La plupart
d'entre nous sont entrés en Maçonnerie
attirés par les idéaux de Fraternité
qui président à l'existence et au fonctionnement
de notre Ordre et qui font sa renommée dans le monde
profane. Nous tous avons sans doute pensé y trouver un monde
de paix, de respect et d'amour d'autrui et, en fait, nous
nous retrouvons à plusieurs reprises confrontés
à la violence, à la mort..le mythe central de
notre 3° degré du R\ E\ A\ A\ n'est bien
évidemment pas là pour me contredire.
Pour tenter de répondre à la question qui fait
débat ce soir, je vais tenter de vous rappeler
brièvement la cérémonie d'augmentation
de salaire au 3° degré, le terme d'exaltation
à la Maîtrise ne me semblant pas
approprié, mais ce n'est pas là le sujet qui nous
intéresse ce soir.
Voilà venu le soir tant attendu, parfois avec
sérénité, parfois avec angoisse, par
le C\ qui vient d'être autorisé à subir
les épreuves pour accéder à la chambre
du milieu.
Le dos tourné vers l'Or\ il est introduit en L\ à
reculons, dans un lieu sombre où seule l'Etoile flamboyante
au dessus de la porte de l'Occident apporte une touche de
clarté.
Cette véritable rétrogradation a sans doute pour
but de faire revivre au futur M\ tout son court passé
M\...car la Maîtrise nécessite de
connaître parfaitement tout le thésaurus des deux
premiers grades et en particulier de prendre réellement et
sincèrement conscience que, si « tout
est symbole », l'important est de savoir trouver
le symbolisé et non de s'attacher à
l'éclat factice du symbolisant, car le C\ qui aspire
à la Maîtrise ne doit pas se contenter
de connaître le dictionnaire des symboles mais se doit de les
vivre, les ressentir et les laisser agir au plus profond de lui. La
Maîtrise, l'initiation suprême,
définitive, ne peut se concevoir que comme la suite logique
des deux premiers degrés. (Remarquons que toutes les
initiations antiques ou presque étaient des initiations en
deux étapes, les petits mystères
précédant les Grands).
Au terme de sa marche à reculons, il m'a toujours
semblé que l'aspirant à la M\ ne se retrouvait
pas dans le cabinet de réflexion, mais encore bien plus
profond au sein de la Terre nourricière, dans ce centre de
germination où tout renaît, où la
pensée transformatrice et
régénérante permet à la
vérité disparue de renaître. Ce lieu,
tel un mithraeum, où réapparaît
inlassablement la lumière disparue, et plus brillante
à chaque réapparition, ce « tombeau
du passé où l'avenir est en gestation
» ce lieu inaccessible hormis aux Initiés qui ont
accédé aux suprêmes
révélations, c'est la Chambre du Milieu. Le C\ ne
peut y accéder que si les M\ M\ ont jugé qu'il en
était digne par son intelligence, la connaissance de son
grade, son désir sincère de se perfectionner dans
l'Art Royal pour lui-même, mais aussi pour faire
bénéficier les F\ F\ moins instruits de ses
futurs progrès.
Alors, la voix profonde, lugubre du T\ V\ M\ demande au C\ de se
retourner et celui-ci se retrouve face au cercueil. On lui annonce la
mort du M\, l'arrêt du Chantier, l'affliction dans laquelle
tous les M\ M\ sont plongés, la terrible certitude que les
assassins font partie de la classe des C\ C\. Chacun devra donc prouver
son innocence. Le tablier et les gants de l'impétrant sont
vérifiés et symboliquement sont apparus purs et
sans taches. J'ai pour ma part toujours trouvé que cet
examen était « un peu court ».
Qui d'entre nous peut en toute sincérité,
après un examen de conscience approfondi, se
reconnaître innocent en acte ou par complicité, du
meurtre d'Adonhiram ?
