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Pythagore et l’origine de la psychologie transpersonnelle Dr Jean Dierkens Professeur à l’Université de Mons Brève définition de l’approche transpersonnelle Un domaine nouveau ne peut se définir avec précision lorsqu’il se crée. Or le domaine du " transpersonnel " tel qu’on le conçoit depuis quelque vingt ans est nouveau. Il est donc évident que de nombreuses définitions se juxtaposent se complémentarisent, voire s’opposent sur certains points. Il nous apparaît par conséquent nécessaire de décrire ce que nous estimons être le champ du transpersonnel, sans que notre " définition " (qui n’est ni meilleure ni moins bonne, ni moins ni plus transitoire que n’importe quelle autre) n’ait d’autre but que de clarifier nos positions de départ et les buts de cet article. Nous définirons ce champ par une série de " postulats ", de conventions de départ, qui proviennent de constatations personnelles, les unes faites à partir d’expérientiels dont les moments méditatifs ne sont nullement minoritaires, d’autres à partir de lectures, d’autres encore à partir d’observations aussi rigoureuses que possible ou même d’expérimentations de laboratoire ayant entraîné une série de conséquences théoriques ou dépassant le cadre expérimental prévu. Nous comprenons que pour certains lecteurs, ces propositions paraîtront sujettes à discussions. Nous les laissons toutefois à leurs considérations et n’entreront aucunement ici dans une quelconque polémique. A) A partir de certains états de conscience modifiées, il est possible d’obtenir des éléments fondamentaux de connaissance de l’homme et de l’univers. Les structures essentielles liées à la constitution de l’univers sont immédiatement accessibles à l’esprit humain, grâce à l’existence dans sa psychê d’archétypes préalables à toute expérience personnelle, dynamisant son corps et sa pensée, reflets synchroniques des lois fondamentales physico-chimiques(1). Mais pour que ces structures lui soient accessibles mentalement, il faut qu’il parvienne à se placer dans un état de conscience qui le dégage à la fois de ses problèmes personnels et des préalables issus de savoirs et d’analyse rationnelle. Le transpersonnel a le Réel pour objet de connaissance privilégié et non la réalité. Par Réel, nous entendons l’univers tel qu’il existe en dehors de toute captation signifiante d’origine humaine. La réalité est ce que l’homme perçoit en analysant et construisant des discours (scientifiques ou non) à partir des clés sensorielles dites " objectives "; cette réalité peut correspondre à un aspect très utilitaire, mais elle ne permet pas de saisir ni les causes ni les finalités des phénomènes. (2) Il s’agit donc d’un univers inévitablement " caché ", implicite, dont les lois et les principes formateurs des objets naturels ne peuvent être " connus " que d’une manière " immédiate " et intérieure,- ou au moyen d’intermédiaires symboliques qui ne peuvent jamais être que des supports de passage. B) Il existe dans l’univers une structure et un dynamisme organisateur qui ont procédé (et procèdent encore) avec " finalité " et " intelligence ". (3) La nature n’est pas le fruit du hasard ou de lois issues du hasard. Elle représente par ses manifestations des indications qui permettent d’inférer les structures et dynamismes sous-jacents. La nature est un livre déjà écrit ; (4) la seule tâche consiste à déchiffrer son langage,- ce que l’homme peut faire, car il est, lui aussi, partie issue de la nature et possède en lui ces archétypes, témoins " sacrés " enfouis en une psychê capable de conscience et de réflexion. L’homme étant un élément d’une nature qui le précède et le dépasse, il a des devoirs envers elle qui est la représentation visible la plus indiscutable du " Divin ". (5) Toute approche transpersonnelle doit, elle aussi, d’une manière ou l’autre, intégrer une dimension écologique " sacrée ", c’est-à-dire un respect de la nature en tant que telle et non dans la seule perspective de la préservation de notre bien-être personnel. C) Ainsi que vraisemblablement de nombreux êtres (voire tous les êtres) ou objets naturels, l’homme est constitué d’une partie matérielle dite " grossière " et d’une partie dite " subtile ", cette dernière étant préalable à la partie matérielle et lui survivant dans une certaine mesure. De la même manière, il existe une énergie dite " subtile " qui est fondamentale à la vie et est liée au corps dit " subtil ". On peut même penser que cette énergie et cette structure " subtiles " ne sont que deux aspects de la même chose. (6) Sans qu’on puisse généraliser, face à l’évolution de cette partie " subtile " de l’être qui survit à la mort physique, plusieurs groupes appartenant à la psychologie transpersonnelle reprennent positivement l’hypothèse de la réincarnation comme la plus explicative de certains faits constatés (7) ou des vécus personnels issus d’états non ordinaires de conscience (8) voire même comme système logique lié à la survivance d’un support " subtil " de conscience. La valorisation des enseignements orientaux dans les diverses écoles transpersonnelles a augmenté l’impact de l’hypothèse réincarnationiste. D) Le Moi de l’Homme, son " Ego ", ne peut être limité " à sa seule peau " et ne peut faire l’objet du seul souci existentiel. Sa constitution est nécessaire à la formation de l’homme conscient et équilibré; son dépassement est nécessaire à l’accès aux structures fondamentales de l’homme et de l’univers. Le corps et le psychisme de l’homme recèlent en leurs structures propres un analogue de l’univers. La seule analyse rationnelle (par exemple, par la description scientifique minutieuse, par l’analyse du discours ou par l’approche réductrice psychanalytique), bien qu’elle aussi soit nécessaire, est toujours insuffisante. E) Les informations provenant du monde sont accessibles, dans certaines circonstances, à des modes " extrasensoriels " qu’il y a lieu d’aborder d’une manière positive et rationnelle. F) La science, dans une perspective transpersonnelle, doit pouvoir s’appuyer sur l’intuition et la méditation préalables et essentielles à toute approche rationnelle analytique. Les deux phases, méditative et analytique rigoureuse sont nécessaires à la pensée transpersonnelle. G) Étant donné la conception du monde et de l’homme, celui-ci doit, dans toute recherche d’harmonie et de plénitude, intégrer la dimension " sacrée ", transcendantale, transpersonnelle. Les expériences décrites par les grands mystiques des diverses religions sont considérées avec ouverture et intérêt non réducteurs. Enseignement pythagoricien : (9) I1 ne nous semble pas valable de donner un exposé systématique de tout l’enseignement pythagoricien car tel n’est pas notre but ici. Nous insisterons sur les seuls aspects qui témoignent de l’originalité transpersonnelle de notre philosophe, faisant référence à la tentative de définition du transpersonnel, ainsi que nous l’avons fait en tête de cet article. Sachant toutefois l’ignorance dans laquelle de nombreux lecteurs se trouveront quant aux aspects plus historiques du pythagorisme, nous faisons suivre cette approche comparative d’un aperçu résumant la vie de Pythagore et certains autres aspects de l’école pythagoricienne. Nécessité des approches méditatives en liaison avec l’approche scientifique. L’enseignement pythagoricien est exposé dans des " écoles " où le disciple doit se développer spirituellement préalablement à toute approche ou quête de savoir valable. Ainsi que Porphyre le dit clairement (VP ;46-47), l’enseignement se faisait de la manière suivante. 1. Choisir les disciples à partir de nombreux indices, dont la capacité de surmonter ses passions, de maîtriser son corps d’utiliser son intellect. Les " signes " corporels étaient également analysés par le Maître lui-même (10) qui allait au stade observer les attitudes physiques et morales des jeunes (respect du corps harmonieux et refus des excès habituels des sportifs de compétition). 2. Montrer à ces futurs disciples, par le raisonnement et l’analyse intellectuelle les erreurs de jugement qu’ils font en basant leurs opinions à partir de leurs organes sensoriels. Cette approche critique devait être progressive et sans brusquerie afin de ne pas les bloquer sur la voie de la connaissance " intérieure ". 