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Iles :
Maurice, Salomon et Trois Frères
« Est-ce que
nous
allons enfin trouver un signe, une trace du passage du Corsaire,
peut-être le
commencement des
« maçonneries » ? »
Le Chercheur d’Or, J.M.G. Le Clézio
Salomon, les
Trois Frères, cela ne vous dit rien ? Eh oui,
l’île Maurice est un des
berceaux de la franc-maçonnerie mondiale et a
compté et compte toujours parmi
ses membres l’élite du pays. Des bretons
immigrés au 18ième
siècle
fondèrent la plus vieille institution française
de l’hémisphère Sud en 1778, la
Triple Espérance du Grand Orient de France, membres
originaires de la loge
l’Heureuse Rencontre de Brest. Le premier atelier des hauts
grades du Grand
Orient de France date de 1789 intitulé les quinze artistes.
Notons que ces deux
loges fonctionnent toujours au 21ième
siècle.
I) Rien
d’étonnant donc que l’œuvre de
Le Clézio fasse référence
aux
symboles maçonniques de ses ancêtres
bretons, Mahé de la Bourdonnais ayant
introduit la franc-maçonnerie à
l’île Maurice dès son arrivée
en 1735 en
qualité de gouverneur de la nouvelle colonie
française. Nous savons que
le mythe fondateur de la franc-maçonnerie est le roi
Salomon : nous lisons
dans Le Chercheur d’Or,
« Après
que Salomon eut bâti à dieu un temple si
magnifique, il se bâtit pour lui-même
un palais qui dura quatorze ans à faire, où
l’or brillait de toutes parts et où
la magnificence des colonnes et des sculptures attiraient les yeux de
tout le
monde. ». L’architecte
qui bâtit le palais est Hiram, le fondateur de la
franc-maçonnerie universelle.
« Laure et moi nous aimons beaucoup le roi
Salomon ».
Le Clézio, juste après parle de la
toponymie maçonnique de l’île Maurice,
« de la chaîne des montagnes, les
trois mamelles ».
Le
chercheur d’Or est son grand-père parti
à la recherche d’un Trésor perdu, la
parole originaire, le mythe des fondations, de la parole perdue. Le
Clézio
dessine l’étoile flamboyante,
« l’étoile
majeure »
« et en bas un triangle où
palpite Adhara ». La recherche du
Trésor : Rodrigues est la transcription
littéraire des voyages maçonniques
avec un savant mélange des trois premiers grades :
« A dix-huit pieds
du Tamarinier commencent les maçonneries qui cachent un
immense Trésor ». Il est question de
« pierres » et de
« sable »,
« d’eau »,
« J’appréhende de descendre au
fond de la Vallée comme si c’était un
domaine interdit »,
la
Vallée étant l’atelier des hauts
grades, la Vallée de Port-Louis fondée en
1789. Il s’agit de rechercher le passage du monde profane au
monde sacré :
« Mais je ne peux m’empêcher
d’imaginer le passage ici du Corsaire que je
suis venu chercher. C’est lui peut-être qui fait
construire ces postes, afin de
mieux observer les travaux de « maçonnerie »
dans
lesquels il avait décidé de cacher son
Trésor. ».
(les guillemets de la citation
sont de J.M.G. Le Clézio). Il parle de
« cinq points qui ont servi de
repères » au grade de compagnon.
Les allusions au mot du grade de maître apparaissent
à la page 180 :
« Je vois un M majuscule sculpté dans la
roche, un peu au-dessus de la
pointe Vénus(…) Je cherche en vain le dessin du
« M » : il
s’est
défait devant moi. Les pans du rocher qui formaient les
jambes du
« M » se sont
écartés et au centre il y a une sorte de
plateau. »,
le pavé de mosaïque… La page 181
évoque « la batterie »
puis la
lettre de Nageon de Lestang qui est un mélange des
pas d’apprentis et de
compagnons en faisant
« l’angle », la marque
B de Boaz et Sch de
Shibobeth. « Je viens de découvrir la
première marque du Corsaire inconnu.
