Obédience : NC | Loge : Le delta du bénin - Orient de Lomé - Togo - Afrique de l'ouest. | Date : NC |
La légende d’Hiram L’initiation
au troisième degré permet au postulant qui en a
été jugé digne de vivre en le
jouant lui-même, comme acteur, tout en étant le
principal destinataire du
message issu de cette épreuve, le psychodrame de
la mort d’Hiram. Mais cet épisode de la mort est suivi par un autre acte dont le mystère est plus subtil, celui de la résurrection du Maître Hiram au travers et en la personne de tout nouveau Maître qui subit cette élévation ou exaltation. « La légende d’Hiram » tel est le sujet de méditation que nous soumettons à votre réflexion ce soir. En littérature, les définitions et exemples du mot légende abondent beaucoup, nous vous en donnons quelques uns pour la compréhension du sujet. Le Dictionnaire Larousse définit le mot légende comme un livre contenant les actes des saints pour toute l'année, appelé ainsi parce qu'à certains jours on désignait la portion qui devait être lue. D’après Jacques de VORAGINE, la légende dorée est une compilation des vies des saints composée dans le XIIIe siècle. Il poursuit en disant : je cite « Ce saint ne fut jamais dans la légende ; c'est-à-dire que c'est un homme qui n'a pas les qualités qu'on lui attribue. On lui garde une place dans la légende, signifie qu’on lui réserve une place parmi les héros ». Fin de citation. Le
Dictionnaire Micro
Robert nous apprend que la légende est un récit
merveilleux et populaire de quelques événements
des temps passés, où les faits
historiques sont transformés par l’imagination
humaine ou par l’invention des
poètes. Par extension, tout récit mythique et
traditionnel. L'histoire de
Charlemagne, dans les chansons de geste, est devenue une
véritable légende.
MONTALEMBERT nous dit dans son ouvrage :
« les Moines de
l'Occident » :
je cite : « Innombrables
sont les légendes qui nous
montrent les bêtes fauves obéissant à
la voix des moines, réduites à une sorte
de domesticité par ces hommes de Dieu, obligées
de les servir et de les
suivre ». Fin de citation. D’autre part,
nous retiendrons que la légende
est une histoire déformée et embellie par la
manie des hommes. Pour étayer ces
définitions : écoutons plutôt
ce récit : « Dans une
contrée très
éloignée, vivait la famille LIBIZANGOMO (Papa,
maman, et le chat RASPOUTINE).
Ils étaient les seuls à habiter cette
planète en toute tranquillité, jusqu’au
jour où papa LIBIZANGOMO aperçut une
drôle de fumée et une nouvelle et insolite
case occupée par une famille inconnue. Qui sont ces
gens ? Que
font-ils ? Comment vivent-ils ? Autant
de questions auxquelles on peut répondre par la peur et le
repris sur soi ou
alors par l’acceptation de l’autre et de ses
différences ». Cette
narration est une légende. Quant au nom Hiram, l’histoire nous révèle qu’il existe deux principaux personnages de cette appellation. Premier Hiram : Roi de Tyr, succéda à son père ABIBAAL roi de Tyr. Il travailla au développement et à la prospérité de sa cité en agrandissant les deux ports et en les reliant par un canal qui traversait la ville. Il érigea de nouveaux temples pour leurs dieux. Son activité ne manqua pas d’attirer l’admiration de ses voisins et contemporains ; les rois successifs d’Israël ; David et Salomon, avec qui il entretient des liens amicaux et commerciaux. Désiré d’offrir un temple pour son dieu, le roi David contacta Hiram pour les préparatifs. La mort l’ayant arraché aux siens, c’est à son fils le roi Salomon que revint la charge de mener à terme ce projet. Il demanda au roi Hiram de lui fournir le bois de cèdre et de lui prêter ses architectes et maçons afin de réaliser son dessein. Le message précisait : je cite : « tu sais bien que mon père David n’a pas pu construire un temple pour le nom de Yahvé, son dieu, à cause de la guerre que les ennemis lui ont faites de tous côtés, jusqu’à ce que Yahvé les eut mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, Yahvé, mon dieu m’a donné la tranquillité aux alentours ; je n’ai ni adversaires, ni contrariété du sors. Je pense donc construire un temple au nom de Yahvé, mon Dieu, selon ce que Yahvé a dit à mon père David… maintenant, ordonne que l’on coupe des arbres du Liban, mes serviteurs seront avec tes serviteurs et je te paierai la location de tes services selon tout ce que tu me fixeras… »…Fin de citation. Le pacte entre Hiram et Salomon fut honoré et dura vingt ans. Deuxième Hiram : l’Architecte, et Ingénieur, envoyé par son souverain Hiram, roi de Tyr, apparaît, dans l’histoire biblique, sous le règne de Salomon, roi d’Israël et fils de David. Son nom est évoqué dans la bible au passage de 1 Rois chapitre 7 verset 13. Spécialiste du travail de bronze, « rempli de sagesse, d’intelligence, et de connaissance » ; il s’occupa, à la demande de Salomon, de la Construction et de la décoration du temple dédié à Yahvé. Les FM s’identifient symboliquement comme les enfants de la veuve. Cette expression renvoie aussi à Hiram ; la Bible précise en effet qu’il est le fils d’une veuve de la tribu de Nephthali. La présence de père semble récurrente dans les mythologies. A partir du 18ème siècle, la vie et la mort d’Hiram, l’architecte, enrichies par les légendes, deviennent un mythe initiatique qui inspire les rituels maçonniques. D’après le récit mythique, Hiram ou Hiram ABIF fut assassiné à la fin des travaux du temple vers 1570 avant notre ère par trois mauvais compagnons à qui il a refusé de donner la parole secrète. Nous attirons l’attention des frères que les vocabulaires légende, mythe, saga, conte, tradition et fable, sont tous des récits transmis oralement avec un fond historique vraisemblable. Cet
exposé, à connotation didactique,
tracé à l’attention
particulière des jeunes
MM :. de notre atelier, tentera d’explorer le chemin
qui mène de la mort à
la résurrection, à travers cette initiation
particulière au troisième
grade, afin de susciter une réflexion sur le
symbolisme qui peut
interpeller tout FM dans ses voyages et dans sa quête
perpétuelle à la
recherche de la vérité. Notre
morceau d’architecture est structuré en trois
chapitres : Dans
un premier chapitre, nous traiterons le contexte dans lequel survient
la mort
d’Hiram, sa finalité ainsi que l’impact
psychologique sur le postulant. Dans
un second chapitre, nous analyserons le mystère de la
résurrection avec ses
corollaires. Et en
troisième chapitre, nous dégagerons
l’enseignement moral de cette légende
d’Hiram. I.
LE CONTEXTE DANS
LEQUEL SURVIENT LA MORT D’HIRAM Le FM
s’accoutume à l’idée de la
mort dès son entrée en maçonnerie. Le
vieil
homme dont il doit se dépouiller afin de vivre en
initié, en homme
nouveau, paraît déjà comme
une invite à mourir à la vie profane ! Il
s’efforce donc dans la pénombre du septentrion
à faire sa mue afin d’abandonner
sa peau de profane progressivement, avant de resplendir au midi sous
une
lumière vive, dans une enveloppe charnelle mystique
nouvelle, due à
l’enseignement qu’il
reçoit, au maniement des outils, à
l’interpellation et à la
pénétration timide mais perceptible des symboles
sur
le néophyte qu’il demeure, pendant tout son
compagnonnage. Ce
n’est que lors de la cérémonie
d’exaltation
à la maîtrise que lui est
présentée
la Mort physique, relatée et
reconstituée à
travers l’assassinat du
M :. Hiram. Il
entre donc cette fois dans une Loge transformée en
chambre funéraire, où
le deuil a plongé dans la tristesse et le
désarroi des ouvriers consternés et
atterrés qui perçoivent dès lors que
le chantier ne verra jamais de fin. La
cérémonie centrale de
l'élévation à la maîtrise
s'accomplit d'une manière assez
différente suivant les rites. Au
REAA, un cercueil se trouve à la place du tapis de loge.
D'autres symboles de
la mort ornent la Loge : dès fois un crâne est
posé sur le plateau du TVM.