S'étant alors approché du catafalque par les pas
de son grade, on lui demande d'enjamber le cercueil par les pas
obliques du M. : afin de se placer aux pieds du cadavre ; ainsi il aura
démontré la pureté de son
cœur, la fermeté dans sa volonté de
progrès, le fait qu'il était digne
d'accéder à la Maîtrise. Le cadavre est
derrière lui, il a compris qu'il faut se détacher
des biens corruptibles et périssables du monde de
l'apparence, qu'il faut s'élever au dessus de ce qui
grouille, symboles des instincts primaires qu'il a réussi
à surmonter. Déjà, A\ il avait appris
à soumettre ses passion, C\ il s'était
attaché à maîtriser et non
détruire les forces immenses qui régnaient en
lui ; pour conquérir la Maîtrise il lui
faut faire preuve d'un renoncement absolu des ses envies, de ses
passions, au profit d'un idéal de progrès
universel, au profit du bien de tous car le M\ est avant tout
là pour servir !
De même que le profane a accepté de mourir au
terme des voyages initiatiques pour dépouiller le vieil
homme et renaître à une vie supérieure,
l'initié devra une nouvelle fois périr pour
accéder au statut de M\, pour conquérir de haute
lutte toutes les prérogatives des M\ M\ que d'aucuns
appellent immortels.
La légende de la mort d'Hiram est alors narrée au
futur M\. Celui-ci la vit au fur et à mesure car alors il
est, au sens viscéral du terme, « dans
la peau d'Hiram ». La perfection
n'étant pas de ce monde, malgré l'admirable
agencement du chantier du T\ et la sagesse qui présidait aux
Trav\, nombre de C\ se trouvèrent insatisfaits de leur sort,
croyant être supérieurs à la situation
qui leur était réservée. Aveugles
à leurs défauts, à leur
incompétence, abusés par une intelligence des
plus médiocres qui leur faisait ramener les
frontières de la Connaissance aux bornes étroites
de leur horizon mental, trois d'entre eux résolurent
d'accéder à la Maîtrise par la
violence, faisant preuve par la même de leur incommensurable
bêtise, puisque ipso facto, même en possession des
secrets de la Maîtrise, ils n'auraient pu en jouir.
Chacun des scélérats postés aux trois
portes du T\ demandera en vain le mot des M\ M\, Hiram recevant
successivement un coup de F\ à P\, puis de niveau, et enfin
de maillet en plein front le tuant et le laissant étendu sur
le pavé du T\. Au dernier renégat le M\ crie
avant de s'effondrer « plutôt mourir que
de manquer au devoir ».
Tremblant de peur à l'idée que l'on
découvre leur forfait les meurtriers emportent le cadavre et
l'ensevelissent, l'un deux plantant un rameau d'acacia afin de
retrouver plus tard le corps pour l'ensevelir en un lieu où
nul ne pourrait le retrouver.
Les M\M\, inquiets de la disparition d'Hiram mandèrent 9 M\
M\ pour le retrouver mort ou vivant après maintes
pérégrinations, échecs et
découragements, l'un d'eux trouva le tertre et le rameau
vert, emblème de l'espoir surgissant du tombeau.
Après avoir fouillé, ils trouvent le corps du M\,
le visage radieux sous le voile qui le cachait, et tous sont saisis
d'effroi, leur attitude exprimant l'horreur de constater que le
détenteur de la tradition n'était plus, que seuls
désormais ils étaient alors garants de celle-ci.
Lorsque une tradition, un Rite, cessent d'être compris
sincèrement, cessent d'être réellement
vécus, après une courte période d'une
vaine observance plus proche de la pantomime que du respect du Rituel,
ils se disloquent, se décomposent à l'instar de
la chair corrompue du cadavre d’Hiram. Lorsque les M\ M\
exhument le corps dont le visage semble prêt à
reprendre vie, ils matérialisent et symbolisent qu'ils ont
retrouvé tous les éléments
matériels de la tradition, mais celle-ci reste inerte,
inopérante. Il va falloir lui rendre vie.
