Obédience : NC | Loge : Héliopolis - Orient de Foix | Date : NC |
Sous le Palmier
d’Egypte Nous
avons tous
entendu cette expression lors de la fermeture des travaux au 1er
degré. Dans
un rite
égyptien, il n’est pas étonnant de
trouver un palmier. 1)
Celui d’Egypte
est particulièrement utile aux hommes : -
en vannerie, les
feuilles permettent de réaliser des cordes, des nattes et
des corbeilles -
dans
l’alimentation, et même en survie en milieu
désertique, ses fruits. Verts, le
noyau blanc est comestible. Mur, sa saveur est sucrée est
sert aussi à réaliser
une boisson. -
l’arbre rend
accueillants les jardins et les oasis, et les dote d’une
grande fécondité. -
L'écorce du fruit
peut être pilée et vendue sur le marché
pour en extraire un jus marron et
sucré. -
les cérémonies de
mariage ornent la façade de la maison d’un arc de
palme en signe de
réjouissance. -
Le tronc du
palmier doum est fréquemment utilisé dans la
construction comme colonne pour
soutenir les toits. -
les restes de
fruits peuvent servir de combustible -
On fabrique des
instruments de musique avec le bois -
Le palmier Doum
se fait aussi plus intime pour soigner les maux d’oreille par
une décoction des
feuilles, celle-ci dans un tout autre registre était
utilisée comme encre dans
le cadre d’une recette magique. Les fruits ou noyaux
étaient déposés dans les
sépultures comme offrandes. -
Si vous craignez
les effets de la magie, sachet que le prophète Mahomet a
déclaré que “Quiconque
aura mangé le matin 7 dattes à jeun ne sera pas
incommodé ce jour là ni par le
poison, ni par la magie”. Qu’on se le dise... Vous
conviendrez avec moi que le
palmier est fortement intégré dans la vie des
égyptiens. 2)
Aussi nous
allons le retrouver sur un plan plus ésotérique
mais auparavant, pour creuser
davantage le symbolisme de cette expression, voici tout
d’abord un rappel de la
partie du rituel concerné : Le
Vénérable Maître “ Frère Premier Surveillant, cette Règle s'est-elle perpétuée jusqu'à ce jour dans le cœur des Francs-Maçons de la Terre d'Égypte ?” Le Premier Surveillant “ Vénérable Maître, les Frères (et Sœurs) qui ont œuvré à l'ombre de la Colonne du Nord comme à celle de la Colonne du Midi ont travaillé fraternellement sous l'Équerre pour le bonheur de tous les Êtres. ” Le
Vénérable Maître regarde les Frères
à l'Orient “ Il en est de même à l'Orient, où tous ceux qui y œuvrèrent ont travaillé fraternellement sous le Palmier d'Égypte. ” De
ce riche échange
on peut dégager plusieurs enseignements : Le
Maçon d’Egypte
est en mesure d’aider le Grand Architecte en se comportant
comme un homme de
devoir par toute la terre, qui se relie au divin par sa conscience. Si
chaque maçon se
doit d’être relié au divin, au cosmique,
par sa conscience, nous découvrons
trois niveaux d’expression donc pour cette même
réalité. -
En premier lieu,
tout maçon se doit donc d’être un homme
de devoir, fidèle à sa conscience. -
Or cette règle se
perpétue dans le cœur des Maçons
d’Egypte en travaillant fraternellement sous
l’équerre pour le bonheur de tous les
êtres, nous déclare le 1° Surveillant.
Symbole de rectitude, de rigueur et de précision,
l’équerre sert de modèle à
la
tenue du F... M... et, plus particulièrement, à
l'apprenti et au compagnon en
définissant la position et la marche dites à
l'ordre mais aussi, pour les
maîtres elle demeure un signe distinctif de
qualité de la conduite du maçon. -
Enfin, ceux qui
ornent l’Orient sont appelés par le
Vénérable maître à
travailler de même pour
le bonheur de tous les êtres, mais au delà de
l’équerre, ils travaillent
fraternellement sous le palmier d’Egypte. 3)
Évoquons
maintenant la tradition de l’Egypte ancienne. L’impermanence
fait
partie de notre condition humaine et c’est
déjà de son vivant que l’homme
expérimente des métamorphoses. Telle est
l’aventure de la conscience, à
laquelle nous participons. Le
rythme quotidien
de veille et sommeil nous fait vivre une préfiguration de la
mort. Le livre des
Morts égyptien se nomme plus justement livre de la Sortie au
jour. La grande
initiation qu’est la mort peut
s’appréhender par les initiations humaines, qui
nous apprennent à mourir, qui nous apprennent à
libérer l’esprit trop absorbé
dans le concret, dans son décor terrestre. Sous
couvert de
décrire le cheminement post mortem de
l’âme, le Livre des morts est un parcours
initiatique qui guide l’impétrant de la mort
profane à la vie de l’esprit. Le
récit du voyage
du mort-Osiris prend naissance dans celui, quotidien, du soleil. Lui
qui
disparaît englouti, le soir à l’ouest,
va cheminer jusqu’ à la renaissance. Ce
voyage du couchant jusqu’au levant, c’est le
parcours que matérialise notre
temple. Pour
le défunt de
Kemit, ce voyage s’accomplit en franchissant des portes,
gardées par des
“gardiens du seuil”, ressenties comme des
bêtes dangereuses dont il faut
connaître le nom pour les amadouer. Ces
bêtes
dangereuses habitent notre inconscient, et nous les avons
devinées depuis notre
passage en cabinet de réflexion, depuis que nous sommes
attentifs à visiter
notre terre intérieure. Et de les connaître va
nous permettre de transformer
ces monstres d’épouvante en ...