L'Atelier est tendu de noir, souvent les tentures sont
parsemées de larmes
blanches ; tout cet ensemble prête au lieu une
atmosphère de deuil, de
tristesse et d’accablement. On
n'aperçoit qu'un seul symbole de la vie,
une verdoyante branche d'acacia. Le rituel, raconté aux
initiables, est fondé
sur la légende d'Hiram, base même du grade de
Maître. En
réalité cette légende
débute au grade d'Apprenti ou cependant son rôle
n'est
pas apparent. En
guise de rappel, voici
le récit du mythe d'Hiram. Le roi Salomon avait
confié à Hiram Abif la
direction de la construction du temple. Selon la Bible, ce personnage,
habile
dans le travail des métaux, était le fils d'une
veuve ; son souverain, le roi
Hiram de Tyr, le mit à la disposition de Salomon qui,
appréciant ses multiples
connaissances techniques, le chargea de suivre
la construction du temple. Hiram
Abif organisa donc - et il fut le premier à le
faire- les ouvriers, les
groupa en trois grades selon leurs capacités et
établit leurs salaires d'après
ces grades. Chacun d'eux avait ses propres signes de reconnaissance au
moyen
desquels les ouvriers se légitimaient à l'heure
du paiement des salaires. Les
apprentis touchaient leur dû au pied de la colonne B :.
Les
compagnons au pied de la colonne J :. les
maîtres enfin recevaient
le leur en Chambre du Milieu. Mais
il arriva, lorsque les travaux touchant à leur fin, que
certains ouvriers des
deux grades inférieurs devinrent envieux des salaires plus
élevés que
touchaient les maîtres ; aussi, trois compagnons
mécontents tentèrent-ils un
jour de se procurer la parole de maître afin de recevoir le
salaire non mérité
correspondant à ce grade. Ils s'attaquèrent au
Maître Hiram qui, vaillamment,
refusa de leur livrer le secret. Alors l'un des compagnons,
posté à la porte du
septentrion avec le lourd plomb de son outil, donna un coup
à la tête du
maître. Hiram réussit à
détourner le coup, qui le frappa seulement à
l’épaule
droite, mais il subit un engourdissement qui lui fit tomber sur le
genou droit.
Il chercha à s'enfuir, mais à la porte de
l’occident, le second conjuré lui
demanda la parole de manière menaçante et ne l'ayant pas
davantage obtenue, lui porta un violent coup avec le
niveau à la tête, qui est
détourné à
l’épaule gauche. Sous la violence du
coup, Hiram tomba
sur le genou gauche.
Tout étourdi, gravement frappé, Hiram se
traîna à la porte de l’orient
où le
troisième compagnon, après lui avoir vainement
réclamé le mot, l'abattit d'un
coup de maillet au front. Hiram tomba mort et la frayeur s'empara des
meurtriers qui cherchèrent à faire
disparaître le cadavre du Maître
assassiné.
Tout d'abord, ils le recouvrirent des décombres qui
jonchèrent le lieu du crime
pour le transporter plus tard en quelque endroit abandonné
où ils
l'enterrèrent. Mais lorsque l'on s'aperçut de
l'absence d'Hiram, les soupçons
se portèrent aussitôt sur les trois compagnons qui
ont disparu. Le
roi Salomon envoya, trois fois trois, au total neuf maîtres,
à la recherche d'Hiram Abif ;
après avoir longtemps
erré, ceux-ci découvrirent la tombe
fraîchement creusée sur laquelle les
assassins ont placé une branche d'acacia, afin d'en
reconnaître aisément
l'emplacement lorsqu'ils iraient faire disparaître
définitivement le cadavre. Comme
il était à craindre que la parole de
maître eût été trahie, le roi
ordonna
qu'une nouvelle parole soit adoptée, et il fut
décidé que les premières paroles
prononcées lors de l'exhumation de la dépouille
d'Hiram serviraient à cet
usage. C'est
ainsi que la parole dont les initiales
M :. B :. se trouvant sur le
tablier du MM :. qui échappa
à celui qui avait saisi la main du maître
assassiné devint le mot du grade de
maître. En
vain deux d'entre les maîtres tentèrent-ils de
relever le mort au moyen de
l'attouchement d'apprenti, puis de compagnon ; ce ne fut
qu'à l'aide des cinq
p. p. de la maîtrise que le mort fut relevé de son
tombeau. Ici
se termine la légende d'Hiram telle qu'elle figure dans la
FM symbolique. Ce
récit, en raccourci, nous permet de constater non seulement
la cupidité des
trois compagnons, mais également leur stupidité,
comment arracher un secret à
quelqu’un en le frappant de la sorte ? On se rend
bien compte que ceux-ci ne
pouvaient pas accéder aux grades de maîtres. Ils
n’avaient ni la réflexion, ni
la mesure de leurs gestes… Cependant, à leur
décharge, ce meurtre n’était sans
doute pas prémédité.
