GLDF | Loge de recherche : Mare Nostrum - Orient d'Arles | 14/06/2003 |
Faire
ses Humanités pour faire un
Humaniste
Telle pourrait être la devise du Compagnon qui, à l’issue de ses cinq voyages initiatiques au cours desquels il sera mis en possession des moyens et des objets de la Connaissance, coopérera à l’exécution du Grand Œuvre. En effet, le symbole commun à tous les degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté est celui de la construction d’un édifice, construction du Temple, symbole de l’univers, dont l’homme est lui-même l’image en tant que microcosme. Ainsi, ayant fait en quelque sorte ses Humanités afin de se construire lui-même, l’éternel Compagnon que nous sommes participera donc à la construction de l’homme en général, c'est-à-dire l’autre, le « tout autre », en rendant le monde qui l’entoure plus humain, témoignant ainsi de son humanisme. Mais, qu’est-ce que l’humanisme ? Humanités et Humanisme Au sens premier (XVI° siècle), l’expression « faire ses humanités » (1539) signifiait étudier la langue et la littérature gréco-latine… Ainsi Molière à-t-il pu faire dire plus tard, dans le Malade imaginaire (1673) : « Les médecins savent la plupart de fort belles humanités, lesquelles comme leur nom le dit, savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies… ». Par extension, il s’agit de nos jours d’études plus générales (ex. en Belgique : études secondaires), même orientées sur la littérature et les sciences humaines. L’humaniste (1677) était un homme lettré qui se consacrait à l’étude des écrivains Antiques et à en faire connaître les œuvres et les idées… Ce terme a désigné tout d’abord une attitude intellectuelle qui, historiquement, s’était manifestée au temps de la Renaissance. Il s’agissait au début d’une discipline de l’intelligence plutôt que d’une conception philosophique. Le mot se rattachait étroitement à celui d’« humanités » par son étymologie. « L’humaniste était, dans cette vue, l’homme qui a cultivé son esprit, qui a extrait de certaines disciplines, telles que les langues anciennes, des principes de pensées » (Daniel Rops : Ce qui se meurt). L’humanisme définit ainsi un mouvement de libération de l’homme par la redécouverte des valeurs morales et intellectuelles encloses dans la littérature gréco-latine et leur adaptation à des besoins nouveaux. Mais parler d’humanisme c’est aussi revenir inévitablement aux sources moyenâgeuses de la culture méditerranéenne, donc de « Mare Nostrum », et plus particulièrement celles du courant précurseur Arabo Andalou, né au XII° siècle en Espagne… En effet, au temps de Maïmonide, Médecin et philosophe né en 1138 à Cordoue et mort au Caire en 1204 (Serait-ce l’endroit d’où sont nées les Voies Initiatiques de notre culture, comme le lieu où elle y retournent ?), l’Espagne musulmane, « l’Andalus », fut une terre de philosophes de l’une ou l’autre religion, assez nombreux pour se répartir en tendances différentes, à la confluence des cultures grecque, latine, hébraïque, chrétienne et musulmane, et assez tolérants pour y construire une véritable Culture nouvelle et enrichie de mutuelles différences (Cf. Université, bibliothèque… etc.). Maïmonide partagera avec bien d’autres les concepts ontologiques d’Avicenne (X° siècle) et la rigueur démonstrative mise au point par Aristote (IV° av. J.C.), en affirmant qu’il ne faut point mélanger deux types de connaissance : celle des prophètes et celle des philosophes ! Il s’agit donc déjà, à cette époque, d’une réflexion relevant de deux usages de la vie apparemment irréductibles l’un à l’autre : la tension entre la foi en l’intellect, d’une part, et l’amour de la Loi, d’autre part ; une double postulation vers la solitude philosophique et vers l’existence communautaire… Du point de vue de la religion, ce que les humanistes de la Renaissance, tels Pic de la Mirandole en Italie au XV° siècle, Erasme en Hollande au XVI°, etc., ont retenu de ce pèlerinage aux sources, c’est que la philosophie platonicienne ou stoïcienne (Zénon, au III° av. J.C. puis Epictète et Sénèque, 50 ap. J.C.) est une propédeutique à la philosophie chrétienne et que la fréquentation des grands auteurs, tels que Platon (IV° av. J.C.) ou Cicéron (50 av. J.C.), peut avoir une finalité éthico religieuse et que le monde de la culture est « Un ». De même, Bérulle (en France, au XVI°), s’opposant à la dévotion, préparera ainsi la voie à Pascal (fameuse nuit mystique du 23 Novembre 1654 !) dans une spiritualité héritée de Saint Augustin. Sur le plan politique, le pacifisme, l’esprit d’œcuménisme et parfois de cosmopolitisme, l’amour du peuple et la volonté d’équilibre et d’harmonie entre les pouvoirs, sont des traits communs à tous les humanistes du XV° et XVI° siècle. Ils sont alors volontiers réformateurs (More, Rabelais) : le sens de l’histoire et de la continuité du destin de l’humanité leur fait préférer une réforme intérieure à un renversement brutal des institutions sociales, car ils restent persuadés du triomphe nécessaire de l’esprit. Au XVIII° siècle (1765), il s’agit d’un mouvement caractérisé par un effort pour relever la dignité de l’esprit humain et le mettre en valeur en rénovant la culture Antique. L’humanisme oppose donc au formalisme scolastique (enseignement théologique du XI° au XVII°) une culture plus vivante, un ensemble d’études plus humaines. Par lui, se répand le meilleur de la sagesse Antique. Fort de la philosophie païenne, il aide à secouer le joug de la théologie et révèle le monde des idées pures… A l’esprit de soumission il substitue l’esprit d’examen, le goût de la recherche critique. De là un vaste effort de rénovation spirituelle et esthétique (Javinski : Histoire de la littérature française). En fait, l’humanisme est simplement le fait de se rendre compte que le problème philosophique concerne des êtres humains s’efforçant de comprendre un monde d’expériences humaines avec les ressources de l’esprit humain (Schiller). Au XIX° siècle (1877), l’humanisme prend le sens général de formation de l’esprit humain par la culture littéraire ou scientifique (sciences humaines). Ainsi, une culture générale vraiment digne de ce nom devra toujours comporter, en dehors de l’acquisition des connaissances scientifiques, une réflexion approfondie sur la complexité de la personne humaine et sur les divers aspects qu’elle présente, une initiation aussi à l’art de sentir et de vouloir. Louis de Broglie d’affirmer : « Un humanisme moderne, même s’il doit devenir tout à fait indépendant de la culture gréco-latine, devra conserver ce caractère et, pour cette raison, il devra toujours réserver une place importante aux études littéraires » (La culture scientifique). Par son aspect philosophique actuel, c’est une théorie ou une doctrine, qui prend pour fin la personne humaine et son épanouissement, qui s’attache à la mise en valeur de l’homme par les seules forces humaines. Ainsi Sartre a-t-il pu dire : « Par humanisme on peut entendre une théorie qui prend l’homme comme fin et comme valeur supérieure et par chacun de ses actes, tous exemplaire, engage l’humanité entière » (L’existentialisme est un humanisme). C’est en outre une conception philosophique de la vie d’après laquelle l’homme, du point vue moral, doit s’affranchir de toute croyance religieuse et construire son avenir en se fondant sur les forces humaines … Marx ou Nietzsche en sont des exemples classiques. Depuis lors, des philosophes, des éducateurs et des politiques ont mis en question un grand nombre de valeurs sur lesquelles reposait naguère l’idée que la plupart des hommes se faisaient de leur propre destin et du progrès de la civilisation. Mouvement historique, force socioculturelle, l’Humanisme n’exprime pas une philosophie déterminée mais une synthèse harmonieuse (syncrétisme) de l’Erudition et de la Vertu : ces sciences (« studia humanitatis » & « litterae humaniores ») qui nous rendent « plus humains » sont précisément celles qui doivent nous permettre de réaliser en nous l’accomplissement d’un modèle anthropologique. Humanisme et Franc-Maçonnerie Dans ses discours (1721/1736), Michel de Ramsay affirme : « Le monde entier n’est qu’une grande république dont chaque nation est une famille et chaque particulier un enfant … Nous voulons réunir tous les hommes d’un esprit éclairé et d’une humeur agréable, non seulement par l’amour des beaux-arts, mais encore plus par les grands principes de vertu, où l’intérêt de la confraternité devient celui du genre humain entier» … La première Loge anglaise de Maçons Acceptés remonte à 1646 et comprenait, en pleine guerre civile, des royalistes et des partisans du Parlement, des anglicans, des non-conformistes, et même un « papiste ». Ainsi, dès sa naissance, la Freemasonry non opérative mettait en pratique une vertu alors bien méconnue en Europe : la Tolérance. De là, savants et hommes du monde affluèrent dans les Ateliers (1717) où : « La raison, sceptre en main, de son trône gouverne la Loge et nous fait Un » ! Nos Constitutions actuelles précisent également : « Les Francs-Maçons travaillent à l’amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel…Ils recherchent la conciliation des contraires et veulent unir les hommes dans la pratique d'une morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun… ». L’Apprenti, au sein de nos Loges, ouvre ses yeux à la « Lumière » et travaille à dégrossir sa « Pierre Brute » en se dépouillant de ses préjugés, de ses certitudes… (N’oublions jamais que cet acte fut du fait de sa propre et libre volonté !). La découverte du symbolisme sera, pour le nouvel Initié, matière à son intégration au sein de l’œuvre commune de construction du Temple : la Sagesse doit présider à la construction de l’édifice, la Force le soutenir et la Beauté l’orner…Cet équilibre, stable mais subtil, devra induire désormais chez le F\M\ toute la ligne de conduite de son Idéal, tourné au service du Bien, du Beau et du Juste, en dépit de ses propres imperfections comme de ses doutes… Pour le Compagnon, le Temple de la Franc-Maçonnerie s’éclaire, il va connaître de nouveaux symboles et découvrir le Monde extérieur… Fort du précepte socratique inscrit au fronton du Temple de Delphes : « Connais-toi toi-même », ayant développé ses sens (contact avec l’extérieur), il se réalisera en utilisant les moyens représentés par l’Architecture et les Arts Libéraux, devenant lui-même une Colonne vivante du Temple. Enfin, confronté aux Lois morales et physiques, il se réalisera également par la sacralisation du Travail dans la Liberté, car le sacré se situe dans le « regard » et non dans l’objet… L’Etoile flamboyante lui signifiera qu’il est également fils du Ciel et de la Terre, c'est-à-dire un homme « écartelé » entre sa matérialité et sa spiritualité, un homme « en chemin », en quête d’Humanité comme de Transcendance… ainsi que le déclarait le poète, « L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux » (Lamartine). Ainsi peut-on dire que les cinq voyages du Compagnon constituent, en quelque sorte et au sens premier, ses « Humanités » ! A lui seul appartient désormais une quête vers un « Humanisme », une Voie vers les autres. En effet, par l’entremise de la raison et de l’imagination, la démarche initiatique doit déboucher vers la Voie du cœur, dépourvue de toute passion et sublimée dans l’action… sachant que « Ce n’est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin » (Lao-Tseu)… A ce sujet je voudrais, pour reprendre l’expression de certains, « tordre le cou » à l’expression commune « Nous sommes des éternels Apprentis » ! Non, mes FF\, bien au contraire, notre Rite et nos rituels nous expriment clairement qu’un jour notre temps d’apprentissage est terminé et que pour nous s’ouvre le vaste domaine de la pensée et de l’action… En cela, nous serons effectivement toujours des « éternels Compagnons », c'est-à-dire, au sens étymologique du terme, ceux qui partagent le « Pain », symbole de nourriture terrestre, certes, mais aussi spirituelle… Et ce partage, mes Frères, c’est justement ce sentiment d’altérité qui nous lient les uns aux autres, d’une part, et avec tous nos frères en humanité, d’autre part…Je serai même tenté d’aller plus loin en affirmant que cette humanité s’étend à tout ce qui existe dans l’Univers. L’ignorance étant la première étape du mépris, la recherche de la Vérité et de la Connaissance, fondements de notre démarche initiatique (Cf. le Scepticisme de Pyrrhon), doit ainsi nous conduire vers le respect et la dignité de l’homme, donc de tous les hommes. La « mort de Dieu » ne débouche pas forcément sur un humanisme mais peut-être bien sur « La mort de l’Homme » (Michel Foucault), en ce début de nouveau siècle quelque peu perturbé et en quête de ses propres valeurs humaines et universelles. L’Homme n’a pas de prix, il est la valeur originale dont toutes les autres dérivent : seule la conscience morale garantit à l’homme sa dignité et mérite le respect quant elle s’incarne dans la Loi absolue qui juge de « l’universalité » (impératif catégorique de Kant, 1788). Le problème de la dignité humaine peut être aussi abordé sur un plan métaphysique dans la mesure où l’on peut dire aussi bien, pour J.P. Sartre : « Nous somme sur un plan où il y a seulement des hommes », que pour Heidegger : « Sur un plan où il y a d’abord de l’Etre ». En tout état de cause, du point de vue de la Morale : « être libre et de bonnes mœurs », c’est à dire libéré et raisonnable, est une « législation » qui va dans le sens de l’humanité de tout homme, à sa liberté guidée par sa raison, qui ne transforme pas autrui en simple instrument au service d’un désir et ne fasse pas un « objet » de ce qui ne peut être qu’un « sujet ». Humanisme, Fraternité et Initiation L'Histoire nous apprend cependant que l'Homme n'est rien sans son milieu ; La civilisation se fait en assimilant, par un travail séculaire et collectif, les forces de la nature et les richesses spirituelles ; elle s'oriente ainsi peu à peu vers des manières communes de penser, de sentir, d'agir, comme l’exprimait si bien notre Frère Albert Chevrillon : « Humaniste pour ne pas dire Humanitaire, notre Ordre l'est aussi. Tout homme est tributaire des autres. Chaque individu est imparfait dans le temps, dans l'espace, dans ses qualités; il ne représente qu'une étincelle dans l'histoire de l'Humanité, qu'une goutte d'eau parmi tant d'autres. Ce n'est qu'au contact de l'autre qu'il peut s'enrichir ». Ainsi, comme le disait déjà Montaigne au XVI° siècle : « Il faut limer sa cervelle à celle d’autrui » ! De fait, c’est au cœur de la démarche initiatique et de la recherche de ce qui fait « sens », que se trouve et se construit la fraternité des hommes ! « La fraternité maçonnique est avant tout initiatique » (Michel Barrat : La conversion du regard). Elle ne trouve sa raison d’être que dans le chemin d’une sagesse humaine. Ainsi, c’est la quête même qui fonde la fraternité et non le contraire ! Comme c’était le cas jadis dans les communautés philosophiques de l’Antiquité et dans la Chevalerie, c’est la quête de vérité qui unit en fraternité. Les textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie (Cf. supra) mettent donc en évidence que la notion de fraternité est au centre même de l’idée maçonnique : elle est d’abord fraternité initiatique puis fraternité des hommes. On peut dire ainsi qu’elle est d’abord posée comme une qualité spirituelle puis, par voie de conséquence, comme une vertu éthique tournée vers un Humanisme. Les Maçons d’aujourd’hui ne sont pas simplement les conservateurs de traditions anciennes mais les continuateurs et les promoteurs d’une tradition vivante qu’il faut sans doute rendre plus efficace dans les Temples et hors des Temples. …« La Franc-Maçonnerie est appelée à refaire le monde … oui, à la seule condition qu’elle soit ce qu’elle doit être » ! (O. Wirth). Si donc la fraternité s’enracine d’abord dans la sensibilité naturelle de l’homme qui le porte à s’unir à l’autre puis avec les autres, cette sensibilité ne se suffit pas à elle-même pour construire un véritable universalisme…La démarche maçonnique exprime une confiance, une foi, dans ce qu’est la nature humaine, et la perfectibilité de l’homme ne peut s’épanouir que si elle est éclairée, développée et construite ; ce que Parménide (V° siècle av. J.C.) exprimait ainsi : « S’écarter du sentier battu des hommes, conduit d’errances en désespérances… » (L’être est UN, continu et éternel… proposition fondamentale de l’ontologie). Être humain, c’est aussi léguer une tradition et un patrimoine culturel par lequel chacun trouvera sa personnalité en s’appropriant et en transformant ce que ses prédécesseurs lui ont légué pour, à son tour, en faire don à ceux qui lui succèderont, réalisant ainsi une chaîne qui unit les hommes du présent à ceux d’hier et de demain… Et Epictète d’affirmer (esclave affranchi, 50 ap. J.C.) : « Nous sommes hommes d’abord, citoyens et une partie du monde… partie maîtresse ! ». Cette partie sera maîtresse dans la mesure où, libre d’elle-même, elle oeuvrera dans le sens du devoir d’harmonie des êtres. L’humanisme moderne affirme que les hommes ont droit à la différence, ce que notre rituel nous rappelle en affirmant devoir nous enrichir de nos mutuelles différences, nécessaires mais fécondes… Ainsi, le prochain, cet alter ego, doit avoir, à nos propres yeux, la valeur que lui attribue le sentiment de la dignité humaine et de « l’altérité ». Cette loi morale conceptualisée par Kant, affirme qu’il ne faut jamais considérer autrui et soi-même comme un moyen mais toujours comme une fin, et donc l’expression même de la conception « d’humanisme ». La fraternité initiatique ouvre bien le règne des fins : les hommes ne sont point les moyens pour la satisfaction des désirs des autres, mais des fins, c'est-à-dire des êtres ayant leur dignité en eux-mêmes… Ainsi, en affirmant que la singularité d’une personne, d’une culture,… etc, est irréductible, on affirme en même temps qu’elle est porteuse d’universalité. Si la fraternité abstraite (idéal d’esprit) n’est qu’une illusion, voire une hypocrisie (Cf. Flaubert et le jésuitisme), la fraternité concrète (altérité de droit et de fait), celle qui n’est pas donnée mais qui doit se construire, est une exigence et une nécessité pour notre modernité, voire notre survie… exigence dans la mesure de l’obligation morale… et nécessité parce qu’il n’y aurait de salut des uns en dehors du salut des autres…« Nous sommes tous solidaires », disait Paul Valéry ! Et de rajouter : « A force de construire, je crois bien que je me suis construit moi-même »…Telle devrait être l’ambition et l’heureux résultat du F\M\ et plus particulièrement du Compagnon qui, en opérant sur lui-même, œuvre à la construction du Temple de l’humanité … S’il n’est pas nécessaire d’accomplir une démarche initiatique pour aller dans ce sens, pour le Franc-Maçon il s’agit réellement d’un devoir. S’il existe bien une différence entre bonne volonté et capacité, seul le travail sur lui-même permet au Franc-Maçon de « poursuivre au dehors l’œuvre commencée au-dedans » (en évitant ce décalage parfois indécent entre le Temple et la vie extérieure). Ainsi l’utilité de la démarche initiatique consiste à faire coïncider nos idéaux avec nos actes, ce que Malraux exprimait dans Les voies du silence : « Un homme ne devient vraiment homme que dans la poursuite de sa part la plus haute ». Conclusions Ainsi l’initiation, c'est-à-dire la quête, permet de découvrir que la relation fraternelle que les hommes doivent entretenir entre eux fait partie de l’essence même de l’être humain. La prise de conscience de notre humanité, qui n’est point spontanée mais le fruit d’un travail spirituel et intellectuel sur soi, se traduit par un Humanisme qui vise à participer à l’édification d’une société plus humaine et plus fraternelle. L’amour inconditionné de toute vie, n’est il pas un feu qui embrase le cœur des Initiés et qui les pousse à tout faire en sorte pour rétablir le respect de la Règle et de l’Ethique, à faire régner l’Ordre sur le Chaos, à exalter les nobles sentiments, en un mot à rénover incessamment la société et les hommes ? Notre propre notion d’existence se reflète ainsi dans le miroir de l’autre et débouche sur la notion sociale d’humanité et d’humanisme : cette idée que l’homme se fait de lui-même dans son plus grand accomplissement intellectuel, moral, voire religieux ou esthétique, en réalisant une synthèse harmonieuse de la connaissance et de la vertu, nous rendent plus humain et permettent de réaliser en nous l’accomplissement d’un modèle anthropique, d’un idéal : L’humanisme est retournement de soi et action juste face à l’autre (Cf. Le Souverain Bien de Sénèque). Conformons-nous donc, en toute circonstance, au Bien, sans complaisance pour nos préjugés et nos intérêts. Souvenons-nous que les nobles pensées viennent du cœur et que l'accomplissement du devoir exige souvent un sacrifice … L’invocation du G\A\D\L’U\ rappelle au Franc-Maçons qu’il ne travaillent pas à leur propre gloire ni à développer leur intelligence au profit de l’Ego orgueilleux mais qu’ils doivent justement utiliser cette intelligence et leur cœur pour servir la dimension spirituelle de l’Homme. Le Rituel nous ramène ainsi à notre besoin intime d’Unité profonde et peut nous conduire à une action réelle tournée vers les autres, au service du Bien, du Beau et du Juste …C’est parce qu’il travaille sur lui-même que le Maçon construit la fraternité spirituelle qui le lie à ses Frères et qu’il peut participer à la construction du Temple des hommes. L’unité de l’Humanité, l’Adam-Kadmon, Essence éternelle et vivante de l’homme, est un fait métaphysique qui n’est pensable que par l’intervention de l’amour de la vie. Cette compréhension du « sens » permet donc à l’initié de se réaliser et de devenir homme de vérité, porteur de lumière et facteur de paix, de joie et d’amour… ce que prônaient déjà les philosophes Antiques comme ceux du Moyen-Âge puis de la Renaissance, tous quelque part enfants de « Mare Nostrum », Mer (Mère) nourricière située au milieu de toutes les terres et donc au confluent de toutes les cultures… Elevons ainsi nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la Lumière ! Mes T\C\FF\, Dignitaires qui décorez l’Orient, V\M\, J’ai dit B\ P\G\ |
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