Le 1° S, se saisit de l'index droit du cadavre, et invoquant
l'énergie qui anime tous les êtres, Boaz, il tente
en vain de réanimer le corps « la
chair quitte les os ».
Le 2°S, se saisissant du médius, tente d'insuffler
une étincelle de cette force qui régit l'Univers,
le constitue et émane du G\ A\ D\ L\ U\, Jakin, mais sa
tentative reste vaine car vraiment plus rien n'est réceptif
au sein de ce corps où « tout se
désunit ». Alors le T\ V\ M\ demande
que tous trois unissent leurs efforts pour relever le corps par les
cinq point parfaits de la Maîtrise : les pieds se joignent,
le genoux se touchent, le poitrines s'accolent, les mains droites
s'entremêlent, les gauches rapprochent les corps tandis que
les S\ S\ poussent Hiram vers la station debout...la vie revient dans
ce corps chancelant, mais seules les fonctions
végétatives ont repris. Pour que l'esprit
renaisse, le V\ M\, à l'instar des prêtres
égyptiens à la fin des
cérémonies terminant l'embaumement et la mise au
tombeau, prononcent en chuchotant aux oreilles du M\ :
relevé les paroles de vie, le recrée en le
nommant « fils de la putréfaction
», M\ B\.
Alors, l'esprit d'Hiram Abif s'étant
réincarné dans le nouveau M\, celui-ci est
considéré comme un nouvel Hiram, un Hiram qui
réapparaît « plus radieux que
jamais ».
Maintenant que nous avons revécu le drame de la mort et de
la réincarnation d'Hiram notre M\, voyons quels
enseignements nous pouvons en tirer, voyons si le Rite aurait pu se
passer de ce meurtre, de cette violence. Et si bien des questions vont
se poser, nombre d'entre elles resteront pour l'heure sans
réponse. Tout d'abord voyons quelles sont les implications
du mythe au niveau de l'individu, nous nous occuperons par la suite de
ses effets sur notre Ordre.
Le parcours maçonnique de chaque initié est
jalonné de serments, qui malgré leur aspect
souvent grand-guignolesque, garantissent le respect du
caractère progressif de l'initiation et sacralisent celle-ci
aussi bien que celui qui la vit : faire mourir Hiram en lui faisant
dire « plutôt la mort que manquer
à mon devoir » est la preuve oh combien
éclatante que nos serments ne sont pas vides de sens, que si
le C\ glorifie le Travail, l'initié est avant tout un Homme
de Devoir.
Lors de son élévation à la
Maîtrise, le nouveau M\ se trouve confronté
à une situation que d'aucuns trouveraient pour le moins
confuse : Est-il un des coupables ? Le M\ assassiné ? Les S\
S\et le T\ V\ M\ sont-ils eux-mêmes les meurtriers, ou bien
les M\ M\ qui retrouvent le cadavre et tentent de le
réanimer ? De quoi sombrer dans un état proche de
la folie, du dédoublement de la personnalité !
Si le Rite et le Rituel nous disent très clairement qu'il
nous faut préférer la mort au
déshonneur, il n'en reste pas moins, amha, que cette
cérémonie est à rapprocher de la
règle trappiste où les F\ F\ qui se rencontrent
se répètent inlassablement « il
faut mourir mes F\ F\ »,
autrement dit le meurtre d'Hiram est là
également pour nous inciter à apprendre
à bien vivre pour, le moment venu, savoir bien mourir.
De plus, le
Rituel nous fait descendre au plus profond de notre noirceur : nous
voilà confronté à une situation tant
de fois rencontré dans l'histoire, celle où
quelques uns s'arrogent le droit de décider que tel ou tel
présente un danger pour le groupe et qu'il faut
l'éliminer pour le bien commun, alors que bien souvent ce
n'est qu'un prétexte fallacieux pour se
débarrasser de celui qui gène, car
différent, car n'entrant pas dans le moule de la
« bien-pensance » :
il n'y a qu'un pas à faire entre l'état de
victime et celui de bourreau..sans doute le mythe de la mort d'Hiram
est-il là pour nous permettre de nous sentir bourreau afin
de ne jamais l' être, et en cela rejoint les
théories d'Emmanuel Levinas qui affirme que la victime est
souvent responsable du sort que lui a réservé son
tortionnaire, ou du moins en partie.