C’était un accident ! Comme quoi la
bêtise,
l’ignorance, la malhonnêteté, et
l’ambition peuvent faire aboutir à un acte
irresponsable dont l’issue peut-être fatale et
irréversible. Mais les légendes
sont faites pour nous faire rêver et changer le cours de
l’histoire, en nous
amenant, grâce aux valeurs morales qu’elles
préconisent, et par des
rebondissements, à une fin plus honorable,
désirée autant par le cœur et par
l’esprit. Au
cours de la cérémonie de
l'élévation
à la maîtrise, cette légende est
racontée
aux récipiendaires ; il est encore aujourd'hui d'usage que
le
compagnon y
représente symboliquement le maître Hiram. Au
moyen des trois outils ayant servi au crime, il est abattu et
étendu, puis
recouvert d'un linceul ; et par l'attouchement
parfait de Maître, le
Très Vénérable Maître le
relève de sa tombe et le ramène à la
vie. Cette
première forme, la plus ancienne, de
l'élévation à la maîtrise,
se pratique
encore dans de nombreuses Loges. Il y
a lieu de dire encore quelques mots de l'acacia qui joue un
rôle important dans
la symbolique du grade et auquel il est fait allusion dès la
première question
du catéchisme de maître. « Etes-vous
MM ? » La réponse
est « l’acacia m’est
connu ». Symbole de
pérennité, cet arbre
est sacré en Egypte. Ses branches confèrent
l'immortalité. Seul
élément coloré et lumineux, visible
lors de toute la cérémonie
d'élévation au
grade de maitre ; l'acacia
peut
être définie comme une force vitale qui perdure ;
un message de joie et
d'espérance, un gage de paix, et de résurrection. Dans
la Loge de Maître, tous les emblèmes et
symboles rappellent la mort et la fragilité des choses ;
seul le rameau
d'acacia est un symbole de la vie. En
tant qu'allégorie, la légende d'Hiram peut
trouver différentes explications
suivant le point de vue auquel on se place. Pour la
Maçonnerie chrétienne,
Hiram représente le Christ crucifié, victime du
fanatisme, de l'intolérance et
de la vengeance. Au
point de vue politique, il symbolise la liberté, tandis que
ses meurtriers sont
l'image de l'ignorance, de la crédulité et de
l'état de servage qui en résulte.
Sur le plan astrologique Hiram est également une
allégorie du soleil qui,
durant les trois derniers mois de l'année, est en quelque
sorte enchaîné. On
peut attribuer aussi au mythe d’Hiram une
signification d’ordre général. Il peut
suggérer aussi que ceux qui œuvrent pour
le progrès de l’homme ont des adversaires
redoutables et doivent résister à
leurs menaces. Cette légende apprend aux enfants de la
veuve, qui édifient le
temple de la fraternité et de la solidarité
humaine que leurs tâches comportent
une lutte incessante contre l’ignorance,
le
fanatisme, et l’ambition
déréglée symbolisés par les
trois mauvais CC :. Dans
certaines les civilisations, la condition préalable, pour
faire un deuil,
réside dans la présence de la
dépouille du corps du défunt ! Comme
si l’apparente reconstitution des fragments
d’une enveloppe charnelle
devenue simple « matière
biodégradable », simple
poussière,
devenait un satisfecit et remplissait à elle seule les
conditions rituelles
imposées par les mœurs
sociétales pour un au revoir, un ultime
adieu, tant cette destinée et les
appréhensions de l’après mort
sont communes !
