La
Reine de Saba
Depuis des siècles, la littérature et
l’art,
aussi bien en Orient qu’en
Occident,
se sont emparés
de la figure
mystérieuse de la Reine de
Saba.
Nos
lointains Frères
opératifs ont sculpté
ses traits sur le parvis
des
cathédrales de Reims, de Chartres et
l’ont représentée sur les
vitraux
des cathédrales de
Strasbourg et de
Cologne. Elle a fasciné des
écrivains comme Gérard de
Nerval ou André
Malraux, qui en
1934
survola le Yémen dans
l’espoir de
retrouver les ruines de son
palais.
Elle a inspiré, nombre de
peintres, de
cinéastes et de
compositeurs,
comme Charles Gounod qui en
1862 immortalisa sa
légende
dans un
opéra qui porte son nom et
qui aux dires de
certains,
véhiculerait quelques valeurs
maçonniques.
Mais qui est donc cette reine
légendaire,
dont l’ensemble des
sources
s’accorde à dire
qu’elle était dotée
d’une incroyable
beauté,
d’un
fort caractère et d’une sagesse
rare ?
«
Sagesse, force et
Beauté » voilà d’ores et
déjà les trois grands
piliers
de la
Franc-Maçonnerie.
Eh bien, mes
Soeurs et mes Frères,
partons à la rencontre de la
légendaire
Reine de Saba.
Il y a
environ 3000 ans, dans un
lointain
royaume aux frontières
indéfinies,
entre l’Arabie
Heureuse et
l’Ethiopie, sur les rivages de
la
mer rouge, vit une jeune et belle
reine.
Comment s’appelle
t’elle ? Balkana pour les
Yéménites, Balkis ou
Bilkis
selon la tradition coranique,
Makéda
selon la tradition
éthiopienne.
Certains
la dénomment
également Cassiopée,
l’associant à la reine
éthiopienne
du
même nom dans la mythologie
grecque.
Peut-être
aussi
possède t’elle quelques noms
secrets car dans ces
régions
du monde, il faut
paraît-il, afin
d’échapper aux esprits
malins,
être muni
d’un nom magique que l’on
dissimule
jalousement.
Son
royaume est riche et
prospère. Il a pour
capitale la ville de
Mârib,
située dans
l’actuel Yémen.
Son
peuple, les Sabéens,
contrôle, via les
caravanes, le commerce
des
épices, de la myrrhe et de
l’encens…les
produits les plus chers et
les plus recherchés
alors, du monde
méditerranéen. Les
Sabéens
administrent les
pistes caravanières
qui traversent toute
la
péninsule arabique pour
rejoindre Gaza où
les résines
aromatiques,
après avoir
été vendues à prix
d’or étaient
transformées
en onguents,
drogues,
cosmétiques et parfums.
Leur
royaume
est également
ouvert à l’est sur
l’Inde et sur l’Afrique.
Les Sabéens exportent
aussi de l’or, cet or
qui sert plus au nord à
couvrir
de gloire les pharaons.
Par
ailleurs, ils
maîtrisent depuis longtemps
des techniques
complexes
d’irrigation des sols. Utilisant
une topographie
favorable,
ils contrôlent
la force des crues
qui dévalent les
montagnes,
en
période de mousson.
A
l’aide de digues et
d’un réseau ingénieux
de canaux, ils font
converger
cette
eau si précieuse dans
leur
région, vers leurs
champs.
Des voyageurs grecs
égarés dans ce lointain
pays parlèrent en
termes
élogieux et admiratifs de cette
prospérité et du caractère
verdoyant
de cette partie de
l’Arabie.
On trouve des mentions du «
royaume de Saba »
dans les annales
de
Sargon, roi d’Assyrie, au VIIIème siècle avant
notre ère.
Les
historiens pensent
qu’il a existé à
partir d’environ 1000 ans
avant
Jésus-Christ pour
disparaître vers l’an
550 de notre ère,
après
deux
siècles de conflits avec les
Arabes et les Perses.
