Baphomet
Je voulais depuis longtemps faire un
post sur le mythe de Baphomet, ce post s’inscrit
aussi dans l’idée
d’une nouvelle publication reprenant les posts sur Satan et
Lucifer et tentant
de présenter l’image du mal dans la mythologie
judéo-chrétienne.
Si on
s’attarde
sur l’image du mal dans les différentes traditions
il faut souvent faire une
recherche sémantique pour savoir d’où
vient le terme employé. Satan vient de
l’hébreu, lucifer du latin, diable du grec et
quand est-il de Baphomet ?
Et bien nous voila
face à la première énigme du Baphomet,
son nom. Son origine et son nom sont
certainement étroitement liés mais qui faut-il
croire ?
Introduction
D’après
Eliphas
Levi Baphomet dans son dogme et rituel de la haute magie Baphomet
serait
l’abréviation de « Templi omnium hominum
pacis abbas » (lu à l’envers), avant
Eliphas Levi le Baphomet ne possédait pas d’image
c’est de lui que nous vient
cette iconographie, c’est aussi en parti de lui que nous
vient toute une
mythologie qui lie le Baphomet au templier
et au franc-maçon, même si comme nous
le verrons tout cela semble pure invention. Le Baphomet sera ensuite
repris,
son image manipulée pour la faire rentrer dans un
pentagramme à l’envers, pour
finalement finir adopté en 1966 comme symbole de
l’église de satan d’anton
Szandor LaVey.
Pour comprendre
comment ce symbole fut associé au templier et au
franc-macons il faut d’abord
s’attarder un peu sur l’histoire des
templiers…
Un peu
d’histoire
Revenons au
début,
en l’an de grâce 1118 Hugh de Payen et
André de Montbard fondent les chevaliers
du temple. Ceux qui furent les « Pauperes Commilitis Christi
et Templi Salomonis
» seront pour toujours liés à
l’image du Baphomet. Sur 231 chevalier, 12
admirent sous la torture connaitre quelques choses de cette fameuse
icone.
On ne retrouve pas
trace du terme Baphomet, dans les édits du roi Philippe pour
l’arrestation des
templiers, de même que dans aucune de bulle papale de
Clément V. Les
accusations parlent de l’adoration d’idole, de chat
ou de tête ayant parfois
trois faces. Les descriptions arraché sous la torture varie
d’un procès à
l’autre et on a ainsi des descriptions d’une
tête à une ou deux face, parfois
barbu, faite d’argent ou de bois, l’image
d’un homme ou d’une femme, une tête
momifié brillant dans le noir ou bien encore et tout
simplement un démon. On en
retrouve mention dans les témoignages contradictoire de
Guillame d’Arbley,
précepteur du temple de soissy. On retrouve cependant dans
les compte-rendus de
procès l’adjectif «
bafométique » ainsi Gaucerant avoua avoir
adoré une
"image bafométique" qui, en langue d'oc, est une
déformation de
Mahomet, et n’a donc à priori aucun rapport avec
l’idole décrite par Eliphas
Levi.
Gargouille
de Saint-Meri,
vraisemblablement la source d’inspiration pour
l’icône faite par Eliphas Levi
Les auteurs
Modernes
Montague Summers
suggère dans son histoire de la sorcellerie et de la
démonologie paru en 1926,
que Baphomet serait la combinaison de deux mots grecs «Baphe
» et « Metis » ce
qui signifierait « absorption dans la sagesse » (ou
plutôt baptême de conseil
ou ruse si l’on se réfère a la
signification des mots grecs), idée sans preuve
qui sera repris par de nombreux auteurs. On peut ici citer aussi le Dr
Schonfield qui dans son livre « les esséniens et
les templiers » paru en 1984,
assure que Baphomet est la résultante d’un codage
suivant le code de
substitutions hébreux atbash et signifierais «
sophia » soit la sagesse en
grec.
Les auteurs
moderne, pour rattacher le Baphomet au templier, font souvent
référence au
pentagramme, mais il n’existe pas de preuve de
l’utilisation de ce symbole par
les templiers (et je vous invite à aller faire un tour sur
le très bon site templier.net
pour vous en
persuader). Le pentagramme fais donc le lien entre le Baphomet, les
templiers
et par extension les franc-maçon. C’est, comme
nous l’avons déjà dit, une pure
interprétation d’Eliphas Levi dans son Doctrine et
Rituel paru en 1861, dans
laquelle il le nomme « le bouc de Mendés
», son ouvrage contient entre autre la
fameuse illustration du Baphomet à tête de bouc,
corps de femme, citation
alchimique sur les bras (Solve & Coagula), caducée
en guise de verge et
bien sur notre fameux pentagramme sur le front. On lui accorde aussi,
la
première interprétation arbitrale, que le
pentagramme pointe vers le bas serait
une représentation de Baphomet, aucun association connu du
pentagramme avec le
mal n’existe avant lui.
L’imposture
Taxil
Et puis en 1894,
viens le fameux Léo Taxil, connu pour avoir monté
un canular sur la
franc-maçonnerie dans le but de piéger
l’église catholique,
mais qui malheureusement continue d’alimenter les mythes et
légendes sur nos
amis FM. Ainsi dans ses ouvrages anti-maconnique on retrouve notre
fameux
Baphomet immortalisé par de gravures qui feront, et font
toujours le tour du
globe.
Vous pouvez
consultez
le reste de ces illustration ici : http://www.phoenixmasonry.org/masonicmuseum/leo_taxil_original_posters.htm
L’ensemble
de ces
textes et des hypothèses sans fondements, sera ensuite
repris par bon nombres
d’auteurs. Bizarrement Albert Pike, grand auteur FM,
reprendras les écrits
d’Eliphas Levi sans esprit critique, ce qui ne fera que
renforcé le mythe de
l’adoration baphométique des
franc-maçon. La tête de bouc à
l’intérieur d’une
étoile à cinq branche, semble être une
invention de Paul Jagot dans son «
science occulte et magie pratique » paru en 1924, puis repris
par Charles W.
Olliver dans son « Manuel de magie et de Sorcellerie
» ou la tête apparait
cette fois avec les mots « samael » et «
lilith », Oswald Wirth incluras cette
tête dans le deuxième tome de sa « La
Franc-Maçonnerie Rendue Intelligible à
ces Adepte » en 1931. Et il faudra attendre 1966 pour que ce
symbole,
vraisemblablement d’après Wirth, sois repris par
l’église de Satan, et que ces
symboles (aussi bien le Baphomet que le pentagramme) sois
définitivement
associés avec Satan.
Conclusion
Le
Baphomet n’as donc aucun rapport avec les
templiers ou la franc-maçonnerie, c’est une icone
récente, créer de toute pièce
par Eliphas levy et reprise à tort par bon nombre
d’auteurs. Cela illustre
encore une fois un des problèmes majeurs de
l’enseignement ésotérique et
occulte ou bon nombre de bêtises voir d’erreurs
sans fondement sont reprise à
tour de bras, sans que personne ne vérifie ses sources et
deviennent avec le
temps et la force des choses de vrais mythe ou de vrais enseignement.
Grüssi
abrasax |