Cosmogonie
Shinto
Le
shintoïsme
est encore une religion de la pureté : la mort, le
putréfaction, la blessure,
l'accouchement ou le sang sont pour lui des souillures. Le mot japonais
ancien
pour désigner la souillure : tsumi,
désigne en japonais moderne la
faute, y compris pénale, et, pour les Japonais
chrétiens d'aujourd'hui, le
péché. Cette souillure devait être
lavée par certaines cérémonies
rituelles de
purification. Ce peut être des bains ou ablutions (misogi)
ou des
exorcismes, comme celui consistant à balayer l'air avec un
fouet de papier (harae),
toujours pratiqué aujourd'hui, spécialement lors
du Nouvel An. Ce rituel de
purification s'accompagnait d'une offrande (harae-tsu-mono)
et d'une
invocation aux Kami. Les anciens Japonais
connaissaient également
l'ordalie en tant que mode de preuve, consistant par exemple pour le
suspect ou
le témoin à retirer une pierre de l'eau
bouillante, la véracité de ses dires
étant présumée si sa main n'en
souffrait pas (kukadachi).
Des textes postérieurs à la réception
de la civilisation chinoise furent
rédigés sur l'ordre de la cour
impériale au début du VIIIème
siècle. Cette
rédaction, fut entreprise dans un but de prestige et
d'unification des cultes
nationaux. De cette complication des traditions orales
résultèrent deux
ouvrages : le Kojiki: chronique des choses
anciennes, écrit en 702 et le Nihon Shoki ou
Nihongi "Chronique du Japon",
écrit en 720. Ces
livres comprennent tout à la fois :
1 - Une genèse, c'est-à-dire une explication des
origines du monde, puis du
Japon lui-même, et un récit de la naissance des
dieux dont le pittoresque n'a
rien à envier à la mythologie grecque. Il est des
passages en revanche
fastidieux, comportant de complexes généalogies
de Kami d'ailleurs peu
cohérentes. Le caractère artificiel de ces
relations généalogiques montre bien
que ces ouvrages remplissent un but d'unification des cultes locaux
dans un
corpus unique destiné à renforcer
l'unité nationale.
2 - Un mythe fondateur, qui rend compte de l'origine de L'Empire
Japonais, le
caractère divin du pays et de sa dynastie étant
affirmé afin de renforcer le
prestige national face à la Chine.
3 - Une chronique du règne des premiers empereurs, dont la
valeur historique
augmente au fur et à mesure que l'on avance dans le temps.
1 - Une genèse : après que le Ciel et la Terre
furent distingués du chaos
primitif, sept générations de dieux se
succédèrent pour terminer par le Dieu Izanagi
et la déesse Izanami. Izanagi
ayant baratté la mer avec sa lance,
un grumeau donna naissance à une première
île, sur laquelle il descendit avec Izanami.
Là, les deux divinités ne tardèrent
pas à découvrir, l'une son identité
féminine, et l'autre son identité masculine, sans
trop savoir de quelle façon
il convenait de mettre à profit ces différences.
Après divers essais
infructueux, ils finirent par découvrir le mode d'emploi de
façon empirique,
et, de leur union naquirent successivement les îles du Japon,
les mers, les
rivières, les montagnes et les arbres. Puis vint une
série de trois dieux
particulièrement importants :
Amaterasu Omikami la grande (ô)
vénérable (mi)
divinité (kami)
qui brille (terasu) au ciel (ama),
c'est-à-dire la divinité du
soleil,
puis la Lune,
puis Susanowo , un caractère masculin,
fougueux et impétueux,
indiscipliné et colérique, brutal et cruel,
associé au vent et à la tempête.
Enfin Izanami donna naissance au dieu du feu et
meurt en couches, brûlée
par ce fils qu'Izanagi, de colère,
décapitera. Izanagi tentera
ensuite de rejoindre son épouse défunte dans le
royaume des morts et des
ténèbres, mais il la retrouvera à
moitié décomposée et fuira
horrifié pour
aller se purifier dans la mer.
Après quoi, les récits continuent en racontant en
particulier comment la déesse
du Soleil Amaterasu s'est
réfugiée dans une caverne pour se soustraire
à
son frère Susanowo, et comment le monde
fut plongé alors dans
l'obscurité. Les dieux se réunirent en faisant
une fête grandiose afin de faire
sortir Amaterasu de sa caverne et de retrouver
ainsi la clarté. Le
vacarme issu des chants finit par faire sortir de la déesse.
Pour réfléchir
quelques rayons de lumière, on lui présenta un
miroir que l'on pris soin de
maintenir à l'extérieur. Ils tendirent une grande
corde en hâte à l'entrée de
la caverne pour l'empêcher d'y rentrer. De nombreuses pages
ont été écrites sur
ce mythe de l'éclipse ou de l'aurore de cette
déesse solaire dont le culte est
depuis associé à un miroir circulaire de verre ou
de métal poli.
2 - Le Kojiki
et le Nihongi comportent
également un mythe fondateur. Ils racontent en
détail comment Ninigi no
Mikoto, l'arrière petit-fils d'Amaterasu
descendit sur terre pour se
battre contre des "barbares". On peut se demander s'il s'agit des
Aïnous ou d'autres peuples, comme il est plus vraisemblable.
Le nom que prit
ensuite, après ses victoires, ce premier empereur est Jimmu,
lorsqu'il
fonda L'Empire du Japon le premier jour de l'année lunaire
soit le 11 février
660 AV JC.
par Régis
GARNIER publié dans : Hauts
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