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La Légende d’Hiram Qui est Hiram ? Notre mémento du Troisième Degré Symbolique Ecossais nous dit : « Le R.M. Hiram est le fils d’une veuve de Nephtali, célèbre en son temps pour sa connaissance de l’Architecture et de l’Art de fondre les métaux. C’est à lui que le Roi Salomon confia la direction des ouvriers chargés d’édifier le Temple à la Gloire du G.A.D.L.U. Qu’est ce qu’une légende ? Une légende (de l’adjectif latin legenda, « qui doit être lu »), est à l’origine un récit mis par écrit pour être lu publiquement comme dans les monastères pendant les repas, dans les églises pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Dans ce type de littérature, la précision historique passe au second plan par rapport à l’intention spirituelle ou morale. En littérature, une légende est un récit fictif le plus souvent d’origine orale et faisant appel au merveilleux. Une légende, à la différence du conte, est liée à un élément précis (lieu, objet, personnage historique,..) et se focalise moins sur le récit lui-même que sur l’intégration de cet élément dans le monde quotidien ou l’histoire de la communauté à laquelle la légende appartient. Contrairement au conte, qui se situe dans un temps et un lieu convenu imaginaire (il était une fois, dans un pays lointain….), la légende se déroule dans un lieu précis et réel. La légende est l’évolution populaire du mythe dans sa fonction fondatrice d’une culture commune. Un mythe produit une explication concrète de certains aspects fondamentaux du monde : sa création, les phénomènes naturels, le statut de l’être humain, ses rapports avec le divin et la nature ou les autres humains par un récit porté, souvent à l’origine par une tradition orale. Le mythe raconte une histoire sacrée, performative pour celui qui appartient à la culture qui le crée. Le mythe cosmogonique est vrai parce que le monde existe, le mythe d’origine est vrai parce que la communauté dont il est l’image existe, le mythe d’origine est vrai parce que la communauté le répète pour continuer à vivre. La légende ou le mythe d’Hiram entrent parfaitement dans ces dernières définitions. Le mythe d’Hiram est bien un mythe de création d’une institution. C’est un mythe fondateur. Dans la mythologie des sociétés traditionnelles, religieuses ou païennes, il n’y a pas de mythe de la mort sans renaissance ou substitution du personnage principal et nous sommes bien là en présence des bases de notre Légende. La légende ou le mythe d’Hiram est la clé de voûte de la maîtrise, mais la mort du Maître Hiram est-elle le seul fait marquant de cette légende ? La Bible nous instruit assez du rare savoir de Notre Respectable Maître Hiram, de ce sublime ouvrier qui mérite d’être l’ami intime du plus sage des Rois, qui étonna par l’assemblage de ses talents et qui sera à jamais célèbre par ses succès. La Bible, cependant, tait la vérité sur sa mort et sur les circonstances de cette mort. La Bible, au travers du livre des chroniques et du livre des Rois nous campe la réalité de notre personnage, et c’est à partir de ces textes que la légende est créée, basée sur le combat du bien contre le mal. Hiram est bâtisseur en chef d’un édifice sacré et, à n’en pas douter il s’agit d’un chef-d’œuvre à la mesure de ces multiples compétences. Hiram n’est pas un homme ordinaire et l’œuvre qu’il réalise paraît être l’œuvre de sa vie. La légende fait d’Hiram un modèle, un exemple, il est le symbole de la domination de soi, du respect des valeurs morales, de fidélité au devoir, même au péril de sa vie. C’est l’honneur poussé jusqu’au sacrifice suprême. A contrario, les trois compagnons qui exécutent le meurtre représentent l’ignorance, l’hypocrisie ou le fanatisme et l’ambition. Le mobile du meurtre consiste et a pour but d’obliger l’Architecte à leur communiquer le mot de passe des Maîtres, mot de passe qu’ils n’ont pas le droit de connaître car ils n’ont pas atteint la maîtrise du grade de compagnon. Pour arriver à leur fin ils font preuve de sentiments profanes odieux que l’on peut, en toute objectivité, appeler lâcheté, vol et préméditation. Mais n’est-ce pas notre environnement quotidien que d’en voir certain poussé à porter gravement atteinte à autrui par orgueil, cupidité. Ce meurtre est perpétré par des compagnons, qui, s’ils sont certes bâtisseurs, ont une piètre connaissance d’eux-mêmes et peu de volonté a s’améliorer. Que penser de ces compagnons qui utilisent les outils non pas comme symboles mais comme de simples outils de travail ? Notre Maître Hiram va mourir. De quelles manières ? Frappé successivement par trois compagnons, avec trois outils différents (fil à plomb – niveau – maillet), en trois lieux différents (Occident – Nord – Orient), avec trois blessures différentes (épaule droite – épaule gauche – et sommet du crâne). Le voilà étendu, mort, pieds vers l’Orient, tête vers l’Occident. Hiram est mort. Nos trois mauvais compagnons vont enterrer notre Maître, pour cacher leur forfait. Peut-être ? Mais pourquoi alors avoir signalé sa tombe par une branche d’acacia ? Ont-ils compris mais trop tard, la gravité de leur acte et par là, surtout la Grandeur de l’Architecte ? Ont-ils voulu signaler la présence de sa sépulture ? Ils ont en effet pris conscience, je pense, de l’importante connaissance et de la haute initiation de leur victime et c’est aussi pour cela que compas et équerre sont sur la tombe d’Hiram afin qu’il puisse être reconnu. Hiram est retrouvé … Son cadavre est reconnu grâce à l’acacia et aux outils. Il est exhumé…Les Maîtres présents savent l’importance que représente la mort d’Hiram. Mais ils sont aussi convaincus de son immortalité et après de nombreuses difficultés ils réussissent à le relever grâce aux cinq points de la maîtrise et la communication du mot sacré. A ce niveau de mon travail, il me serait possible de développer le symbolisme des outils qui ont frappé Hiram, des lieux où Hiram a été frappé, du type de blessures qu’il a subi et surtout de celle qui a provoqué sa mort physique. Ce serait oublier de se poser les questions suivantes : - Pourquoi le Maître doit-il mourir ? - Qu’est devenu le mot sacré primitif ? - Pourquoi l’Acacia ? Je ne développerai que : Pourquoi le Maître doit-il mourir ? Peut être puis-je également me poser une autre question, plus personnelle et me demander simplement si je dois mourir pare que je suis Maître ? La Franc-Maçonnerie s’est construite au dix-huitiéme siècle autour des deux grades d’apprenti et de compagnon. Les cérémonies des deux premiers grades reposent uniquement sur un symbolisme de métier de constructeur, et le rôle des outils est primordial. L’élévation à la maîtrise ne laisse qu’une place et une fonction secondaire à ces mêmes outils. Le futur Maître est l’acteur d’un drame philosophique, moral et spirituel. Les différents voyages que nous exécutons pour le 1er et le 2éme degré n’existent plus. Celui que nous exécutons lors de notre exaltation est beaucoup moins voyant. C’est un voyage que nous exécutons dans le temps, nous mourons pour revivre. Au troisième degré, l’accent est mis sur la mort. Dans notre vie profane, nous devons mourir. L’idée de cette finalité s’accompagne d’ailleurs souvent d’une certaine angoisse. Dans l’Evangile de Saint Jean il est écrit : « Si le grain ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits ». Tout ce qui est vivant doit par conséquent se soumettre au même processus de mise en terre pour réapparaître plus tard, de mort suivie de renaissance, comme la germination. Quels que soient ma valeur, mon mérite, je dois m’effacer et laisser la place aux autres, pour transmettre ce que je sais, ce que je connais. Rien n’est constant. Je dois également disparaître parce que je suis Maître, car je peux éventuellement représenter la réalité (la vérité). Je ne sais plus qui a dit « toute vérité devient fausse dès que l’on s’en contente ». Que serions-nous si la vérité était immuable ? Mourir pour une résurrection (résurrection = se relever). Gérard de Nerval disait « Il faut savoir mourir pour naître à l’Immortalité ». Il faut savoir laisser ici –bas son corps pour pouvoir prendre son libre essor, son libre envol. Il faut travailler en tant qu’ouvrier du Grand Œuvre en y consacrant toute son énergie. Vivre c’est agir. Laisser derrière soi une mémoire honorée doit être l’ambition de chacun. L’immortalité, procurée par ma résurrection doit me permettre d’être sur la route de l’Art Royal, je dois donc œuvrer, agir, penser pour mener l’Homme à la perfection humaine. Le Maître doit rayonner. Mais alors mourir pour quoi et renaître pour quoi ? L’initiation, l’élévation, exigent que nous mourions à la vie profane. Il ne faut cependant pas mourir uniquement de façon symbolique, il ne faut pas que cette mort soit simplement une cérémonie et il nous faut réellement ranimer Hiram, il doit revivre pour articuler le mot sacré primitif (la parole perdue) que nous recherchons. Notre intelligence, nos perceptions, tous nos sens doivent se mettre au service de notre recherche, de notre marche vers la tradition. Nous devons travailler, démystifier les mystères en leur donnant vie, afin que la lumière qui nous permettra cette compréhension nous donne aussi la faculté d’enseigner et de faire comprendre ce que nous avons approfondi. Nous devons pouvoir être capable de rapprocher les contraires. Hiram, l’opératif, m’a aidé, grâce à ses outils à construire mon temple. Maintenant il doit mourir pour que je puisse