La recherche du Graal se poursuit,
codifiée comme une initiation maçonnique
à l’aune de la Flûte
Enchantée de
Mozart également franc-maçon du 18ième
siècle. « Je distingue
clairement une marque sur une pierre à demeure :
quatre trous réguliers
poinçonnés en carré. Je
me rappelle tout à coup la formule de la lettre du Corsaire
inconnu :
« cherchez : : ».
Non
seulement le symbolisme chez Le Clézio est écrit
mais comme il est dessinateur,
il est également représenté :
« Là, devant moi, sur une roche noire
brille le triangle de l’organeau : je dois
nécessairement trouver le
même signe de l’autre côté de
la vallée selon une ligne est-ouest. »
Le grand-père Le Clézio connaît
bien l’emplacement des colonnes du temple.
« J’imagine comme il tenait le
ciseau et le maillet pour graver ce signe. »,
ce qui suppose que le grand-père
avait probablement était secrétaire et
vénérable de sa loge mauricienne. Le
cheminement initiatique continue : J.M.G. Le Clézio
fait allusion au
symbolisme d’un des plus hauts grades du REAA :
« pierres marquées
d’un cœur, de deux poinçons,
d’un croissant de lune. Pierre marquée de la
lettre M selon les clavicules de Salomon, pierre marquée
d’une croix. »
Les allusions ici éclatent en
plein jour : notons qu’en latin clavis signifie la
clef d’où l’ambivalence
de la clavicule qui donne la clé du secret de Salomon, celui
par lequel le
grand-père marquait sa recherche du Trésor de
Rodrigues. « Je vais alors
vers le haut de la Vallée, parmi les signes que
j’ai reconnus, pierres
poinçonnées, angles marqués, tas de
cailloux disposés en Triangle… et les
nœuds
apparaissent. »
Enfin le coup de grâce : « Est-ce
que nous allons enfin trouver un
signe, une trace du passage du Corsaire, peut-être le
commencement des
« maçonneries » ? »
Le bateau l’Espérance qui emmena ces bretons
à l’île Maurice était
composé de
maçons qui fondèrent la plus vieille institution
française et maçonnique de
Maurice au 18ième
siècle : la loge La Triple Espérance
fondée
en 1778. Le Corsaire célèbre qui fut officier de
la loge n’est autre que
Surcouf initié à Port-Louis où il
tenait le niveau !
La quête initiatique est
inséparable chez le grand-père Le
Clézio d’allusions à
l’histoire de l’île
Maurice : « Cherchez
S : : »
Le symbolisme du grade de M, le
nombre 7 : « comme autrefois,
j’essaie d’apercevoir la septième
étoile. »,
« trace mon message pour le
futur »
D’abord l’apprenti
« j’ai
tracé une rainure longue de trois
pouces » qui vise à devenir
« M
majuscule »
en passant par le compagnon « les cinq principaux
jalons du
Corsaire », l’objectif étant de
former « les triangles de la grille
du Corsaire ».
Tout
se passe dans l’Anse aux Anglais : Surcouf le S du
Corsaire a infligé de
lourdes pertes aux anglais jusqu’en novembre 1808. Il regarde
vers l’est, voit
« au-dessus des trois pointes formant le
M ».
Où est le Trésor ? En
nous-mêmes ; « dans le triangle
austral qui joint au centre de la
vallée les points H, D,B que j’ai
situés depuis le commencement ? »
Le grand-père Le Clézio a compris
que le symbolisme n’apprend rien au dehors de soi mais en
soi :
« depuis que j’ai compris le secret du
plan du Corsaire inconnu, je ne ressens
en moi plus aucune hâte. »
La vérité est intérieure, non
extérieure. « Où est le tas de
pierres qui
formait la réplique du Triangle
austral ? »
Le triangle austral semble être le
nom que les émules de Surcouf donnèrent au
triangle maçonnique qu’ils voulaient
allumer à Port Mathurin de Rodrigues. Dès lors
pourquoi s’étonner « des
deux triangles inversés des organeaux qui dessinaient
l’étoile de
Salomon » ?
Cette stèle « ressemble à un
monument du commencement de l’espèce
humaine. »
Voilà pourquoi pour finir : « le
soleil se lève au-dessus des Trois
Mamelles »,
aube que l’on ne peut voir que de
« Floréal » la bien
nommée du
calendrier maçonnique républicain.
II) On pourrait
penser qu’il ne s’agit que d’une
coïncidence, or dans le Voyage à Rodrigues, J.M.G. Le
Clézio continue
l’exploitation des symboles maçonniques
utilisés par ses grands-pères.
« Il y a des signes, les pierres sont
marquées. ». Il y est question
« de guêpes
maçonnes »],
« trois pics dont les deux premiers tracent les
jambes d’un M
majuscule »,
« je m’aperçois que toutes les
roches ou presque portent cette marque avec
un V ou un W ou
un
. »
Le grand-père est à la recherche
de son temple intérieur en travaillant la pierre brute.
« A la recherche
du deuxième signe de l’organeau… je
vais de pierre en pierre.
L’emplacement
du vénérable de la loge est marqué au
point « M sur la carte », les
colonnes au « milieu de la ligne Est-
ouest » : il cherche
« la pierre taillée ».
Son grand-père décrit la marque de
l’organeau en ces termes :
« c’est-à-dire
affectant la forme d’un trièdre
renversé dont la section représente un triangle
équilatéral qui était anciennement la
forme de l’organeau en usage. » On
ne saurait être plus clair eu égard à
la terminologie maçonnique la plus
élémentaire. Jean-Marie Le Clézio
raconte le voyage initiatique, une parabole
de la recherche de soi, une fable sur les pouvoirs des signes que
l’homme
invente pour échapper au temps. « Comment
n’y aurait-il pas un
secret ? ». La recherche
du « point M »,
« les bosquets
d’acacia »,
« A mille pas de nos loges »,
tous ces signes marquent le chemin d’un récit
initiatique. « Ici le signe
« M » que mon
grand-père avait distingué de l’autre
versant de la
vallée, et dont il avait retourné le symbole dans
une roche fracturée »,
« l’autre jambe du
« M » est
derrière. »
« Sont ce là les signes qui
ont guidé mon grand-père, quand il
traçait ses plans de
recherche ? ».
« Signes du vent, de la
pluie, du soleil, traces d’un ordre
ancien »,
à la recherche de ce mythique
« M majuscule »,
« fruit d’un travail
d’arpenteur ».
Nous vivons dans un monde de
signes, seul l’idiot ne le voit pas. Il faut laisser des
signes, un
« triangle rectangle isocèle
poinçonné dans une des parois verticales de
la pierre. », « une figure en
forme d’équerre poinçonnée
dans une
position oblique sur la paroi verticale de la
pierre », « une triple
rainure au poinçon rayonnant ».
La quête du Graal est un labyrinthe, il faut des signes pour
lire
l’avenir : « il
s’agirait donc de chercher aux sommets rectangles de
ces triangles. ».
Il faut « compléter
l’exploration du triangle ».
L’introducteur
de la Franc-Maçonnerie à
l’île Maurice dès 1735 est
cité « Mahé de la
Bourdonnais »,
le premier créole noir à intégrer un
atelier des hauts grades maçonniques à
Maurice, Lislet dans la loge les quinze artistes
en 1789, enfin la mention du
premier aïeul qui est en quelque sorte le voyage initiatique
augural avant
l’aïeul de Rodrigues en 1903, qui a
traversé l’océan au lendemain de la
Révolution française « sur un
brick nommé l’Espérance ».
Nous savons que les membres de
l’Espérance étaient
francs-maçons de l’heureuse Rencontre à
Brest et qu’ils
fondèrent la plus vieille loge maçonnique de
l’hémisphère Sud nommée La
Triple Espérance. Le voyage initiatique de
François Alexis Le Clézio au 18ième
siècle à Maurice n’est que le
prélude de celui de Léon Le Clézio au
20ième
à Rodrigues, lui-même
prolégomène de celui de
l’écrivain Jean-Marie Le
Clézio : « Je parcours la
vallée…je découvre les signes et les
symboles qu’il a reconnus, qu’il a fait
siens : pierres trouées, incisées,
rochers marqués du triangle de
l’organeau. ».
Le sens est caché ; le
propre du symbole est de le faire apparaître :
« où se situe le M
majuscule ».
