Qu’est-ce qui fait évoluer un homme en Franc-maçonnerie ?

En termes de Franc-maçonnerie, lorsque l’on parle d’évolution, celle-ci requiert deux composantes :

D’une part l’homme qui par définition est perfectible, et dont l’espace de perfectibilité recèle un espoir d’amélioration.

D’autre part la Franc-maçonnerie, qui quant à elle qui possède le moyen, et plus particulièrement la structure mouvante future régénératrice de l’homme.

La Franc-maçonnerie donne à l’homme l’accès à son évolution, lui ouvre les portes sur une recherche de ses potentialités et de sa perfectibilité. Méthodiquement elle va lui permettre d’apprendre à se maîtriser, à dominer ses instincts, ses réactions et ses peurs. Par une mise en place d’une procédure initiatique qui se veut être procédure d’éveil, simple prise de conscience, école de vie morale, l’homme va ainsi obtenir les moyens évolutifs lui permettant d’acquérir une discipline de l’esprit, un mode de pensée, et une certaine forme d’altruisme, lui donnant les clefs afin de tracer son propre chemin de perfectionnement.

Cette procédure est articulée autour de deux axes bien distincts, d’une part d’une démarche personnelle, qui nécessite de réapprendre à penser, et d’autre part d’une démarche collective afin de dispenser à l’extérieur notre travail de recherche, par la transformation de notre fraternité en action éducatrice face au monde profane. Le franc-maçon ayant obligation d’aller à la rencontre de l’homme, la condition humaine étant son principal chemin. Comportement irréprochable, humanisme et altruisme étant les facteurs de sa réussite.

Comme je le disais plus haut, l’homme est perfectible, il peut donc de sa décision tendre vers un certain progrès, une certaine évolution. L’homme et le Temple, sans cesse en construction, ne seront jamais achevés. Dans ses Loges, ne comportant ni dogme, ni enseignement, un espace de travail lui sera réservé à l’abri du monde profane, l’homme accompagné de son passé pourra ainsi se mettre à polir sa pierre pour le Temple de demain, une fois purifié par la terre, l’air, l’eau et le feu.

Il lui faudra toutefois acquérir les outils nécessaires à sa transformation. Son évolution en sera facilitée par le symbolisme et par la Tradition sans cesse représentée. Il disposera du maillet et du ciseau qui lui permettront de polir sa pierre, la règle afin d’ajuster les dimensions et de mesurer le temps, enfin le niveau lui permettant d’aplanir cette même pierre. Elle pourra ainsi s’ajuster parfaitement dans l’ouvrage maçonnique.

Notre Constitution et son Règlement Général, notre rituel, notre symbolique, notre système hiérarchique sont là pour séparer le monde profane du monde sacré, pour l’encadrer et l’accompagner vers ses Frères en toute fraternité. De cette fraternité développée dans le respect et la tolérance réciproque par des hommes libres et de bonnes mœurs, de tous horizons sociaux, l’homme pourra s’enrichir mutuellement de ses Frères. Du chemin individuel vers l’atelier, il rognera peu à peu ses aspérités, et de cet espace de travail mutuel il se rectifiera de lui-même. Il acquerra des connaissances, cette connaissance qui se construira au fil du temps accompagné de rigueur et de volonté.

Degré après degré, rencontrant à chaque fois des symboles nouveaux sur lesquels il devra méditer, l’homme avancera ainsi pas à pas vers son amélioration. De chaque grade, il prêtera à nouveau serment. Par trois serments, pour chaque grade de son parcours en Loge bleue, il sera rappelé aux vertus de la Franc-maçonnerie.

Evolution en Loge : Pour évoluer il lui faudra suivre une méthode de travail :

Faire preuve d’assiduité, ne dit-on pas qu’elle est le premier devoir d’un Franc-maçon ? L’assiduité, premier engagement qui est de venir en Loge, engagement de participer aux travaux en tenue, accompagné pas des piliers indispensables que sont le rituel, le rite, la symbolique et le respect de la hiérarchie, mais également l’engagement de la nécessité de continuer en dehors de ce qui ce fait de midi à minuit plein.

Rappelons-nous la devise de nos Frères Compagnons opératifs. Engagement de « servir, sans s’asservir, ni se servir », tout est bien là.

Lorsque il est minuit plein et que notre atelier en Loge est fermé, je ne peux m’empêcher de parler des agapes y faisant suite dans la salle humide, en annexe de notre Temple. Au rite Ecossais Ancien et Accepté, celle-ci font obligatoirement suite à la tenue et tous les Frères y sont régulièrement invités. Repas fraternel de la continuité de nos travaux, car pris entre tous les Frères unis sans décors, continuant à s’instruire et se former, les agapes ont un rôle initiatique.

Je viens de reprendre l’article premier de la Constitution. « La Franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle a pour devise liberté, égalité, fraternité ».

A chaque tenue, à chaque écoute de cet article énoncé par notre Frère Orateur, je me pose toujours la question qu’y pourrait-on y rajouter ? Je n’ai toujours pas trouvé de réponse.

