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Cabale et mécanique quantique J’ai écrit cette planche peu de temps après mon élévation et essentiellement pour pouvoir faire une mise au point. En effet, depuis mon entrée en maçonnerie, il y a un peu plus de quatre ans, j’ai consacré beaucoup de temps et le plus souvent tout seul, à étudier des sujets portant sur l’ésotérisme chrétien. Comme apprenti, puis comme compagnon, j’ai fait des recherches sur la Gnose, le christianisme primitif, les esséniens, les évangiles apocryphes, les cathares, les templiers, la Quête du Graal et bien sûr la Kabbale. Cette soif de connaissances, ce désir d’approfondir ma spiritualité m’a souvent marginalisé et fait passer pour un professionnel de la « cordonite » pressé d’arriver au sommet et peu fraternel parce que travaillant seul. A notre dernière tenue et alors que je finissais par me demander si ma démarche était la bonne, notre Frère Christian a affirmé avec force que l’étude de la Kabbale était une partie intégrante de notre parcours maçonnique et ce dès notre entrée dans l’Ordre. Sa position est d’ailleurs très proche de celle des cabalistes, et l’un d’eux à ce sujet a écrit : « La première phase de l’étude de la Cabale consiste à lire le plus possible d’ouvrages et à faire passer à travers soi le plus possible de connaissances.. » Je vous avoue mes frères que cette vision de la progression vers la spiritualité, me plaît beaucoup, « lire le plus possible d’ouvrages, faire passer à travers soi le plus possible de connaissances », en un mot ne pas brider cette envie de connaître et de se connaître, voilà enfin une vision éclairée de la progression initiatique qui s’applique totalement à notre parcours maçonnique. Je ne vais pas insister ce soir sur les liens étroits qui unissent notre Rite avec la Kabbale, il suffit de savoir que Martinez de Pasqualy était un cabaliste convaincu et que Jean-Baptiste Willermoz s’est largement inspiré de ses idées pour écrire les différents rituels du Régime Ecossais Rectifié. Ceci étant posé, nous pouvons maintenant entrer dans le vif du sujet. La Création du monde procède de plusieurs explications dont une nous est donnée dés le grade d’apprenti dans le Prologue de St Jean : « au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu-par lui tout à été fait-et sans lui rien n’a été fait de ce qui est fait. En lui était la Vie et la Vie était la Lumière des hommes. Et la Lumière luit dans les ténèbres et les Ténèbres ne l’ont pas comprise.. » Ces versets ont suscité en moi le désir d’essayer de comprendre le Mystère de la Création et de progresser vers la Connaissance Suprême, la Gnose, celle qui nous rapproche de Dieu et qui nous rend à son image. Vaste programme, les cabalistes estiment qu’il faut de trois à cinq ans d’études approfondies pour appréhender les différents mondes spirituels et les comprendre. C’est à la fois long et court, mais le temps presse pour franchir les 125 degrés spirituels qu’un cherchant doit atteindre au cours de sa vie pour maîtriser les enseignements cabalistiques. Les principaux textes de la Cabale nous donnent une autre vision de la Création, en voici un extrait : « Sachez qu’avant la Création, seule existait la lumière supérieure qui, simple et infinie, emplissait l’univers dans son moindre espace. Il n’y avait ni premier ni dernier, ni commencement ni fin. Tout était douce lumière, harmonieusement et uniformément équilibrée en une apparence et une affinité parfaite, quand par la volonté de Dieu furent crée le monde et Ses créatures, dévoilant ainsi sa perfection, source de la création du monde. Voilà qu’il se contracta en son point central, et il y eu alors restriction et retrait de lumière, laissant autour du point central entouré de lumière un espace vide formé de cercles. Après cette restriction, d’En haut vers En bas, un rayon s’est retiré de la lumière infinie, puis il est descendu graduellement par évolution dans l’espace vide. Epousant ce rayon, la lumière infinie dans l’espace vide est alors descendue et tous les mondes parfaits furent émanés.. » Ce qui me frappe mes frères, entre les deux textes, celui de St Jean et celui-ci, c’est la présence commune de la Lumière et des ténèbres, du Bien et du Mal, symbolisés dans nos