Il faut trouver « une
clé »,
d’où l’analogie avec
l’étymologie des
« clavicules » du roi
Salomon : c’est en
« voyageant »
qu’on découvre le sens caché. S
comme Surcouf le voyageur franc-maçon corsaire le plus
célèbre de
l’hémisphère
Sud agit à la fois comme la figure éponyme du
voyageur de sens, à la façon
d’Hermès, le dieu des voyageurs : le sens
circule, le sens est voyageur ;
hermès, herméneutique, le sens n’est
jamais là où on l’attend, il circule
comme
le souffle du vent, celui de l’île Rodrigues. Il
faut comme l’écrit J.M.G. Le
Clézio partir à la recherche d’un
« ordre ancien » pour trouver le
sens : cette locution « ordre
ancien » dans tous les textes ne
traduit que la tradition maçonnique. Dans la salle des pas
perdus de la Triple
Espérance à Port-Louis sont
représentés les
dizaines de tableaux du 18ième, du 19ième
et du 20ième
siècle des ancêtres de cette communauté
franco-mauricienne où trônent
quelques uns des ascendants de l’écrivain Jean
Marie Le Clézio. Il a fallu
attendre que le Premier Ministre de Maurice, le Frère
Seewoosagur Ramgoolam,
titulaire du 33ième degré,
la plus haute distinction de l’ordre
maçonnique international du REAA organisât en 1978
à Clarisse House le
bicentenaire de la loge de la Triple Espérance en
présence du Grand Maître du
Grand Orient de France, Jean Pierre Prouteau, Ministre du
Président Valery
Giscard D’Estaing pour que ce passé
maçonnique et fondateur de l’île
Maurice remontât à la surface. Il fallut
également attendre le bicentenaire de
la Révolution française en 1989 pour
qu’une exposition publique montrât à des
dizaines de milliers de visiteurs mauriciens les dizaines de tableaux
retraçant
l’histoire dont parle J.M.G. Le
Clézio
ou plutôt ses grands-pères lors de
l’Exposition maçonnique à la galerie
Max
Boullé à Rose Hill en présence de
Philippe Coste, Ambassadeur de France,
de Christian Pozzo di Borgo, le Grand Maître du
Grand Orient de France et
Jean-Claude de l’Estrac alors Maire de Beau Bassin Rose Hill
avant de devenir
Directeur Général de l’Express. La fin du Voyage
à Rodrigues décrit
« les symboles définitifs de sa
quête » :
les marques de l’orient et
de l’est où naît l’orient, les
« clavicules de Salomon », la
clef du
cryptogramme maçonnique, les deux points d ou b selon les
versions et le J des
colonnes du Temple, « la pierre de poignets ou
à poignées »,
« les organeaux marqués dans
la pierre en forme de triangles équilatéraux
inversés, opposés sur la ligne
est-ouest. »
ou l’hexagramme du REAA, puis enfin l’indicateur
des pas au grade du Souverain
Commandeur du Temple au 27ième grade,
que Le Clézio nomme en
majuscule « le Comble du
Commandeur »
avec des variantes qui s’inspirent
des pas du Grand Inspecteur Commandeur au 31ième
grade. Le comble de
l’ironie est que le plan du grand-père est
signé d’un H (comme Hiram) de
Langle : est-ce là encore un palimpseste ?
Les pas en maçonnerie
étant faits selon l’angle ? Ce Langle
d’après une note de J.M.G. Le Clézio
accompagna d’autres francs-maçons
célèbres, le comte de La Pérouse lors
du
voyage initiatique de 1785 à la découverte du
passage du Nord-ouest qu’avait
cherché en vain l’autre franc-maçon le
fameux capitaine Cook…Le jeu de signes
conçu comme un jeu de pistes du grand-père va
jusqu’à indiquer les âges
maçonniques : la lettre est du
« docteur
Château-neuf » (en
tiret dans le texte),
il s’agit de « réciter par
cœur les mots de la lettre »
(je ne sais ni lire ni écrire, je
ne sais qu’épeler…),
« sachant que sa lettre serait ouverte et
divulguée ».