Il semble
pourtant que cette condition est une constance de
l’interrogation humaine,
un paramètre permanent dans toutes les
mythologies.
Pourquoi ? Parce
qu’elles répondent toutes à
un même objectif, qui est l’un
des
messages cruciaux du grade qui consiste entre autres
à « rassembler
ce qui est épars ». Il
appartient bien entendu à chacun d’entre nous
d’explorer toutes les autres voies et
interprétations de ce postulat notamment
en s’efforçant de rassembler ce qui est
épars en soi ! A titre d’exemple, et en
particulier dans les civilisations africaines, les
dépouilles
paraissent bien souvent constituer un pont entre le temporel
et
l’intemporel, comme si ceux qui
décédaient allaient explorer et
préparer
dans un au-delà la venue de ceux qui les suivront.
Le deuil doit donc se
faire avec la présence du corps ou d’un
médiateur, fusse t-il, un simple
morceau d'ossement, habit, bague, etc… à
l’unique condition qu’il ait
bien appartenu au disparu. Le mort et La Mort étant ainsi
honorés, parait-il
que les difficultés de l’avenir peuvent
être affranchies en partie, amoindries
ou du moins aplanies. La
mort reste donc ainsi au centre de la vie comme les
cimetières étaient
dans nos villages. En Afrique, en particulier dans la partie
méridionale du
Togo, nous avions constaté que ; le mort est bien souvent
enterré pas loin du
village où il résidait, ou derrière
son habitation et même quelque fois dans sa
propre maison ou dans sa chambre à coucher. Dans
l'ensemble cosmique, en dépit du paradoxe des mots, la mort
est une nécessité ;
et l'homme, dès qu'il a appris à contempler les
choses sous cet angle, saura se
soumettre à l'inéluctable loi. Au
fait, est ce que la mort est une mauvaise chose ? Apparemment
oui, avec la douleur de la séparation définitive,
le vide laissé par le
disparu, le manque de chaleur humaine, et d’assistance
qu’apportaient le
défunt, et ses corollaires de problèmes qui
seront créés à titre posthume. Mais
de l’autre côté s’entrevoit
autre chose. Le
départ, dans l’au-delà d’un
être, est souvent source d’union, de
solidarité, de
réconciliation, de rassemblement, de rencontre, de partage
d’information, de
reconnaissance, d’amitié, et parfois de
réjouissances festives. Imaginons,
mes frères, comment serait le monde, notre
planète exsangue, si nous cohabitons
avec nos arrières, arrières grands
pères, nos aïeuls. Le
MM :. traverse la mort comme il enjambe le catapulte et il se
tient
debout, prêt à aller plus loin, vers de nouveaux
horizons particuliers, car
éthérés ! Il a sept ans et
même plus ! Dans
les cérémonies maç. : le
récipiendaire au titre de maître
s’identifie à
Hiram : il doit d’abord mourir pour
renaître, s’investir des qualités de
maître. Le
secret n’est que devenir
intérieur, transformation physique, morale et spirituelle
dans un processus
d’individuation. En ce sens, il est incommunicable. Ainsi la
FM reconnaît en
Hiram, un maître fondateur. C’est alors
le lieu d’analyser et même de psychanalyser
le phénomène de la résurrection
orné des corollaires indispensables à sa
réalisation. II
– LE MYSTERE DE LA RESURRECTION La
résurrection prend des formes diverses dans les
différentes civilisations,
selon les mythologies et les religions allant dans son acceptation la
plus
courante jusqu’à
la
réincarnation. Pour
le FM qui doit « aller plus
loin », il doit s’agir,
au-delà de
l’illustration descriptive, de la recherche du sens
réel du symbolisme de la
résurrection. Loin d’être une
réanimation, ce nouveau cycle, ce nouveau départ
vers une autre réalité, forge
l’espérance de sa foi maçonnique. Ce
qui lui
permet d’appréhender la mort, non comme une fin,
mais comme une délivrance afin
d’accéder à des niveaux vibratoires et
énergétiques supérieurs. Uniquement
à titre de comparaison, pour une meilleure
compréhension de nos propos et
sans entrer dans une étude approfondie de la
résurrection, on peut tirer de
l’Evangile l’analyse suivante :
il y a une différence fondamentale
entre Lazare réanimé par le miracle de
Jésus invoquant la puissance de son