3. Les amener à se concentrer sur des thèmes liés à la fois aux choses (naturelles) existantes (et donc sujettes à variations continuelles) et aux concepts et aspects permanents. Vraisemblablement la respiration était un de ces thèmes de méditation. 4. Les amener à recueillir ainsi les vérités essentielles les archétypes, les Idées (11) à trouver la " nourriture " dont l’âme a besoin pour vivre réellement.(12) 5. Utiliser ensuite (13) le raisonnement sur ces objets du Réel (14) entrevus lors des méditations afin de mieux comprendre l’ordonnance universelle et la place de l’homme. Tout enseignement pythagoricien doit intégrer ces divers aspects. Cette approche double, où les états de conscience modifiée jouent un rôle fondamental en servant de base à des approches scientifiques fondamentales au développement de l’intelligence humaine, est également essentielle dans les réflexions transpersonnelles. Organisation sacrée de l’univers et situation de l’homme par rapport à la nature. Pour Pythagore, la nature de l’homme est semblable à la nature divine (15) qui a organisé l’univers. Son but de vie était donc de faire émerger de la manière la plus pure possible cette nature divine en nous. (16) Le but de la méditation était de s’écarter de toute vision subjective et sensorielle du monde afin de s’ouvrir aux structures fondamentales de notre psychê (aux archétypes, dirait-on aujourd’hui). On dépassait ainsi la subjectivité toujours exprimé en termes de notre époque) et on arrivait " au delà " de l’individualité, c’est-à-dire au Divin en nous. Par ailleurs, il disait que l’univers était ordonné et organisé par les nombres. Impossible donc de trouver le Divin en nous sans être géomètre. C’est notre Philosophe qui aurait créé le mot Kosmos (17) pour nommer l’univers impliquant cette harmonie initiale, divine, préalable fondamental à toute réflexion sur l’homme et sur la société. (18) Ses discours sur la place publique de Crotone destinés à toute une population étaient donc la suite logique de ses conceptions philosophiques. Il est à noter que dans aucun de ces discours, il ne fait mention de théories mathématiques ou " ésotériques " susceptibles de ne pas être comprises par les gens. Il utilise l’allégorie, montre l’exemple de la Nature, prend appui sur des mythes religieux bien connus de tous et insiste constamment sur les valeurs intérieures de l’homme. La société doit être un reflet de cette harmonie microcosmique intérieur affectif et intellectuel de l’homme) et macrocosmique que (la Nature, le Kosmos). Il trouve l’harmonie dans les proportions numériques fondamentales qui ont fondé la Nature. Les règles sociales doivent s’appuyer sur cette même vision des proportions et de l’harmonie, entendons ici : la fraternité humaine comme base essentielle aux rapports humains. Lorsqu’il mentionne cette " fraternité ", (19) Pythagore ne se limite pas à ses seuls disciples. Il demande aux jeunes gens " de ne pas répliquer à ceux qui vous injurient (Jamblique; VP,51), " de ne jamais se fâcher contre ses amis et de se montrer fraternels (comme des amis) envers leurs ennemis le plus vite possible " (20) (Jamblique; VP,40). Cette amitié que l’on doit essayer de faire naître envers ses ennemis dès la fin du conflit ou de la dissension est un élément original de Pythagore; nulle part, à cette époque dans l’Antiquité grecque ou proche-orientale, on ne parle du devoir d’essayer d’aimer ses ennemis. (21) Dans un autre écrit concernant la tradition pythagoricienne, on relève que le Maître demandait de " prier pour les insensés ", car c’est eux qui en avaient besoin. La notion de prière est, certes, fort différente de la conception chrétienne, mais cette demande d’éclairer ceux qui sont dysharmonieux témoigne à nouveau de la compassion fraternelle qui doit exister " envers tous " (22) et non rien qu’entre les initiés; chacun doit éprouver de la " compassion " (sympathie, sentiment d’aide et de compréhension: koinônia) envers chacun. (23) Il insiste sur la valeur de la liberté personnelle et de l’estime qui doivent être à la base d’un tel sentiment " ils (les parents) devraient essayer d’être aimés par leurs enfants, non à cause des liens naturels, car les enfants n’ont aucune prise sur cet aspect, mais de leur plein gré " (Jamblique;VP,47). Cette fraternité, rappelons-le, est une application toute simple de la conception harmonieuse du Kosmos, qui doit servir de base à toute réflexion sur l’homme et sur la société humaine. Son attitude sociale et morale montre qu’il ne faisait pas de différence de " classe ": la voie pythagoricienne était ouverte à tous ceux qui acceptaient de suivre le dur cheminement intérieur proposé. Il faut est normal, puisque le respect social doit correspondre au respect des lois du Kosmos Il semble d’ailleurs que le disciple à qui il a confié nombre de secrets de l’Ordre pythagoricien Zalmoxis, était à l’origine un esclave. Il s’agit, à nouveau, d’une attitude de fraternité et de tolérance généralisée telle qu’on la retrouve dans des assemblées de penseurs transpersonnels. Mais les " chemins publics " ne sont pas ceux du pythagoricien qui préférera plutôt les sentiers isolés. Ce n’est pas dans la foule ou en se basant sur les opinions conventionnelles qu’on trouve la vérité et la sagesse ou l’harmonie profonde en soi. (24) L’équilibre affectif et intérieur comme préalable à la connaissance et comme fondement de l’éducation. La formation " morale ", leitmotiv dans la tradition pythagoricienne, doit s’appliquer non seulement aux enfants, mais aussi aux adultes. Sa base est le gouvernement sage de soi-même et de la cité. Aussi, en s’adressant aux adultes, parle-t-il dès son premier discours à Crotone, de l’importance de cette formation continue, sur le plan moral et sur le plan intellectuel. (Jamblique;VP:42). Il insiste sur la sérénité (" sôphrosunê " ) comme préalable à toute réflexion valable. Avant de s’occuper de quoi que ce soit, il faut calme ses émotions et ses sentiments en faisant un retour en soi-même, ce qui est facilité par la pratique quotidienne de la " psychostasie ". (25) Porphyre reprend les maîtrises corporelles (nous dirions " pulsionnelles ") déjà exprimées dans les Vers d’Or : l’estomac (songeons aux festins dionysiaques auxquels les Pythagoriciens ne voulaient pas qu’on assimile leurs repas rituels communautaires), le sommeil (entendons : la paresse, l’oisiveté), les plaisirs sensuels (entendons ici plus spécifiquement la complaisance dans les plaisirs sexuels, pervers on non, tels que cela existait à l’époque et plus nettement encore à Sybaris, la grande ville voisine) et la colère. La facilité et les parures de luxe et de richesse (bijoux) doivent être abandonnés, car ce type de vie superficielle et mondaine éloigne de la recherche de la vérité. (26) Aussi, dès la fin du discours que leur fit Pythagore, les femmes de Crotone allèrent-elles déposer toutes leurs toilettes luxueuses au Temple de Hêra. Les offrandes sacrées ne pouvaient pas être excessives, mais elles devaient être apprêtées par les femmes elles-mêmes et non par leurs esclaves. (27) Toute action sacrée devait être précédée d’une préparation morale (Jamblique; VP, 54) Cela ne veux pas aller que tout plaisir soit exclu! La sexualité " normale " (qui impliquait pour Pythagore la fidélité conjugale) n’était nullement réprouvée. Pythagore s’était opposé à la tradition qui voulait que les femmes ne pussent aller dans un Temple que 2 jours après des relations sexuelles. Pour notre Philosophe, lorsque ces rapports sont justes, les femmes peuvent immédiatement participer aux rites sacrés.