« A 18 pieds du tamarinier commencent les
maçonneries qui cachent un
immense Trésor ».
« Pour mon grand-père, les clavicules de
Salomon sont peut-être la
solution de ce mystère et donneraient un sens à
ce texte insensé. Y est-il
parvenu ? Il n’en parle pas mais les clavicules
ajoutent une magie à cette
chimère. Salomon
(Suleïman) fils de David et roi d’Israël
est aussi le chef des djins, celui qui
a le pouvoir sur les êtres surnaturels et qui
connaît les secrets de l’univers,
grâce à un talisman : un anneau magique
qui porte gravé le signe divin,
l'étoile (qu’on n’oserait pas nommer
flamboyante…) formée de deux triangles
inversés dessinant un hexagone. Les clavicules
portent en elles le secret de la magie de Salomon, dont les navigateurs
du 18ième
siècle sont naturellement les
héritiers. ».
Les navigateurs du 18ième
siècle, ceux qui ont apporté la
franc-maçonnerie dans cette région du monde et
dont faisait partie un certain Le Clézio François
Alexis venu à Maurice à bord
de l’Espérance… « Lanterne
magique dans les cryptogrammes, les clavicules de Salomon referment
encore
davantage le secret du Trésor. ».
Le centre du mystère est au cœur du
grand-père, foyer analogique de toute vie
spirituelle. De même que pour comprendre le cryptogramme
maçonnique il faut une
clé, de même pour traduire un texte selon le
système des clavicules de Salomon,
il faut une même clé. « Tel est
le langage secret que mon grand-père a
parlé pour lui-même, durant les trente
années qu’il a consacrées à
cette quête,
dans la solitude de Rodrigues. Mais ces signes, ces symboles
n’étaient pas des
jeux abstraits. Les clavicules de Salomon étaient
véritablement un sceau
magique qui donnaient à ceux qui s’en servaient un
pouvoir sur les
choses. ».
Ce n’est pas un hasard, comme l’écrit
J.M.G. Le Clézio, si le grand-père avait
choisi Dieu comme mot de passe pour accéder à la
table des clavicules de
Salomon, dieu ou le grand architecte de l’univers par lequel
il n’y a pas de
hasard, c’est « la clef magique du
ciel ».
De même que François Alexis Le
Clézio avait découvert la Vallée de
Maurice en compagnie de Lislet Geoffroy et
du Corsaire inconnu, le S de Surcouf de Salomon, de même
Léon Le Clézio
découvre la Vallée de Rodrigues en cherchant
à travers cette onomastique
maçonnique le regard d’un frère qui ne
vient pas, afin de bâtir le temple
intérieur, celui de la fraternité. Il ne reste
que « des cailloux marqués
au poinçon, tas de pierres marquant l’est
(l’orient), le nord, l’ouest…
cercles, étoiles, pierres fracturées en
M. ».
Seul subsiste le dialogue du
grand-père face à Dieu :
« De chaque côté de la
vallée, sur les
hautes collines noires, à l’est, à
l’ouest, la marque des deux organeaux, deux
triangles inversés dont la réunion compose encore
le signe de l’anneau magique
de Suleïman au centre duquel s’écrit
éternellement le nom du plus grand des
dieux. »
La
« quête »
s’achève :
on contemple la maison Euréka aux « sept
lucarnes »
fermée sur un secret. Jean-Marie
Gustave Le Clézio a cherché des symboles, des
signes, le commencement d’un
langage qui pourrait dire
le monde. Mais tout cela n’était qu’un
rêve,
il ne reste que quelques livres du petit-fils qui a essayé
de
faire vivre ce
rêve par le miracle de la littérature, par ce feu
intérieur qu’on appelle
l’imagination qui se joue de l’histoire comme de la
réalité sociale. Il reste
l’évocation de la république
maçonnique de
la baie de Diego Suarez à Madagascar
où la liberté et
l’égalité
régnaient, où « les forbans
fraternisaient
avec
les esclaves ».
Que reste-t-il si ce n’est le seul récit
autobiographique de Jean-Marie Gustave
Le Clézio, d’une fulgurance essentielle qui porte
la marque d’un désir, celui
de l’infini. Christophe
Vallée |
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