père, lequel Lazare marche en sortant
ré-animé de son tombeau d’une part,
et d’autre part la
résurrection du Christ, trois jours après une
mort annoncée et préparée par la
trahison de Judas afin que ce grand
mystère se produise ! La Pâques ! Non pas
pour que Jésus devenu
Christ revienne parmi les vivants continuer à
prêcher les enseignements
qu’il prodiguait mais bien au delà, pour son
entrée dans et vers une vie
éternelle marquée par l’Ascension, sa
montée dans les cieux ! La
résurrection, dont il est question ici, mes
frères, n’est donc pas une pure
réincarnation, ni une réanimation, ni une
individuation, mais une
transformation radicale de notre temple qui propulse le nouveau
maître à un
niveau moral et spirituel très dense. Ce
dégrossissement du comp.:, effectué,
serait perceptible, visible, sensible par ses semblables. Nous
devons tous entreprendre tel Sisyphe avec son rocher et sans
relâche une
navigation permanente entre l’Equerre et le Compas, lieu
où doit se trouver le
maître maçon en plein labeur ! La
recherche de l’excellence, de la limpidité, de la
pureté, permet ainsi d’ouvrir
les portes au véritable amour fraternel dans tous nos plans
mentaux. Cet
amour limpide dont clame le passé GM Alain Pozarnik dans son
ouvrage « le
Secret de la Rose », je cite : « sagesse
universelle, celle
qui englobe en une conscience unique tous les savoirs et
dépasse, sans
les rejeter, toutes les raisons ».
Fin de citation La
résurrection peut alors apparaître dans toute sa
splendeur comme la résurgence
de son être principiel en route vers son
éternité et l’ensemble des corollaires
qui s’y rattachent participent donc et procèdent
à la finalité de l’acte de la
Création. Ceci
établit donc que la résurrection dans le mythe
d’Hiram fonde une réalité
supérieure qui s’oppose au quotidien
profane, le supplante et nous permet
d’entrevoir la finalité
du
Grand Œuvre. Toutefois
on pourrait penser que l’entrée en
scène du nouveau
maître ne devrait se faire
véritablement que lors de la résurrection,
lorsqu’il prend la place numérique
du Maître Hiram disparu, car on peut difficilement imaginer
que
le Compagnon
qui joue le rôle d’Hiram pendant
l’assassinat ait
déjà été
vêtu de
son décor de Maître ! C’est
cette difficulté de mise en scène qui magnifie
l’alchimie de la
reconstitution
du psychodrame,
car en effet il s’agit de faire vivre au postulant sa propre
mort physique afin
de le libérer du carcan de ses pesanteurs terrestres et lui
permettre de
poursuivre son voyage en s’élevant, en
fait en élevant sa conscience ! Les
mots substitués et la mise en commun des énergies
des meilleurs ouvriers du
défunt Maître vont permettre
d’aller plus en avant vers la
recherche de la vérité, ce qui
nécessite et demande un effort continu mais
aussi et d’abord un effort collectif et une
perspicacité certaine ! Il
s’agit maintenant de faire passer en avant le
« corps subtil » qui
doit entreprendre de nouveaux voyages en rapport avec sa destination
finale lumineuse. Tel
le phénix qui renaît de ses cendres, le
Maître est plus radieux que jamais, car
il a puisé dans l’énergie cosmopolite
constituée par la mystique du troisième
degré, qui exécutée dans la
commune-union des trois piliers de la Loge, à
travers les cinq points parfaits de la maîtrise,
vont faire resurgir la
vie, et donc redonner corps à l’esprit. Ainsi
peut-on en substance tirer profit d’un enseignement
intangible : le savoir
et l’érudition sont une condition certes
nécessaire, mais non suffisante à la
découverte de la Connaissance ! La connaissance ne
s’approprie pas par la
force ni sans mérite. Et l’immensité du
savoir ne suffit pas à la maîtrise
autoproclamée de la Connaissance ! C’est
bien facile d’arracher par la force un plan que de
se donner le temps de
maîtriser la science du trait et savoir le tracer. Faut-il
encore pouvoir
l’interpréter pour l’appliquer comme il
se doit ! III. L’ENSEIGNEMENT
MORAL TIRE DE LA LEGENDE D’HIRAM Pour
les FFMM, la légende d'Hiram a une double signification.