loges par le pavé mosaïque. En fait qu’est-ce que la Cabale ? Je ne vais pas m’étendre sur son Histoire, je vais simplement vous en donner une courte définition : la Kabbale, c’est la voie de l’ésotérisme hébraïque, la forme spécifiquement hébraïque de la Tradition Primordiale chère à Guénon. Il est important de noter qu’il existe aussi une Cabale chrétienne, Pic de La Mirandole en fut un des précurseurs, mais cet aspect plus spécifique de la Kabbale fera l’objet d’un autre travail. Le sens du mot Qabalah nous est donné par sa racine QBL qui signifie recevoir et accepter. En d’autres termes, le cabaliste est celui qui va à la rencontre de l’autre pour le recevoir, l’accepter et ne former avec lui qu’un seul cœur. Vous voyez mes frères les cabalistes et les maçons ont en commun un profond idéal de fraternité ajouté à une volonté immense de recherche et de Connaissance. La Kabbale repose entièrement sur cette singularité de l’Ecriture Sainte, selon ce qu’en rapporte le Zohar, un des fondements de la littérature cabalistique : « Dans chaque parole de l’Ecriture, le Saint, béni soit-il a caché un mystère suprême qui est l’âme du mot, et d’autres mystères moins profonds qui sont l’enveloppe du premier mystère. L’homme profane ne voit dans chaque mot que le corps, c’est à dire le sens littéral. Par contre les hommes clairvoyants voient dans chaque mot l’enveloppe qui entoure l’âme et au travers de cette enveloppe, ils entrevoient l’âme bien que la vue claire et nette de celle-ci leur soit impossible.. » La force des mots, la puissance du Verbe, la Création repose sur ces concepts. En fait, la Sagesse d’En Haut qui fut révélée à Moïse, au Mont Sinaï, en même temps que le Pentateuque, la Loi écrite de l’éxotèrisme du judaïsme constitue la connaissance cachée qui est l’objet de l’ésotérisme hébraïque : « La Kabbale, Loi orale secrète, recoupe le Pentateuque, Loi écrite qu’elle TRANSCENDE. Tout est là et vous comprenez maintenant pourquoi l’enseignement de la Kabbale et sa transmission n’était réservée qu’à des initiés et à des rabbins triés sur le volet. J’ai mis cette phrase à l’imparfait car depuis quelques temps, l’étude de la Kabbale est ouverte à tous ceux qui cherchent, sans exclusive, avec une simple barrière naturelle, la langue hébraïque. A ce sujet, la Cabale si elle est moins une technique de décryptage qu’un mode de vie spirituel, possède un mode opératoire très spécifique pour lequel elle dispose d’instruments dont les plus connus sont l’alphabet hébraïque composé de 22 lettres et les 10 séphiroths le tout aboutissant aux 32 voies de la Sagesse. Pour les cabalistes, les 22 lettres de l’alphabet hébreux sont les instruments de la Création. En effet, d’après la Tradition, les lettres sont des éléments constitutifs des vibrations de l’Univers. Dans l’ordre inverse, à partir de la dernière lette, « taw » qui signifie le signe, les différentes lettres se présentent successivement devant Dieu pour créer le monde. Il les écarte les unes après les autres, mais retient « bet », la deuxième lettre qui a valeur 2 pour créer le monde. La même tradition enseigne que d’une part les lettres sont des anges et que d’autre part, à chaque âme sur terre correspond une lettre de l’écriture, chaque âme étant une lettre et devant y trouver sa place. L’alphabet hébreu est structuré en 3 lettres mères, 7 lettres redoublées et 12 lettres simples, elles ont chacune une valeur numérique qui traduit une réalité. Un exemple, le mot NOM se dit CHEM en hébreu et possède une valeur numérique de 300+40=340 et le mot NOMBRE se dit SEPHAR et possède la même valeur numérique à savoir 60+80+200=340. On nomme Guématrie cette méthode qui établit une correspondance entre les lettres, les mots mais aussi les versets de la Bible, correspondance qui permet d’ouvrir de nouveaux horizons dans l’interprétation des textes sacrés. Les séphiroths sont les émanations de la puissance divine. Ils sont au nombre de 10 et constituent avec les 22 lettres de l’alphabet hébreu, les 32 mystérieux chemins de la Sagesse selon lesquels Dieu a crée le monde. Chaque séphira est l’archétype d’un membre ou d’un organe de l’homme et la totalité des séphiroths constituent, "l’Homme d’En Haut ", ou l’Adam Kadmon, l’Adam Primordial. Petite