D'aucuns ont voulu voir dans la Légende adonhiramite un
meurtre par substitution, autrement dit chacun des C\ C\ meurtriers
désiraient prendre la place du M\. Outre que rien de tout
cela n'est évoqué dans le Rituel, remarquons que
les C\ C\ s'enfuient et que d'autre part, dans le rituel d'installation
du Collège d'Off\ il est dit « les
ouvriers se lèvent et se remplacent, le chantier se poursuit
inlassablement », tout fait contredisant cette
théorie.
Mais, plus tard, dans la
2° partie de la cérémonie, c'est bien de
substitution qu'il s'agit, celle du C\ au M\ disparu. J'aime
à voir là le symbole que notre méthode
M\ a toujours refusé l'existence de tout maître
à penser, autrement dit que chaque
génération de M\ M\ apporte un surcroît
de savoir et que le seul M\ à penser auquel chacun puisse se
référer est soi même, même si
chacun de nous a besoin du miroir du regard de l'autre pour se
connaître, exprimer et partager sa différence qui
enrichit au lieu de contredire.
Hiram notre M\ est mort sous les coups de 3 C\ C\ symbolisant ce qui
continue de régner en nous malgré des
années passées à tailler puis polir la
pierre, notre part d'ombre, ces sentiments putrides que sont, entre
autres, l'ignorance par paresse, le fanatisme et l'ambition
démesurée. Car chacun de nous a commis le meurtre
rituel avant que d'en partager la responsabilité. Hiram est
mort pour avoir refusé de livrer le Mot, mot
sacré ou mot de passe, les avis divergent. Car, sans doute
dans sa grande sagesse, savait-il que la possession de ce mot
n'était pas la maîtrise du savoir auquel il
pouvait donner accès, que le fait d'entrer dans la Classe
des M\ M\ sans en avoir les connaissances, au mieux était
inefficace pour les intrus, au pire mettait l'Edifice en
péril de par l'incompétence de ceux-ci dans la
conduite du chantier.
Pour faire un parallèle avec la conduite d'une L\, ce n'est
pas la possession du maillet qui fait le V\ M\, mais la
maîtrise réelle de celui à qui la L\
l'a confié. Et, de fait, seul compte l'Edifice en voie de
construction, et non l'Architecte, quels que soient ses
mérites. D'ailleurs le T\ a été
achevé et sa ruine ultérieure fut le fait, non du
manque de capacité de ses M\ M\ d'œuvre et
ouvriers, mais de la chute spirituelle de Salomon qui avait
laissé les cultes de Baal et autres dieux se
développer dans Jérusalem même.
Remarquons toutefois que, si Hiram avait formé des M\ M\
capables de poursuivre le chantier, il a emporté avec lui
dans la tombe les plans et le Secret de l'œuvre...mais la
question se pose :
Pourquoi n'a t il pas partagé ce secret avec les M\ M\ qu'il
avait formés ? En étaient-ils indignes ?
N’avaient-ils pas atteint un niveau de connaissances
adéquat ? Mais, si pour Hiram seul comptait le bon
déroulement du chantier, si le respect de l'appartenance des
uns et des autres à des classes régies par les
savoirs et mérites respectifs, force nous est de constater
que le T\ de Salomon a disparu de la surface de la Terre. Toute
œuvre de main d'homme est vouée à ce
destin. Tout être vivant, l'Homme en premier, est
condamné à disparaître dès
le jour de sa conception. Et seule la mémoire de chacun et
la mémoire collective assureront à l'ouvre et son
auteur une survivance par delà la porte de l'Or\ Eternel. En
apparente contradiction avec ce que j'ai dit plus haut, le plus
important n'est donc ni le T\ ni le M\ lui même, mais sa mort
en tant qu'exemplaire dans le respect du Devoir, sa mort et la
réincarnation de son Esprit en chacun des nouveaux
M\ M\.