De la philanthropie qui tend vers l’autre, qui va provoquer une rencontre, un échange, de la philosophie qui prend le temps d’étudier, de comprendre les choses, de la progressivité, de l’amélioration matérielle et morale, du perfectionnement intellectuel et social de l’humanité, de cette recherche reliée aux autres ayant pour vocation d’agir concrètement après réflexion sur la société en général. De la tolérance, du respect des autres et de soi-même, de la liberté absolue de conscience et de l’abandon de tous dogmes. Encore une fois que pourrais-je rajouter d’autre à cet article premier, à cette école de formation mutuelle humaine sous pratique de la fraternité ?

Mon Filleul (en voie de passer Compagnon) que je suis de près sur son instruction m’a demandé dernièrement quels étaient les livres qu’il fallait lire pour progresser, les livres qui avaient marqués mon cheminement personnel.

Je lui ai répondu la chose suivante : La référence à mon évolution (hormis les livres référents dits maçonniques nécessaire à mon instruction) est basée sur trois piliers, trois livres qui ont marqué ma vie, sur mon évolution, la force, la beauté et la sagesse, l’envie de vivre toujours plus en avant dans la recherche et le travail, mais aussi de l’évasion, de la liberté. Trois livres qui m’ont accompagné lors de mes doutes, trois livres qui rejoignent ce soir ma planche :

• Saint Exupéry qui en 1942 écrivit son livre « Le Petit Prince », l’amour de la rose, la rencontre des autres, émotions, sentiments, amour, amitié…tristesse pleine d’espoir, voie retrouvée.
• Le « Guerrier pacifique » de Dan Millman, exposé des lois universelles auxquelles nous sommes tous soumis et que nous devons travailler, certaines plus que d’autres en fonction de notre chemin de vie, et enfin celui dans lequel je me retrouve très souvent :
• Jonathan Livingston le Goéland de Richard Bach. L’espoir d’être un jour un guide initiatique à son tour, les maîtres ont toujours été d’abord des apprentis. La vie, l’existence, la mort…

Trois livres généreux, emplis de tolérance, de beauté, de sagesse. Trois livres écrits par trois aviateurs peut-être parce que plus près de ciel, plus près des rayons du soleil loin du bruit, loin du tumulte et de la vie folle.

En conclusion permettez-moi de vous citer ces quelques lignes en rapport avec les sept premières marches, peut-être aurais-je le bonheur que vous m’y reconnaissiez comme tel.

Un apprenti maçon s’approche de son Maître et lui demande : « Maître, j’aimerais connaître le chemin qui m’attend et qui m’amènera jusqu’à la Lumière » ?

Le Maître, assis, ne répond pas. L’apprenti s’assied, à son tour, et attend patiemment.

Le Maître dit : « Tu as franchi la première marche de l’évolution, car elle consiste à s’asseoir dans le silence pour te connecter à ta Mère la Terre ».

L’apprenti maçon ravi et au bord des larmes, ferme les yeux et se concentre sur sa respiration.

Le Maître l’observe et dit : « Tu as franchi la deuxième marche de l’évolution, car elle consiste à vivre ses émotions et à les laisser passer dans le silence ».

L’apprenti maçon respire encore plus profondément et calme ses pensées en visualisant le ciel bleu.

Le Maître dit : « Tu as franchi la troisième marche de l’évolution, car elle consiste à calmer ses pensées afin de les discipliner ».

L’apprenti maçon se centre dans son cœur et y ressent l’amour infini de son âme.

Le Maître dit : « Tu as franchi la quatrième marche de l’évolution, car elle consiste à ouvrir son cœur et à baigner dans l’amour de son âme ».

L’apprenti maçon dit « Maître, j’aime la vie ».

Le Maître dit : « Tu as franchi la cinquième marche de l’évolution, car elle consiste à exprimer l’amour que tu as ressenti dans ton cœur ».

L’apprenti maçon sent des larmes couler sur ses joues et dit : « Maître, je ne suis plus ».

Le Maître esquisse un léger sourire et dit : « Tu as franchi la sixième marche de l’évolution, car elle consiste en l’abandon de la personnalité ».

L’apprenti maçon ouvre les yeux et dit : « Je ne suis plus la lune, je suis le Soleil, je suis l’Amour, je suis la Vie. Je suis Toi, mon Maître ».

Le Maître éclate de rire et crie au Soleil, à la Terre et à l’Univers : « Mon apprenti maçon a franchi la septième marche de l’évolution. Il est rentré chez lui… »

Et les deux Maîtres (l’ancien et le nouveau) d’un même pas se mettent à danser et à célébrer l’Amour et la Lumière.

Et les fleurs, et les arbres et le soleil et la terre dansent avec eux. Et l’Univers entier s’en réjouit et chante l’Amour et la Lumière.

Mais loin de se contenter du jour qui chante, dès le lendemain, au premier cri du coq, les deux Maîtres repartent d’un pas nouveau, s’apprêtant à franchir de nouvelles marches, sur le sempiternel chemin de la vérité.

J’ai dit Très Respectable Maître

A\M\ S\