Obédience : NC | Loge : NC | 10/11/2000 |
L’Homme est-il fils de la terre et du ciel ? J’aborderai le travail de ce soir de trois façons différentes : - à travers l’Égypte ancienne - à travers le monde scientifique contemporain - à travers la démarche initiatique I)Pour l’Égypte ancienne l’Homme est-il fils de la terre et du ciel ? Revenons quelques 5 000 ans sur notre parcours. Selon Philippe Derchain dans le « Dictionnaire des Mythologies », l’homme de l’Égypte ancienne se considère comme une « image de dieu », digne de son amour et capable d’y répondre. La place qu’il se fait dans l’univers n’est pas celle d’une créature d’exception par ses origines, mais par le fait qu’être pensant, l’homme est en état de concevoir les choses, de leur conférer ainsi une réalité cohérente à laquelle il cherche à s’intégrer. Un certain nombre de traits qui définissent sa personnalité lui sont communs avec les dieux et les bêtes. Tous sont des manifestations de la vie. L’homme possède ainsi sa « géographie sacrée » représentant un ensemble de liaisons entre ses différents niveaux de réalité. La dualité « corps-âme » qui nous est si familière n’a pas de sens pour les anciens égyptiens. Ils se représentent en effet la personne humaine comme une réalité complexe où plusieurs principes (ou fonctions) se relient de manière interactive : L’homme est donc le champ d’une interaction entre le monde concret et le monde spirituel. Chaque niveau de réalité, à savoir concret et spirituel, agit comme une unité composée d’éléments sans différence hiérarchique entre eux ; c’est-à-dire que selon les fonctions accomplies, certains éléments dirigent les autres, mais ce ne sont pas toujours les mêmes qui dirigent. Il y a une permutation des rôles. Autrement dit, la personnalité humaine est faite de huit composantes que l’on pourrait représenter par deux croix décalées, faisant en sorte qu’alternent sans cesse, une entité concrète et un principe spirituel. Les quatre composantes du monde concret sont : - le corps (Djer) - l’ombre (Shut) - le cœur (Ab) - le nom (Ren) Les quatre composantes du monde spirituel sont : - la force vitale universelle (Kâ) - l’identité paradoxale (Ba) - le corps de lumière (Akh) - le caractère (Sahu) Quelques remarques sur le concret : - l’ombre est une composante du monde concret. Elle est la projection (inséparable) du corps par la lumière. Quelques remarques sur le spirituel : - Le Kâ représente la source d’énergie individuelle, une sorte de force latente qui entretient la force vitale de chaque être. Le Kâ assure la vie, aussi bien dans le monde visible que dans le monde invisible.Cette énergie universelle présente en chaque homme relie directement celui-ci à la force universelle qui anime le cosmos. D’ailleurs lorsque Khnoum, le dieu potier fabrique dans sa glaise le premier corps, il crée en même temps le Kâ, jumeau énergétique du corps physique. « Aller vers son Kâ » signifie mourir et retourner à sa divine origine, se fondre avec son énergie éternelle. Le Kâ est symbolisé par deux bras tendus vers le ciel dessinant un carré ouvert sur son côté supérieur, tel un vase sacré prêt à recevoir l’énergie céleste. - Un autre élément, à valeur spirituelle et qui joue un rôle fondamental dans la pensée funéraire est le Ba. C’est l’élément mobile de l’être, (identité paradoxale) il est symbolisé par un oiseau à tête humaine dont les pattes se terminent par des mains. Après la mort, il peut quitter le corps, s’envoler vers la terre des vivants, puis réintégrer la momie, en lui apportant les souffles rafraîchissants qu’il est allé chercher pour le défunt. - A tout cela s’ajoute une parcelle de lumière divine, un Esprit, que les Egyptiens nomment Akh. Cet infime mais vitale parcelle de l’entité céleste s’accroît de la somme des expériences réalisées au cours de la vie terrestre et permettra à l’âme du défunt de devenir à son tour un nouvel Osiris, un être lumineux qui retrouve la lumière originelle. Dans cette démarche posthume Akh personnifié par un Ibis s’associe à Ba et au Kâ afin que l’être parfait puisse réintégrer le monde céleste. Ceci n’est pas sans rappeler la démarche chrétienne consistant à se diriger vers