Chacun de nous porte en lui l'Esprit d'Hiram, mais aussi l'Esprit de
tous les Hiram qui se sont succédé depuis son
funeste trépas. C'est sans doute en grande partie l'objet de
notre quête que de permettre à l'esprit du M\. Que
de s'exprimer en nous. Une nouvelle fois le Rite nous invite
à descendre en nous, car c'est là que se trouve
le centre du cercle où tous les M\ M\ M\ sont
censés se trouver, c'est l'athanor où nous
rassemblerons ce qui est épars afin qu'un homme nouveau
puisse naître à la fin du Grand Œuvre.
Et c'est sans doute là que chacun de nous pourra retrouver
la Parole perdue depuis que le M\ a péri, ce secret qui
permet à l'ouvre d'être à l'unisson de
l'Univers, ce secret qui fait que chacun de nous est une part du G\ A\
D\ L\ U\, est le G\ A\ D\ L\ U\.
Pour conclure ce chapitre, j'affirmerai donc que, oui, mille fois oui,
il fallait tuer Hiram pour que son Esprit vive en chacun de nous, pour
que nous puissions prendre conscience de notre part de Divin et que
jamais ne s'interrompe la chaîne qui relie les
initiés depuis la nuit des temps.
Intéressons-nous donc maintenant à
l'exégèse du mythe adonhiramite quant
à notre Ordre, notre Institution.
Si les trois C\ C\symbolisent notre part d'ombre, nous font prendre
conscience que la taille et le polissage doivent être
poursuivis ad libitum, ils matérialisent les dangers qui
guettent notre Ordre en général, nos L\ en
particulier. Les ennemis de la M\ ne sont jamais parvenus à
l'abattre, après chaque tourmente. Elle a pu
renaître tel le Phénix renaissant de ses cendres.
Mais le vrai danger vient de l'intérieur. Et, s'il
nous faut travailler au progrès de l'Humanité,
autrement dit oeuvrer pour que les vices que sont l'ignorance, le
fanatisme et l'ambition irrefrénée,
arrêtent de faire des ravages en son sein, soyons
pragmatiques et travaillons inlassablement à les extirper
tout d'abord du sein de notre ordre... Faisons tout ce qui est en notre
pouvoir pour que les F\ F\ soient de plus en plus instruits, de plus en
plus respectueux d'autrui, et surtout fassent preuve du plus total
désintéressement. Faisons-leur comprendre que
leur seul Droit, leur seul Devoir c'est Servir, Servir ses F\ F\,
Servir sa L\, servir l'Ordre, et par la même servir
l'Humanité.
Veillons donc, tous ensemble mes F\ F\ à l'instruction des
A\ A\ et C\ C\…et des jeunes M\ M\…car aucun
cheminement initiatique n' est réalisable si
l'étude de nos symboles n'est pas complètement
pratiquée. Et au delà, si notre corpus symbolique
est mis à mal par ceux qui, la chose n'est pas rare,
estiment que tous nos rituels, tous nos symboles ne sont que singeries
obsolètes, comme j'ai pu l'entendre dans d'autres L\ L\, mes
F\ F\. Pour pousser encore plus loin ce « petit
coup de gueule », j'avoue qu'il m'est
pénible de constater les changements incessants de Rituels
que certains pseudos Grands Experts de notre Ob\ nous font
régulièrement subir, faisant la plupart du temps,
amha, preuve d'une ignorance crasse quant au sens profond de notre
Thesaurus. Il n'est qu'à voir les retours en
arrière réguliers.
Il n'est qu'à lire les
vieux rituels du XVIII et XIX siècles pour prendre
conscience de tout cela...un exemple, mes F\ F\ dans les 1°
rituels, à la demande du Mot Sacré des A\ A\ il
était demandé à l'A\ de
répondre « je ne dois ni lire ni
écrire » et non «
je ne sais »...je vous laisse seuls juges du
changement sémantique, symbolique et initiatique qu'a pu
représenter ce qui apparut comme un infime
détail aux yeux de certains... Autre exemple : souvenez-vous
des changements à répétition quant
à la place de la Chaîne d'Union, quant
à savoir qui allumera les Etoiles, V\ M\ et S\ S\ ou M\ C\.
Oui, mes F\ F\, veillons à ce que tous les F\ F\ soient
pareillement instruits par la pratique de notre méthode
symbolique, car sinon nous serions tels le 1°C frappant Hiram
sur l'épaule droite, engourdissant le coté
régissant l'intelligence et le savoir.
Puis il nous faut être intransigeant quant aux
qualités de cœur que nécessite notre
démarche, car la sécheresse de la cour est bien
plus grave que l'étroitesse de l'intellect. Nous
clôturons nos Trav\ au 1° degré par ces
mots « que l'Amour règne parmi
les Hommes », insistant ainsi sur le fait que la
Maç\ nous enseigne de nous aimer par delà nos
différences, ou mieux en raison de nos
différences. Il nous faut partager, travailler ensemble,
grâce à cette mutuelle Tolérance qui
préside à l'existence de notre Ordre.
Même si pour moi je préfère parler de
respect de l'autre, car le tolérer implique quelque part une
notion de supériorité de celui qui
tolère. En fait le fanatisme que nous devons combattre est
autant celui des Ob\ ne reconnaissant pas telle ou telle autre Ob\ (je
ne reviendrai pas sur ce serpent de mer qu'est la
Régularité M\), que de celui qui a
cédé à l'ignorance et qui a fait
sienne les idées des autres, souvent faites de poncifs et de
tartes à la crème que n'importe quel profane sera
à même de faire siens par la lecture d'ouvrages
traînant sur les étagères de toute
bonne librairie. Je ferai juste un petit clin d' oeil à
certains F\ F\...je me souviens d'une soirée où
l'on a reproché aux A\ A\ de ne guère montrer
d'empressement à servir les M \ M\ aux agapes. Et au
2° S\ de ne pas les inciter à s'activer. N'est-ce
point là un bien petit mais réelle manifestation
de ce vice dont nous voudrions nous débarrasser ? ne fait-on
pas preuve de paresse mentale, d'aliénation à des
idées reçues, en pensant que les A\ A\ doivent
montrer l'humilité que prône le Rituel du
1° degré, en servant les autres ? Cherchons et
recherchons dans nos rituels passés et présents,
y trouvera-t-on trace de cela ? Car à y bien
réfléchir, ceux qui se doivent de comprendre
qu'ils sont là pour servir, ce sont bien les M\ M\, et quoi
de plus symbolique pour les M\ M\ que de veiller à la
nourriture terrestre aussi bien qu'à la nourriture
spirituelle ? Mais, bon, je n'irai pas plus loin sur cette voie, au
risque moi même de faire preuve de ce fanatisme que je veux
combattre, nous sommes en permanence sur le fil du rasoir, mes F\ F\ !
Veillons donc qu’à ce que le Niveau du 2°
C\ ne vienne frapper une nouvelle fois l'épaule gauche du
M\, paralysant son cour. Ce coup symbolisant l'esprit sectaire que
certaines Ob\, certaines L\ ou certains F\ F\ font régner en
ne voulant pas reconnaître que chacun est libre de se choisir
certaines certitudes, certains principes pour guider sa vie et sa
démarche. Car il faut bien, un jour ou l'autre, se choisir
une assise pour bâtir, autrement dit abandonner le
scepticisme passif, le doute non constructif, celui qui abat au lieu de
permettre de construire notre propre T\ et celui de
l'Humanité.