Tout d'abord, Hiram
est le symbole de l'homme de grande valeur qui, malgré les
tentations et les
persécutions, remporte la victoire sur ses faiblesses et ses
passions et se
rapproche de la perfection humaine. Les
assassins d'Hiram sont les vices qui nous empêchent de
parvenir à cet état. Or,
le vrai Maçon, demeure fort dans la tentation et sait
supporter la haine, la
calomnie, les offenses, l’hypocrisie, la roublardise, afin de demeurer
fidèle à soi-même et à
autrui. Hiram
est le symbole d'homme fidèle au devoir, même si
le devoir est inflexible comme
la fatalité, exigeant
comme la
nécessité, et
impératif comme la
destinée, symbole du FM qui préfère
mourir plutôt que de faillir à sa tâche
dont il est assermenté. Nul
danger, nulle persécution, nulle vengeance ne l'intimide.
Ses adversaires
envieux pourront certes lui porter des coups douloureux et lui faire
beaucoup
de tort dans l'opinion des hommes peu informés et non
avertis ; mais ils ne
pourront rien faire contre le bien, la justice, la logique et la raison
dont le
FM est le défenseur généreux. La
vérité, quels que soient les barrières
qu'on lui appose, finit toujours par
triompher ; et Hiram que l'on a cru abattre naît un jour
à une vie nouvelle et
meilleure. Que ce retour de la justice tarde à se produire,
d'autres hommes se
lèveront et se feront les défenseurs du droit
écrasé et de l'idéal
méconnu ;
car la force de l'idée est indestructible et la
véracité des faits est
ineffaçable. L'idée
est immortelle, sa vie se poursuit à travers les
générations humaines et les
siècles, alors même que les hommes qui l'ont
formulée pour la première fois,
qui ont lutté et sont morts pour elle, ont
été oubliés. Qu’ils reposent
en
Paix ! Nos braves et très illustres et respectables
frères passés à
l’Orient Eternel ! Mes
frères ! Sachez que l’impunité
n’existe pas en FM. Hiram
est de même un symbole de l'idée
d'immortalité ; nulle contrainte dogmatique ne
nous oblige à l'interpréter d'une
manière déterminée ; elle peut
satisfaire et
réconforter aussi bien celui qui croit
à la vie de l'âme dans l'au-delà que
celui qui voit dans le concept d'immortalité
l'expression de la constance
de l'énergie dans ce monde. Ainsi
le cercueil et le tombeau ne sont-ils pas seulement des symboles de la
mort,
mais dans une mesure égale des symboles de la vie : des
symboles du sein
maternel duquel naît la vie nouvelle. Dans la mort d'Hiram,
nous voyons notre
propre renaissance à une vie plus parfaite. Un
Maître Maçon qui connaît et comprend la
légende d'Hiram sait, nous semble t-il,
que de quelque manière que ce soit, il vivra
au-delà de sa mort : puisque rien
ne se perd dans l'univers, il y demeure éternellement pour y
jouer un rôle
aussi important que celui qu'il remplit de son vivant. Le
Maître sait que ses
actes lui survivront et que ce qu'il a créé de
grand et de bon lui conservera
la mémoire des hommes. Car
somme toute, en maçonnerie il s’agit du plan de
vie, lequel englobe la mort et
il s’agit de se construire et non de se projeter dans un
personnage modèle
fusse t-il vertueux ou glorieux. C’est
à son propre rythme que s’initie le
maçon, car il doit transcender les symboles
pour s’identifier à eux au gré des
circonstances de sa vie ! On n'est pas
initié ; on s'initie soi-même ! Si
l’aboutissement de cette vie est bien une mort
physique, et si cette mort
marque de manière douloureuse la fin d’une
étape terrestre, elle traduit
surtout et se veut d’abord la fin d’un cycle. Il
faut donc chercher derrière le crime crapuleux,
l’utilité et l’équivalence de
la fonction et du rôle d’assassin au
niveau mental ! Serait-ce
l’émanation des comportements inhibiteurs de notre
subconscient, qui