Cependant, des chercheurs ont
retrouvé dans
les inscriptions
D’Arad-Nannar,
l’un des plus ancien roi de
l’Etat d’Ur, le mot
Sabum dont on pense
qu’il
désigne
l’Etat de Saba.
Si ce
terme correspond effectivement
à Saba,
c’est la preuve que le royaume
existait déjà en 2500 avant
Jésus-Christ.
Le royaume de Saba fut donc bel et
bien réel.
Mais notre reine a
t’elle
existé ?
De
fait, aucune source de cette
époque
n’évoque le règne, ni même
l’existence
de la Reine de
Saba.
Tout
au plus, quelques rares
inscriptions
cunéiformes assyriennes
nous
apprennent que des femmes ont
gouverné
pendant plusieurs
siècles,
des petits
royaumes dans cette
région du monde.
Le plus ancien texte
évoquant « la reine de
Saba » se trouve en fait
dans
la Bible, au chapitre 10 du Livre des
Rois, probablement
rédigé
au VI ème siècle
avant notre
ère.
Ce
tout petit passage de
l’Ancien Testament,
raconte brièvement
la
venue de
cette reine dans le royaume
d’Israël et sa rencontre
avec
le roi Salomon.
En 13 versets seulement, le
récit biblique
détaille les riches
cadeaux
offerts par la Reine à Salomon,
puis
comment elle fût
impressionnée
par le faste
du palais, et la
grande sagesse de
Salomon
après l’avoir éprouvée par
des
énigmes.
Elle
eut, je cite, « le
souffle coupé » à la
vue d’une cérémonie dans
le
Temple de Jérusalem.
Elle loua la Sagesse
de Salomon et de
Dieu
qui l’avait choisi
pour diriger Son
Peuple. Puis elle s’en
retourna
dans son pays. Ainsi
s’achève cette
rencontre
diplomatique.
Quelles étaient ces
fameuses énigmes posées à
Salomon ?
La
tradition rabbinique a transmis
une liste
de questions
attribuées
à la reine dans le Targum Sheni
d’Esther et dans trois
Midrashim
(Mischlé, ha
Hefets et Ma’aseh
Malkat Sheba).
On
compte 22 questions de la reine au
total,
portant sur la
conception,
la filiation, l’identité sexuelle
et religieuse.
Celle-ci par exemple :
Que
signifie, sept cessent,
neufs commencent,
deux offrent à boire,
un
seul a bu ?
Réponse
de Salomon :
Lorsque cessent les sept
jours d’impureté de
la femme, les neufs
mois de
grossesse
commencent, les deux seins
offrent à boire, et
l’enfant
boit.
Autre énigme,
l’épreuve dite du « motif des
jeunes gens » : La
reine
de
Saba envoie au roi un groupe de
jeunes gens, hommes et
femmes,
tous
vêtus
à l’identique, des larges
vêtements que
portaient
alors
les habitants de l’Arabie
Heureuse, de sorte qu’il
était
difficile de les
reconnaître les uns
des autres. Elle demande
alors
au roi
de les séparer selon leur
sexe.
Salomon fit venir des grands
vases d’eau de
rose, invitant les jeunes gens
à se débarbouiller
après leur long
périple jusqu’à Jérusalem.
Or, au premier geste,
Salomon, reconnaît les
jeunes hommes qui
rapidement,
prennent l’eau à
pleines mains et
se frottent
énergiquement
le
visage.
Les jeunes filles qui
tiennent à la pureté de
leur teint prennent
d’abord
le soin de se laver les mains
dans
l’eau de rose avant
d’attendre
qu’on leur apporte d’autres vases
pour se laver le visage.
Un autre récit rapporte
que Salomon parvint à
reconnaître une
unique
fleur
naturelle parmi un bouquet de
fleurs artificielles
grâce
à une
abeille.
Le roi
testa la reine
également : Il la fit
entrer dans son palais par
une
porte
faite de verre et de marbre bleu.
Le sol imitait si bien
l’eau
à cet
endroit que la reine fut trompée.
Pour traverser le
bassin
factice, elle remonta sa robe,
dévoilant ses jambes.
Le roi
Salomon aurait ainsi voulu
vérifier si
elle n’avait pas,
comme
le
prétendaient certains, des
jambes de
boucs ou d’âne.
Il y a bien d’autres
énigmes rapportées par
ces textes anciens.
Au fil des siècles,
certains exégètes ont
fait de la Reine de Saba un
personnage
maléfique,
considérant que par ses
énigmes, elle a
défié
l’autorité masculine et donc menacé
l’ordre du monde.
Ils
diront aussi que, comme Dalila
avec
Samson, elle s’est rendue
chez
Salomon pour
découvrir le secret de sa
puissance et le
détruire.
Mais
pour d’autres, le
texte biblique qui
relate la rencontre des
deux
souverains cache des significations
secrètes qui révèlent à
l’homme
un chemin de
pensée et d’espoir.
La tradition juive a
relevé que le roi et la
reine portent en leurs
noms,
le
symbole de ce qu’ils sont :
Salomon,
c’est Shalom, la
paix.
Et
Saba, qui se dit Sheva en
Hébreu,
signifie « l’ancêtre », donc le
sage.
C’est aussi le chiffre 7,
le jour du shabbat,
jour de perfection et de
sérénité.
Qu’en
est-il de la Reine de
Saba dans la
tradition chrétienne ?
Le
Nouveau Testament ne
l’évoque que très
brièvement.
Notre
reine apparaît dans
l’Evangile de Luc,
sous le nom de
«
Reine du Midi » ou « Reine du Sud», au
jour
du Jugement
dernier.
Voici
ce que dit le texte :
La reine du Midi se
lèvera au jour du
jugement avec cette
génération,
et la condamnera ; car elle vint
des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et
voici, il y a ici plus que
Salomon.
L’Evangile de Matthieu (12
; 42) rend
sommairement hommage à
sa
sagesse, je cite :
La reine du Midi, (qui)
était plus sage que
les Juifs du premier
siècle.
La tradition populaire dans
l’Occident
chrétien, notamment au
Moyen-âge,
en a fait un personnage
positif.
Souvent
associée aux Rois
Mages, venus eux
aussi de l’Arabie
heureuse,
elle est
l’incarnation de l’Eglise
en route vers le
royaume
de Dieu.
Une légende
médiévale racontait même
qu’elle
fut guérie d’une
infirmité
lorsqu’elle toucha le bois avec
lequel allait être
échafaudée,
des
siècles plus tard, la croix
du Christ.
Et
comme je le disais en
introduction, elle a
été immortalisée par nos
lointains frères
bâtisseurs, sur le
parvis de plusieurs
cathédrales,
à
Reims, à Chartres ou encore à
Cologne…
Et dans l’islam ?
La reine de Saba est aussi
présente dans le
Coran sous le nom de Bilkis.
La tradition musulmane nous apprend
que
Bilkis n’était pas fidèle
à
Dieu et que son peuple,
païen, se
prosternait devant le soleil.
C’est
pour cette raison que
Salomon l’aurait
invitée en envoyant
sa
huppe,
oiseau légendaire, dans le but
de
la convertir au
monothéisme.
Voici ce que nous dit la sourate 27
dite
sourate des fourmis :
" Je connais
quelque chose que tu ne
connais pas !
Je t’apporte une
nouvelle certaine des Saba.
J’y ai
trouvé une femme : elle règne sur eux,
elle est comblée de tous
les
biens,et elle
possède un trône immense.
Je l’ai
trouvée, elle et son peuple, se
prosternant devant le soleil
et
non pas devant Dieu.
Le Démon a
embelli leurs actions à leurs
propres yeux ;
il les a
écartés du chemin
droit ; ils ne
sont pas dirigés. "
Des archéologues et des
historiens ont depuis
prouvé que pendant
plusieurs
siècles, les
Sabéens ont
effectivement pratiqué des cultes
astraux
jusqu’à
l’introduction du judaïsme
(IVème siècle)
puis du
christianisme
et
l’arrivée de l’islam dans
cette partie du monde.
On a
notamment mis au jour
à Marib, les
ruines d’un temple
dédié
au dieu Lune.
Cependant, il existe une source qui
place la
reine de Saba au coeur
de
l’histoire de tout un peuple : il
s’agit
du Kebra Nagast.
Ce texte éthiopien
rédigé en guèze, la langue
du royaume
d’Axoum,
se présente comme la traduction d’un
manuscrit trouvé
dans
l’Eglise Sainte Sophie
de
Constantinople.
En
effet, le Kebra Nagast, reprend
les récits
de l’Ancien
Testament
enrichis
d’une longue histoire
établissant comment la
domination
d’une
moitié de l’univers a été
promise aux rois
éthiopiens,
descendants de Salomon.
Vous l’aurez compris,
à la différence des
autres sources, la
tradition
éthiopienne, affirme que notre
jeune reine, après avoir
succombé
aux charmes du
beau Salomon, lui
donna un fils.
Pour le Kebra Nagast, Makeda,
c’est son nom,
était si belle que le
roi
Salomon lui proposa de
l’épouser.
Mais
elle refusa, car le roi avait
déjà 300
femmes et 700
concubines,
et elle voulait être l’unique
femme d’un homme.
Il lui
promit alors de ne plus la
solliciter
si elle acceptait de ne rien
prendre
dans son palais.
Dans
le cas contraire, il aurait le
droit de
lui demander quelque
chose
qu’elle ne pourrait pas refuser.
Makeda
accepta.
Peu de temps après,
Salomon fit donner un
grand banquet,
volontairement
riche en viandes épicées,
salaisons et autres
sucreries.
A
l’issue du banquet, la
reine, se trouva
incapable de dormir
tellement
elle
avait soif. Salomon
s’était
arrangé pour qu’il n’y ait
rien
à boire dans ses
appartements, aussi se
mit-elle à la recherche
d’eau.
Or, dans le palais coulait un
ruisseau qui
avait été détourné
exprès.
Il lui
permit de se
désaltérer, mais quand la
reine eut fini de boire,
elle
distingua Salomon qui l’observait.
Ce
dernier lui rappela sa promesse et
lui
demanda alors de
partager
sa couche.
Elle
décida peu
après de se convertir et
resta auprès de Salomon
pendant
encore quelques mois avant de se
résoudre à regagner
son
lointain royaume.
Sur le chemin du retour Makeda mit au
monde
un fils, né de son
union
avec
le roi d’Israël :
Ménélik.
Il est
le premier monarque de la
longue
dynastie des rois
éthiopiens,
la dynastie des Salomonides.
Aujourd’hui encore, cette
légende est vérité
pour tous les
Ethiopiens.
Hailé
Sélassié, dernier roi d’Ethiopie,
assassiné en 1976, affirmait
lui-même
descendre de
l’union de la reine de
Saba et du Roi
Salomon.
C’est d’ailleurs
une des raisons qui
poussèrent une poignée de
Jamaïquains,
dans les
années 1930, à lui
vouer un culte qui donna
naissance
à une nouvelle
religion laquelle a
fait depuis quelques
millions
d’adeptes : le rastafarisme,
mais
c’est là un tout autre
sujet.
Sur un
autre plan, certains ont vu,
dans les
Falashas ou Beta
Israël,
les célèbres juifs éthiopiens, le
fruit des amours des deux
souverains.
Mais eux-mêmes le
récusent, prétendant
descendre de la tribu de
Dan,
une des
« Dix tribus perdues
d’Israël »,
déportées par les
Assyriens
en 722 avant
Jésus-Christ.
Pour
le Kebra Nagast donc,
l’union des deux
souverains marque
le
début de l’histoire du royaume
d’Ethiopie.
Mais l’histoire ne
s’arrête pas au retour de
la reine dans son
royaume.
Le
texte nous enseigne que le fruit
de leur
amour, leur fils
Ménélik,
fut élevé en Ethiopie.
Adolescent,
il décida de
se rendre à
Jérusalem.
Une anecdote rapporte que la reine de
Saba,
lui aurait confié
avant
de
partir, un anneau reçu de
Salomon,
pour que le roi
puisse
reconnaître son fils.
Voici
ce que nous dit le chapitre 35
du Kebra
Nagast :
Quand il le vit, le roi
Salomon se leva et
l'accueillit. Il ôta l'agrafe de
son habit de son
épaule et le serra de ses
mains sur son visage, il
embrassa sa bouche, son
front et ses yeux et
lui dit : " Maintenant
mon
père David retrouve sa jeunesse, il
est
ressuscité des morts ".
Il revint à ceux
qui l'avaient informé et
leur dit: " M'avez vous dit: "
Il
te ressemble? ". Celui-ci
n'a pas mon
apparence mais l'apparence
de David mon père
dans les jours de sa
jeunesse. (…)
Il
revêtit son fils de brocart d'or,
d'une
ceinture en or, d'une
couronne
sur sa
tête, de bagues à ses doigts.
Il le fit asseoir sur son
trône
et dit
à ses honorables d'Israël :
" Vous médisiez entre vous et
vous disiez que je n'ai pas
d'enfant,
regardez celui-ci est mon enfant,
le fruit de mon sein que m'a
donné
Egziabeher, le Dieu d'Israël de
qui je ne [l'] avais pas
attendu ".
Ses honorables
répondirent et lui dirent :
" Que la mère qui a
enfanté
ce jeune
homme soit bénie, que le
jour où tu t'es uni à elle (…)soit
béni. (…)
Et
pour nous ses serviteurs,
il sera roi
". Et l'un après l'autre, ils lui
apportèrent un
cadeau.
Quand ils furent seuls, il
donna à son père
l’anneau que sa mère lui
avait confié et
lui dit : " Prends cet
anneau et souviens-toi de ce dont
tu as discuté
avec la reine. Et donne-nous le
tissu qui couvre l'arche
de
l'alliance d'Egziabeher pour que nous nous
prosternions devant
elle en tous nos jours, tous
ceux qui sont
au-dessous de nous et ceux
qui
sont dans le royaume de
la reine ".
Et le roi lui dit : "
Pourquoi m'as-tu
donné l'anneau en signe?
J'avais
déjà trouvé ton apparence à
mon image
avant que tu me
donnes un
signe car tu es mon fils ".
Le marchand Tamrin (qui
accompagnait Ménélik)
lui dit encore :
" Ô roi
! Ecoute ce que ma
maîtresse la
reine de Saba, ta servante
envoie par moi:
« Oins cet enfant,
sanctifie-le, bénis-le,
couronne-le pour notre pays
et
ordonne que ne
règne plus de femme
d'éternité en éternité et
envois-le en paix.
(…)
Le roi répondit :
(…) La fille appartient à
la mère et le fils au père.
Egziabeher a maudit Eve en
disant : "
Enfante avec douleur et
pincement
de coeur et après ton
enfantement
retourne chez ton mari;
enfante avec une promesse et
après la
promesse, retourne chez ton
mari.
Ainsi je ne donnerai
pas mon fils, à la
reine mais je le ferai roi
sur Israël car
celui-ci est mon premier-né,
le premier de ma dynastie
qu'Egziabeher
m'ait
donné ".
Après cela, il
lui envoya matin et soir de
bons repas et des habits
somptueux,
de l'or et de l'argent et il lui
dit : " Il est mieux de rester
ici
dans notre pays
où il y a le temple où
est l'arche de l'alliance et
là
où
Egziabeher vit avec nous ". Mais
son fils lui envoya [un
message]
disant :
" Il y a de l'or et
de
l'argent; les
habits ne manquent pas dans notre
pays mais moi je suis venu
pour écouter ta
sagesse et voir ton visage,
pour
te saluer et servir ton
royaume. Renvoie
moi chez ma mère
dans
mon pays car il n'y a
personne qui hait
le lieu où il est né et la
langue de son pays.
(…)
Et même si je suis
attiré par le pays qui
ressemble au paradis, il ne
peut
pas réjouir
mon coeur. Les montagnes du
pays de ma mère (…)
sont mieux pour moi. Et si
je sers l'arche du
Dieu d'Israël là où je
suis, cela m'honorera.
Je regarderai [vers] le
Temple que tu as
bâti; je sacrifierai et je
servirai là
où je serai. Donne-moi la frange
de la couverture de
l'arche de
l'alliance,
laisse moi me
prosterner devant elle avec ma
mère
et avec tous
ceux qui sont soumis dans
notre royaume.
Car autrefois ma
maîtresse la reine éliminait
tous ceux qui
adoraient et qui
se prosternaient devant des
idoles, des pierres et des
arbres.
Elle les
éliminera et les conduira à l'arche
de l'alliance car elle t'a
écouté
et elle s'est laissée instruire, elle
a fait comme tu as dit et nous
adorons Egziabeher
"(…)
Salomon avait
d'autres femmes et sans doute
de nombreux enfants
mais
c'était la
reine de Saba qui l'avait le
plus impressionné.
Ménélik
ayant promit à sa mère de revenir en
Ethiopie finit par
obtenir ce
qu'il voulait de son père
qui,
dans l'espoir de voir son
royaume
s'agrandir vers le
Sud, lui donna les
premiers-nés de ses
fonctionnaires
afin que le
royaume de Saba
soit semblable au sien
(…).
Or les premiers
nés ne quittèrent pas leur
pays de plein gré pour une
contrée aussi
lointaine. Le fils du grand
prêtre Sadok, devant partir
comme tous les autres,
s'était chargé de
dérober l'arche de l'alliance
qui se trouvait dans le
saint des saints du
temple de Jérusalem.
Ils emportèrent
donc en secret avec eux
l'arche, symbole de la
puissance
du Dieu d'Israël qui avait
conclu
une alliance avec son
peuple
élu, au
temps de Moïse.
L'Ethiopie se
réjouit de l'arrivée de l'arche
de l'alliance et de
l'élection
du peuple de Saba, par le
Dieu
d'Israël.
L'arche de l'alliance fut
appelée Sion,
mezgeba Axoum, trésor
d'Axoum.
C’est pourquoi, mes soeurs
et mes frères, si
vous vous rendez en
Ethiopie,
sachez
que, selon la tradition
populaire, l’Arche est
toujours
à Axoum, plus
précisément dans
l’église Sainte Marie de
Sion,
le sanctuaire copte le plus
sacré du
pays.
Elle
est sous la protection
d’un gardien qui
est le seul autorisé à
l’approcher
et ne sort
pratiquement jamais de
l’enceinte de
l’église.
Voilà
donc pour la
tradition éthiopienne.
Pour les F\M\ que nous sommes, il
existe une
version un peu
différente
que l’on retrouve dans des romans
d’inspiration
maçonnique.
Elle
évoque un troisième
personnage-clef. Les MM\
le
connaissent
bien, il s’agit
d’Hiram
l’architecte du Temple.
Cette
version
dévoilée par Gérard de Nerval
dans son fameux
«
Voyage en Orient », paru en 1850, fait
coïncider la visite de la
Reine
de Saba avec la
présence d’Hiram à
Jérusalem. Salomon
souverain
mais aussi mage, entreprit sur
ordre de Dieu de faire
construire
un
grand temple
à Jérusalem pour
abriter l’Arche
d’alliance.
Incapable de diriger les travaux
malgré sa
grande sagesse et ses
immenses
talents et ne disposant pas dans son
royaume d’un
architecte
digne
de cet ouvrage, le
roi fit
venir de l’étranger
Hiram,
maître dans
l’art du Trait.
Voici la légende telle
qu’elle est rapportée
dans un rituel du
XIXème siècle,
qui n’est
qu’une des nombreuses interprétations de
cette
légende :
Pendant
la construction du Temple,
Balkis
reine de Saba vint à
Jérusalem
pour rencontrer Salomon,
constater
sa sagesse et
contempler
les merveilles de son
royaume.
