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Le Bâton

V\ M\ en chaire, vous tous mes SS\ et mes FF\ en vos grades en qualités.
Ce soir cette petite planche sur le Bâton sera dédiée à notre Soeur Geneviève et à notre Frère Georges, qui, lors de leur augmentation de salaire, n’ont pas reçu les coups de bâton comme le veut notre rituel.

Mais V\ M\ il n’est jamais trop tard pour bien faire.
V\ M\ la fin de ma planche dévie un peu sur le second degré, mais je ne crois pas que cela sera grave, notre Soeur Cathy s’enrichira certainement.

Il semble utile, de prime abord, d’apporter la définition profane, celle que nous considérons comme la plus usitée à savoir : le bâton est un morceau de bois long et mince, souvent fait d’une branche d’arbre et que l’on peut aisément tenir à la main. Il est canne, bâtonnet, manche, baguette, trait vertical. Il devient épieu, bourdon, badine ou stick, verge, houlette, cosse, masse, échalas… Bref, il est tenu à la main, et là le bâton apparaît dans le symbolisme sous divers aspects, bien entendu mais avant tout, comme une arme et une arme magique, l’axe du Monde.

L’existence du bâton remonte à la nuit des temps. On verra plus tard que son utilisation symbolique était quasi présente dans tous les peuples, les religions, cérémonials, mais aussi dans beaucoup de professions voire même dans certains offices.

Que de symbolisme dans ce bout de bois tenu dans certaines mains !

V\ M\ remontons à la préhistoire. Quelle fût la première arme ? Je pense que c’était le bâton. Un peu plus tard, dans l’iconographie Indoue, Yama, gardien du royaume des morts, son bâton nommé Danda jouait un rôle de contrainte et de punition. On reste en Asie, en Chine ancienne, le bâton du pêcher jouait un rôle majeur : il servait à expulser les influences néfastes lors de l’avènement de l’armée, Yi l’archer fût tué par ce même bâton.

La couleur renforce son symbolisme. Le bâton de couleur rouge (couleur de la colère) servait à punir les coupables, en quelque sorte, une bastonnade ou une « bonne volée de bois vert ».

Dans la hiérarchie des sociétés secrètes, il existe toujours des « bâtons rouges ». Chez les Taoïstes, les bâtons de bambous étaient d’usage rituel courant, qui avaient 7 à 9 noeuds (nombre de cieux). On peut dire que les noeuds correspondaient au degré d’initiation. Les ouvertures que l’initié doit franchir peut obtenir cette connaissance. Connaissance, qui une fois acquise, lui permettait de monter dans le ciel assis sur ce bâton tenu par le bec d’une grue.

Encore un peu plus de légende. Sur quoi étaient assises les sorcières du Moyen Age allant au Sabbat ? Sur un manche, un bâton magique. On peut donc voir que le bâton est un symbole, qu’il soit bâton de Chaman, de Pèlerin, de Maître, de Magiciens. Symbole d’un véhicule invisible à travers les voyages et les plans du monde.

Comme nous l’avons vu, le bâton peut devenir, dans les légendes et la sorcellerie, la baguette grâce à laquelle tout peut être changé (baguette de fée).

Le bâton relève aussi d’un symbolisme Axial au même titre que la lance, autour du Brahmâ (Danda), Axe du Monde, s’enroulent en sens inverse, deux lignes hélicoïdales qui rappellent l’enroulement des deux Nadi tantriques autour de l’axe vertébral et celui de deux serpents autour du bâton dont Hermès fit le Caducée exprimant deux courants contraires de l’énergie cosmique. Des auteurs ont vu dans l’alternance du Bâton Serpent (nous verrons plus tard celui de Moïse) un symbole de l’alternance chimique Solvé et Coagula.

Les bâtons d’Esculape et Hygie, emblèmes de la médecine figurent la vie physique et psychique. Sans bâton qu’aurait fait Moïse ?

Quel symbole de puissance en feuilletant la Bible chapitre Exode : il y a les 13 plaies d’Egypte, Bâton changé en serpent Hyavé dit à Moïse et à Aaron, lorsque le Pharaon vous parlera et vous dire « opérez un prodige en votre faveur » tu diras à Aaron « prends ton bâton et jette le devant Pharaon », il deviendra serpent, ce qui fût fait, mais Pharaon avait lui aussi ses Magiciens qui firent pareil et le Serpent de Moïse engloutit le Serpent de Pharaon. En suite le bâton de Moïse, changea l’eau du Nil en sang, et tous les poissons moururent. Il étendit sa main toujours armée de son bâton sur les rivières et toutes les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Egypte. La poussière de la terre frappée avec le bâton devint une nuée de moustiques. Les magiciens de Pharaon faisaient de même. Il est à supposer que les autres plaies, telles que les Taons, la peste du bétail, les sauterelles, les ténèbres, la grêle, ont été provoquées avec la même complicité du Bâton de Moïse, sans oublier la dixième qui frappa les premiers nés en Egypte et là Pharaon accepta de faire sortir les Hébreux d’Egypte. Là encore, Hyavé dit à Moïse « Pour passer la mer, élève ton bâton, étends ta main vers la mer, fends la pour que les fils d’Israël traversent la mer à pied sec ». Ensuite le peuple d’Israël eut soif, Hyavé dit à Moïse « prends ton bâton, frappe le rocher et il en sortira de l’eau », de là vient la baguette en coudrier du sourcier.