naître et rayonner à mon tour. Les trois coups portés à mon ignorance, à mon orgueil, à mon égoïsme vont faire, du moins je l’espère, que je puisse accéder à une autre forme de vie. Je dois être à la recherche de l’essentiel, de la générosité, du désintéressement. Je dois accéder à tout ce qui peut me rapprocher des autres en sortant de moi-même. Est-ce cela être le centre du cercle ? Est-ce à partir de cet instant, de cet endroit, que je ne vais plus m’égarer, que je vais pouvoir retrouver les secrets véritables. Est-ce au centre du cercle que je vais pouvoir retrouver le mot sacré primitif ou la Parole Perdue ? Mais mon initiation et ma recherche ne se font-elles pas par des allers-retours du centre du cercle à sa circonférence, allers-retours sans cesse répétés ? Le 1er et le 2ième degré sont basés sur une symbolique des outils. Au grade d’apprenti, j’ai regardé les outils et les symboles, j’ai écouté les Maîtres et j’ai essayé de les entendre, dans le silence. Au grade de compagnon, j’ai utilisé les outils et la matière mis à ma disposition, inlassablement j’ai préparé ma pierre pour l’édifice faisant en sorte qu’elle soit conforme, qu’elle s’imbrique parmi les autres, selon les plans prévus par l’Architecte. Mais nous sommes là dans une F.M très proche de la maçonnerie opérative. La légende d’Hiram permet à cette maçonnerie opérative de se développer en une F.M spéculative. Cette F.M spéculative nous permet de nous améliorer en nous élevant spirituellement avec pour recherche, l’amélioration et le progrès de l’Humanité. Lorsque nous avons demandé l’entrée du Temple, j’espère que nous ne l’avons pas fait en pensant rentrer dans un club philosophique, ayant pour valeur la laïcité, la liberté de conscience, la condamnation du racisme etc, etc… Mais que nous avons fait cette demande pour entrer dans un ordre initiatique. Dans le premier cas les deux premiers degrés suffisent. Dans le deuxième cas, la légende d’Hiram, indissociable du grade de Maître va me permettre de passer de l’équerre au compas, de quitter le métier, la ligne, le plan, pour ne travailler qu’à mon élévation spirituelle, pour passer de la ligne droite à la courbe. Dans le grade de Maître, le métier n’est plus central, et mon élévation me fait quitter une loge ayant pour fondation le métier, pour arriver dans une loge où l’Architecte et la finition de l’œuvre commencée sont centraux par la mort d’Hiram et la perte du mot sacré, le Temple pour son achèvement. D’ouvrier je suis devenu Architecte en me substituant au très respectable Hiram. Que va-t-il se passer ensuite ? Allons-nous pouvoir retrouver le mot sacré, la parole perdue ? Allons-nous pouvoir terminer l’œuvre commencée ? Allons-nous retrouver les mauvais compagnons et nous venger ? Je ne voudrais pas terminer ce travail sans vous faire part de mon interrogation sur le mot devoir et sur le sens que je peux à mon niveau lui donner ou ne pas lui donner. Le mot devoir figure quatre fois dans le rituel d’élévation, quatre fois écrit de manière différente. «Vous êtes vous bien pénétré des devoirs que vous avez contractés par votre initiation et les avez-vous fidèlement remplis ? » : question, d minuscule et pluriel « Avez-vous rempli tout vos Devoirs d’homme d’honneur et de Franc Maçon ? « question, D majuscule et pluriels « Lorsque tu auras complété ton temps et que tu seras suffisamment instruit, je me ferais un devoir de te proposer à la Chambre des Maîtres » : affirmation, d minuscule et singulier «Ainsi périt l’homme juste, fidèle au Devoir jusqu’à la mort » : affirmation, D majuscule et singulier. Si, dans les trois premières apparition du mot devoir, il m’est facile d’en donner mon interprétation qui peuvent être dans l’ordre ce que je dois faire et ce à quoi je m’oblige, que la notion de devoir devient majeure avec la présence de la majuscule, et que dans le troisième cas devoir ne signifie qu’un dû en reconnaissance d’un travail effectué, j’ai plus de difficultés à définir le dernier. Par la substitution d’Hiram en chaque nouveau maître, l’exemplarité doit être une règle de conduite, jusqu’à la mort ! Hiram est exemplaire, je dois l’être aussi et je dois assurer ma place dans la poursuite de la construction du Temple. En toute humilité, mon esprit est assailli de question quand à la signification de Devoir avec un D majuscule et un singulier bien singulier ! Ce Devoir auquel je dis être fidèle jusqu’à la mort ne regroupe-t-il pas tous les autres et plus encore. N’est il pas également la poursuite de ma quête, la recherche de la Parole Perdue, la recherche de mon Centre, mon obligation à rayonner, à trouver mon G.A.D.L.U. ? Que de questions…… J’ai dit Très Cher Frère Président |
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