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Le Maître est retrouvé, il reparaît plus radieux que jamais

Un Maître a donc été perdu puisqu'il est retrouvé, retrouvé et manifestant à nouveau sa présence, mais dans un état différent car : « plus radieux que jamais ».

Ayant par nature toujours à l'esprit la question du sens de mes actes, j'ai souhaité marquer une pause à travers cette réflexion qui était déjà engagée avant la communication de ce sujet. Il était en effet important pour moi de voir le plus honnêtement possible, dans quelle mesure je pensais avoir intimement recensé la perte d'un « Maître »…l'avoir retrouvé…et s'il reparaissait effectivement « aussi radieux »…voire « plus radieux que jamais ». La phrase du sujet présente en effet une nuance entre son « plus radieux » et le « aussi radieux » de notre rituel, nuance qui marque une graduation.

José Bonifacio souligne l'importance du vécu initiatique et nous dit que : « La magie initiatique est l'ensemble des actions « vécues » permettant une modification psychologique du niveau de conscience et de compréhension, dans une démarche bien définie par le ternaire : Mort - Résurrection – Elévation ».

Depuis mon entrée en F\ M\ j'ai ainsi tenté de revêtir le plus honnêtement possible mon Tablier « d'apprenti magicien ». Si l'on est sincère et je pense l'avoir été…la magie opère. Je suis devenu tout doucement à la fois le peintre et son tableau. Je ne serai certes jamais un grand artiste car mon travail reste très besogneux, mais les personnages du tableau dont je suis, semblent moins flous, le paysage acquiert du relief et prend de la perspective.

Chez les Égyptiens, le Temple représentait symboliquement l'homme et son architecture illustrait la formation graduelle de sa conscience. A travers cette analogie « Temple = Homme » notre démarche initiatique qui a commencé par l'entrée dans le Temple, qui est donc notre entrée en nous-même, prend tout son sens. Quiconque demeure dans la superficialité, ne peut entrer dans la conscience de soi et du sens profond des choses du monde, pour pouvoir franchir ensuite l'inconnu de l'au-delà de nous-même et de toutes choses.

La démarche initiatique est ainsi pour moi l'Eveil de notre conscience, que nous effectuons en entrant dans l'inconnu de « notre » Temple : les yeux bandés au 1er et à reculons au 3ème. La conscience est cette perception plus ou moins claire que nous avons de notre existence et de celle du Monde extérieur…elle est donc intime et limitée. Plotin d'Alexandrie écrivait que « l'initiation permettait d'atteindre des états supérieurs de conscience » et il distinguait à ce propos trois Hommes : « le charnel, le psychique et le spirituel ».

Notre REAA fait découvrir dans son vécu, trois niveaux de conscience de plus en plus dégagés du matériel, comme des poupées russes imbriquées les unes à l'intérieur des autres, plus petites à chaque fois, comme allégées progressivement vers ce qui pourrait être l'« essentiel ». Mais, si les poupées traditionnelles russes sont toutes de même forme et de même couleur, l'image que nous livrons de nous, n'est pas toujours le reflet de notre être intime et profond.

Le « prenez place mes frères » que prononce le V\ M\ à l'ouverture des travaux, est comme le « Bereshit » de la Genèse. Nous prenons place sur les Colonnes, à la fois « en » nous-mêmes et « face » à nous-même, pour que ce qui doit s'accomplir s'accomplisse, en « entrant dans les voies qui nous sont tracées ». Pour cela « nous demandons la Lumière » au 1er, pour être « en possession des moyens et des objets de la connaissance pour nous réaliser et nous exprimer » au 2ème et enfin tenter de retrouver « les secrets véritables du M\ M\ » au 3ème, c'est-à-dire découvrir notre être profond et le faire émerger « aussi radieux que jamais ».

Cette lumière que nous demandons est à prendre par opposition aux ténèbres qui signifient « les préjugés et l'ignorance qui voilent la vérité des choses ». S'il m'est relativement aisé de constater que je fais reculer mon ignorance (toutes proportions et humilité gardées…), les préjugés restent vivaces. Cette quête de Lumière est une recherche de lucidité intérieure et pour cela il faut « dissoudre » nos préjugés et nos certitudes qui sont des « contraintes » internes, c'est le « solve » des alchimistes.