la Maison du Père également appelée « Jérusalem Céleste ». Vous pouvez conclure avec moi qu’il est évident pour les anciens égyptiens que l’homme est bien fils de la terre et du ciel. Et notre frère Robert nous apportera encore plus de détails car moi, je ne suis qu’un néophyte dans le domaine de la philosophie de l’ancienne Égypte. II) Pour le monde scientifique contemporain l’Homme est-il fils de la terre et du ciel ? Je ne peux parler du monde scientifique contemporain sans faire référence à Hubert Reeves qui décrit ainsi la création de l’univers : « Il y a quinze milliards d’années le monde nous apparaît comme une gigantesque purée incandescente. C’est le chaos primordial. Il n’y a aucun système organisé. Pas de galaxies, d’étoiles, de planètes. Pas de molécules, d’atomes ou de nucléons. On y trouve seulement des quarks, des électrons, des photons et une panoplie de particules élémentaires. Et c’est avec tout ça que l’on va bâtir un univers qui va se complexifier de plus en plus ». Puis Hubert Reeves attire notre attention sur le fait suivant : « Maintenant, regardons notre Univers, dans son extraordinaire diversité et variété. Une collection impressionnante de structures organisées se présente à nos yeux. Je pense à l’ensemble des espèces végétales et animales et, en particulier, aux six milliards d’êtres humains qui habitent maintenant notre planète. Comment cette métamorphose de la matière, cette croissance de la complexité est-elle advenue ? Les sciences, chacune dans son domaine, en étudient les divers chapitres. La physique nucléaire élucide pour nous les diverses réactions qui permettent aux quarks de se combiner en nucléons aux premières microsecondes, puis aux nucléons de se fonder en noyaux atomiques dans les creusets stellaires. La chimie nous renseigne sur l’élaboration des molécules interstellaires. La planétologie décrit la formation des socles planétaires sur lesquels les atmosphères et les océans peuvent résider en permanence. La biochimie tente de décrire les réactions chimiques qui ont présidé à l’apparition des phénomènes vivants, vraisemblablement dans les nappes aquatiques initiales de notre terre. La biologie cherche à élucider les phénomènes par lesquels les différentes formes végétales et animales se sont succédées sur notre planète jusqu’à l’apparition d’un être conscient, apte à se demander d’où il vient. …» « La présence de l’homme, ici et aujourd’hui est ainsi liée à un ensemble de phénomènes dans lequel tout le cosmos est impliqué. C’est notre généalogie que la science nous révèle. Elle nous situe dans ce grand mouvement d’organisation cosmique qui se poursuit depuis des milliards d’années et qui se développe sur des milliards d’années-lumière. …» « Avant d’être Français, Européens, noirs ou blancs, hommes ou femmes, nous sommes terriens, solaires, ’Voie lactéens’, fils et filles de l’Univers. » Je ne peux continuer sans quelques passages de son ouvrage : « Oiseaux, merveilleux oiseaux ». La grande question qu’il se pose est la suivante : « Comment le vol gracieux des hirondelles a-t-il pu émerger de la chaotique matière primordiale ? Les oiseaux avec leurs prouesses, leur migration, offrent l’un des plus émouvants témoignages de la prodigieuse richesse de notre univers. Les oiseaux sont comme des guides dans la recherche du levain cosmique. … » ( Pensez aux symboles que nous, nous associons à l’Aigle, au Pélican…) « Dans son évolution créatrice, la nature met en jeu toutes ses forces, elle fait feu de tout bois. Lève la pâte du cosmos : dans les débris d’étoiles éclatées, les atomes d’hydrogène et d’oxygène s’associent pour donner l’eau vitale et les cellules se fédèrent en organismes au sein de l’océan primitif de la terre. » ( Pensez aux symboles que nous, nous associons à l’Eau et au Feu ) « Il y a soixante-cinq millions d’années, la chute d’un gros météorite au Mexique fait disparaître les dinosaures, les petits mammifères ont pu alors se développer… Dans cette lignée évolutive à succès apparaissent l’Homme et la pensée. Ce levain cosmique nous le portons en nous. C’est lui qui nous incite à poursuivre, à notre modeste échelle et pendant notre brève existence, la