
symbole du créateur.
.
Pour nous, elle n'est pas explicative. Salomon dit: l'image
s'efforce
d'exprimer l'incommensurable. Jérusalem, (la culture
hébraïque) sera détruite,
comme toute culture, lorsque l'abomination s'installera dans le Temple,
lorsque
le nom de Dieu sera pris pour le nom vivant.
L'abomination
serait d'employer le nom sans référence aux
mystères.
Quelle
vanité pourrait être plus grande que la
prétention d'une
spéculation métaphysique qui non seulement
voudrait prononcer le nom Dieu, mais
qui, ignorant la signification symbolique, affirmerait en le
prononçant la
confusion entre le symbole et le mystère nommé
Dieu ?
Les
centres d'enseignement d'initiation appelés
Mystères existant en
Egypte, en Grèce, et chez tous les peuples de haute culture,
avaient pour but
de réveiller l'émotion devant le
mystère de l'harmonie universelle, à laquelle
l'homme, pour son bien essentiel, doit s'incorporer par voie
d'auto-harmonisation ; d'où s'ensuit
le
sentiment vivant de l'éthique immanente,
véritable religiosité.
Hiram,
initié, sait que cela ne se prononce pas, non parce qu'il y
a
interdiction, mais parce qu'il y a impossibilité.
Aujourd'hui,
la tentation de certains F\M\ est de croire
savoir prononcer
les noms Liberté, Egalité, Fraternité,
Tolérance et de se contenter de ces
murmures incantatoires en pensant que cela suffit pour les faire
exister.
S\ S\
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