Enfin, vient le moment du coup fatal : le maillet frappe Hiram au
front. Ce maillet, symbole d'une autorité librement
consentie au M\ de la L\, peut devenir l'instrument de la destruction
de l'idéal Maç\. Quand certains ne voient plus
dans la Maç\ qu'un moyen de réaliser des
ambitions personnelles profanes ou tirent gloire de pouvoirs et de
beaux décors dont l'Ob\ les a revêtus, alors
« la messe est dite », mes F\
F\. Hiram est mort et bien mort, son cadavre continuera de pourrir pour
les siècles, et sa mort alors n'aura servi à rien
!
Pour conclure ce chapitre, mes F\ F\, force est de constater que dans
la nature, si tout doit périr, c'est la Vie qui est la
règle, si l'Humanité poursuit inlassablement sa
marche en avant, c'est qu'elle veille à lutter contre
l'immobilisme, et pour cela veille à remplacer en permanence
l'organe défectueux ou disparu qui fait obstacle
à son progrès.
Pour nous, Hiram ne reste et ne restera jamais mort bien longtemps :
les Initiés que nous sommes, passés le temps de
l'affliction, veillent à chercher les causes de son
décès, et œuvrent pour que Hiram ayant
abandonné la forme imparfaite qui fût sienne, se
réincarne dans un nouveau M. : qui sera mieux
armé que lui pour assumer le chantier, car riche de tous les
Hiram qui se sont succédés dans le temps. Quand
le cadavre aura été relevé, autrement
dit que la Tradition sera à nouveau debout, pleine et
entière, alors tous ensemble nous lui insufflerons un
souffle nouveau.
Ainsi la chaîne de vie qui relie les initiés
depuis les temps immémoriaux continuera-t-elle car tous
auront compris qu'il ne suffit pas de contempler une tradition morte,
desséchée, mais bien qu'il nous faut la faire
vivre en mêlant nos aspirations, nos idéaux de
progrès de l'Humanité. Ne pas nous contenter des
5 points parfaits de la M\ qui nous rappellent sans arrêt que
nous marchons vers un but commun par le Travail en L\ et sur nous
même, que nous partageons les mêmes sentiments, que
nous unissons nos efforts et nous soutenons mutuellement, mais bien de
rechercher cette Parole perdue, celle qui chuchotée aux
oreilles du nouvel Hiram lui fera prendre conscience de lui
même, de ses capacités, de sa raison
d'être et des moyens à sa disposition pour se
réaliser et réaliser l'ouvre, pour faire
pleinement partie du Cosmos A\ L\ G\ D\ G\ A\ D\ L\ U\.
Pour terminer, mes F\ F\, oui il fallait bien tuer Hiram, pour que
notre Ordre perdure, pour que le mythe soit pleinement efficient, pour
que puisse à chaque génération
s'ajouter un nouveau maillon de la chaîne des
initiés.
Voilà, mes F\ F\, j'ai tâché de faire
court, de vous transmettre mon ressenti sur le meurtre de notre R\ M\
Hiram. Oui, il fallait le tuer, pour que chacun de nous puisse
s'insérer dans l'Edifice. Oui il nous fallait le tuer pour
que notre Ordre renaisse en permanence plus radieux que jamais.
Mais au delà de cette mort nécessaire se posent
bien d'autres problèmes : Qu'est-il advenu in fine de la
dépouille du M\? ; Où sont
passés les meurtriers et que va-t-il leur arriver
? ; Qui sera désormais responsable du chantier, de
la surveillance des ouvriers ? ; Va-t-on retrouver un jour la
Parole perdue ? ; Qui a été
désigné pour conserver la mémoire de
tout cela ? ; Et que deviendront les Maçons une
fois le T. : achevé ?
Et mille et mille autre questions
auquel notre rituel du 3° degré n'apporte aucune
réponse. Et s'il nous fallait donc aller au delà
pour poursuivre le questionnement et tenter d'apporter des
réponses. Je vous laisse donc libres de
réfléchir sur le fait que notre REAA
comporte 33 degrés.
Et si la Maîtrise était non pas une fin mais un
début ? En tout cas, V\M\, œuvrons pour qu'au moins au sein de notre R\ L\ Hiram ne
soit pas mort en vain.
J'ai dit, T\V\M\
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