Elle admira surtout le Temple qui se
construisait, et voulut
connaître
l’architecte Hiram.
Elle insista
tant que le roi le lui
présenta.
En le
voyant, la reine fut
troublée. Elle
voulut aussi voir l’armée
d’ouvriers
qu’il
dirigeait. Alors pour lui
faire plaisir, Hiram traça
dans
l’air un T
mystérieux, l’initiale de Tyr
et aussitôt tous les
ouvriers
de diverses nations se
rangèrent,
les charpentiers à
droite,
au
centre les
maçons et ceux qui
travaillaient la pierre, et à gauche,
les mineurs et les fondeurs.
A un
autre signe tout aussi
mystérieux, la
grande masse demeura
immobile
et
silencieuse.
C’est à ce
moment là que la reine se rendit
compte, que sa propre puissance
ou celle du roi Salomon, n’était
rien à coté de celle du
grand
constructeur. La reine de Saba
voulut
également assister à
la
coulée de la mer
d’airain. Les trois
compagnons, Jubélas le
maçon,
Jubélos
le charpentier, et Jubélum, le
mineur, vouant une
haine
terrible au
grand architecte depuis
qu’il leur avait refusé le
grade
de Maître
décidèrent de profiter de
l’événement pour se
venger.
Ils sabotèrent le
travail.
Ainsi, Jubélas
mêla le calcaire avec la
brique, Jubélos prolongea
les
traverses de poutres pour les
exposer à
la flamme, et Jubélum
mélangea
à la
fonte les laves sulfureuses.
Bénoni, un jeune ouvrier
dévoué à Hiram,
surprit le complot et en
avertit
Salomon, Mais le grand roi, jaloux
d’Hiram, et content
qu’il
subisse un
échec devant la reine dont
il était amoureux, ne fit
rien
pour éviter la
catastrophe.
La
coulée
d’airain fut un désastre. Hiram
désespéré songeant à la
reine
de Saba dont il
s’était aussi épris ne
quitta pas les lieux.
Il
allait être englouti
sous les flots de ce
métal brûlant lorsque
apparût
Tubalcaïn,
fils de Lamzeh qui l’amena
au centre de la
Terre
où l’on
pouvait goûter aux fruits de
l’arbre de la Science, et
Tubalcaïn,
cet
ancêtre des constructeurs, lui
fit don de son
précieux
marteau.
Revenu sur la terre, grâce
à ce merveilleux
instrument, Hiram
répara
le désastre. La reine de Saba, remplie
d’admiration eut le
coeur
inondé de joie.
Un
jour Hiram qui cherchait la
solitude, vint
sans le vouloir à la
rencontre
de la reine de Saba. C’est
alors
qu’ils décidèrent de se
prendre
pour époux et de
quitter tous les
deux Jérusalem.
Mais les trois mauvais compagnons se
présentèrent au roi et lui
dire
que chaque soir Hiram se
glissait sous
la tente de la reine et
restait
avec
elle
jusqu’à l’aube. Quand Hiram
informa le roi
Salomon
de son désir de quitter Jérusalem,
celui-ci ne fit aucune
objection.
De son
côté,
après avoir confié à Hiram
qu’elle gardait en son sein le
fruit de leur amour, la reine de Saba
quitta Jérusalem.
Hiram
visita une dernière
le Temple avant son
départ et c’est
alors
qu’il fut
assassiné par les trois
compagnons.
Nerval a transposé dans
son roman ce qu’il
pensait être le mythe
fondateur
de la Franc-maçonnerie.
Christian
Jacq a repris
partiellement
cette histoire dans son
roman «
Maître Hiram et le
Roi
Salomon
».
Voilà, mes Soeurs et mes
Frères, l’histoire,
on pourrait presque
dire
les
histoires de la légendaire
Reine de
Saba.
Alors,
cela nous amène
tout naturellement à
la question suivante :
Pourquoi
avoir choisi le nom de
« Reine de
Saba » pour ce nouvel
atelier
de la GLCS ?