Dans notre rituel, l'état de mort apparente que nous traversons en commémoration de celle du Maître Hiram nous fait perdre nos repères intellectuels, nous sommes comme en suspension : je ne suis plus « je », mais je ne suis rien d'autre non plus, cet état est bien celui d'une dissolution complète de notre être dans un état symbolique de putréfaction. C'est à ce stade d'ailleurs que nous implorons les forces Supérieures par l'invocation « A\ S\ M\ D\ », curieusement analogue aux derniers mots du Christ : « Seigneur pourquoi m'as-tu abandonné ! » ; nous invoquons ces forces « supérieures » pour pouvoir rassembler ensuite les éléments ainsi libérés et épars dans un nouvel arrangement plus harmonieux, c'est la « coagula ».

Ce nouvel arrangement plus harmonieux est par exemple et très simplement au quotidien, la mise en accord de mes pensées avec mes actes et mes discours. Harmoniser chacune de mes fonctions : charnelles, psychiques et spirituelles, pour qu'elles puissent être rétribuées en retour par un « salaire » intime et incommunicable…être (idéalement…) : « contentes, satisfaites…et le témoigner ». Ce retour à la conscience et à l'ordre intérieur ne saurait être le retour du « je » initial, mais plutôt d'un « je » supérieur au premier mais aussi plus intérieur, plus profond. Le nouveau « je » marquant une distanciation vis-à-vis du précédent, un « je » qui tend graduellement vers plus d'authenticité, qui tend graduellement vers le « cœur » de notre être. A chaque nouveau « je » de nos trois premiers degrés, nous sommes confrontés à de nouvelles limites d'appréhension et de compréhension des choses pour les repousser sans cesse en dépassant notre matérialité au 1er, notre intellect au 2ème et être enfin totalement « déconstruit » au 3ème par les trois coups des mauvais Comp\, précisément à l'inverse de ceux qui nous ont initialement « créés, constitués et reçus F\ M\ ». Nous sortons ainsi de la tutelle de l'ignorance, de l'ambition et du fanatisme, pour devenir progressivement « Maître » de soi.

Pour accéder à chaque seuil de compréhension des choses, nous disposons d'un guide et veilleur silencieux, symbolisé par cette petite lumière qui reste toujours éclairée sur le Plateau du V\ M\ et qui est la Source de toutes les autres lumières de la Loge, lorsqu'à chaque Tenue, nous « éclairons » le temple…, lorsqu'à chaque Tenue nous « éclairons » notre être intérieur.

Ce V\ M\ qui siège pour « ouvrir » et « diriger » les travaux de notre édification est « notre faculté à émanciper objectivement nos pensées et orienter le choix de nos actions » nous dit le rituel. Nous sommes des « machines à fabriquer des désirs » qui mettent en route des processus de réalisations, fructueux ou vains et qui génèrent des satisfactions ou des frustrations. Ces désirs « prennent le pouvoir » en lieu et place d'une raison, juste, équilibrée et désintéressée. Les 1ers et 2nd Surveillants sont là pour nous encadrer dans cette démarche, ce sont nos « garde-fous » internes par les « devoirs » qui leur incombe et que le V\ M\ rappelle lors de chaque ouverture et fermeture des travaux.

La Maîtrise n'est pas un état figé ou acquis une fois pour toutes, mais une dynamique vers un état de conscience à chaque fois plus élargie, grâce à une remise en question permanente. Concrètement et à ce stade de mon vécu du REAA, cela consiste à utiliser l'inertie des forces « d'opposition » qui montent en moi ou qui me parviennent de l'extérieur, les absorber, les neutraliser, puis les retourner dans leur sens inverse : Capter – Neutraliser - Renvoyer.

Cela demande une capacité « d'absorption » (l'écoute, la disponibilité, la réceptivité), puis une faculté d'analyse pour comprendre et isoler ce qu'en médecine ou en informatique on appellerait un virus, reformuler un modèle « sain » et le renvoyer en y ajoutant le cas échéant une impulsion supplémentaire à celle reçue initialement. Cette énergie renvoyée à l'identique voire accrue pourrait traduire concrètement le « aussi » ou « plus radieux que jamais ».

S'il fallait résumer Hiram en une phrase, je dirais : « Il faut que tout se termine pour que tout puisse continuer…et se terminer à nouveau pour continuer encore…et ceci incessamment…et en toutes choses ». La vie puis la mort d'Hiram s'enchaînent inlassablement en nous dans une perspective de construction et d'organisation, vers un état plus clair car plus proche de l'essentiel des choses.

Lors de nos fermetures au 3ème, les 2nd et 1er Surv\ qui étaient partis de l'Orient à l'Occident reviennent à nouveau vers le T\ V\ M\ pour lui communiquer les mots substitués qu'ils ont trouvés dans leur quête. Les mots signifient-ils à chaque fois pour nous la même chose ? Cette signification, notre compréhension que symbolisent ces mots substitués n'avance-t-elle pas progressivement ? Nous remontons à chaque tenue au 3ème de l'Occident vers l'Orient, du monde charnel vers celui de l'esprit, du visible vers l'invisible. Alain Pozarnik nous dit à ce propos que : « la sagesse est peut-être l'imperceptible effacement du visible dans notre perception des choses ».

Le vécu de ce 3ème à travers cette « revivification intérieure » a été pour moi porteur d'une extraordinaire « simplification intellectuelle » qui me permet de mieux comprendre les choses et de les rapporter au sein d'une logique « globale » tel un puzzle que l'on tente laborieusement d'assembler, puis dans un second stade, d'accepter et de vivre plus sereinement à la fois « dans et avec » cette « globalité ». Vivre « dans et avec » cette globalité de Mondes à la fois individuels et collectifs, avec la conscience de leurs fâcheuses tendances à détruire leurs équilibres respectifs, mais aussi et fort heureusement, de leur capacité à retrouver de nouveaux équilibres, mais à condition de ne jamais perdre la dimension humaine  qui doit être la mesure de toutes choses, car c'est en nous seuls humains que cette « volonté agissante » est pleinement consciente.

Le rituel nous précise que « si le Temple était notre psychisme, Hiram incarnerait la volonté et la rigueur intérieures, si le Temple était l'humanité, Hiram serait la volonté agissante de l'espèce humaine et si enfin le Temple était le Cosmos, Hiram en serait l'Energie de création et d'évolution ». Ce sont bien des forces analogues qui entrent en jeu à ces différents niveaux. Plus intuitivement encore, c'est Une seule et même Force qui « agit » sur des plans différents dans le Cosmos, dans l'Humanité et en nous… Nos travaux sont accomplis à la Gloire du GADLU. Cette invocation signifie dans une appréhension « minimaliste » que nous permet le REAA à « géométrie variable », que cette recherche de perfection doit se faire dans le respect et en harmonie avec le « Principe créateur et organisateur unique ». Pour cela, la volonté incorruptible et agissante de ce G\ A\ D\ L\ U\ est passée dans celle d'Hiram, puis d'Hiram à nous, pour nous ouvrir ainsi à notre propre destin, comme l'ont été Adam et Eve après avoir été chassés du Paradis.

Mais attention : pas d'affolement…nous ne retrouvons que l'image de l'incorruptibilité, « nous ne redevenons jamais Hiram » …car la « Parole » a bien été perdue et substituée par des « mots humains ». La « Parole » est associée au Principe vital immortel, c'est la manifestation divine dans la création. C'est le Sens.

Mais ce sens nous a été refusé.

Le Rituel précise qu'« à travers ce refus et cette substitution, ce sont nos capacités intuitives qui sont mises en alerte » et qui doivent permettre d'écrouler nos propres contraintes afin de repousser toujours plus loin encore nos limites dans cette quête du sens…et ceci : dans la conscience du cadre clairement restrictif : 1- de nos capacités personnelles, 2- de notre condition sociale et 3- de notre finitude humaine.

En permettant à travers notre propre réalisation individuelle, de participer « à notre mesure » à la réalisation de l'humanité toute entière, la F\ M\, telle que je la vis intimement, poursuit l'œuvre du G\ A\ D\ L\ U\ selon des Plans qui ne nous sont pas dévoilés, tel un jeu de piste…sans borne…dont l'organisateur aurait perdu ou masqué le plan…et les règles.

« Aussi Radieux Que Jamais, voire Plus Radieux Encore », nous devenons un partenaire de jeu de ce G\ Organisateur D\ L'U\…un partenaire conscient de son sort scellé par avance…mais un partenaire fier de sa place éphémère à la table de ce Grand Jeu…alors…comme il est écrit dans le cabinet de réflexion : « persévérons » dans nos efforts car le chantier doit reprendre et surtout se transmettre…mais restons « vigilants » car les meurtriers courent toujours.

J'ai dit

T\ V\ M\


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