Le bâton est encore considéré comme symbolisant le tuteur, le maître indispensable en initiation au sens propre, tuteur de plante qui le maintient droit en équilibre avec la vie, tuteur de la vie humaine (canne pour marcher).

Se servir du bâton ne signifie pas forcément frapper, se serait cacher le vrai sens du bâton, mais s’appuyer dessus, comme s’avance le disciple en s’appuyant sur les conseils du Maître.

Soutien, défense, guide, le bâton devient sceptre, symbole de souveraineté, de puissance, de commandement tant dans l’ordre intellectuel et spirituel que dans la hiérarchie sociale. Le bâton signe d’autorité et de commandement n’était pas seulement réservé en Grèce aux juges et généraux mais aussi comme marque de dignité car nous savons que les professeurs chargés d’expliquer les testes d’Homère portaient un bâton rouge, couleur réservé aux héros pour interpréter l’Iliade, et jaune pour les voyage d’Ulysse sur la mer céleste (l’Odyssée).

Le bâton peut jusqu’à être le symbole suprême de la réussite. Je suis : le bâton du maréchal, le roi donnant, déléguant son pouvoir au maréchal de France, ensuite a été utilisé dans tout le symbolisme afin d‘obtenir puissance et réussite suprême comme le grand juge donne la verge à l’huissier, le maître sa baguette au majordome. Rompre le bâton peut aussi évoquer le malheur suprême. Lors des funérailles royales, le Grand Maître des cérémonies criait 3 fois : « le roi est mort » en brisant son bâton sur son genou.

Le bâton est aussi le signe suprême de l’autorité légitime qui est confié au chef d’un groupe sans oublier la baguette du chef… d’orchestre. Le bâtonnier dans l’époque ancienne était un chef élu qui portait, lors des processions, le bâton ou la bannière d’une confrérie, que de bannières ont porté de bâtons. Le bâtonnier de l’ordre des avocats portait le bâton de Saint Nicolas lors des cérémonies de la confrérie. On n’oubliera pas non plus que le bâton rehaussé par la crosse de l’Evèque, transfiguration du bâton de berger.

Le symbolisme du bâton est également en rapport avec celui du feu et en conséquence avec celui de la fertilité et de la régénération. Comme la lance, le pilon a été comparé à un phallus. Certains peuples disaient, lorsque le désir masculin était inassouvi « le bâton fait mal ».

Tellement la puissance du symbolisme du bâton est grande, Hermès a fait jaillir le feu de son bâton, lui l’inventeur du feu. Le feu, celui de l’étincelle, de l’éclair de la foudre, est fertilisant, il fait pleuvoir ou jaillir les sources souterraines. Nous avons vu précédemment avec Moïse. Pour promouvoir la fertilité, les prêtres de la déesse Déméter frappaient le sol de leurs bâtons.
 
Le bâton symbolise aussi la régénération et la résurrection. Le meurtrier avait pris le sceptre d’Agamemnon, Clytemnestre s’en est approprié, l’à fiché en terre, un arbre énorme s’est élevé de son bâton et a fleuri et reverdi.
Le bâton aujourd’hui nous réserve encore beaucoup de subtilités.

Bâton du latin Bastum peut et sert d’appui Il soutient le skieur, le pèlerin, le marcheur, la canne ou le bâton de vieillesse. Il suscite la difficulté des obstacles : « mettre des bâtons dans les roues ». Il représente : « objet de petite forme », bâton de craie, bâton de réglisse, bâton de rouge a lèvres… Il signifie aussi la verticalité : écriture en bâton des enfants et aussi dans l’art préhistorique. En architecture, il signifie les ornements faits de boudins brisés, disposés en zigzag dans l’art romain. Parquets à bâtons rompus composés de lames d’égales dimensions disposés perpendiculairement l’une à l’autre et formant un dessin évoquant les arêtes d’un poisson.

Bâton de Jacob utilisé par les géologues pour mesurer l’inclinaison des strates, il était composé d’un bâton d’1.50 de hauteur surmonté d’un plateau inclinable.
Bâton a feu ou trait à poudre ou couleuvrines ou arquebuses, bâton meurtrier vers le 15ème siècle. Au début des guerres « modernes » était le bâton a feu portable, placé parfois sur un support en bois, il était chargé de poudre par la bouche puis approvisionné d’un projectile (pierre ou métal), une mèche a combustion imbibée d’une soupe (alcool et salpêtre). Bien sur, cela ne marchait que par temps sec.
V\ M\, je reviendrai un peu à la baston et toutes les bastonnades qu’il a données.

