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L'inconsistance de l'Homme Pour introduire mon propos, j'illustrerai cette planche par trois exemples, un individuel, les deux autres collectifs. Exemple individuel : C'est l'expérience dite du « buffet froid ». Il est issu d'une étude très sérieuse réalisée par des sociologues anglais. Ces dignes scientifiques ont filme un groupe échantillon de personnes lors d'un buffet froid, de ces buffets ou sont présentes en de vastes tables des plats aussi multiples qu'alléchants. Nous en avons chacun fait l'expérience, en de telles circonstances, nous remplissons notre assiette d'un premier mets, en découvrant un autre nous en rajoutons une bonne cuillerée, et ainsi jusqu'à avoir une assiette surchargée d'aliments se mélangeant les uns aux autres. Et c'est avec gourmandise que nous la dégustons. Nos cobayes ont ainsi fait de même. Quelque temps plus tard, ces naïfs sujets d'étude ont été réunis autour de la table d'un restaurant élégant. Il fut servi à chacun l'assiette exacte qu'il s'était composée alors, amoncellement d'aliments sans présentation ni ornement. Tous ont fait un scandale. Inconsistance de l'Homme ! Exemples collectifs : Le premier futile L'un de mes professeurs avait, il y a plusieurs dizaines d'années, été engagé comme figurant pour un film en costumes d'époque. Chacun eut un rôle et un costume impartis, qui en roturier, qui en noble, qui en boutiquier. Une fois le tournage termine, les figurants se sont spontanément réunis en petits groupes qui obéissaient aux costumes qu'ils avaient endossés, avec ses « pairs » d'un jour. Inconsistance de l'Homme ! Le dernier exemple est quant à lui effrayant. Christopher Browning, dans son livre Des Hommes ordinaires, a étudié le 101eme bataillon de police de réserve allemande qui a officié à partir de 1942 en Pologne. La plupart d'entre eux sont des pères de famille trop âgés pour être envoyés au front. Dans le civil, ils étaient ouvriers, vendeurs, artisans, employés de bureau. La plupart de ces réservistes ordinaires étaient devenus adultes avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et n'avaient jamais été des nazis militants ni des racistes fanatiques. Pourtant, en seize mois, ces Hommes vont assassiner directement, d'une balle dans la tête, 38 000 Juifs, et en déporter 45 000 autres vers les chambres à gaz de Treblinka. Un total de 83000 victimes pour un bataillon de 500 Hommes. Christopher Browning a tenté d'analyser chacune de ces personnes, leur environnement et surtout comment et pourquoi ils ont pu en arriver à de telles atrocités. Sa conclusion, à l'issue d'un dossier remarquablement étayé, est qu'ils en sont arrives à ces extrémités par goût du travail bien fait ! Il analyse qu'en des circonstances particulières, induites par un contexte donné, des Hommes ordinaires, non endoctrinés, sont capables de la plus extraordinaire inhumanité. Inconsistance de l'Homme ! C'est un sujet qui m'a longtemps hantée : quelle confiance peut-on avoir en l'Homme ? Peut-on parler d'humanité, rêver d'un monde idéal, s'appliquer à le construire si l'Homme, par nature, est inconsistant ? L'HOMME COLLECTIF L'Homme est inconsistant. L'histoire nous le démontre. Raciste à ses heures, accordant son pardon lorsque la tendance générale l'y porte. Délateur pendant la guerre, se faisant coiffeur au sortir de celle-ci. Cet Homme dont la mémoire s'étiole lorsque les évènements se font plus lointains. Qui permet à l'histoire de se recommencer en ce qu'elle a de plus effrayant. De plus inhumain. Le temps s'oublie, se perd dans nos consciences, se dilue. D'autres intérêts s'imposent à lui. Et nous retrouvons alors un nouveau un bouc émissaire. L'autre en sa différence réelle ou supposée Quelles en sont les explications ? J'ai tenté d'en ébaucher quelques-unes unes. LE MIMETISME Tout d'abord, l'on peut en trouver une explication dans le mimétisme. L'Homme se trouve depuis la nuit des temps dans un désir mimétique. Il suffit de présenter 5 jouets identiques à 5 enfants, ils