Les
raisons sont multiples :
La première est
évidente : La reine de Saba
est liée directement à
Salomon,
et donc, de facto, au
Temple
et à la légende d’Hiram,
fondateur
pour nous autres
maçons. C’est
l’occasion de rappeler à nos
Frères Apprentis, qu’une
grande partie de
nos symboles et des
éléments
présents dans l’atelier sont issus
de ce mythe.
Le
siège du
vénérable, par exemple, s’appelle
« le trône de
Salomon
».
Les
colonnes à
l’entrée du Temple portent les
lettres J et B,
premières
lettres des mots Jakin et Boaz qui
étaient inscrits sur les
colonnes
du Temple de
Jérusalem…
C’est aussi à
cause de la légende hiramique
qu’on appelle les MM
«
Enfants de la veuve » car
chaque maître est
considéré comme
une
réincarnation
d’Hiram et comme tel,
enfant de sa veuve.
La deuxième raison du
choix de ce nom pour
notre nouvel atelier
est
tout aussi
évidente : par ce choix,
nous
rendons hommage à
travers
« La reine de Saba
», aux femmes,
j’ajouterais volontiers
aux
femmes « souveraines ».
De
nombreuses obédiences
ont fermé leurs
portes aux soeurs ou
refusent
encore
la mixité, au nom
d’une
lecture restrictive des
landmarks.
Les
membres fondateurs de la GLCS,
tous
maçons d’expérience,
en ont
décidé
autrement. Le choix du nom de
cet atelier, je devrais
dire
loge car
le mot est
féminin, va donc
dans ce sens.
La troisième raison
c’est que la reine de
Saba est une figure
extraordinairement
moderne. Imaginez, pour
son époque (il y a
près
de 3000 ans) mais
aussi pour la Bible !
Une femme belle,
libre,
sage et indépendante, qui de surcroît
exerce le pouvoir
politique…et
qui parle
d’égal à égal avec le
plus sage des rois :
Salomon.
La quatrième raison qui
justifie le choix du
nom de la Reine de
Saba
pour notre
atelier est sa dimension
universelle.
En
effet, nous la retrouvons dans la
Bible
aussi bien dans l’Ancien
que le
Nouveau Testament, mais aussi dans le
Coran. Elle est
commune
aux religions abrahamiques
que sont,
le judaïsme, le
christianisme
et
l’Islam. Je rappelle,
à ce
sujet, que nous prêtons
serment
sur ces grands livres au
cours de
notre initiation comme
lors
de nos
augmentations de salaires.
Enfin, en plus du lien avec la
légende
hiramique, on peut voir
dans
le
voyage de la Reine de Saba, une
dimension maçonnique à
travers
plusieurs points :
-
C’est la recherche de la
sagesse qui motive
la rencontre avec
Salomon.
La
jeune reine ne se contente pas
d’une vie
pourtant enviable et
confortable
mais
va quitter longuement son
royaume pour partir
à
la
recherche de la
Sagesse.
N’y a t’il pas
là un peu de la démarche que
chacun d’entre nous a
fait
un
jour pou pousser la porte de Temple ?
-
D’autre part, il y a dans
l’histoire de la
reine de Saba, la notion
de
voyage,
voyage dont elle revint enrichie
que l’on peut
rapprocher
des
voyages si importants
dans nos
rites maçonniques,
pratiqués
et symbolisés au
cours de
l’initiation et des
augmentations
de salaires qui suivent.
Enfin, la rencontre des deux
souverains
illustre la possibilité
d’abolir
et de dépasser le
conflit entre
l’homme et la femme.
Elle
témoigne
d’une absence de domination de
l’un sur l’autre
lorsque
les deux sont sages et
peuvent se
parler d’égal à
égal…c’est
aussi ce que nous avons toujours
pensé, ici, à la
Grande
Loge des Cultures et de la
Spiritualité.
Alors, longue vie à notre
nouvel atelier,
longue vie à « La reine de
Saba
».
J’ai dit V\M\.
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