(28) Le vin était permis à table (voire même proposé, vu les libations qui se faisaient lors des repas communs), mais toujours mélangé à de l’eau et uniquement après le coucher du soleil. Le motif de toute action devait être le bien, " le beau " (" to Kalon " ), l’harmonie. On pourrait presque dire que sa règle était : " Fais le bien pour l’amour du bien lui-même ". On voit par tous ces exemples que l’éducation pythagoricienne amenait à un style de vie fort proche des systèmes " naturels " et " écologigues " actuels : simplicité de vie, recherche de rapports harmonieux, éducation basée sur la Nature et ses lois. Harmonie avec le corps, mais sans valorisation excessive. Le corps était le support et la marque du caractère. L’examen de sa forme et de ses mouvements donnait donc de précieuses indications sur la vie intérieure de chaque disciple. Il devait être entretenu avec un souci d’harmonie; le régime alimentaire était sain et soigneusement contrôlé, fait essentiellement de céréales diverses. La promenade matinale dans la nature était suivie d’exercices au stade, mais sans recherche de compétitions toujours susceptibles d’entraîner l’agressivité ou un souci intempestif de performances physiques où le narcissisme joue un rôle de premier plan. Les jeux au stade devaient se baser sur l’identification harmonieuse aux mythes divins, chacun n’ayant d’autre rivalité l’un envers l’autre que dans cette fusion à l’image modèle de l’harmonie. On ne pouvait agresser le corps; la " chirurgie " était interdite.(29) Importance de la raison et de l'approche scientifique en parallèle avec la recherche intérieure. Tout l'enseignement intègre la raison, l'analyse rigoureuse (mathêma). Ainsi lorsque Pythagore parle de notions telles que le respect aux aînés, ou l'harmonie temporelle (" Kairos ") ou structurelle (" Homonoia "), il appuie son exposé sur la déduction rationnelle faite à partir des lois naturelles. L'apport des mathématiques dans le pythagorisme (30) est considérable ici pour justifier les raisonnements. Nous avons déjà signalé que, pour le Maître de Samos, l'univers, le Kosmos, est organisé intelligemment (31). Il est basé sur des proportions et sur des Nombres. Ceux-ci sont considérés à la fois sous leur aspect géométrique, dans l'individualité du nombre lui-même (32), et suivant les calculs habituels: addition, soustraction, multiplication, etc. Chaque objet de l'univers est la manifestation de rapports spécifiques entre des Nombres. Bien comprendre l'ordonnance de l'univers correspond à bien maîtriser les mathématiques (33) et, vice versa, par la compréhension des Nombres, il est possible d'appréhender parfaitement la structure du Monde. Les planètes (voire le ciel tout entier) résonnent harmonieusement et on peut, en méditation, "entendre" la "musique des sphères", basée sur des proportions identiques à celles de la "musique".(34) La "Tetraktys", triangle sacré constitué des 4 premiers chiffres, est à la base des rapports musicaux essentiels: l'octave (2/1), la quinte (3/2), la quarte (4/3), qui permettent de constituer la gamme occidentale et les modes musicaux grecs. Valablement analysée et comprise, la Tetraktys représente le fondement même du Kosmos et est un symbole exprimant la Divinité dans son acte créateur du monde. Placer quelqu'un dans l'harmonie musicale valable permet de le guérir. L'inonder de sons discordants ou différents de l'harmonie essentielle (35) l'entraîne aux pires excès émotionnels. Pythagore fut ainsi le premier musicothérapeute. (36) Il est rapporté qu'il commençait souvent ses leçons par un chant (un extrait de Homère ou de Hésiode) qu'il accompagnait lui-même de la lyre. (37) Organiser et classer les concepts et les choses (38) devint une activité fort importante, car un telle ordonnance tente de comprendre l'ordonnance de l'univers et fait intervenir une activité rationnelle et, en même temps, méditative (39). L'enseignement utilisait constamment la voie symbolique: allusions, allégories, analogies naturelles, etc., forçant les disciples à chercher en eux-mêmes les significations contenues dans les éléments enseignés (Jamblique; VP, 103). Nous dirons de nos jours qu'il valorisait l'importance de la pensée dite de l'hémisphère droit ainsi que cela se fait dans les nouveaux systèmes éducatifs de notre époque. Quel enseignant ou conférencier de haut niveau, si ce n'est dans une perspective transpersonnelle, commencerait ses cours en chantant ou disant un poème? Intégration des dimensions masculine et féminine comme étant toutes deux essentielles. Les rôles masculin et féminin étaient dans le pythagorisme bien plus à la fois égalitaires et naturels que dans toute autre tradition grecque. Prenant peut-être appui sur un fonds commun à la tradition orphique éleusinienne, le Maître a indiqué le double rôle paternel et maternel assumé par le couple divin traditionnel: Zeus et Hêra. Il a montré que Zeus a joué un rôle maternel envers Athêna et Hêra un rôle paternel avec Héphaistos (Jamblique; VP, 39), plaçant ainsi les rôles familiaux sur un plan d'égale importance. Mais il n'a jamais enseigné l'identité des rôles masculin et féminin, qui n'existe d'ailleurs pas dans la Nature: chacun doit assumer une activité qui lui est spécifique tout en étant capable d'exprimer positivement l'activité complémentaire. Parmi ses disciples, tant ésotériques qu'exotériques, il acceptait les femmes au même titre que les hommes. Mais la tradition pythagoricienne ne valorisait pas la femme artiste ou intellectuelle hors de son foyer, comme l'ont fait, par exemple, une série de traditions issues d'Athènes ou de Lesbos. Le double rôle familial de la femme (éducatrice et compagne) restait fondamental. Importance du langage. On ne peut dire que l'approche transpersonnelle soit spécifiquement liée à l'étude du langage. Signalons toutefois que la valeur du langage était apparu au Maître qui a voulu préciser les termes qu'il utilisait et analyser leur signification. Cette tradition a été reprise ultérieurement par d'autres penseurs grecs, entre autres par Platon. Ne voulant pas s'attribuer le titre de "sage", il aurait créé le terme "ami de la sagesse" (philo-sophos) et de la "philo-sophia". Kosmos, taxis, homonoia, koinônia, kairos, tetraktis, homokoeion, physiognômonêsai, etc. semblent bien être des mots d'origine pythagoricienne ou ayant été utilisés d'une manière nouvelle et spécifique adoptée par les penseurs grecs. (40) Il fallait donc parler peu et bien... d'où la valeur accordée à l'expression "euphêmein". Et le conseil donné de respecter cette manière sobre et parcimonieuse de parler. N'oublions pas que tout disciple ésotérique passait par une période de 5 années de silence... L'utilisation de "ko-an". La méthode d'approche des concepts initiaux et fondamentaux (les archai) s'appuyait sur la réflexion concernant l'opposition de concepts l'un à l'autre. Par Aristote, nous connaissons 10 paires de concepts utilisés dans l'enseignement pythagoricien: illimité - limité (Apeiron - Peras); impair - pair; un - pluralité; droite - gauche; mâle - femelle; repos - mouvement; droit - courbe; lumière - obscurité; bon - mauvais; carré - allongé. Une autre méthode consistait en la réflexion sur certaines phrases lapidaires dites par le Maître.(41) A titre d'exemple, citons un dire du Maître qui est à la fois exprimé tel un "ko-an" et est lié aux paires d'opposés : " Un, deux ". Rappelons encore ici l'importance de la voie symbolique dans l'enseignement. La religion pythagoricienne, métasystème tolérant, à la fois monothéiste et polythéiste. En fait, la "religion" pythagoricienne était monothéiste. Le Dieu qui leur paraissait le plus proche d'eux était Apollon, voisin du Rê égyptien, et dont le nom permettait l'enseignement de l'Unique: ils faisaient de Apollo le résultat de a - polloï, c'est-à-dire pas - plusieurs. Cette approche est reprise par Plutarque dans son texte sur l'"E" de Delphes où il indique clairement que le soleil n'est qu'une manifestation divine et ne peut pas être considéré comme une quelconque divinité. Pythagore n'a pas accepté les croyances grecques populaires. Il refusait l'anthropomorphisation des forces divines et ne voyait dans les mythes que des approches symboliques de phénomènes plus fondamentaux, liés à la Nature et à son intelligence. Pour la tradition pythagoricienne, bien qu'il y ait un Dieu Suprême en qui tout existe d'une manière harmonieuse, on doit envisager que l'homme lui-même puisse s'améliorer et progressivement "devenir dieu lui-même", c'est-à-dire libérer tellement la partie divine en lui (noûs) et oublier tellement ses particularités humaines transitoires (psychê) et ses désirs et modes de communication corporelle (sômatikê aisthesis) qu'il devient "réellement" et totalement l'énergie divine dont il est créé (42). Il existe donc des êtres qui deviennent des "héros glorifiés" puis des demi-dieux, puis des dieux immortels, chaque entité représentant un stade