épouvantails. Nos démons (re)connus perdent
leur pouvoir sur nous : nous pouvons leur parler et veiller
à préserver notre
être en ayant appris leur comportement. Parmi
le panthéon
égyptien, Hathor personnifie l’espace
céleste ; elle est ainsi comme son nom l’indique
Demeure d’Horus. Elle est aussi la déesse qui aide
chaque jour l’ âme
traversant la demeure des morts, le dangereux Amenti. Si
l’âme sait la prier
selon le rite établi, celle-ci compatit aux
difficultés de l’âme et va lui
fournir boire et manger, puis la transporter sur ses épaules
loin des dangers.
L’âme ayant alors triomphé sur cette
partie du voyage deviendra “nouvel
Osiris”. A
la dernière porte
meurent les démons et les monstres, l’horizon
s’illumine alors. La mort n’a pas
gagné, mais doivent encore surgir d’autres
épreuves comme le piège du mauvais
nautonnier, puis la pesée de l’âme, et
l’échec ici signifie ou bien mourir pour
une seconde fois- et cette seconde mort est à craindre plus
que la première
nous dit Jésus (Matth 1:28) -, ou bien atteindre la
délivrance et la victoire
définitive sur la mort en accédant aux
régions célestes. Cependant
l’impétrant,
confondu tout d’abord au défunt Osiris est
maintenant devenu nouvel Osiris. Il
a cheminé sous l’aile protectrice
d’Hathor. Ce
parcours initiatique,
nous le connaissons bien. Par l’initiation nous sommes
descendus au tombeau du
cabinet de réflexion, au sein de la terre, puis nous avons
vécu plusieurs
voyages au sein des éléments. Chacun
d’eux nous a amené selon un itinéraire
précis devant une porte où nous avons subi une
purification. Nous avons cheminé
depuis l’occident, vers l’orient où nous
attendaient la lumière et la
renaissance. Ce voyage post mortem, guidé par
l’expert, avatar d’Hermès
psychopompe, s’accomplit en corrélation avec la
topographie de l’au-delà, dans
le royaume des morts. Nous aussi avons reçu de
l’aide pendant nos épreuves : le
pain et l’eau offert au voyageur dans le cabinet de
réflexions, la main
secourable de l’expert tout au long des voyages, et les
purifications pour continuer. Le
palmier d’Egypte
figure le chemin de la résurrection, aussi les rois
d’Egypte dressaient des
simulacres de palmiers auprès de leurs tombes. Cet arbre
nourricier et
funéraire symbolise la mort et la résurrection. Au
cœur des
traditions religieuses moyen orientales la palmeraie, oasis face au
désert,
célèbre les bienfaits de la création
divine. Elle est un symbole de la terre
promise, et un avant goût du paradis. Avec le Cantique des
cantiques (Chap7),
permettons nous une petite digression : (7:7)
Que tu es
belle, que tu es agréable, O mon amour, au milieu
des délices! (7:8)
Ta taille
ressemble au palmier, Et tes seins à des grappes. (7:9)
Je me dis: Je
monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux! Que tes seins
soient comme
les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des
pommes, (7:10)
Et ta bouche
comme un vin excellent,... Entre
le jardin
d’origine et le jardin de la fin dernière, la
palmeraie incarne un trait
d’union entre le monde ici-bas et celui de
l’au-delà. Le
palmier étant
l’un des attributs d’Hathor, nous comprenons mieux
le sens de la formule
lapidaire “sous le palmier d’Egypte”. Par
cette expression on évoque cette
partie du parcours initiatique, où l’aide est
donnée proportionnellement au
fardeau à porter, au combat à mener. Pour
nous Maçons,
être sous le palmier d’Egypte résume
simplement notre lien à la tradition
égyptienne. Mort et résurrection vers la
lumière, telle est la loi de l’existence
et des êtres, par la succession des incarnations et
réincarnations, ou des
métamorphoses de l’être. Cette loi est
aussi évoquée par l’oiseau Bennou,
présent sur notre sceau de Loge, emblème de
l’âme d’Osiris, oiseau migrateur
qui disparaît et revient, ou phoenix qui renaît de
ses cendres. Pour
conclure,
résumons donc les trois niveaux
évoqués par le rituel : - celui de
l’homme
debout, homme de devoir -
celui de l’homme
debout devenu disciple, car il oeuvre maintenant sous
l’équerre au bonheur de
tous les êtres -
celui de l’initié
qui a vaincu ses ténèbres intérieures
et qui a vaincu la mort, celle de
l’esprit profane qui poursuivait la satisfaction de ses seuls
désirs, pour
renaître à une vie de service dont il est devenu
digne par la connaissance vécue
et incarnée. Il est devenu selon le Livre des morts
“Sacré sur terre” (XV:6-7) Puisse ce travail nous inviter à nous rendre dignes d’oeuvrer, sous le palmier d’Egypte, au bonheur de tous les êtres. D\
B\ Bibliographie Franc-Maçonnerie d’autrefois - Robert Ambelain - Laffont culture oasis.com/Traditions Le livre des morts .../S. Mayassis. Archè R\L\ Héliopolis - N°14 - O\ de Foix - Rite
de Misraîm - Recueil
année 3300 - L
d’É |
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