Obédience : NC | Revue : L'Initiation | Date : NC |
La Synarchie
Chacun
de ces deux pôles se partage à son tour en trois
fonctions. De l’Autorité
relèvent les fonctions d’enseignement et de
culture (arts, lettres, sciences,
recherches), de Justice (élaboration des lois, garantie de
l’égalité,
constitution) et d’économie (fixation de
l’impôt et réglementations
commerciales). Au
Pouvoir appartiennent les fonctions de l’exécutif
(magistrature, police), des
finances (levée de l’impôt,
contrôles des échanges), des relations
extérieures
(diplomatie, défense). Les fonctions judiciaire et
économique de l’Autorité
contrôlent respectivement les fonctions exécutive
et financière du Pouvoir,
cependant que la fonction culturelle reste exclusivement
l’apanage de
l’Autorité et que celle des relations
extérieures demeure réservée au
Pouvoir.
L’Autorité s’exerce au travers des
délégations populaires
émanées des diverses
classes de la société (un peu dans
l’esprit des Etats Généraux) alors que
le
Pouvoir, toujours soumis au contrôle de
l’Autorité - c’est là la
règle fondamentale
du système - est exercé par des
fonctionnaires recrutés sur examen et
assermentés. En résumé, ce
modèle
synarchique est à double entrée : un binaire
Autorité-Pouvoir et deux Ternaires. C’est
pour cette dernière raison que Saint-Yves d'Alveydre
qualifie souvent la
synarchie de loi sociale trinitaire
judéo-chrétienne.Pour développer ses
thèses
synarchiques, Saint-Yves d'Alveydre a écrit et
publié, entre 1882 et 1887, cinq
ouvrages qui forment l’ossature de sa pensée. En
1882, la «Mission des Souverains» est une histoire
critique de la papauté qui a
bien trop souvent délaissé sa mission spirituelle
pour s’immiscer dans les
affaires politiques et diplomatiques des nations européennes
en poursuivant des
buts hégémoniques ; en 1883, la
«Mission des Ouvriers» s’adressait, en
cette
époque qui fut témoin de l’essor
industriel en Europe, aux travailleurs,
intellectuels et manuels, entre les mains desquels Saint-Yves
désirait remettre
les clefs de la promesse synarchique ; en 1884, la «Mission
des Juifs», est une
vaste fresque historique qui remonte jusqu’à sept
mille cinq cents ans avant
Jésus-Christ avec la fondation de l’empire de Ram
jusqu’à la dispersion des
Juifs, en l’an 70 de notre ère ; en 1886, la
«Mission de l’Inde» nous
emmène à
la découverte de l’Agarttha, territoire
sacré et secret de l’Inde où existerait
une communauté initiatique régie par un
régime synarchique ; enfin, en 1887,
«la France vraie» ou «Mission des
Français», explore l’histoire de la
France,
ses enchaînements et ses rebondissements, depuis la
première convocation des
Etats Généraux par Philippe le Bel en 1302. Ces
cinq Missions représentent globalement un
témoignage historique au travers
duquel Saint-Yves d'Alveydre tente d’exposer
différentes applications de la
synarchie. Mais il constate aussi, non sans amertume,
l’échec de ces tentatives
synarchiques trahies par les ambitions des uns et l’ignorance
des autres. Désespéré
par l’adversité, Saint-Yves ne pourra plus, comme
nous l’avons vu, que confier
le précieux message synarchique aux travailleurs, forgerons
de l’avenir.Servis
par une plume ardente et talentueuse, les Missions apparaissent comme
autant de
pamphlets, genre littéraire qui sied à merveille
à Saint-Yves d'Alveydre et
dans lequel il a toujours excellé. Il n’est pas
inconvenant d’affirmer que la
«synarchie» alveydrienne se coule dans la mouvance
des courants utopiques qui
fleurissaient notamment en Angleterre aux XVIe et XVIIe
siècles et qui n’est
pas étrangère à la fondation de la
franc-maçonnerie en ses sources
traditionnelles et initiatiques. Par sa recherche d’une
société idéale, la
franc-maçonnerie, elle-même, constitue une utopie,
étant, bien entendu, que
l’utopie n’est pas de nature chimérique
mais humaniste.[1] On sait que, plus
récemment, entre les deux guerres, ce concept fut repris et
réactivé par des
comploteurs français désireux de renverser la
République ; certains de ces
synarques hantèrent les allées de
l’État vichyste durant l’occupation.[2]
À la
sortie des presses, Saint-Yves détruisit tous les
exemplaires de cet ouvrage,
sauf un. En 1910, un an après sa mort, les «Amis
de Saint-Yves» retrouvèrent
cet exemplaire et en assurèrent la publication. Le titre
complet de cet ouvrage
est : «Mission de l’Inde en Europe, Mission de
l’Europe en Asie ; la question
du Mahatma et sa solution». Soumis par Yves-Fred Boisset http://www.initiation.fr : Le site officiel de la revue L'Initiation (vraie revue existant depuis 1888) |
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