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Le Maître et la Légende d'HIRAM


Lors de ma Cérémonie d’Elévation à la Maîtrise, je dois avouer que je n’ai compris ni le déroulé, ni la portée de tous les messages transmis par cette Légende.

Cependant, certains aspects paraissaient plus parlants, et je l’ai ainsi interprétée comme étant une Légende initiatique certes, mais préconisant la valeur morale et la Fraternité, avec différents niveaux de conscience, au-delà du crime symbolique dont il y était question, mais dont la fin était honorable, positive et heureuse, bien qu’énigmatique.

Par la suite, étant devenue M\, en relisant le Rituel, puis en prenant connaissance de la littérature ayant trait à cette Légende, j’ai pu à la fois en cerner davantage le sens et ce que j’avais vécu, pendant ces temps et espace Sacrés.

Comment interpréter cette Légende étant devenu Maître ? Je vais tenter d’y répondre en procédant par l’analyse de son articulation.

Entrée dans la Loge à reculons :

On éprouve un sentiment de « déjà vécu » ; être malmené, alors même que l’on vient pour une Cérémonie censée nous apporter joie et satisfaction !

Immédiatement l’on sent le danger, d’autant que l’on se trouve plongé dans la pénombre, tournant le dos aux ténèbres de la mort (situation qui ressemble à l’épreuve du bandeau du profane), mais cependant, avec une clarté symbolisée par une Etoile allumée à l’Occident, qui doit nous servir de guide, tout comme l’Etoile Flamboyante nous guidait auparavant, et qui a été éteinte à l’Orient, sans doute pour permettre d’y voir plus clair dans le passé et pour éclairer l’avenir incertain vers lequel on va se diriger.

L’obligation de « marcher à reculons » interpelle, et personnellement, j’ai immédiatement senti que je devais être l’objet de reproches, même si, apparemment, je jouais un rôle.

Le fait de nous priver pendant quelques instants, de voir ce qui se passe derrière nous, la mort, suggère que l’on doit d’abord scruter son passé à la fois profane et Maçonnique, passé que l’on préfère parfois oublier, même ignorer dans le premier cas, car l’ignorance est confortable; elle gomme tous les défauts, et imperfections.

Pourtant, l’observer, est un premier pas vers la connaissance.

C’est alors un premier examen de conscience à réaliser en peu de temps, et l’on doit comprendre qu’il ne s’agit pas d’un « recul », mais « prendre du recul vis-à-vis de Soi », et qu’un bilan sur nous même est indispensable pour aborder l’avenir, même s’il se révèle être douloureux.

En fait, et aussi paradoxal que cela puisse être, cette marche à reculons permet d’avancer pour comprendre ce que l’on a réalisé et le travail qu’il reste à faire. C’est un temps de réflexion. Cela permet aussi de comprendre qu’un cycle de vie s’achève, que maintenant, il va falloir avancer, en tournant le dos au passé, et en quelque sorte franchir une porte pour un autre accès, telle la Porte Basse franchie par l’Apprenti.

Retourement

C’est une nouvelle épreuve d’autant qu’ont été ôtés le Tablier et les Gants pour être contrôlés - à croire que nous ne sommes plus dignes de les porter et que nous devons revenir au début du chemin - d’autant que les mains, sont examinées sous l’angle de la rectitude de nos actions.

Il semble donc qu’il faille « remettre à l’endroit » ce qui « était à l’envers » en se retournant vers la Lumière, et à ce moment précis du retournement, il ne sera plus possible de reculer.

L’on se retrouve alors confronté au Tribunal ; cependant, nous sommes notre propre juge, car ce jugement est celui de la lutte contre nos propres passions; Il est effectivement possible que l’on soit coupable, car sommes-nous toujours de bonne moralité ?

En effet, l’on a prouvé la pureté de nos intentions, et avons été  innocentés du crime, mais pas forcément de notre absence de vertus essentielles à notre Ordre, puisque, notamment, notre Ego est encore présent, enfoui dans notre psychisme, qui est symbolisé par le cercueil.

Ce retournement où se rétablit le sens, appelle au retour à « Soi » ce centre de nous même, qu’il faudra opérer en évacuant ce « Moi » réducteur, qui ne permet pas de progresser et que l’on a commencé à dissoudre étant Ap\. Ce n’est pas à l’extérieur que nous pouvons le découvrir, mais bien là où il est uniquement présent, soit à l’intérieur de nous même, en appliquant la formule « VITRIOL ».

Ce retournement est encore une prise de conscience.

LES 3 PAS au-dessus de la dépouille :

Tout a basculé dans la Loge, tel qu’en témoignent la marche à reculons, et le retournement qui s’en suit. L’on va passer symboliquement de l’Equerre au Compas, de la Terre au Ciel.

L’arrivée à la tête du Cercueil, dans la Chambre du Milieu, face à la mort, est une avancée vers l’inconnu.

En enjambant 3 fois le cadavre, la mort, la conscience tranquille car innocenté par l’aide d’autrui, nous enjambons aussi l’Equerre, la matière de l’Etre humain, lorsqu’elle n’est plus soutenue par la force, et donc, nos préjugés, nos passions.

Cependant, il faut la dépasser, la maitriser, en faisant fonctionner son esprit, pour aller jusqu’au Compas, au Ciel, à la Spiritualité, donc sur un autre plan de conscience. Maintenant, la matière figure derrière nous, dans le passé.

On ne peut plus errer comme on l’a fait bien qu’ayant commencé à s’éveiller, lorsque l’on était Comp\; il n’y a plus de place pour l’hésitation, mais pour la progression.

Ainsi, les nouveaux pas formés à partir de ceux de l’App.°. puis du Comp.°., nous rappellent d’où nous venons, qu’il ne faudra jamais oublier, et ce qu’il nous reste à accomplir.

L’on a franchi et réussi la plupart des épreuves, non sans fortes émotions, consistant à se remettre en cause, pour extraire ainsi « le subtil de l’épais », l’esprit de la matière. On peut donc continuer notre cheminement intérieur, passer de l’Horizontale à la Verticale, de l’Equerre au Compas, pour s’élever dans le monde de l’idée et de l’intelligence, et grandir dans son rapport au Monde symbolisé par le cercle.

Cette Chambre du Milieu, qui est « le lieu de nous même » est à la fois un lieu tragique, et un lieu de Triomphe sur la mort de nos vices. Elle seule, fait poser la question de sa propre mort. Même s’il ne la désire, en passant au-dessus, en surmontant sa peur, le Maçon ne la craint pas, car il l’aura déjà vécue, et en aura triomphé.

Les 3 coups des mauvais compagnons :

L’assassinat a été prémédité, et organisé avec détermination, puisqu’il s’est agi d’un complot tel que le TRM\ nous l’a raconté lors de son récit.

Les 3 mauvais Compagnons (structure ternaire négative cette fois-ci), voulaient, sans efforts, s’accaparer ce qu’ils ignoraient sur un plan matériel, tels les mots et signes de reconnaissance, et probablement, le secret de la transformation physique, morale et spirituelle, qui est incommunicable.

Ils ont manqué de persévérance, de patience, de discernement, et étaient indignes d’être dépositaires d’une connaissance devant être transmise au 3ème Grade.

Ils ont manqué de maîtrise en général. Les deux degrés précédents leur ont donné technique et méthode grâce aux outils, symboles et Rituels, mais c’était insuffisant car le cycle des morts et des renaissances donne accès, selon le Grade, à un changement de « mode d’être » à des degrés supérieurs de l’Etre, et ce cycle est sans fin puisque comme nous le voyons dans cette Légende, il n’est même pas stoppé par le passage à l’Orient Eternel.

Les 3 coups, symbolisant les 3 défauts et le monde impur dans lequel nous étions, sont les ennemis qu’il nous faut combattre, et pour cela, il faut avoir préparé le combat, ce qui demande du temps. Ce combat est celui qu’on a mené depuis notre Initiation, et qui, au final, nous aura permis de triompher de nos vices, nos passions, nos faiblesses, notre égoïsme, nos ambitions démesurées, lesquelles conduisent à la mort de notre véritable identité si on n’y prend garde.

Au premier abord, il paraît incroyable que des outils qui participent à la construction, puissent être substitués et servir à la déconstruction. Mais en y réfléchissant, l’on comprend que ces « armes » et cette déconstruction sont utiles, puisqu’il s’agit de porter trois coups à nos vices, de manière violente, lesquels ne peuvent que faire réagir le futur Maître, qui va les vivre tel un « électrochoc ».

Ils étaient donc nécessaires au déroulement de l’histoire, tout comme les mauvais Compagnons, et l’on peut en déduire que la connaissance ne devrait pas s’obtenir par la force mais se gagner en luttant sur soi-même, de manière permanente et volontaire, et qu’il faudra opposer la Connaissance à l’ignorance, la Tolérance au fanatisme, et l’Humilité à l’ambition, sans oublier d’incarner d’autres valeurs telles que : fidélité, altruisme, dévouement, rigueur, travail bien fait, discrétion…

De même, il convient de se poser la question de savoir si nous-mêmes, nous ne les avons pas utilisés.

Lao Tseu a dit : « Imposer sa force à autrui est une démonstration ordinaire ; Se l’imposer à Soi, un témoignage de puissance véritable ».
Recherche et découverte du corps :

Suivre la piste d’Hiram est une longue quête, et enquête au sein de son propre subconscient, ainsi que la continuité de son introspection, comme l’évoque le retour au point de départ de la recherche des Maîtres, lequel est aussi le Centre, centre de soi-même, où repose la dépouille située entre l’Equerre et le Compas.

Ce passage dans la Terre, évoque le séjour dans le Cabinet de Réflexion, « séjour souterrain », qui évoque le symbole de la transformation et de la régénération.

Les 9 Maitres qui effectuent le tour de la Loge (3 x 3, symbole de la fin et du renouveau mais aussi de la perfection), n’ont sans doute pas été choisis au hasard, mais pour leur expérience qui leur permet d’avancer plus sûrement sur le chemin de la perfection. Unis, courageux, obstinés, ils indiquent que le futur Maître doit incarner ces qualités pour parvenir à la découverte de son propre accomplissement.

Les 3 Maîtres restés autour de la dépouille, dont les positions s’inscrivent dans un triangle, sont également Unis autour des trois plans de l’Etre (Corps – Ame – Esprit) qui gisent dans le cercueil avec les Traditions perdues. Ils suggèrent que la Lumière continuera à briller puisque l’Acacia retrouvé sur la tombe, symbolise la Vie, la Renaissance, puis l’Immortalité. Eux-mêmes, en voyageant sur toute la surface de la Terre, répandent la Lumière qui leur avait été transmise.

Ici, l’Union est déjà mise en exergue.

Relèvement et élévation :

Pendant le récit du déroulé du drame, une substitution s’opère, puisque le Comp\, à l’instar des Maîtres qui lui ont précédé, prend la place d’Hiram, en vivant à son tour l’assassinat.

Lors de la découverte du cadavre, le visage est reconnaissable, car étant le siège de l’Esprit ne pouvant pas mourir, lequel sera donc épargné par la putréfaction, tout comme ses os, immortels, qui symbolisent l’Etre intérieur.

La mort, passage obligé pour Renaître, la Chair quittant les Os, permet à l’Esprit de transcender la matière et donner toute sa dimension au nouveau Maître.

C’est le commencement du chemin d’espérance et de paix intérieure, d’approche de la Perfection humaine, où l’agitation a disparu et d’où pourra naître la qualité de transmission, transmission de principes fondamentaux.

Sartre a dit : « L’Homme n’est pas la somme de ce qu’il a, mais la totalité de ce qu’il n’a pas encore, de ce qu’il pourrait avoir ».

C’est encore, par les 5 Points Parfaits de la Maîtrise, par la circulation de l’énergie induite, l’Union et la communion de 3 Maîtres qui dirigent la Loge, qu’il est possible de redonner Vie au futur Maître.

C’est aussi la Fraternité, qui prouve que sans le secours des autres et l’Amour plus fort que la mort, on ne peut rien.

Ce n’est pas Hiram qui est relevé, et revenu à la Vie, c’est le nouveau M.\, ou le Père vivant dans le Fils, la vie se poursuivant au travers des autres, via la transmission spirituelle, qui s’est accomplie parce que le nouveau M\ (intérieur) est devenu vertueux, et apte à la recevoir.

Ainsi, Hiram, qui incarne la Sagesse, n’est pas réellement mort. Il est à nouveau « radieux », chargé de Lumière, et c’est son esprit réincarné dans le futur Maître, qui a été régénéré par le Souffle re-créateur de cette vie végétative, instillé  par l’entremise du TRM\.

Le TRM\ lui a également transmis le mot Sacré des Maîtres signifiant en Hébreu « le Fils du Père », en substitution de la Parole Perdue, participant ainsi, au processus de la Réincarnation.

Le futur Maître est donc relevé, debout, comme il devra toujours l’être.

Il est fort probable que la mort d’Hiram soit un sacrifice consenti. En tous cas, il en a fourni le symbole, en apportant la preuve absolue de la fragilité des serments due à la faiblesse et l’ambition démesurée des hommes.

Il savait que son exemplarité, démontrant la concordance des devoirs et des actes, serait source d’influence, et que rien n’est jamais fini, que le perfectionnement en nécessaire autonomie, ne doit pas avoir de limite ; le « 7 ans et + » précise cette absence de limite nécessaire.

Nous serons toujours des Apprentis, dans le sens que nous sommes toujours débutants de l’étape suivante, car, avec la mort d’Hiram, nous sommes conviés à l’achèvement de la construction de notre Temple intérieur.

C’est notre quête permanente et sincère, guidée par la Lumière, nos efforts, notre Travail pour rectifier la Pierre cachée, qui nous permettront de trouver la marche à suivre pour réaliser les transformations spirituelles nécessaires pour faire vivre notre être intérieur, et porter au-dehors, l’enseignement entrevu dans le Temple, au service de l’Humanité.

J’ai dit,

V\ S\


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