d'évolution et un mode de participation active au dynamisme cosmique. Cette approche permet de mieux comprendre les libations et les "prières" faites par les Pythagoriciens aux diverses Divinités, représentant chaque fois un aspect de l'harmonie universelle. (43) Mais en revenant de l'Egypte, il n'a pas voulu faire, en Grèce, une nouvelle mouture de la religion égyptienne. Dans la plupart des légendes le concernant, il est mentionné qu'il a eu des contacts avec de nombreux tenants de savoirs religieux dispersés au Proche-Orient et en Europe, sans que jamais il y ait des critiques contre ces autres voies religieuses. Son enseignement s'est toujours placé au-dessus de tout particularisme religieux. C'est ce qui a permis à l'école Pythagoricienne d'avoir parmi ses centres et au cours des siècles successifs, des membres soufi, chrétiens, ou encore hors de toute référence religieuse étiquetée tout en reconnaissant toujours l'existence de Divinité(s) qu'il y avait lieu d'honorer, créant une ordonnance dans le Kosmos. Les approches extrasensorielles. Les communications médiumniques. La réincarnation. C'est Pythagore qui a diffusé la notion de réincarnation en Grèce. Nous avons signalé l'influence vraisemblable de son maître Phérécyde dans l'acquisition de ce concept. Cet acquis ne provient pas de son séjour en Egypte, où les traditions sont fort éloignées de la théorie réincarnationiste. A-t-il eu également des contacts en provenance de l'Inde? D'après Apollonius de Tyane, dans le récit de son voyage transmis par Philostrate peu de temps après la mort d'Apollonius (c'est-à-dire en s'adressant à des gens qui étaient encore au courant des récits racontés par Apollonius lui-même), certains brahmanes auraient prouvé qu'ils connaissaient l'existence de Pythagore et de certains aspects de son enseignement. Mais ce récit ne donne aucun élément concernant le thème de la réincarnation. Lui-même disait se souvenir de quelques unes de ses incarnations antérieures, mais elles n'impliquait pas le passage par la vie animale. Il faisait parfois avec ses disciples ce que nous appellerions de nos jours "une lecture des vies antérieures" afin de mieux les guider. L'utilisation qu'il faisait assez fréquemment de ses capacités extra-sensorielles, voire médiumniques, a créé autour de lui un halo énorme, faisant de lui parfois un demi-dieu (44). Il n'a pas indiqué que son enseignement avait pris l'approche extrasensorielle comme objet d'étude, mais il est vraisemblable que les potentialités extrasensorielles de ses disciples étaient dynamisées par son enseignement méditatif et qu'elles étaient acceptées sans aucune hésitation comme épiphénomènes positifs. Respect de la vie et de la nature. Acceptation d'une certaine marginalité. Pour Pythagore, il n'appartenait à personne de décider de la date de sa mort. Le suicide était interdit. (45) On comprend ainsi d'autant mieux le Serment dit d'Hippocrate qui s'appuie sur la tradition pythagoricienne. et où l'on dit explicitement que le médecin ne pourra jamais favoriser la mort de quelqu'un, même à sa demande (ce que nous appellerions "euthanasie") ni pratiquer des avortements. L'incinération était interdite afin de permettre au corps de retourner à la nature et de ne pas polluer le Feu, considéré comme élément sacré par rapport à la terre. Le respect de tout ce qui vit l'a amené, suivant une tradition qui n'existait, semble-t-il, qu'à Délos, à refuser tout sacrifice sanglant et meurtre d'animaux, voire même d'interdire d'arracher sans nécessité des végétaux utiles à l'homme. Or, c'est à l'occasion de ces sacrifices sur les divers autels que la population grecque se réunissait en fête et mangeait les morceaux de viande que le prêtre distribuait suivant une procédure bien stricte. Refuser de manger de la viande correspondait à s'exclure d'une partie importante de la vie sociale. On comprend dès lors que pour certains pythagoriciens, la soumission à la règle morale de l'Ordre les entraînait à se marginaliser un peu comme des moines isolés de tout contact avec la vie de la cité, alors que pour d'autres, leur désir de se soumettre à leurs devoirs civiques les amenait à prendre de temps à autre de la viande(46). On a souvent divisé les Pythagoriciens en deux groupes bien que cette division soit moins claire au cours des siècles. Les mathématiciens, qui approfondissaient la science pythagoricienne, enseignaient et vivaient insérés dans la communauté; ils se sentaient les "authentiques" pythagoriciens. Les akousmatiques suivaient à la lettre toutes les prescriptions morales (les principes de conduite de vie) et autres provenant du Maître (aucun vêtement de laine; rester éloignés de tout bain public... ce qui les rendait souvent fort sales; ne changeant jamais leur unique vêtement), se marginalisant et restant purement végétariens. Ils étaient tels des moines mendiants; eux aussi pensaient être les authentiques tenants du pythagorisme... Comment ne pas songer, relativement aux akousmatiques, aux options "hippies", lorsque ceux-ci n'avaient pas encore détruit leur idéal par l'utilisation de la drogue et par la complaisance excessive dans une jouissance impersonnelle de type orgiaque. Groupement de pensée synthétisante mais minoritaire. L'influence de l'école Pythagoricienne tant dans notre Europe dite chrétienne que pendant l'antiquité classique est indiscutable. Quatre cents ans après la mort du Maître de Samos, Cicéro disait qu'à Rome, il était difficile de se prétendre un homme cultivé si l'on n'était pas pythagoricien... L'enseignement de cette école, tel qu'on peut en trouver traces dans tant de textes divers, d'une manière systématique ou simplement comme référence occasionnelle, se révèle être toujours le même : les principes de base sont toujours les mêmes, la vision de l'homme et du monde est toujours la même. Et ces concepts et approches se distinguent des autres systèmes philosophiques. Le pythagorisme est une synthèse faite, non de petits bouts de traditions ajoutés les uns aux autres, mais à partir d'une pensée émise par un homme génial qui avait assimilé et valorisé toutes les connaissances de l'époque et qui avait compris la double dimension du psychisme de l'homme : rationnelle et méditative. Il est inévitable d'y constater des conceptions semblables aux savoirs issus de traditions différentes. Cette attitude tant d'insérer nécessairement la méditation dans toute réflexion intellectuelle et rationnelle que d'accepter avec ouverture des savoirs issus d'autres traditions soit intellectuelles soit mystiques est également typique de la pensée transpersonnelle. A titre d'exemples citons l'Orphisme, tradition indiscutablement antérieure au pythagorisme, qui présente de telles analogies avec le pythagorisme que Delatte a pu dire qu'au IVème siècle avant J.-C. il était souvent difficile pour des Grecs de voir la différence entre les deux traditions.(48) Ou encore, à partir du IIIème siècle de l'ère chrétienne, le néo-platonisme qui se distinguait mal du pythagorisme, entre autres à cause de l'influence du pythagoricien que fut Platon et qui n'hésita pas à ajouter d'importantes réflexions personnelles éloignées du pythagorisme primitif. De même, l'approche transpersonnelle est bien plus un "métasystème" psychologique qu'une école dont les limites sont définitives et rigides. Il s'agit d'une manière de comprendre et d'appréhender l'homme et son fonctionnement psychique qui ne supprime pas toute valeur aux autres approches scientifiques de la psychologie actuelle, mais les remet à leur place de constructions humaines, analytiques, s'attachant à des détails et oubliant le sens de la vie. Conclusion Au lieu de rechercher des sources de pensée transpersonnelle dans les seules traditions orientales ou d'essayer d'en découvrir par ci par là dans des textes chrétiens, ne ferait-on pas mieux de retourner à la tradition grecque formatrice de notre pensée intelligente et de notre civilisation? Et dans cette pensée grecque, ne devrait-on pas revaloriser Pythagore qui a su, il y 2500 ans déjà, situer les concepts fondamentaux que notre culture (à part l'épisode du XVIème siècle) (49) ne retrouvera que lors de la genèse du mouvement transpersonnel ? La tradition pythagoricienne.(50) Il ne nous semble pas possible d'aborder valablement la pensée pythagoricienne si l'on esquive certains problèmes historiques. Il n'existe aucun écrit de Pythagore lui-même ni de contemporains pythagoriciens en tant que tels(51). Tout ce que nous savons provient toujours de sources indirectes(52), les unes écrites quelque 100 ans après, les autres écrites de nombreux siècles après la vie de Pythagore, mais souvent à partir de documents issus du IVè siècle (donc, à nouveau, 100 à 150 ans après le décès du philosophe que l'on peut dater à environ, 490/480). Il n'existe aucune trace archéologique claire(53) de l'époque faisant mention du contenu de l'enseignement conféré par l'école Pythagoricienne. Les historiens anciens n'utilisaient pas la critique historique telle qu'on le fait actuellement. Lorsque des faits différents, voire contradictoires, étaient avancés, ils les ajoutaient les uns aux autres sans en faire une étude comparative critique, voire même sans citer leurs sources. Plusieurs philosophes ont utilisé et modifié, en la complétant heureusement parfois, la pensée initiale du Maître de Samos, de telle sorte qu'il devient difficile de faire le tri entre ce qui provient du fondateur et ce qui provient des disciples.(54) Le pythagorisme, dès le début, s'est affirmé sous deux formes. L'une consistait en un enseignement destiné à tous; il s'agit d'une réelle action socio-culturelle et morale, voire politique au sens large de ce terme. Cet enseignement destiné à la société a été divulgué par Pythagore lui-même par des discours qui sont assez bien connus. L'autre était un double enseignement destiné aux membres de l'école Pythagoricienne. L'un s'adressait aux "exotériques", l'autre aux "ésotériques". Ces enseignements étaient gardés strictement secrets et les éléments qui ont été dispersés dans le public l'ont souvent été sans leur contexte, d'une manière telle qu'ils apparaissent comme des énigmes ou comme des vérités reprises mais interprétées par ceux qui les répandaient. Le secret a été bien gardé pour de nombreux enseignements qui ne se comprennent qu'au travers de clefs; ceci ne facilite nullement le travail des hommes de science et des historiens ! L'école Pythagoricienne n'a pas été monolithique. Il semble bien que certains disciples aient vécu en conformité stricte avec les principes édictés (par exemple, le végétarisme), alors que d'autres restaient intégrés dans les coutumes de la société grecque (ou romaine). Aristote parle des Akousmatiques et des Mathématiciens, comme représentant deux tendances fort différentes. Un Pythagoricien indubitable comme Apollonius de Tyane (Ier siècle de notre ère) vivait dans une errance (marginalité de ses comportements et de sa présentation) fort éloignée de l'exemple donné par Pythagore dès son arrivée à Crotone (importance de l'intégration sociale harmonieuse, homonoia). L'absence dans l'Antiquité gréco-romaine de chronologie claire et stricte ne permet souvent pas de dater des événements avec précision. L'assimilation de mythes et de légendes intégrés à la vie réelle et objective est fréquente(55), d'autant plus que l'école Pythagoricienne elle-même a souvent utilisé les allégories dans son enseignement. L'école Pythagoricienne a joué un rôle important dans la pensée grecque, mais elle n'a pas toujours été appréciée avec objectivité. Des polémiques ont tour à tour tenté de dévaloriser les caractéristiques pythagoriciennes (en se moquant de la manière de vivre de certains pythagoriciens, ainsi que l'a fait Aristophane) ou au contraire de transformer Pythagore en un demi-Dieu (ainsi que l'a vraisemblablement fait Apollonius de Tyane dans sa Vie de Pythagore dont nous ne connaissons que des extraits). Les Chrétiens(56), pour mieux détruire l'ensemble des religions gréco-romaines et leurs superstitions(57), ont souvent fait une différence entre la conception sacrée du monde vu par les Pythagoriciens et toutes les autres conceptions grecques, louant le discours pythagoricien (qui développait sans hésitation une idée d'un Dieu unique situé au-dessus de toutes les particularités du polythéisme officiel). Au Moyen-Age, Pythagore a été survalorisé comme détenteur de la connaissance secrète et authentique. Ces textes médiévaux, souvent issus indirectement des sources arabes secondaires aux sources indirectes grecques, ont donné du Philosophe une image absolument fantaisiste.(58) Dès le IIIème siècle de notre ère, le néoplatonisme a été tellement lié au pythagorisme qu'il devient souvent illusoire de les différencier. Déjà, dès l'Antiquité(59), on assimilait parfois la source de connaissance pythagoricienne à la tradition orphique. Parvenir à clarifier exactement ce qui était "réellement" pythagoricien de ce qui était extrêmement proche du pythagorisme est fréquemment une illusion. Et encore plus de distinguer ce qui était issu du fondateur lui-même de ce qui fut modifié par ses disciples. Il serait toutefois une erreur de vouloir refuser toute tentative de clarification de la pensée authentiquement pythagoricienne, car, malgré les obstacles qui viennent d'être signalés, des éléments permettent de trouver pour certains concepts essentiels une origine pythagoricienne indubitable. Références et sources. Parmi les auteurs anciens qui ont parlé de l'école Pythagoricienne et qui ont donné des renseignements intéressants, on doit, à mon avis, faire plusieurs groupes. Le premier concerne des historiens qui, peu de temps après le décès de Pythagore, ont écrit au sujet de l'école Pythagoricienne : Timée, Dicéarque et Aristoxène. Des trois, c'est Timée le plus ancien: il date du début du IVème siècle. Aristoxène de Tarente était pythagoricien lui-même et a pu donner des renseignements de première main. Dicearchos a vécu de -345 à -285, soit environ 200 ans après Pythagore, mais à une époque où il existait encore une école active en Grèce(60). Le problème, c'est qu'aucun texte de ces trois auteurs ne nous soit parvenu directement en tant que tel. Nous les connaissons par des citations et des références occasionnelles ou par recoupements logiques. Ils furent des sources disponibles et utilisées par les biographes des quelques siècles suivants. Le second groupe est celui constitué de Platon et d'Aristote. Mais Platon a souvent utilisé l'enseignement pythagoricien qu'il a reçu(61) pour affirmer le sien. Il est parfois difficile de différencier ce qui est de l'un ou ce qui provient de l'autre. Aristote ne cite jamais les auteurs eux-mêmes. Sans doute par une disposition d'esprit faite de mépris pour ce qui n'était pas sa propre doctrine, il ne cite ni Platon ni Pythagore ni qui que ce soit(62). Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'il ne fasse appel qu'à "ceux qui se dénomment pythagoriciens" plutôt qu'à "Pythagore". On peut toutefois faire souvent la différence entre ce qui est vraisemblablement du Maître et ce qui provient des disciples. L'ouvrage essentiel qu'a écrit Aristote en ce qui concerne le pythagorisme et intitulé "Des Pythagoriciens" a été perdu et nous ne disposons que d'extraits. Un troisième groupe est constitué des disciples mêmes de Pythagore: Philolaos, Archytas et d'autres qui ont vécu au Vème ou au IVème siècle avant J.-C.. Nous pouvons par ce qui nous a été laissé d'eux reconnaître des thèmes et des enseignements originels.(63) Il faut citer également Empédocle (Vème avant), malgré les réticences de certains. A vrai dire, il existe toute une série de disciples qui se sont succédé et dont des extraits nous sont parvenus, mais il n'est pas possible ici d'en donner la liste. Les noms de la plupart d'entre eux ont été cités par Jamblique à la fin de sa Vie de Pythagore. Un quatrième groupe est constitué par les trois auteurs les plus connus concernant la Vie de Pythagore: Diogène Laërce et Porphyre (IIIème siècle de notre ère) et Jamblique (IVème siècle de notre ère).(64) Leurs écrits forment un ensemble très important de faits et de traditions liées à Pythagore, mais leurs récits se succèdent sans cohérence. Seule leur juxtaposition nous permet de mieux déceler les sources d'où ils ont été tirés. Nous pouvons ainsi constater que Diogène Laërce s'appuyait sur de nombreux auteurs (Hermippe, Dicéarque, Héraclides, Aristote dont il avait le livre "Des Pythagoriciens" en mains, etc) mais surtout sur Timée et sur des auteurs qui avaient, eux aussi, appuyé nombre de leurs détails sur Timée(65). Porphyre et Jamblique se basaient principalement sur Dicéarque et Aristoxène, mais ils avaient à leur disposition (et en faisaient usage) la Vie de Pythagore écrite par Apollonius de Tyane, qui lui-même s'était appuyé sur Timée. Malgré la date tardive de ces écrits par rapport à l'époque où le Philosophe avait vécu (7 siècles après sa mort), on se doit d'accorder une grande valeur à leurs livres, vu les références originelles qu'ils ont consultées et leur appartenance personnelle à l'activité de l'école Pythagoricienne. Il serait erroné de vouloir ignorer les remarques insérées par ci par là dans des textes d’auteurs qui n'avaient pas toujours le pythagorisme en vue, mais qui ne l'ignoraient certes pas. Ainsi, on doit citer Xénophane (VIè avant)(66), Héraclite (VIè avant)(67), Isocrate (fin Vè - début IVè avant)(68), Diodore (fin IVè avant)(69), Hérodote (IVè-IIIè avant)(70), Héraclide Ponticus (fin IVè avant)(71), Nicomaque de Gérasa (1er siècle après J.-C.)(72), Ion de Chios (73), etc. On doit, enfin, parler des traces archéologiques : les pièces de monnaie marquées du pentagramme ou d'autres symboles Pythagoriciens datant d'une période postérieure au décès de Pythagore.(74) L'apparition en Italie des monnaies avec pentagramme ne date que du début du IIIè siècle. Dans d'autres traditions de l'époque ou antérieures à elle, on retrouve des pentagrammes, entre autres et surtout à partir du Proche-Orient (surtout Babylone) par l'intermédiaire des Phéniciens. Les Hébreux utilisaient le pentagramme à côté de l'hexagramme comme motif décoratif, à peu près à la même époque que Pythagore.(75) Tout ceci montre à nouveau l'enchevêtrement des sources utilisables et la difficulté de retirer chaque fois l'aspect original et authentique en s'écartant des affirmations hâtives et des légendes ajoutées.(76) Vie de Pythagore ( environ - 570 à -490 ) Contexte historique. Le VIè siècle avant J.-C. fut en plusieurs endroits un siècle où ont vécu des fondateurs (ou des organisateurs) de religions ( sans qu'on en sache le motif, car les civilisations étaient fort différentes, par exemple en Extrême-Orient et en Grèce, et n'avaient pas de contact efficace et rapide permettant d'expliquer cette convergence). Zarathoustra semble être né vers -600, en même temps donc que Pythagore. Gautama le Bouddha est né en -560, Confucius en -550, en même temps que, semble-t-il, le fondateur connu du Jaïnisme. Les Maîtres taoïstes (Lieze, Chuangze, Laoze) sont du siècle suivant, ce qui ne fait pas grande différence à notre avis. C'est au cours des VIIè et VIè siècles que furent transcrits les Upanishads et la plus grande partie de l'Ancien Testament. Quelques brefs rappels de l'histoire grecque... Socrate mourut en -400, soit un peu moins de 100 ans après Pythagore. Platon, qui évidemment vivait du temps de Socrate, est décédé vers -350; Aristote, quelque peu plus jeune, est mort en -320. C'est pendant ce même Vè siècle qu'ont vécu les grands écrivains Sophocle, Euripide, Eschyle, Aristophane. Cette période fut exceptionnellement riche en créations artistiques. Nous ne reprendrons pas les détails de sa vie, que l'on trouve dans plusieurs ouvrages, et surtout dans le livre de De Vogel déjà cité. Nous la reprendrons brièvement en songeant aux éléments qui nous paraissent liés à notre but ici. Pythagore est issu d'une famille de Tyr installée à Samos(77). Il n'est donc pas un Athénien, mais un habitant de la Grande Grèce. Son ouverture au Proche-Orient et à des cultures autres que la culture grecque fut donc facilité. Samos était une île assez peuplée et très riche. Située près de la côte "turque", proche d'Ephèse, elle n'était pas loin de l'île de Délos, où se trouvait le célèbre centre d'Apollon. Sa population était faite surtout de commerçants. Le père de Pythagore, Mnesarchos, lui-même un riche commerçant en grains(78), a pu facilement mettre son fils en contact avec les gens du Proche-Orient. Vraisemblablement, il parlait de temps à autres le phénicien(79) à son fils, ce qui a sans doute servi le futur Maître lors de ses contacts en Syrie. Notons que Samos était célèbre par ses grottes et un des maîtres de Pythagore, Phérécyde, parlait de l'inspiration divine qui habitait les grottes de son île. Il semble bien que cette tradition du silence et du repli vers le numineux dans l'espace de la grotte(80), déjà proposé par les traditions grecques anciennes, n'ont pu qu'inspirer l'attitude mystique de Pythagore qui avait dû en explorer un certain nombre. Il est dit que Pythagore a été fortement désiré par ses parents et que c'est après un pèlerinage à Delphes que sa mère a été enceinte.(81) Il fut un excellent élève auprès des meilleurs maîtres à penser de sa région(82). Polycrate qui gouvernait sur Samos était un ami d'enfance de Pythagore, qui n'apprécia toutefois pas son gouvernement tyrannique. Polycrate était également ami du Pharaon Amassis qui régnait sur l'Egypte et qui ne demandait pas mieux que de créer de bonnes relations politiques et commerciales avec les Grecs, afin de se sentir protégé des Perses, alors dirigés par le roi Cyrus. La recommandation de Polycrate à Amassis dont a profité Pythagore allait donc dans le sens du désir de contacts entre ces peuples. Ce qui ne veut pas dire que, du côté des traditionalistes égyptiens, entre autres des prêtres, il n'y avait pas de fortes réticences à rencontrer les Grecs, "nouveaux riches" imbus de leur force militaire et de leurs richesses. C'est en toute logique et sur le conseil de son maître qu'il a donc été envoyé en Egypte, à l'époque le lieu privilégié de la science, en obtenant les recommandations sans lesquelles il n'aurait pu trouver des portes ouvertes dans les Temples égyptiens. Il a surmonté les épreuves que les prêtres égyptiens lui ont sûrement fait subir, car ils n'étaient pas tendres envers ces touristes et "voyeurs" grecs dont la culture était d'apparition si récente à leurs yeux. Le séjour en Egypte aurait duré environ 20 ans, y incluant sans doute un séjour à Babylone(83) où il aurait rencontré d'autres traditions cosmologiques et mathématiques.(84) De retour à Samos, il n'a pas su y faire école(85), sans doute à cause de l'insouciance des riches commerçants, de la médiocrité des connaissances de base des adolescents et de l'originalité de sa propre pensée, voire de sa méthode éducative(86). Il a donc voyagé et a ensuite décidé d'émigrer au sud de l'Italie où la situation générale semblait plus favorable, comme à Sybaris et à Crotone, anciennes "colonies" grecques. Il a choisi Crotone qui venait de subir un cuisant échec militaire(87) et était dans le désarroi. Sybaris était tellement enfoncée dans la recherche des plaisirs corporels et sensuels qu'il n'avait aucun espoir d'y faire développer ses idées. Dès l'arrivée à Crotone, il a pris la parole en public et a développé ses idées sur l'homme, sur le Cosmos, sur la société, sur la religion. Il a commencé en parlant à un groupe de jeunes adultes. Il a ensuite été invité par les Sénateurs à leur exposer sa doctrine. Ayant à nouveau réussi à convaincre l'assemblée de la valeur de ses idées, il a été invité par le Sénat à parler aux jeunes enfants (dans le Temple d'Apollon) et ensuite aux femmes (dans le Temple de Hêra). L'enthousiasme créé a entraîné de nombreuses personnes, hommes et femmes, à l'entourer en une sorte d'école où des idées plus savantes et des techniques plus élaborées étaient, sous le secret, progressivement transmises. Cela ne l'a jamais, ni lui ni d'autres pythagoriciens, empêché de parler en public et de communiquer, sous une autre forme, les idées sociales et morales qui lui tenaient à coeur: harmonie, paix, compassion, respect mutuel, valeurs morales, force de caractère, contrôle et respect corporels, importance de la musique, etc. Ce succès (il semble bien que le nombre de pythagoriciens à Crotone se soit élevé à plus de mille citoyens)(88) a entraîné de violentes jalousies, entre autres aussi parce qu'il n'acceptait pas comme disciple n'importe qui : la valeur morale et les capacités de jugement devaient exister préalablement à toute entrée dans le groupement fermé. Aussi a-t-on prétendu que les Pythagoriciens étaient des aristocrates manipulateurs et voulaient prendre le pouvoir sur le gouvernement de la ville(89) et le "refusé" à l'Ordre prit l'initiative d'une émeute qui brûla le lieu de réunion des pythagoriciens, entraînant dans la mort la plupart d'entre eux. Il semble que Pythagore échappa à ce massacre, soit qu'il ait déjà quitté Crotone, soit qu'il parvint à fuir. Il se réfugia à Métaponte(90) où il mourut à un âge avancé.(91) Les disciples du Maître se sont alors dispersés, répandant rapidement la pensée pythagoricienne en Grèce puis en Italie (après -450, on peut dire que la dispersion était générale, vu les divers lieux d'immigration des disciples). En parfaite cohérence avec l'enseignement de Pythagore, ils ont poursuivi les mêmes traditions en y ajoutant leurs propres réflexions. Le secret a existé parmi les disciples, mais malgré la loi du silence imposé, il a été parfois transgressé(92). Il devint aussi de plus en plus difficile de faire la part entre ce qui était du seul enseignement authentique et donc justiciable du silence et ce qui était l'apport personnel. Il n'entre évidemment pas dans cet article d'envisager comment évolua le pythagorisme. L'histoire en serait trop longue et difficile, car le pythagorisme a pris de nombreuses couleurs afin de se soustraire aux diverses persécutions chrétiennes contre toute pensée "païenne"(93). En outre, le pythagorisme, par la rigueur de vie et de pensée qu'il exige, ne peut jamais être constitué que par un nombre restreint de disciples(94), même si sa pensée a influencé des créateurs artistiques et scientifiques ou même des mystiques en provenance de diverses religions qu'ils n'ont pas eu besoin de quitter, vu les caractéristiques de "métasystème" qu'a toujours représenté le pythagorisme. Notes 1. Nous pouvons renvoyer le lecteur à notre article: " La voie symbolique, seule approche rationnelle des principes créateurs de l’univers et de ses objets ". Les Cahiers Internationaux du Symbolisme; 40-41, 1980, pp.19-36. Nous nous y appuyons sur les théories de C.G. JUNG et faisons allusion au livre de René ALLEAU " La Science des Symboles " (Paris: Payot,1976). 2. Ne nous méprenons pas. S’il nous semble vrai que pour traverser la vie avec plénitude, l’approche transpersonnelle du Réel est efficace, il est évident que pour traverser en sécurité une rue et affronter le trafic automobile, c’est l’approche de la réalité qui doit nous guider. Chaque approche est caractéristique de l’esprit humain et doit donc être utilisée, mais à bon escient, c’est-à-dire en sachant chaque fois ce que telle approche est susceptible d’apporter en " positif ". 3. Le lecteur comprendra que ces termes sont fort inadéquats par rapport au Réel, car l’homme ne peut utiliser que des termes à son niveau, et donc inévitablement incomplets, voire symboliques. 4. Nous nous démarquons fondamentalement de l’approche lacanienne pour qui le biologique est " rien ", ou " un rien " sans structure significative. Pour nous, en similitude avec l’approche jungienne nous pensons que le biologique possède déjà un langage, à côté duquel nombre de discours humains ne sont que verbiages inconsistants. 5. Par ce terme, nous entendons le principe (peut-être faudrait-il dire " les principes "), sinon créateur du moins organisateur, de l’Univers et qui est d’une nature tellement supérieure à l’intelligence humaine qu’on ne peut le définir que comme faisant partie d’un ordre plus élevé. Les termes de " Sacré ", ou encore de " Puissance(s) Supérieure(s) ", ou de " Divinité(s) " peuvent tout aussi bien convenir. Cette option n’est pas soumise à l’appartenance quelle qu’elle soit à un quelconque organisme religieux, celui-ci ne faisant au mieux qu’interpréter les traces de cet ordre supérieur, souvent d’ailleurs en imposant par la force de sa puissance sociale son interprétation. 6. Le " QI " chinois possède une structure, il n’est pas qu’énergie transférable d’un point à l’autre. Les archétypes jungiens possédant un dynamisme qui pousse les gens à agir de telle manière, ils ne sont pas que des structures de référence. 7. Nous renvoyons le lecteur aux livres écrits par le Dr Ian Stevenson, et dont un au moins a été traduit en langue française. Il s’agit chaque fois de " cas suggérant l’hypothèse de la réincarnation " et représentent une somme considérable d’observations cliniques contrôlées. 8. Parmi les thérapies dites transpersonnelles, existent plusieurs types de méthodes intégrant les expériences dites de vies antérieures. 9. Les ouvrages de Jean Mallinger : " Pythagore et les Mystères ", 1944; " Les secrets ésotérique des Pythagoriciens "; 1946; " Les secrets ésotériques dans Plutarque ",1946 parus tous trois chez Niclaus donnent un aspect particulier et extrêmement intéressant de cet enseignement. 10. Le corps (sôma) est, suivant les traditions orphique et pythagoricienne, " sêma ". On a voulu ne voir dans ce terme que l’acception de " prison ". Mais, ainsi que Platon lui-même l’a explicité (Cratyle 400: " Et encore, puisque c’est au moyen du corps que l’âme " signifie "(sêmainei) ce qu’elle peut avoir ; signifier, pour cette nouvelle raison c’est à bon droit que le corps est appelé " sêma "), " sêma " comprend le concept de signe (sêma a donné en français les mots tels que sémiotique, séméiologie, etc.). Pythagore voyait dans la structure anatomique du corps une manière de déceler la valeur de l’âme. C’est Pythagore qui a créé le concept et le mot de " physiognomonie ". Cette approche a parfois choqué les psychologues dans la première moitié du XXè siècle, car elle semblait témoigner d’un arbitraire inacceptable. On sait l’excès et le drame de Galton et de la phrénologie qu’il avait créée (dont on n’a gardé heureusement que la " bosse des maths " et oublié la " bosse du crime "). Mais les apports les plus récents de la psychologie, surtout par la bioénergie, par les techniques de " lecture du corps ", par la " programmation neurolinguistique ", par l’ostéopathie crânienne, ont montré que les gens marquaient leur corps par leurs émotions, leurs sentiments, leurs inhibitions, leurs passions. On peut ainsi, en observant quelqu’un qui parle et agit, voire même simplement qui se détend, déterminer les types de problèmes non résolus " Sôma, sêma " est donc bien un concept heuristique, more à notre époque! Mais il est évidemment impossible de dire si le Philosophe parvenait à faire judicieusement cette lecture du corps et sur quels critères précis il se basait. 11. Le lecteur comprend évidemment que ces termes d’archétypes et d’Idées ne sont pas de Pythagore mais postérieurs. 12. " La philosophie... est l’aspiration à une telle (l’harmonie du Kosmos) contemplation " (Jamblique; VP, 59). Voir aussi la " Lettre à Marcella " (26) écrite par Porphyre. 13. Ne pas donner d’enseignement aux gens qui n’auraient pas préalablement acquis l’ouverture à la science (mathêma) et à la contemplation (theorêma). 14. " ta ontôs onta ". 15. Nous trouvons ici une conception typiquement hermétiste, qui deviendra fort proche du pythagorisme. 16. Vers d’Or (70-71) " Et alors, ayant abandonné ton corps, quand tu t’envoleras vers le libre éther, tu seras immortel, tel un dieu éternel, à jamais affranchi de la mort ". 17. Vu l’utilisation banalisée du mot français " cosmos ", nous prendrons systématiquement l’orthographe " kosmos " pour désigner l’acception pythagoricienne. 18. Les termes taxis, homonoia, koinônia, philia font constamment référence à cette paix harmonieuse, à cette entente qui doit exister en toutes choses. Elle existe dans l’univers (kosmos) et doit se retrouver tant dans la société que dans la famille et elle doit présider à la structure de l’âme de l’homme. Cette harmonie peut être abordée intellectuellement par la réflexion. D’où l’importance de l’enseignement (paideia) autant que de la sôphrosunê (sérénité, harmonie et contrôle affectifs). Si une action se décide, elle doit s’intégrer " au bon moment " (kairos) et ce moment harmonieux peut être enseigné. 19. Philia. Ce terme est plus vaste que le simple mot d’amitié. Il indique les relations basées sur l’entente, ou encore sur l’amour non nécessairement sexualisé. On n’a jamais mentionné d’homosexualité dans les communautés instaurées par Pythagore. 20. C’est évidemment nous qui soulignons. 21. Rappelons pour le lecteur qui l’aurait oublié que Pythagore a vécu 500 ans avant Jésus. 