se battront pour le jouet de l'autre. Le mimétisme est en effet un opérateur de contagion sociale, il dégage une agressivité sous-jacente permanente. Comment sortir du mimétisme et éviter l'agression ? En canalisant l'agression. Dans les aventures d'Astérix, les membres de la communauté, le village, qui ne cessent de se battre en de mémorables étripages, se retrouvent unis autour du barde, contre le barde. C'est l'intégrateur négatif. Certaines entreprises utilisent d'ailleurs cette technique de l'intégrateur négatif, spécialement choisi, lors de réunions difficiles afin que les deux parties potentiellement en désaccord se réunissent pour être d'accord contre celui-ci. Et l'on retrouve cet intégrateur négatif dans de nombreuses circonstances. C'est Jonas qui, pour éviter la tempête est sacrifié. C'est la lutte contre l'étranger, le Juif, le Marginal. C'est aussi le mythe sacrificiel. Comment faire confiance à l'Homme qui, pour sortir de ses conflits, se retournera contre son semblable mais d'un autre groupe ? LE CONFORMISME DE GROUPE On peut également expliquer l'inconsistance de l'Homme par le conformisme de groupe. Toute situation, tout être sont intègres dans un environnement social. Du groupe, nous attendons la reconnaissance et souvent l'affection afin, d'une part de se situer, mais surtout de trouver notre juste place. Pour le groupe, en fonction du groupe, qu'il soit professionnel, amical, associatif, l'Homme se trouvera dans des situations qui l'amèneront parfois a faire des choses qu'il ne ferait pas dans une autre. L'équilibre des valeurs qui s'imposent a lui pourra lui faire commettre des actes qu'il répugnerait dans un autre contexte. Implique, imbrique dans le groupe, cette appartenance et l'interdépendance qu'elle entraîne seront parfois plus importantes que les reniements qui seront sacrifiés à la reconnaissance du groupe. Reprenons notre exemple du 101eme bataillon. L'ordre de tuer des Juifs intéressait le bataillon en général, non chacun de ses membres en particulier. Pourtant, 80 à 90% des policiers ont tué, bien que presque tous aient été, au moins au début, horrifiés et écœurés par ce qu'ils faisaient. Rompre les rangs, adopter un comportement non-conformiste était tout simplement au-dessus de leurs forces. Ils trouvaient plus facile de tirer. Pourquoi ? Avant tout parce que rompre les rangs signifiait laisser le « sale boulot » aux camarades. Puisque le bataillon devait tirer, même si l'individu ne le faisait pas, refuser de tirer revenait à ne pas prendre sa part dans une pénible obligation collective. C'était commettre une action asociale à l'égard de ses propres camarades. Ceux qui ne tiraient pas risquaient l'isolement, le rejet, l'ostracisme. Ils devenaient faibles, voire lâches. Ils ont essayé de toutes leurs forces de ne pas rompre les liens de camaraderie qui constituaient leur monde social. LE MYTHE DE L'INSUBMERSIBILITE Une autre explication se trouve dans le mythe de l'insubmersibilité. La gravite d'un danger est accrue par la sous-estimation de sa probabilité. L'Homme joue l'autruche, refuse de voir le danger. C'est le mythe de l'insubmersibilité qui a causé le naufrage du Titanic. L'équipage avait reçu quatre messages d'alerte indiquant les risques d'iceberg avant la collision. Mais le Titanic était censé avoir été construit pour résister à tous les dangers, alors, pourquoi s'en inquiéter ? Le mythe de l'insubmersibilité touche ainsi la montée des partis d'extrême droite à laquelle nous assistons depuis plusieurs années. Il me semble que peu espèrent réellement leur accession au pouvoir. Leurs électeurs, pour la plupart, veulent faire entendre une voix dissonante, mettre en relief des préoccupations qu'ils croient réelles ou justement présentées. Mais chacun, sympathisant ou opposant, sous-estime la portée du danger sous-tendu par leurs programmes officiels ou obscurs . Et notre mémoire est bien fragile. L'habitude, le temps érode les esprits. Qui n'a pas un jour tenue pour normale une situation, une attitude qui l'aurait choqué dix ans auparavant ? Pourtant nous n'avons pas changé, nos priorités sont restées les mêmes, le contexte dans lequel nous vivons semblable. Mais la normalité, l'habitude a fait son chemin. Avec la répétition de certains discours, de certains comportements, l'adhésion sociale grandissante, qui ne s'est pas surpris par exemple à accepter certains propos sous-tendus par des idées racistes, par exemple ; avancées qui nous auraient fait dresser le poil avant que le contexte social ne les ait peu à peu admis Lorsque Jorg Heider a accédé au pouvoir, l'Europe entière s'est mobilisée d'une même voix. Nous avons tous constaté le silence mou des années qui ont suivi. Et, quelques années plus tard, lorsque Berlusconi a emporté le même pouvoir en Italie, les protestations furent bien molles et les débats frileux. Nous nous sommes habitués. Dans toute société moderne, la complexité de la vie, la bureaucratisation et la spécialisation qui en résultent atténue le sens de la responsabilité personnelle de ceux qui sont chargés de mettre en oeuvre la politique des gouvernements. C'est pourquoi il ne faut jamais baisser la garde. Maintenons nos consciences toujours affûtées, prêts à frémir au moindre souffle. La responsabilité humaine est en définitive du domaine de l'individu L'HOMME INDIVIDUEL Mais l'Homme individuel, en dehors de son contexte social, échappe-t-il à cette inconsistance ? L'Homme individuel est-il bon ? TENDANCES PSYCHOLOGIQUES Peut-on avancer l'importance des tendances psychologiques ? En dehors des personnalités fortement affirmées, de l'Homme s'étant fermement défini dans une ligne de conduite, qu'en est-il de l'Homme « normal » ? Il faut se référer à l'expérience pénitentiaire conduite à Stanford par Zimbardo. Pour son expérience, Zimbardo a constitué un échantillon de « cobayes ». Il a commencé par écarter tous ceux qui se sont situes au-delà d'un seuil de normalité défini par une série de tests psychologiques. Après quoi, il a divisé au hasard le groupe témoin ainsi constitué, homogène et « normal », en gardiens et prisonniers, qu'il a placé dans des conditions carcérales simulées. Les gardiens, opérant par équipes de 3, devaient imaginer des moyens de contrôle pour tenir une population carcérale beaucoup plus nombreuse. Bien que la violence physique ait été bannie d'emblée, en l'espace de 6 jours, la structure inhérente à la vie de prison avait déjà engendré brutalité, humiliation et déshumanisation. « Ce qui nous semblait singulièrement dramatique et affligeant était de constater avec quelle facilite des comportements sadiques apparaissaient chez des individus qui ne relevaient pas du « type sadique ». La seule situation carcérale, concluait Zimbardo, était une condition suffisante pour produire un comportement aberrant, anti-social ». L'OBEISSANCE A L'AUTORITE L'obéissance à l'autorité est un autre facteur d'inconsistance de l'Homme individuel. L'Homme individuel peut-il etre excuse par l'obeissance a des ordres emanant d'une autorite a laquelle il croit et est oblige de se soumettre ? Il est une deference comme resultat du processus de socialisation, une tendance de comportement profondement enracinee a se plier aux directives de ceux qui se trouvent places plus haut dans la hierarchie, jusqu'a commettre des actes repugnants, en violation flagrante des normes ethiques universellement admissibles. En une serie d'experiences devenues celebres, un sociologue, Stanley Milgram, a teste la capacite de l'individu a resister a l'autorite, lorsque celle-ci n'est soutenue par aucune menace coercitive exterieure. Dans le cadre d'une pretendue experience scientifique, des volontaires « naifs » ont ete charges par une « autorite scientifique » d'infliger une serie de chocs electriques simules d'intensite croissante a un acteur/victime qui reagissait par une « voix de retroaction » programmee : une serie, d'intensite croissante elle aussi, de plaintes, cris de douleur, appels a l'aide, silence fatal enfin. Dans l'experience, les 2/3 des sujets furent « obeissants » au point d'infliger la douleur extreme ! La socialisation par la famille, l'ecole et le service militaire, ainsi que tout un dispositif social de recompenses et de chatiments volontaires dans un systeme d'autorite percu comme legitime produit un sentiment fort d'obligation. Les concepts de « loyaute, devoir, discipline » deviennent des imperatifs moraux qui annihilent toute identification avec la victime. Des individus normaux se muent en simples « agents » de la volonte d'autrui. Ils ne se sentent plus responsables du contenu de leurs actions, mais uniquement de la maniere dont ils les executent. Et l'angoisse, ancree dans la vie sociale, du chatiment que pourrait entrainer la desobeissance agit comme une force dissuasive de plus. CONSTAT ACCABLANT ? Peut-on alors croire en l'Homme ? « Dire que l'Homme est un compose de force et de faiblesse, de lumiere et d'aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n'est pas lui faire son proces, c'est le definir » Diderot Je veux pouvoir avoir confiance ! Mon engagement maconnique m'interdit de perdre espoir, ce qui equivaudrait a un fatalisme ici revoltant. Quelles sont donc les solutions qui permettraient a l'Homme de se degager de sa propre inconsistance ? L'interrogation est vaste en ce qu'elle touche a l'essence meme de l'etre. Il n'existe malheureusement pas de reponse absolue. J'ai tente, quant a moi, d'approcher des ebauches de reponses. Celles-ci tiennent principalement a l'importance de l'engagement individuel, la desobeissance comprise comme une forme de civisme et l'education. L'ENGAGEMENT ET LE SENS DES RESPONSABILITES Nous vivons dans un contexte social necessaire, dans lequel nous occupons chacun une place a divers niveaux. C'est dans ce contexte qu'il nous faut, chacun, mesurer et assumer nos propres responsabilites sociales, certes, mais surtout humaines. C'est par la connaissance de soi et la confiance necessaire en soi que l'Homme social pourra rester un Homme tout court. En toutes circonstances, il faut pouvoir rester fidele a des valeurs superieures, ne jamais se laisser dominer par la situation imposee et s'y situer en tant que personne et non en tant qu'instrument. Rester integre avant tout et savoir trouver l'equilibre necessaire entre deux contraintes : la vie sociale et le respect que l'on se doit a soi-meme autant qu'a ses ideaux. Il faut prendre conscience de soi, mais aussi du monde qui nous entoure. Et, sans etre alarmiste, il nous faut considerer et realiser les dangers en presence ou en gestation, tenter de conserver la memoire vive pour prendre lecons du passe : de ses propres erreurs comme de celles de l'histoire. Et par la s'engager. S'engager pour defendre les valeurs atteintes mais surtout s'engager pour eviter precisement cette atteinte. Ne permettre aucune attaque, fut-elle legere ou embryonnaire, a des valeurs superieures d'humanisme. Sans cette attitude, l'Homme ne peut se construire, s'ameliorer. Il ne faut pas seulement defendre mais preserver. Et cette prise de conscience sociale et individuelle est infiniment necessaire pour soi mais doit en outre etre transmise, expliquee, sans proselytisme, afin de permettre une mobilisation si importante qu'elle soit a meme de decourager les velleites d'atteinte aux libertes fondamentales. LA DESOBEISSANCE COMPRISE COMME UNE FORME DE CIVISME Nous avons vu quel pouvait etre le poids de la hierarchie, de l'autorite, et d'une forme d'acceptation induite de celle-ci. L'obeissance ne va pas sans son corollaire, qu'est l'ordre, le dogme ou l'imperatif. Par principe, l'obeissance s'inscrit dans l'abstraction de la liberte. La liberte c'est savoir qu'est entre nos mains la possibilite d'etre ce que nous voulons etre. Pouvoir, toujours, recouvrer l'infinie etendue du champ des possibles. Et comprendre intimement que c'est par nos choix que nous explorons cette liberte. La liberte c'est la possibilite que l'on s'offre de faire des choix mais aussi d'accepter nos renoncements.Et de savoir laisser chaque porte ouverte. Se dire