remonteraient ainsi à notre imperfection de nature
et même au péché
originel ? Tous
ces sentiments fielleux et leurs agrégats vaniteux
existent en nous en
des proportions diverses. Mais leur manifestation est plus ou moins
prononcée
selon les circonstances et selon l’environnement dans lequel
nous évoluons. Il y
a donc un effort permanent à faire pour le FM
motivé et assidu à son labeur,
afin de dominer ses passions et éviter les
réflexes égoïstes qui
diminuent sa valeur personnelle. Fuir
l’ambition démesurée et le fanatisme
aveugle qui conduisent à la mort de sa
véritable identité, donc de son
véritable maître, devient une
préoccupation
permanente du MM et il parcourt sans cesse le symbolisme des trois
degrés, car
les symboles qui les caractérisent
l’interpellent différemment et
avec plus de profondeur au fur et à mesure de son
avancement, et donc de son
élévation. Nous
référant alors à la marche de
ce Grade, le Maître arrivé
à la fin
de ses sept pas ou se tenant sur la dernière des sept
marches de l’escalier,
prêt à traverser le voile qui
sépare le Hélal du Débir
a-t-il
encore besoin de son enveloppe charnelle ? Le
grade de Maître n’est pas un grade de commandement,
il apprend à dépasser la
mort, notre propre mort mais elle
n’arrête pas pour autant le chantier.
Il s’agit d’acquérir sa
maturité maçonnique par l'exercice de la
domestication
et de l’appropriation de la mort. Et cet exercice ne se fait
pas sans douleurs
ni sans émotion lorsqu’il concerne des vices que
nous affectionnons, mais il
suscite une espérance que Jean Verdun restitue
en disant, je
cite : « L’initiation
au Grade de Maître est la métamorphose du
Comp :. qui
après avoir été
soupçonné
d’être mauvais Comp :. apporte la
preuve de son
innocence et se voit
appelé à ressusciter en la personne de
l’architecte ». Fin de
citation. Le
degré de maître s'articule donc autour d'une
leçon d'éthique qui met en garde
le maçon contre tous les excès,
particulièrement les excès de vertus mal
contrôlées. Il susurre : "Pesez le bon et le
mauvais, trouvez la juste
mesure en toute chose, car le plus souvent le
bon chemin est celui du milieu". En guise de conclusion à
tout ce qui précède, nous dirons que le
cheminement initiatique, le cycle mort
résurrection, peut être
défini comme le cycle vertueux de la recherche de
la vérité. Cette alternance qui
apparaît, tel un pavé mosaïque, permet au
Maître, dans une descente ascensionnelle à travers
son subconscient, d’ouvrir
la voie à d’autres espaces de son univers
intérieur qu’il est loin d’imaginer. Son
corps subtil doit entreprendre de nouveaux voyages à travers
lesquels il
pourra tenter de découvrir ses vraies natures
divines, au prix de
plusieurs sacrifices, surprises et déceptions mais aussi de
plusieurs
encouragements et satisfecit bien
mérités ! « La
lumière est apparue aux apprentis, elle a
éclairé les compagnons, puisse-t-elle
illuminer les maîtres ! ».
C'est
tout le bonheur que je souhaite à tous les MM :.
dans leur recherche de la
Parole Perdue. Et comme l’acacia nous est connu, que notre
volonté soit
imputrescible et que verdoie pour
l’éternité notre
détermination à répandre
partout la Lumière. Pour
terminer, je formule le vœu et nourris
l’espérance que cette
lumière nous habite tous tout au long de
notre parcours maç :.
et que le Véritable Maître ressuscite en
nous et parmi nous. Notre vie si éphémère qu’elle soit, mérite de la vivre dans le respect de ce qu’elle est, il faut comme le disait Baudelaire : « Tirez l’éternel du provisoire ». TVM et vous tous mes FF VM en vos grades et qualités, J’ai dit ! Le frère Faustin Kétévi |
7122-3 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |