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Histoire de la
Franc-Maçonnerie Les symboles
maçonniques : œuvre de Baylac Au
XIIIè et au XIVè siècles, les
corporations d'ouvriers étaient réparties
à
travers toute l'Europe chrétienne. Le premier atelier de
tailleurs de pierre
avait été fondé en l'an 1015,
à Strasbourg. A cette époque, les corporations
d'ouvriers étaient sous l'influence des ordres
ecclésiastiques; elles
commencèrent à se libérer vers le
XIVè siècle. Les ouvriers maçons
bâtirent les
cathédrales de Cologne, de Strasbourg, de Saint-Denis et
bien d'autres. Ils
laissaient leurs marques sur la pierre. Ainsi dans le dôme de
Wurtzbourg,
devant la porte de la Chambre des Morts, on peut encore lire les mots
"Jakin" et "Booz" sur les chapiteaux des deux colonnes. Il
s'agit d'un hommage au temple de Salomon, oeuvre légendaire
décrite dans la Bible
au sein du "livre des Rois" . Le
Manuscrit Regius (1390) est le plus ancien document
maçonnique connu, il
témoigne de l'art du métier et de l'attachement
des ouvriers maçons à la
religion et à la géométrie : Ici
commencent les statuts de l'art de géométrie
selon Euclide Quiconque
voudra bien lire et regarder
Pourra trouver dans un vieux livre L'histoire de grands seigneurs et de grandes dames Qui, certes, avaient beaucoup d'enfants, Et n'avaient pas de revenus pour les entretenir Ni en ville, ni aux champs, ni dans les bois. Ils tinrent donc conseil ensemble Pour l'amour de ces enfants, afin de décider Comment ils pourraient au mieux mener leur vie Sans grand inconfort, sans souci et sans lutte. Ce qui les préoccupait le plus, c'était le sort des descendants De ces enfants, après leur mort. Ils envoyèrent alors chercher de grands clercs Pour leur enseigner de bons métiers. "Et nous les prions, pour l'amour de Notre Seigneur, De donner à nos enfants un travail Qui leur permette de gagner leur vie De façon décente et honnête, en toute sécurité." C'est alors que, grâce à la bonne géométrie, Cet honnête métier qu'est la bonne maçonnerie Fut ainsi constitué et créé, Et mis au point en commun avec ces clercs. Sur la prière de ces seigneurs, ils firent sur le modèle de la géométrie Un art qu'ils nommèrent maçonnerie, Entendant en faire le plus honnête des métiers. Il amusant de noter que le même Regius mentionnait l'admission des femmes dans les premières loges opératives (celles des bâtisseurs) : L'article dix vous fait connaître, A tous, petits et grands dans le métier, Qu'un maître n'en doit jamais évincer un autre, Mais que doivent vivre ensemble comme frères et soeurs, Dans notre métier exigeant, tous ceux, tant qu'ils sont, Qui travaillent sous l'autorité d'un maître maçon. (La franc-maçonnerie : documents fondateurs. Paris : l'Herne) Les
francs-maçons conservateurs qui croient pouvoir se
réfugier derrière les Constitutions
d'Anderson (1723) pour refuser la présence des
femmes en loges sont donc
dans l'erreur. Et de renforcer ce constat en mentionnant les
corporations de
Chester (1327), d'York (1350) la Guilde des Charpentiers de Norwich
(1375) et
les statuts de la loge d'York (1693) qui comprennent le mot "soeurs"
ou "celle" dans leurs textes ; CQFD. Le Regius,
d'origine anglaise est également appelé Manuscrit
royal. Il
renseigne sur l'organisation du métier de maçon
sans que le mot
"free-mason" soit mentionné. Le terme
franc-maçon, apparaît pour la
première fois lors d'une rencontre à Ratisbonne
en 1459 de toutes les loges compagnonniques
du Saint-Empire germanique qui s'unissaient dans une
Fédération chargée
d'unifier les grades et les rites. L'empereur germain ayant
accordé à cette
fédération des privilèges
spéciaux, des « franchises », ses
membres prirent le
nom de Frei-Maurer, c'est-à-dire francs-maçons.