parenthèse, l’ésotérisme s’appuie sur un principe écrit dans la Table d’Emeraude qui proclame que tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas, le microcosme correspondant au macrocosme et vice-versa. Je ne vais pas trop insister sur les séphiroths, juste vous donner leurs noms. La première est KETHER, la Couronne et la dixième est MALKHUT, le Royaume. Les autres séphiroths unissent donc la tête, point suprême où commencent les mystères intelligibles au Royaume. De KETHER émanent successivement, HOCHMAH, la Sagesse, l’intelligence, BINAH, la Mère, HESED, la Miséricorde, GEBURAH la Rigueur, le Jugement, TIPHERET, la Beauté, NETSAH, l’Eternité, HOD, la Gloire et YESOD, le fondement. Un travail sur l’Arbre de Vie vous donnera plus d’explications sur l’importance des séphiroths dans la Kabbale, mais à ce stade de ma planche, je dois vous avouer qu’il me faut rester humble par rapport à la masse de connaissances qui relèvent de ce sujet. Cependant, dans ma recherche des causes premières de la Création, j’ai été interpellé par cette idée développée dans le Zohar, qui met en évidence, au-dessus du monde des séphiroths "par lequel Dieu se manifeste ", un monde caché appelé EN-SOPH, la « Volonté Suprême », un monde sans commencement ni fin, sans limites qui demeure totalement inaccessible à l’homme. Il existe donc une limite à notre connaissance et à notre compréhension, une idée que l’on ne pourra jamais atteindre, un infini jamais explicable avec des concepts humains. Et pourtant la Création du monde s’explique selon la Kabbale par une contraction de L’EN-SOPH, contraction nommée tsimtsoum qui a permis l’apparition d’un vide dans lequel allait se manifester le miroir de l’existence. Puis, nous l’avons déjà évoqué, un rayon de lumière a été produit, venant de l’En-Soph, rayon qui s’est manifesté à dix niveaux différents connus sous le nom de séphiroths. En fait et pour résumer, l’Univers a été crée, selon la Kabbale par une rétractation divine, du néant a surgi la lumière qui a progressivement installé la nature et la Vie. Si l’on rapproche une dernière fois le Zohar et l’évangile de St Jean on comprend aisément que le Verbe et le Premier Rayon de Lumière procèdent du même concept. Voulant expliquer le phénomène de la Création par des moyens plus scientifiques, j’ai cherché du côté de la mécanique quantique, en essayant de répondre à cette question fondamentale, existe-t-il des vides créateurs de Lumière et de matière ? Pour répondre à cette interrogation primordiale, je dois d’abord vous expliquer succinctement ce qu’est la mécanique quantique. Développée au début du 20ème siècle, la mécanique quantique est la théorie qui décrit le monde microscopique des atomes et des particules. Elle remet en question la physique classique, héritage de Newton et de Galilée.Pendant longtemps, on a cru que le fonctionnement du monde atomique, inaccessible directement à nos sens était similaire à celui du monde macroscopique, celui de la vie de tous les jours. On ne faisait qu’appliquer le fameux « tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », d’Hermès Trimégiste. On croyait par exemple, que l’atome ressemblait à un système solaire miniature, les électrons jouant le rôle de planètes autour du noyau. En fait, il n’en est rien. Le principe d’incertitude de Heisenberg explique à ce sujet que l’on ne peut pas connaître précisément à la fois, la position et la vitesse d’une particule et qu’en général, un électron ne possède pas une vitesse et une position bien définie, alors aller leur imaginer des orbite au sein de micros systèmes solaires, c’est totalement impossible. Ces concepts de position et de vitesse tirés de la vie courante perdent leur sens dans le monde quantique. Autre principe « révolutionnaire », une particule peut pendant un laps de temps infime, se trouver à deux endroits à la fois, on dit qu’elle est dans un état superposé, à la fois ici et là-bas. Je passe enfin, sur la notion encore plus déroutante de téléportation quantique, pour vous dire que nous ne sommes pas dans la science-fiction et que la mécanique quantique est une science totalement exacte. Et l’explication de la Création, où s’inscrit-elle ? Selon la théorie des quantas, notre Univers est bien issu d’un vide, mais celui-ci