Obédience : NC Loge : NC 27/09/2011


La Légende d’Hiram

Traiter ce sujet, est beaucoup plus difficile que je ne pouvais l’imaginer surtout en 10 minutes. Un sujet trop vaste. Je ne vais aborder dans ce travail que certains aspects de la légende, du mythe fondateur de la Franc-maçonnerie, et en particulier la Mort et la Vie.

Avant de développer ce sujet, il faut d’abord revenir sur Hiram, un personnage associé à la construction du temple de Salomon et qui est cité dans la bible et en particulier dans le livre des Rois chapitre 7 : Le roi Salomon fit venir de Tyr Hiram, fils d'une veuve de la tribu de Nephthali, et d'un père Tyrien, qui travaillait sur l'airain. Hiram était rempli de sagesse, d'intelligence, et de savoir pour faire toutes sortes d'ouvrages. Déjà à cet instant nous percevons la mort et la vie : une veuve de la tribu de Nephtali et Hiram. J’ai donc choisi d’organiser cette planche en trois parties : de la recréation au travail, du travail à la recréation et enfin de vous présenter ma vision de la construction de mon temple.

De la recréation au travail : cette partie de la vie du F\ M\ commence dans le cabinet de réflexion où le vieil homme meurt aux préjugés vulgaires et laisse ses métaux à la porte du temple : notre rituel utilise le verbe laisser pour bien indiquer que nous posons nos métaux, mais qu’ils peuvent ressurgir, allusion aux trois mauvais compagnons qui n’ont pas réussi à dominer leurs passions. Oui, et comme le disait un vénérable Maître passé à l’Orient éternel, peu après mon initiation, tu comprendras petit à petit que le rituel du 1er degré contient tous les degrés.

Puis nous sommes initiés et devenons apprenti : nous découvrons les premiers outils symboliques qui nous permettrons de prendre conscience des limites que nous imposent l’Autre, notre Miroir. Au second degré, le compagnon par ses voyages, travaille sur deux dimensions : la sphère terrestre (la nature) et la sphère céleste (Dieu et Esprit), et découvre que la connaissance peut avancer sur deux voies (la raison et le cœur) et que l'Homme est celui qui unit la terre au ciel. Par ces deux premiers degrés, nous avons appris à passer de la recréation au travail, nous et il convient alors pour poursuivre notre chemin, de nous engager dans une voie qui nous permettra de nous verticaliser et d’entrer dans le monde céleste avec la légende d’Hiram qui est le premier symbole non opératif, utilisé pour nous faire passer d’un monde à l’autre et nous permettre de réfléchir sur notre condition et de passer du travail à la recréation.

Lors de notre « élévation à la maîtrise », en frappant en compagnon à la porte et muni du mot de passe, nous entrons à reculons en chambre du milieu plongé dans les ténèbres, le deuil et le recueillement. Nous avons quitté le monde de la Lumière qui avait rythmé nos pas durant les deux premiers degrés et le T\ V\ M\ nous informe que « c’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir », phrase que personnellement je n’ai réellement compris qu’en travaillant sur cette planche, mais j’y reviendrai plus tard. Le T\ V\ M\ commence alors le récit de la légende d’Hiram : « un crime inouï qui a jeté la consternation ». Pour vérifier que nous ne sommes pas complice de ce meurtre, le Frère Expert examine les gants et nous retire notre tablier afin de le faire examiner par le T\ V\ M\ : à cet instant nous ne sommes plus protégés par notre tablier reçu lors de notre initiation, symbole du travail que nous devons accomplir sur nous-mêmes pour connaître l’Autre. Puis nous vivons la légende d’Hiram et nous sommes frappés symboliquement par le second surveillant avec le Fil à Plomb sur l’épaule droite, par le premier surveillant avec le Niveau sur l’épaule gauche et au front par le T\ V\ M\ avec le maillet. Ces outils symboliques, qui nous avaient permis de commencer à percevoir la Lumière, à construire notre Temple, peuvent devenir des armes mortelles si nous sommes incapables de Maîtriser « l’ignorance, le fanatisme et l’ambition » : les coups sont portés par les trois lumières de la Loge : beauté, force et sagesse : la beauté du symbole qui peut être recouvert par l’ignorance du rituel, la force qui peut se retourner en fanatisme si la recherche est trop rigide, et la sagesse qui peut être voilée par l’ambition personnelle.

Le crime a vaincu Maître Hiram qui, pour rester en harmonie avec son unité intérieure et le respect de ses principes, a accepté d’affronter la mort. A cet instant, nous avons pris la place de Maître Hiram : nous sommes étendus dans le cercueil, plongés dans l’obscurité mais nous entendons nos frères partis à la recherche de quelques traces de la Connaissance et nous ayons passé une nouvelle porte basse : celle de la mort symbolique : nous sommes devenus libres de nous diriger dans l’obscurité de l’avenir à condition de vouloir nous verticaliser et d’entrer dans une dimension spirituelle.

Allongé avec mon tablier qui me voile la lumière, cette lumière que j’avais reçue, je suis envahi d’un sentiment d’oppression, de difficulté à respirer, et pour la première fois depuis mon initiation, par une sensation de mal-être, de manque de confiance. Je redescends en moi : je retourne dans mes profondeurs, sans doute pour mieux renaître puisque comme le disait Jésus : « si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance » ou comme l’acacia arbre imputrescible, qui s’endort mais ne meurt pas et symbole l'immortalité : n’est-il pas dit que la Connaissance repose à l'ombre de l'Acacia. Puisque que nous sommes allongés avec une branche d’Acacia à notre tête, il s’agira de rechercher la Connaissance en nous même, thème de notre chemin initiatique mais à condition d’être capable nous élever et d’entrer dans le monde de l’Esprit.

Cette recréation nous la vivrons avec l’aide du second surveillant, du premier surveillant et du Très Vénérable Maître pour passer de la recréation au travail. Nous allons entrer dans le monde spirituel et c’est pourquoi avec l’attouchement de l’A\ « la chair quitte les os », et celui du C\ « tout se désunit », nous vivons symboliquement la rupture avec le monde matériel. Avec leurs efforts unifiés, ils vont nous relever, nous faire renaître, par les 5 points parfaits de la maîtrise et nous communiquer syllabe par syllabe le mot sacré des Maîtres : il ne s’agit plus d’épeler, mais de travailler avec association : nous ne sommes plus seuls et il faut s’intégrer à l’autre ainsi que nous en informe le TVM en nous disant : « C'est ainsi, mon T\ C\ F\ que tous les Maîtres Maçons, affranchis d'une mort symbolique, viennent se réunir avec les anciens Compagnons de leurs travaux et que, tous ensemble, les vivants et les morts, assurent la pérennité de l’œuvre ».

Si « Le Maître est retrouvé et reparaît aussi radieux que jamais », maintenant se pose la question comment la mort de l’Architecte pourra-t-elle m’aider dans la construction de mon temple et du Temple Universel ? Hiram possédait la connaissance et la sagesse, et avec Salomon et le roi de Tyr, nous avons le nombre 3 qui permet de retourner vers l’unité. Avec le passage d’Hiram à l’orient éternel, nous sommes à nouveau devant la dualité, mais comme le dit le rituel d’installation « Les ouvriers se relèvent et se remplacent ; le travail maçonnique se poursuit inlassablement », y compris pour le Maître : C’est à chacun de travailler à la recherche de sa lumière pour l’apporter à la construction de l’édifice universel pour qu’ensemble réunit dans la chaine d’union nous puissions nous élever vers la spiritualité et l’amour. Ainsi si nous sommes faibles à la naissance et devant la mort, c’est durant notre vie que nous devons montrer notre force, notre désir de recherche de la vérité comme le témoigne les coups de maillet du vénérable Maître lors d’une tenue funèbre : faible, fort et faible.

S’agit-il d’une légende ou d’un mythe ? Personnellement lorsque j’ai écrit ma planche sur « l’acacia m’est connu », je parlais essentiellement du mythe d’Hiram, et avec ce sujet je me suis demandé qu’elle était la différence ? La légende fait référence à une tradition de transmission orale sur des actes ou actions, réels ou non, perpétrés par un Homme « extraordinaire » (un initié ?) et poursuivant la recherche du meilleur pour lui-même et l’humanité. Le mythe, met souvent en relation homme / dieu dans la recherche de la vérité et du monde de l’esprit, en un mot la spiritualité : Hiram avec Salomon et le roi Hiram, représente la Trinité en relation avec le Grand Architecte de l’Univers, le Un à l’origine de toute chose qui devient inaccessible avec le meurtre du vénérable Maître Hiram. Cette perte de l’unité nous la retrouvons également avec Adam ayant gouté au fruit de la connaissance, ou avec Jésus qui par son message d’amour, nous invite à entrer dans le chemin qui pourra nous conduire vers l’Amour, de soi, de l’autre, de humanité et pour finir du macrocosme. Alors si « le Maître est retrouvé », la Trinité se reforme et la recherche de l’Unité peut continuer sur la voie de la Connaissance et de l’Amour.

En conclusion Hiram est pour moi une légende et un mythe, qui pourra guider mes pas sur  le chemin de la Vérité, de la connaissance et me permettra de continuer à transmettre ma vision à nos jeunes Frères qui représentent l’avenir dans la transmission de la Tradition. Une avancée dans ma recherche personnelle pour que s’« exprime le calme de la conscience et la paix de l'âme, tant l'empreinte de la vertu était profondément gravée ». Je suis passé du matériel au spirituel en enjambant le corps d’Hiram, à moi d’être maintenant Maître de cette spiritualité nécessaire à la connaissance et à la transcendance.

T\ V\ M\

J’ai dit

P\ G\


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