qu'il existe ou n'existe pas de limites a la liberte me semble accessoire. Ce qui nous semble etre une limite n'est souvent qu'une porte qu'il suffit de pousser, un peu a l'image de l'histoire de cet homme, enferme dans une piece sans issue. Il tourne en rond, s'etouffe, trepigne, cherche a sortir, ou qu'il aille se trouve face aux murs qui restreignent l'endroit. Jusqu'a ce qu'il s'apercoive que toutes les portes et fenetres de la piece sont ouvertes. Etre libre, c'est savoir regarder, explorer les espaces et s'offrir les choix. Et aimer chacun d'eux. Il me semble pouvoir alors affirmer que la liberte suppose le principe de desobeissance. Il ne s'agit pas d'un postulat de refus de toute regle, de toute valeur encore moins de toute socialisation. Il s'agit seulement de refuser de se poser dans une conduite induite par l'obeissance. Savoir, en toutes circonstances, considerer comme superieure l'ethique que nous nous sommes forgee. Et quelle que soit la forme d'autorite, pouvoir toujours se poser la question du choix. Et savoir y repondre sans jamais y sacrifier l'Homme que nous avons choisi d'etre. Insoumis, peut-etre, different, sans aucun doute, revolte, sainement, mais toujours integre. L'EDUCATION Pour atteindre ces buts, il faut se donner des moyens d'education. Il faut pouvoir developper une education non coercitive qui permet a l'Homme de se construire, non en obeissance mais en conscience. L'education qui doit permettre l'eveil et la clairvoyance, qui doit mener chacun a se connaitre, a s'accepter pour enfin se rever ideal dans un monde ideal. Il pourra alors s'engager. Une education qui ne doit pas dire le bien et le mal mais permettre a chacun de distinguer le faux du vrai, le blanc du noir, le bien du mal. Une education scolaire, certes, mais aussi sociale par le biais de toutes les institutions, de tous les apprentissages, de tous les moyens mediatiques et de communication. Une education qui maintiendrait la memoire vive, les consciences en eveil. Il faut pouvoir mettre en ouvre les moyens permettant a l'Homme de se tirer vers le haut. Le travail est devant nous. Mais des aujourd'hui, il nous est permis d'avoir confiance. Et c'est precisement l'objet de mon engagement maconnique. Je peux vous dire aujourd'hui pourquoi je crois en l'Homme; Collectivement, il existe, en toutes situations, au-dela de tout conformisme, un ilot de resistance qui, par sa force de reflexion et d'action, est la matrice d'immenses realisations. Mais qui surtout peut amener a tirer, a amener chacun vers son versant oriental. Je crois profondement a l'emulation. La Franc-Maconnerie en est un outil, en ce que, par l'echange, elle porte l'Homme a assumer son integrite, mais aussi impose a nos consciences de poursuivre au dehors le travail realise dans le Temple. Il y a donc double effet d'emulation. Et je veux croire en la conscience individuelle. Certains, en effet, comme les membres du 101eme bataillon, feront preuve d'une inconsistance criminelle. Mais nombreux aussi sont ceux qui refusent, qui resistent, qui trouvent en eux la force de dire non. Ceux qui ont choisi non plus de paraitre, mais d'etre, de ceux qui, individuellement opposent une farouche resistance a leur propre inconsistance. Et c'est de ces Hommes, de ceux dont la conscience ne peut flechir, de ces Hommes qui croient en l'Homme, que vient l'espoir. Car perdre foi en l'Homme, c'est laisser aux mains des brutes le devenir de l'Humanite. Il suffit, pour assurer sa solidité à une construction, de fondations et de piliers porteurs. Soyons ces pierres angulaires pour maintenir l'édifice. Les pierres d'ornements ne seront peut-être pas bien solides, puissions-nous faire en sorte que le ciment coule soit le plus dense possible. Donnerons-nous quelque peu de consistance a l'Homme collectif ? Il en est de notre devoir. « Si je ne suis pas responsable de moi, qui le sera pour moi ? Mais si je ne suis responsable que de moi, qu'en est-il de moi ? » J'ai dit C\ H\ |
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