contenait « quelque chose », le néant absolu n’ayant pas existé. En fait ce vide d’avant la Création était plein d’énergie, de champs et de particules, à l’état virtuel, de la matière et de l’anti-matière apparaissant et disparaissant comme des bulles de savon. Notre monde actuel serait issu de la fluctuation de ce vide non vide(la Cabale parle de rétractation) qui aurait donné à l’Univers son propre espace-temps, ses lois, sa physique et plus important encore, la façon dont s’est brisée l’Unité originelle pour engendrer les forces et les particules que nous y trouvons. L’élément décisif dans la théorie quantique est la densité de l’Univers au moment de la Création ; si celle-ci est élevée alors l’espace temps se courbe, la gravitation l’emporte et l’Univers SE CONTRACTE. Nous y sommes, contraction, rétractation, même si les phénomènes ne sont pas rigoureusement similaires, tous cela procède du même concept. Pour le physicien quantique, le vide est l’état latent de la réalité et la matière son état manifeste, il y a eu brisure du vide dans la Lumière ce qui a crée la matière ; « et le Verbe s’est fait chair »(St Jean), « la lumière infinie dans l’espace vide est descendue et tous les mondes parfaits furent émanés(Kabbale). » La Kabbale et le Prologue de St Jean nous proposent une explication allégorique de la Création. Dieu par son souffle divin a fait surgir du néant des particules latentes de matière et d’anti-matière ce qui a aboutit à la formation de l’Univers. Le vide évoqué dans le Zohar se retrouvant dans la notion de vide quantique. Respectable Député Maître, avec ce travail, j’ai essayé de vous communiquer ma soif de connaissances qui m’a pris dés mon initiation. Le rôle du Maître Ecossais de St André est un rôle d’encadrement et de transmission, en tout cas c’est comme cela que je le conçois. La Kabbale nous dit qu’elle ne peut être étudiée par des profanes ayant moins de quarante ans, qu’il faut attendre avant de s’engager sur la voie de la spiritualité, mais qu’il n’existe aucune limite à la soif de connaissance du cherchant, le rôle du Maître étant de canaliser celle-ci et non de la réfréner. Comme Second et bientôt Premier Surveillant d’une loge de St Jean travaillant au Rite Ecossais Rectifié, et comme Maître Ecossais de St André, j’ai le devoir d’accroître constamment mes connaissances pour mieux les transmettre, mais aussi je dois être capable d’encourager et non de freiner tous mes frères, Compagnons et Apprentis qui cherchent sans compter pour apporter leur Pierre au Temple de notre Ordre. Jean Baptiste Willermoz a mis beaucoup de temps pour écrire le rituel de Maître Ecossais de St André, il l’a voulu parfait et complet. Ce grand maçon, créateur du Régime Ecossais Rectifié, fut initié à l’âge de vingt ans et Vénérable de sa loge deux ans après. Passionné de maçonnerie, il rédigea les premiers rituels après avoir passé une multitude de Hauts Grades. Son but créer une synthèse parfaite et complète de tous les rites existant à la fin du 18ème siècle. Aujourd’hui et pour faire honneur à ce qu’il nous a légué, nous nous devons de travailler sans relâche à notre perfectionnement en cherchant sans préjugés ni limites à comprendre tout ce que les différents rites peuvent nous apporter dans la compréhension de nos propres rituels. Le rôle du Maître Ecossais de St André est triple. Il doit avant tout se former pour pouvoir répondre aux demandes des frères des loges bleues. Il doit ensuite encadrer les ateliers travaillant aux trois grades du Rite Ecossais Rectifié en veillant à la stricte observance des rituels et à la qualité des cérémonies Enfin il doit transmettre au sens cabaliste du terme, tel le Maître qui donne la Connaissance à celui qui deviendra un jour Maître à son tour. Nietzsche disait : « Tout Maître n’a qu’un seul élève, mais il arrive qu’un jour l’élève dépasse le Maître ». C’est un beau challenge et une noble mission que de faire de nos apprentis des compagnons et de nos compagnons des maîtres, c’est le sens de notre chaîne d’Union, c’est une grande responsabilité, mais c’est aussi une grande fierté d’appartenir à ce Rite, transmis de générations en générations, dans la plus pure Tradition maçonnique. |
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