fabuleuse odyssée de la complexité cosmique. » Je pourrai citer encore de nombreux passages mais que ce soit dans « Poussières d’étoiles – Malicorne – Patience dans l’azur » toute l’œuvre d’Hubert Reeves témoigne de l’existence de ce levain cosmique, qui est en chacun de nous. Et je me joins à ce concept très volontiers car c’est un concept fort et profond qui permet à chacun d’entre nous de s’y référer en fonction de ses convictions personnelles. III) Pour le maçon l’Homme est-il fils de la terre et du ciel ? Devant nous se trouve l’Équerre symbole lié à la terre sur laquelle repose le Compas symbole lié au ciel, pour moi le maçon se trouve à la rencontre des deux, dans l’harmonie, l’équilibre et l’Amour. La symbolique des deux triangles entrelacés du rite maçonnique de l’ Sainte Arche Royale représente la dualité maçonnique tout comme la dualité de la nature humaine avec l’aspect matériel et l’aspect spirituel. Le triangle avec la pointe en haut est le triangle spirituel (En regardant mieux on peut lire sur sa base « Nous avons trouvé »). Le triangle pointé vers le bas est le triangle de la matière (au moment de l’initiation sa base ne porte pas d’inscription et sur ses deux autres cotés est inscrit « Cultor Deï » « Civis mundi »). Il n’est pas sans intérêt de remarquer que les triangles entrelacés étaient un emblème adopté par les premiers chrétiens pour représenter Celui qui est la perfection humaine et la perfection divine. Revenons à notre rituel et cherchons la réponse à la question de ce soir dans les profondeurs de notre Initiation. Initiation à la vraie vie, celle qui n’est pas de ce monde et pourtant qui nous est proposée dès notre entrée dans le Cabinet de Réflexion, en terre, en ténèbres avec pour seul guide le Livre de Lumière, pour nous éclairer sur nos ascendants et origines, depuis la genèse jusqu’au prologue de Jean qui en définit le principe. A ce moment là, la réponse est déjà indiquée, proposée, soumise à notre intelligence. Mais c’est une fois le serment prononcé sur ces mêmes paroles que le nouveau maillon découvre sa qualité d’enfant de la Lumière, frère de Jean, fils de la Veuve … Dans son parcours, la terre et le ciel seront unis dans un même cœur pour le faire naître à la vie d’Initié. (C’est une démarche de cœur [attitude et comportement fraternel de Charité] qu’il entreprendra en tant que maçon ayant compris son Initiation – Premier degré ) Une fois lavé et confirmé par l’eau et le feu, éléments de passage obligés (lien entre ciel et terre), l’homme sera forgé en recherche . (Ce n’est pas une image de contrainte que je veux exprimer, mais une image de force comme l’acier trempé. Eau + Feu = forge , métaux rouges + eau = acier trempé, acier trempé = Force … en un mot l’Initié ne se détourne plus de la quête de son Idéal - Deuxième degré ) Puis baptisé, il deviendra alors Mage alchimiste en quête de l’Etoile (du Métal de Lumière) épurée 7 fois au creuset de sa Foi après avoir rejeté les métaux avilissants, attributs de ce bas monde. ( Allusion à la véritable étoile d’or qui n’est pas l’étoile du second degré , épurée 7 fois dans la quête de la perfection pour atteindre la maîtrise du véritable Initié.) Relevé du sein de la terre pour recevoir la vie (en présence du V\M\ témoin du monde céleste, spirituel) par les paroles de vie traduites dans la Bible, déposée face au F\, sur le plateau d’Orient et éclairant nos travaux. ( Troisième degré ) . A cet homme qui se tient enfin debout, droit devant ses frères et son Maître, au terme de sa persévérance, il lui sera donner et demander, de parler à la rencontre du Verbe. L’Homme est-il la rencontre du ciel et de la terre ? Je serais tenter de le définir ainsi car : - du point du jour au crépuscule : tel est sa vie (naissance …mort : contenu) - de la grotte au Golgotha : tel est son combat (naissance …mort : lieu) - de l’étoile à 6 branches au pentagramme étoilé : tel est son tracé (naissance … mort : symbole : étoile de Noël … 5 plaies du Christ) - de l’Occident à l’Orient : tel est son chemin (naissance … mort : direction maçonnique) - de Noël à Pâques : tel est son témoignage (naissance … mort : commémoration) L’initiation est