De tels faits s'étaient
produits bien antérieurement en Angleterre où on
parlait, au XIIIè siècle, des
free stone masons pour désigner les maçons
initiés qui savaient tailler et
travailler la pierre. a)
La franc-maçonnerie : fille du compagnonnage ? L'origine
compagnonnique de la franc-maçonnerie est une des
thèses répandues par les
historiens. De fait, on retrouve dans la franc-maçonnerie la
plupart des
symboles utilisés pendant plus de mille ans par les
compagnons du Devoir. Les
grades sont restés longtemps les mêmes :
apprentis, compagnons et maîtres. La
légende des origines est identique : les
francs-maçons se disent « Enfants de
la Veuve », car ils s'identifient à Hiram,
maître architecte du Temple de
Salomon et fils d'une veuve de Tyr. Le meurtre d'Hiram par des mauvais
compagnons deviendra d'ailleurs le mythe fondateur de la philosophie
maçonnique
comme on le verra plus loin. Quant aux symboles, l'équerre
et le compas sont
les insignes des deux Fraternités. b)
De la franc-maçonnerie « opérative
» à la franc-maçonnerie
"spéculative" ? Cependant,
l'origine compagnonnique de la franc-maçonnerie est
controversée et de récentes
études penchent pour d'autres hypothèses. André
Combes, historien et franc-maçon, pense que la
maçonnerie de métier a disparu
sur le continent européen à la fin du Moyen-Age.
Il n'aurait plus subsisté que
quelques loges allemandes de tailleurs de pierre à l'aube du
XVIIIè siècle.
Selon cet historien, la maçonnerie professionnelle aurait
survécu en Angleterre
et en Ecosse. Elle se serait adaptée à son
époque après la construction des
dernières cathédrales. Pour survivre, les loges
auraient admises en leur sein
des bourgeois et des nobles. Ces notables étaient
désireux de percer les «
secrets » du métier. Ils vont transformer la
franc-maçonnerie opérative , celle
de la pierre, en franc-maçonnerie spéculative
celle de la philosophie. Les
ouvriers appellent les nouveaux membres issus de la bourgeoisie les
maçons
acceptés. Ces francs-maçons d'un nouveau genre
vont s'efforcer de construire
une société meilleure selon les plans du Grand
Architecte de l'Univers, leur
guide spirituel. Les secrets de la franc-maçonnerie qui
étaient liés aux
métiers de tailleur de pierre ou d'architecte vont
être remplacés par les
mystères en vogue. Les « maçons
acceptés » vont introduire l'alchimie, la
kabbale, les principes réformateurs de la Rose-Croix (ordre
ésotérique allemand
inventé par un homme de lettres mystérieux
dénommé Christian Rosencreutz) et
d'autres doctrines hermétistes. La philosophie
maçonnique s'enrichit et la loge
devient un lieu de rencontre en vogue. Les catholiques y
côtoient les
protestants et les déistes qui croient en un dieu non
révélé : le Grand
Architecte de l'Univers. A
la suite de ces réformes, quatre loges londoniennes se
réunissent en 1717 pour
former la Grande Loge de Londres. Les francs-maçons
élisent un Grand-Maître :
Anthony Sayer en 1717. En 1719, Jean-Théophile
Désaguliers, physicien et fils
de huguenot français est le nouveau Grand-Maître.
Désaguliers et le pasteur
James Anderson rédigent ensemble les Constitutions
d'Anderson (1723). Ces
constitutions forment le manifeste de la franc-maçonnerie
spéculative. En ce
qui concerne la religion, les constitutions sont
révolutionnaires car elles
tolèrent toutes les opinions particulières et
inventent une nouvelle « croyance
» : l'amitié qui s'exprime par la
sincérité et la bonté : Un Maçon
est
obligé, en vertu de son Titre, d'obéir
à la Loi morale ; et s'il entend bien
l'Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin
sans Religion. Dans
les anciens Temps les Maçons étaient
obligés dans chaque Pays de professer la
Religion de leur Patrie ou Nation quelle qu'elle ; Mais aujourd'hui,
laissant à
eux mêmes leurs opinions particulières, on trouve
plus à propos de les obliger
seulement à suivre la Religion, sur laquelle tous les Hommes
sont d'accord.
Elle consiste à être bons, sincères,
modestes et gens d'honneur, par quelque
Dénomination ou Croyance particulière qu'on
puisse être distingué : d'où il
s'ensuit que la Maçonnerie est le Centre de l'Union et le
Moyen de concilier
une sincère Amitié parmi des Personnes, qui
n'auraient jamais pu sans cela se
rendre familières entre elles. Les
Constitutions ne sont donc pas les lois d'une Eglise quelconque
puisqu'elles
transcendent toutes les religions. On oblige nullement le
maçon à être
positivement un croyant. Il est indiqué que s'il entend bien
l'art , le maçon
ne sera pas un incroyant mais un déiste. Cette
réforme est tellement révolutionnaire qu'elle
sera éliminée en 1738. Les maçons
anglais institueront la croyance en un Dieu unique
révélé et refuseront de
reconnaître pour leurs « frères
» tous les maçons athées ou agnostiques
d'où
qu'ils viennent. De ce principe traditionnaliste (on dit
également landmark)
les francs-maçons anglais se proclameront les garants et
distribueront les
patentes de régularité ou
d'irrégularité aux loges du monde entier selon la
position qu'elles adopteront. Ainsi, toute obédience qui
reconnait la liberté
absolue de conscience est "mise à l'index" par la Grande
Loge Unie
d'Angleterre, véritable "Vatican maçonnique". Les
réformes noachites
des Constitutions de 1738 sont jugés par les
francs-maçons modernistes comme
une régression dogmatique. Les maçons
conservateurs tentent d'expliquer les
prescriptions des Constitutions de 1738 par le souci
d'intégrer à la
franc-maçonnerie des profanes qui seraient
israélites ou musulmans ce qui est
sans aucun doute une belle idée. Il est regretable qu'en
l'an 2000, la branche
traditionaliste (majoritaire) de la franc-maçonnerie exclue
les athées et les
femmes tout en déclarant vouloir rassembler ce qui est
épars. N'est-ce pas
contradictoire ? c)
La franc-maçonnerie : création des rosicruciens
et des hermétistes ? La
thèse la plus récente quant à
l'origine de la
franc-maçonnerie a été
lancée par
Jean-Michel Mathonière, spécialiste du
Compagnonnage.
Selon lui la
franc-maçonnerie aurait été
créée de
toutes pièces au XVIIIè siècle par des
hermétistes, des rosicruciens et des kabbalistes,
passionnés d'architecture.
Exit la théorie de la transition des maçons de
métiers aux francs-maçons de
pensée. La thèse de Mathonière
s'appuie sur les
textes rosicruciens. La
Rose-Croix, philosophie germanique issue de la Réforme,
décrivait dès le XVIIè
siècle, une société harmonieuse,
dirigée
par un cercle d'initiés. On trouve des
traces de cette philosophie dans le manifeste rose-croix Fama
fraternitatis
(1614) rédigé par Christian Rosencreutz et
également dans la Nova Atlantis
(1627) de Francis Bacon. La
Nova Atlantis est un roman
utopique qui évoque le rêve d'une
société
idéale. La trame est assez simple mais
révèle la philosophie humaniste qui
imprégna Bacon : Des naufragés guidés
par une croix céleste parviennent à
l'île
de Bensalem. Ils y trouvent une société
initiatique idéale. A la suite d'une
série d'entretiens avec les bensalemiens, puis avec le juif
Joabin, cabaliste,
les naufragés tombent amoureux de cette île
paradisiaque. Au sein de Bensalem
se trouve une société secrète dont les
membres recherchent les causes et les
vertus cachées de la nature, afin de développer
l'esprit humain. Les dirigeants
de cette société secrète s'appellent
les Marchands de Lumière, ils se
réunissent régulièrement afin de mieux
connaître la nature humaine.
Indubitablement, la société
bensalémienne ressemble à la
franc-maçonnerie. Les
Marchands de Lumière peuvent être
aisément comparés aux Fils de la
Lumière (une
des nombreuses dénominations qui caractérisent
les francs-maçons). Il existe donc trois hypothèses quant à l'origine de la franc-maçonnerie, la seconde semble la plus plausible. En effet, on imagine mal la franc-maçonnerie, société complexe par excellence, créée de toutes pièces par un groupe d'hermétistes. Il a vraisemblablement fallu plusieurs siècles pour que les maçons de métiers abandonnent leurs outils au profit de spéculations philosophiques. Quant à la thèse établissant une filiation entre la franc-maçonnerie et le compagnonnage, elle ne respecte pas le sens logique. En effet, si le compagnonnage avait donné naissance à la franc-maçonnerie, il aurait été appelé à disparaître. Il s'agit d'une principe très simple : prenons l'exemple du papillon. Quand la chenille forme sa chrysalide, elle évolue et se transforme en magnifique papillon, c'est alors qu'elle cesse d'exister sous sa forme primaire. Si la franc-maçonnerie descendait du compagnonnage, comment peut-on expliquer la pérennité de l'institution compagnonnique ? Les compagnons auraient logiquement dû disparaître et tel n'est pas le cas. Suite dans www.ledifice.net/7194-3.html |
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