Le bâton dans certains arts martiaux, je citerai le Kendo et l’Aïkido, peut devenir une arme redoutable, sans oublier toutes les armes qu’il a eu à ses extrémités : lance, hache, harpon, bouts de fer en tous genres, lanières de cuir et autres matériaux pour frapper. Sans oublier : un bastion était une fortification en bois à l’origine. Quant à la Bastille, c’était un ouvrage de défense en bois. N’oublions surtout pas le bâton du vengeur de Gniafron de Guignol.
Il est même symbole :
- de valeur : 1 million en argot
- de magie : que deviendrait un magicien sans sa baguette ?

Il est même la continuité du corps humain, l’allongement du doigt pour désigner ou cueillir ce qui est éloigné.

V\ M\ je revoie encore Louis XIV si majestueux, aurait-il eu autant de majesté sans son bâton ?

Avant de parler du bâton qui nous tient le plus à coeur : la canne compagnonnique, je fais un petit tour en Provence, qui n’est très chère. Provence où, avant la révolution, la cane (cano) était la mesure de longueur utilisée dans tout le midi : cano et migio cano (demie cane). La cano valait sensiblement 2 mètres, elle était divisée en 8 pans de 25 centimètres à peu près, qui était la longueur d’une main ouverte, elle-même divisée en 9 pouces de 2.5 centimètres, chaque pouce divisé en 12 lignes.

Je vais vous donner la longueur de la cano dans quelques régions provençales, bien sur elles étaient différentes sinon on ne serait pas en Provence :
- Avignon : 1.976 ml
- Carpentras : 1.968 ml
- Apt : 1.985 ml
- Orange : 1.973 ml
- Marseille : 2.125 ml - bien sur comme la sardine, la plus importante.

Je citerai Le Corbusier qui a dit : « lis ome se mesurum ni on opum ni a la cano » Les hommes ne se mesurent ni à l’ouvrage ni à la canne.
En 1760, lorsque les visiteurs de l’ordre de Malte virent leur mas qui venait d’être bâti à Malemort, conclurent : c’est un bâtiment très solide en pierre à chaux, les coins et les ouvertures des fenêtres et des portes en pierre de taille, en façade il mesure 8 cannes de longueur et 3 de largeur.
Bâton, toi qui symbolise le passage au grade de Compagnon, tu symbolises le départ vers une recherche intérieure et une aptitude à l’ouverture d’esprit vers le monde extérieur.

La Canne Compagnonnique.
Les compagnons avaient tous une canne plus ou moins longue, employée comme arme défensive. La façon de la porter avait plusieurs sens :
- Provocation : porter l’embout de la canne en avant pendant le jour
- Confiance : tenir la canne en arrière
- Demander la paix : tenir la canne, la pomme en avant
- Mépris : lasser traîner la canne
- Dévouement : saluer avec la canne, la pomme a hauteur du front.

Les compagnons du devoir de liberté, tiennent leur canne qui est torse au-dessus de la Pomme. En marchant, ils lui font décrire un quart de cercle en sens contraire des compagnons du devoir. Ceux-ci ont une canne qui est lisse. Les compagnons pouvaient avoir des rubans de couleur attachés à la canne.
Sans oublier la canne du Maître de Cérémonie, qui évoque l’autorité, le pouvoir, mais aussi la protection contre la jalousie, l’adversité, l’intolérance ou l’incompréhension. En maçonnerie, le Maître de Cérémonie ponctue sa marche en frappant le sol à l’aide sa canne sur un rythme régulier, la main droite est à hauteur de la ceinture et la canne est tenue verticale.

Les tailleurs de pierres du devoir de liberté portaient des rubans verts et bleus. Les menuisiers portaient des rubans verts, bleus et blancs.
Je citerai également la canne de jonc qui distingue l’ordre de Maître Jacques.
Un manuscrit cité par Maître Saint Jean indique qu’il y a 5 couleurs et une cachée :
- Blanc : Les larmes de Maître Jacques
- Rouge : Le sang versé de Maître Jacques
- Jaune : La persévérance
- Vert : L’espérance.

V\ M\ sans chercher le bâton pour me faire battre, je suis sûr que :
- lorsque le fardeau de la vie est dur à porter,
- lorsque les soucis prennent le dessus
- lorsque la santé nous quitte
- lorsque les sourires s’enfuient

On se retourne vers un bâton, bâton de bois pour nos problèmes physiques, soit vers le second bâton : LA FRATERNITE, oui V\ M\ la Fraternité ! quel beau bâton de soutien nous avons là, ne l’oublions jamais.

Ma S\ Geneviève, mon F\ Georges que de beaux jours a venir avec notre bâton pour guider nos pas pour tout ce qui nous reste à venir.
Fraternité voilà un bâton facile à porter.

J’ai dit…
Aimé CAS.

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