permanente, l’échange est permanent entre la Veuve et son Fils au pied de la croix, pour la connaissance du Père et afin que la vie s’ouvre sur une dimension autre, celle là spirituelle par autant de naissances et de renaissance qui seront imposées à celui qui entre dans la Voie. Ces naissances qui sont en somme les étapes naturelles de la Connaissance (Con naissance = naître avec) mettent l’accent sur le symbolisme de l’Amour (Amour qui recèle la doctrine de la Connaissance par la fusion du 2 en 1) (terre=2=Savoir, ciel=1=Connaissance) Parmi toutes les possibilités qu’offre l’Amour il en est une qui retient l’attention : c’est celle du Veuvage. La Veuve joue un rôle de première importance dans les évènements spirituels, la plupart du temps liés à la résurrection : ainsi le fils de la veuve de Sarephta ou de Naïm en son des exemples, tout comme Hiram fils d’une veuve renaît de la terre par l’Esprit faisant du compagnon gisant un autre fils de la Veuve, donnant par là même le signe du 3ème degré. Précisément celui que donna la Vierge douloureuse, auprès de la croix en compagnie de Jean et de Marie-Madeleine. Ainsi peut-on représenter à travers cette naissance spirituelle, l’Homme souffrant, F\ de Jean, passant sur cette terre, cet Homme aimé de Dieu du G.A.D.L.U. qui sait maintenant qui il est, d’où il vient et où il va. Conclusion : La question « L’homme est-il fils de la terre et du ciel ? » posée dans un milieu d’initiés, attend une réponse d’initié : L’Initié … un autre homme ? Non, un homme « autre », qui ayant entendu l’Appel, fit le Pas vers l’Inconnu, c’est « Autre » qui le reçu comme « Envoyé » et le considéra comme tel. A son frère qui au mot SACRÉ répliquerait : connais pas, l’initié est cet homme qui est capable de répondre avec Foi et sans haine : « Le SACRÉ est cette voix que tu connais, que nul ni toi-même ne peuvent faire taire. Cette voix que tu portes en toi et que nulle ouïe ne perçoit. Aujourd’hui si tu entends cette voix n’endurcit pas ton cœur. » Ce conseil mis en pratique constitue ton premier Pas dans la voie de l’Initiation au SACRÉ, sur la voie royale ouvrant sur la Connaissance. Par le second Pas tu chasses l’orgueil qui aveugle tes actes et tu combats le vice qui maintient tes sens dans les ténèbres. Par le troisième Pas, tu entreprends sur l’itinéraire consacré, le Voyage, et tu l’accomplis appuyé sur la Sagesse et éclairé par l’Esprit de Lumière jusqu’au lieu où le Maître demeure (car déjà il nous y a précédé). Par les Pas, par les Mots et le Signe, il te reconnaîtra et dès lors il te remettra la Clé. Ayant accédé à la Clé, visite l’intérieur du Temple. Visite les ténèbres en ayant soin de toujours rectifier. En ces lieux, la marche est sacrée. En ces lieux, l’arrêt c’est la chute. Passe les entrailles de la terre, la chambre secrète du temple, les ténèbres et la voix du doute puis … tourné vers l’Orient tu vois se lever la Lumière et là, sans jamais s’imposer, le SACRÉ se manifeste éclairant le Tout de sa magnificence humaine. Il te sera alors donner d’approcher, de voir et de comprendre : - l’itinéraire rituel des antiques - le temple du Roi Salomon - les pyramides couvrant encore leur mystère - les cathédrales à la gloire du Fils de l’Homme et enfin de comprendre - l’Homme ...de sa naissance à sa mort, sur le chemin de sa vie …au seuil de l’Orient Eternel. Sur ce chemin, consciemment ou inconsciemment il transmet et entretient la vie et par ces actes il te sera révélé la Puissance Sacrée de la VIE. J’ai dit Vénérable Maître Ma planche a été éclairée par deux F\ qui me sont chers et M\ R\ Je voudrais aussi glisser un passage du « Tymée » de Platon : « Nous ne sommes pas des créatures de la terre mais du ciel, où l’âme naquit en premier. Si l’attention de l’homme et ses efforts sont centrés sur les appétits et les ambitions, toutes ses pensées seront mortelles, mais si l’homme donne son cœur pour connaître la vraie Sagesse, s’il arrive à atteindre la Vérité alors il aura certainement des pensées immortelles et ne pourra manquer d’atteindre à l’immortalité aussi certainement que cela est possible à la nature humaine. » |
7142-2 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |