Obédience : NC | Loge : La Parfaite Union - Orient de Namur - Belgique | Date : NC |
Nous sommes
tous
des poussières d'étoiles « Nous
sommes des poussières d’étoiles »,
a écrit Hubert Reeves. Voilà une
affirmation qui alimente notre esprit critique et aiguise notre
réflexion
maçonnique d’hommes libres cherchants et soucieux
de vérité. La naissance
de l’univers, l’origine de la vie,
l’apparition de l’Homme, le sens de notre
existence, l’avenir de notre galaxie, la place de Dieu, ce
sont des directions
passionnantes pour qui tente de répondre aux trois questions
fondamentales : d’ou viens-je, qui suis-je et ou
vais-je ? Nous sommes
les produits d’un assemblage progressif mélangeant
chimie et physique, à la
faveur de conditions propices à la vie des
composés carbonés avides
d’oxygène
mais aussi de lumière, dans tous les sens du terme. Nous sommes
des poussières d’étoiles, axiome
indiscutable de réalisme au regard de la
matière, mais réducteur au regard de ce qui fait
la grandeur de ce singe nu
qu’est l’homo sapiens, c’est à
dire sa conscience, sa pensée ! La science
occidentale a mis en valeur quatre dimensions, trois dans
l’espace et une dans
le temps, et l’alchimie a mis en valeur la quintessence, ce
qui se trouve
derrière les apparences, le parfum de la rose symbolisant le
secret, ce qui est
inconnu. Le cœur de
la
rose a tant à dévoiler pour qui comprend bien
l’Art et peut rassembler ce qui
est épars. La
Franc-Maçonnerie a hérité de cet
état d’esprit, d’une invitation
à chercher
dans la pureté, et aussi à descendre en soi pour
y trouver la pierre occulte. Par rapport
à l’espace-temps, l’être
humain n’est presque rien, mais
il est si important par ce
qu’il représente sous l’angle de sa conscience,
de son aptitude à colorier
son avenir, à refaire du monde
ce qui lui semble imparfait. A
l échelle du temps,
l’univers aurait environ 13 milliards
d’années. Quant à
demain, notre optimisme ne pourrait être que candide. Notre galaxie
spirale s’écrasera sur sa voisine dans environ 3,7
milliards d’années. Si nous y
survivons, dans environ 4,5 milliards d’années,
notre soleil aura brûlé son
hydrogène et entamé sa réserve
d’hélium pour enfler et devenir une
géante rouge
qui volatilisera notre planète bleue . Les mers
s’évaporeront, les roches fondront et
l’atmosphère deviendra irrespirable. Et je
n’aborde
pas les probabilités de l’appétit
gourmand d’un trou noir qui d’ici là
nous
avalerait, ou d’un nuage de particules dont
l’épaisseur, bien avant cette
merveilleuse époque, nous priverait à mort des
rayons du soleil, pas plus que
je n’envisage qu’une
météorite d’envergure raye la race
humaine de la surface
de la Terre comme ce fut le cas au temps des grands sauriens. Nul doute que
les inquiétudes de l’immensité ne
doivent pas nous gagner, qu’il faille vivre
l’instant présent sans penser à ce qui
nous échappe, d’autant que d’ici tout ce
temps, l’humanité aura fui vers un monde
paradisiaque où jamais il ne pleut, un
rêve maçonnique, mais il faudra que ce soit bien
plus loin que sur cette
planète rouge dont se sont emparés les
médias. Quant à
l’espace, plus rien des
certitudes relatives aux galaxies n’est
inébranlable ; la relativité
d’Einstein et la mécanique quantique de Max Planck
ont ouvert des portes aussi
riches qu’inattendues il y a presque un siècle. Que le temps
soit relatif en rapport avec la masse et la vitesse, qu’il
soit déformé par la
gravité, et que l’énergie soit, quoi
que l’on fasse composée de quanta,
c’était
de la science-fiction, comme l’est pour nous
aujourd’hui le voyage dans
l’espace. D’aucuns
prétendent que notre corps ne pourrait pas supporter la
très grande vitesse
nécessaire à ce type d’aventure, et ils
ont peut-être raison, mais n’oublions
pas mes FF\qu’au début du vingtième
siècle, après l’avènement de
la Ford T, des
savants prétendaient qu’à la vitesse de
60 km/h les véhicules automobiles
provoqueraient des dégâts
irréversibles à notre peau dont on nous
annonçait qu’elle partirait en lambeaux, pauvres
Lauda, Senna, Prost et
Shumacher. L’inconnu
demeure d’importance, et en outre, ce que l’on
paraissait connaître évolue sans
cesse. La
théorie
fractale nous fait voir la réalité
autrement ; la côte belge ne se mesure
plus en dizaines de kilomètres mais en milliers. La
récente
théorie des cordes pourrait bat en brèche
l’idée classique d’un big bang issu
d’une concentration énergétique, outre
qu’elle ouvre un constat d’existence
d’autres dimensions insoupçonnés, sauf
par les Kabbalistes à leur façon depuis
plusieurs centaines d’années. La thèse
de
l’univers en expansion n’est plus un acquis
scientifique puisque nous savons
notamment que nous nous rapprochons de la galaxie voisine
d’Andromède à 90
km/sec, tout comme notre groupe galactique local se dirige à
600 km/sec vers
l’Amas de la Vierge ; même
l’idée de finitude de l’univers est
remise en
question. Aujourd’hui,
le vide sidéral ne l’est plus ; les trous
noirs rejettent une antimatière
qui intéresse ceux qui cherchent la masse manquante. Tout cela
n’a
aucune conséquence sur notre vie quotidienne. Ces
questionnements sont d’une
autre échelle. Ces
découvertes sont le fruit de notre intelligence
persévérante, et donc la
place de l’être humain est plus
que jamais au centre de l’univers. Ce qui
précède
crée une impression de petitesse infinitésimale,
de fragilité extrême de
l’humain et du hasard de son existence. C’est
là que
le maçon réagit. Non seulement
les hermétistes, déjà en
Egypte, avaient cru pouvoir affirmer la Table
d’Emeraude et la profonde vérité
qu’elle dévoile entre le microcosme et le
macrocosme, rappelant la similitude des oppositions, mais bien plus,
que tout
ce que nous pouvons savoir, nous nous le devons, nous le devons
à notre
capacité à améliorer nos connaissances
tant du monde de l’univers et de
nous-mêmes. Quel
satisfecit pour la Loge de savoir que nos connaissances font reculer
l’ignorance, et dès lors les
conséquences de celle-ci. L’inconnu
fait
peur, et parfois, les scientifiques comblent leur ignorance avec des
hypothèses
non vérifiées reposant sur ce qu’ils
sentent ou sur ce qu’ils croient. Einstein ne
voulait rien savoir des trous noirs parce qu’il n’y
croyait pas, mais pourtant
ils existent. En
d’autres
temps, certains avaient des certitudes qui leur ont
coûté la vie ;
rappelez-vous cette phrase : « et
pourtant, elle tourne ! » En ce qui
concerne les apparences, la notion de matière a fortement
évolué et renforce
encore l’idée lointaine de symétrie
entre l’infiniment grand et l’infiniment
petit. Si tout est
énergie, comme le disait dèjà
Einstein, Newton ou encore de brillants
intellectuels Rose+Croix comme Paracelse, Fulcanelli ou John Dee,
l’être humain
est comme ce qui l’entoure, fait de vide,
d’énergie. Tout est
énergie, bien sûr
l’électricité, le son, les couleurs,
mais aussi les solides,
les liquides, mais aussi notre corps, la lumière et le
phénomène de la pensée
qui faisait écrire à Saint-Exupéry que
l’essentiel est invisible aux yeux. Tant dans le
règne minéral que dans les arcanes
végétaux et animaux, il y a
d’intéressantes
observations géométriques à faire
quant à l’agencement de la matière et
quant à
sa progression de croissance. D’abord il
y a
la loi de la moindre action, dit principe d’Hamilton, qui
provoque un équilibre
naturel des éléments, et c’est ainsi
que les molécules s’organisent en
réseaux
géométriques fascinants, en polyèdres
de toutes natures, comme les planctons,
les cristaux. Ensuite, il y
a cette troublante progression dite
« gnomonique », qui fonctionne
par reproduction exponentielle de la forme initiale selon les
proportions du
nombre d’or, comme un certain nombre de plantes, les
coquillages, les escargots
et d’autres comme l’humain en nombre
d’aspects. Nous sommes
des poussières d’étoiles, mais des
poussières pensantes, créatrices, et donc
lumineuses, capables de comprendre le monde au-delà de
apparences. Nous avons
appris que notre avenir est entre nos mains, qu’il
n’existe aucune entité
anthropomorphique qui contrôlerait
l’humanité. Cependant, nul
ne sait s’il existe ou pas des lois qui nous
échappent encore, s’il y a des
lois qui habillent une conception comme celle du Grand Architecte de
l’Univers,
au sens de l’Horloger de Platon. Le Dieu
caché
des chrétiens, le Dieu
révélé des hébreux, la
vision que Mahomet eut d’Allah,
voilà trois approches qui font apparaître un
créateur situé dans le néant mystique
et assez inaccessible, mais le Grand Architecte de l’Univers,
ne n’oublions
pas, n’est qu’un symbole, que chacun
interprète librement. Si cette
notion recouvre ce que notre ignorance appréhende aux
limites de nos
connaissances, elle ne peut être vide. L’univers
a
ses lois, que l’homme semble ne pas encore tout à
fait maîtriser, ses
mécanismes et un sens, que l’humain ne peut que
constater sans toujours en
comprendre la motivation, ce qui ne signifie pas qu’il existe
un Dieu
transcendantal, mais ce qui n’exclut pas le concept de
« grand
tout ». Si Dieu
représente l’ensemble des consciences des humains,
la somme du souffle des
esprits, qui peut nier cette existence ou qui peut la
confirmer ; nous
sommes aux portes de l’inconnu. L’Homme
est
petit devant l’Univers, et il se sent petit devant toutes
formes de dimension
dont il pense qu’elles le dépassent par une
apparence d’immensité, parfois
parce qu’il ne cherche pas dans la bonne direction. Le Grand
Œuvre
n’est peut-être pas si loin L’énergie
qui
véhicule la vie apparaît comme le
résultat possible d’une harmonie reposant sur
des lois valables tant pour la matière que pour
l’esprit. Ce
mystère
pourrait fonder le concept de Grand Architecte de l’Univers,
lequel serait à la
fois l’Univers dans son ensemble et l’Homme en
particulier. N’est-ce pas
Krishna qui disait : « si vous
cherchez Dieu, cherchez-le
dans l’Homme ! »,
mais pour le romain Vitruve, « ce
n’est pas l’homme mais le nombre qui est la mesure
des choses »,
héritage de Pythagore et de ses disciples. N’oublions
pas
non plus La Divine Comédie de Dante, où
l’épouse du Grand Architecte n’est
autre que la Sagesse, et ses filles les sept arts libéraux,
dont le cinquième
est la géométrie ! Dante
n’était
ni sot ni aventurier, pas plus que Victor Hugo ou Antoine de
Saint-Exupéry. Je me permets
d’ajouter que la vie ne semble avoir de sens que celui que
nous lui donnons. Et si elle devait ne pas en avoir, alors autant vivre du mieux que l’on puisse et respecter le plus possible les préceptes maçonniques, eux qui ont le sens de nos engagements, de nos serments. |
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