22. philia pros hapantas, ou encore: " des sentiments fraternels de tous pour tous ", etc. (Jamblique; VP, 69, 229). 23. Bouddha, dont l’enseignement était également une approche rationnelle mais non scientifique des lois de l’univers et qui a proposé cette même compassion, a vécu exactement en même temps que Pythagore. Il est évident qu’à cette époque il n’y ne pouvait y avoir aucun contact aussi rapide entre ces deux traditions. Les éventuels échanges prirent du temps. 24. Acousma: " Tas leôphorous hodous ekklinon dia tôn atrapôn badize " (Ne prends pas les chemins publics, mais va sur les sentiers) 25. La psychostasie, d’origine égyptienne, (" la pesée de l’âme ") consiste à analyser les actions écoulées au cours de la journée (voire de celles que l’on désire entreprendre au cours de la journée, permettant ainsi, le soir, de vérifier si les projets ont été bien élaborés et réalisés). Elle est clairement décrite dans les Vers d’Or " (40-44) et signalée dans Jamblique (VP;165), Porphyre (VP;40), Diogène Laërce (22). Rappelons qu’il est dit de se réjouir d’avoir fait le bien,- ce qui témoigne d’un aspect non masochiste de cet examen de conscience quotidien, règle absolue de tout pythagoricien. 26. Ce consei1 s’adressait autant aux hommes qu’aux femmes. Il s’agit d’une règle de conduite. (Porphyre, " Lettre à Marcella "; 7) . 27. Rappelons que les seules offrandes acceptées dans le pythagorisme sont des offrandes végétales préparées. La légende qui dit que Pythagore aurait sacrifié 100 boeufs lorsqu’il a trouvé le théorème de l ‘hypothénuse est évidement un non-sens total ! 28. Il ajoute toutefois que lorsque ces rapports sont " adultérins " (c’est-à-dire témoignant d’un manque de sincérité et de rectitude morale), les hommes comme les femmes sont exclus définitivement de toute entrée dans le domaine sacré (Jamblique;55). 29. Le lecteur remettra cette prescription dans la science et la technique médicales de l’époque. Où l’utilisation de la " chirurgie " impliquait un abandon de l’attitudes d’aide et de sauvegarde du patient. 30. N’oublions pas que c’est Pythagore et le groupe de disciples formés par lui qui ont déterminé les premières lois physiques relatives à la musique donnant les bases de la gamme telle que nous l’utilisons encore. C’est également de lui qu’est issue le théorème qui porte son nom (et qu’il a, sans doute, pu entrevoir lors de son séjour en Egypte, où le triangle 3,4,5 était connu et utilisé). Il a souvent été avancé que les Grecs n’avaient fait que " bien vendre " les connaissances des Orientaux ou des Egyptiens. Cette manière de voir fait peu de cas d’un élément essentiel à toute approche scientifique : la théorisation en lois Cet aspect est strictement grec; les autres traditions antiques utilisaient des recettes très élaborées, mais n’allaient pas plus loin. 31. Déjà, lors de la poussée matérialiste grecque des IIIè et IIe siècles avant J.-C., cette vision " animée " du monde a été attaquée. 32. D’où l’importance que Pythagore accordait aux "calculs " dans leur sens initial, c’est à dire l’utilisation de " cailloux " déposés sur une planchette lors des opérations mathématiques et des réflexions philosophiques. Cette approche serait semblable à celle de nos jours qui tentent de réinstaurer le développement de l’hémisphère cérébral droit en même temps, ou avec la même valeur, que l’hémisphère gauche. Mais on continue chez nous à démontrer le carré de (a+b) par la seule algèbre plutôt que par le dessin d’un carré dont le côté est (a+b), où l’on découvre immédiatement le résultat. 33. Le terme grec mathêma ne correspond pas simplement à nos mathématiques. Il englobe le raisonnement analytique et scientifique, s’opposant (en la complémentarisant) à la méditation, à la contemplation: theôrêma. 34. musikê était à la fo1s l’approche scientifique, physique et mathématique, des sons et l’art issu des " Muses ". Rappelons que la première demande que fit Pythagore au Sénat de Crotone, était de batir un Temple aux Muses, comme symboles de l’harmonie qui devait présider à tout groupe social. 35. Le mode mixolydien par rapport au mode dorique. Notons que Pythagore a été amené au cours de sa vie à valoriser certains aspects très " grecs ", tels la langue et la musique doriques. On dit que son opposition au port de la barbe et aux longs cheveux non coupés correspond à cette même réticence envers les moeurs " orientales " (entendons : perses). 36. La valeur de la musique et de l’harmonie revient constamment dans les écrits de la tradition pythagoricienne (Jamblique; VP; 64-68; §§122 et suivants; etc). 37. Il ne semble pas que Pythagore ait apprécié la totalité des oeuvres de Homère et de Hésiode, en ce qu’ils accordaient souvent aux dieux des émotions humaines et inconciliables avec la conception élevée de la Divinité qui était transmise dans l’école pythagoricienne. 38. Le mot taxis, qui a donné tant de dérivés en science en quête de classification (taxonomie est le terme le plus clair à ce sujet) est une création pythagoricienne. 39. La véritable science ne pouvant s’appuyer sur les témoignages sensoriels tellement enclins à fourvoyer l’esprit humain vers des particularités sans signification profonde, le raisonnement s’établissait après la méditation contemplative et sur les éléments qui y avaient été découverts. 40. Diogène Laërce (48-49). Jamblique (VP; 58, 159). 41. La méthode bouddhiste zen qui force le disciple à se concentrer sur des " ko-an " est semblable et pourtant différente. Chaque " ko-an " représente une vérité,- et en ce sens, un ko-an est semblable un " akousma ". Mais un " ko-an " ne peut avoir de solution rationnelle, alors que les akousmata (comme les autres dires du Maitre) bénéficient d’une réflexion rationnelle,- dans la mesure, évidemment, où le premier pas a été franchi en un stade méditatif. 42. Tout ceci est autant hermétiste que pythagoricien. 43. Les Egyptiens, en maintenant les images partiellement animales de leurs divinités, se préservajent de toute anthropomorphisation. Le dialogue raconté par Philostrate (vers l’an 100 de notre ère) d’Apollonius de Tyane avec les sages égyptiens à ce propos sont absolument clairs et sans aucune ambiguïté. 44. Burkert considère, comme d’autres encore, que Pythagore était proche du shamanisme par l’utilisation de ses expériences médiumniques (et par le recit imaginaire ou réel de sa katabase) et de ses capacités de clairvoyant et de guérisseur. Certains de ses disciples ont obtenu le même prestige social par des clairvoyances ou des guérisons spirituelles, voire des prémonitions et des psychocinèses intentionnelles. 45. C’est pour ce motif que la légende qui veut que le pythagoricien Empedocle se soit suicidé est évidemrent absurde. 46. Rappelons que lorsque Milon de Crotone abattit un boeuf au milieu du stade et le mangea entièrement, il accomplit ainsi le rite formateur de la ville de Crotone. Heraklês avait, en effet, tué induement un boeuf et c’est à la suite de cette aventure que Crotone fut créée. 47. Dans les comédies grecques, ce sont évidemment les akousmatiques qui faisaient les joies des moqueries diverses : puanteur, saleté, austérité alimentaire, pauvreté, nomadisme. 48. Armand Delatte, " Etudes sur la littérature pysthagoricienne "; Paris; 1915, p.32. 49. Citons toute l’oeuvre de Frances Yates, entre autres " Giordano Bruno and the Hermetic tradition " ou " The Rosicrucian Enlightment ", parus chez Routledge et Kegan Paul et réédités. 50. D’assez nombreux passages de cet article ont été tirés de communications faites dans le cadre de A.M.E.S. (Les Amis de la Méditation et de la Science). Nous tenons à exprimer ici notre reconnaissance envers ce groupement qui a pour privilège et pour but de préserver la tradition pythagoricienne. 51. Il est vraisemblable que Pythagore ait écrit quelques traités. En tous cas, Diogène Laërce (Vie de Pythagore, 6) déclare " Il y en a qui affirment d'une manière ridicule que Pythagore n'a laissé aucun écrit " Il continue en citant plusieurs titres d'ouvrages, dont les trois indubitables d'après lui : " De la Nature ", "De l’Éducation " et " Du Politique ". 52. Nous les verrons plus loin, sans entrer toutefois dans des détails qui feraient de ce texte une approche philologique ou historique critique. 53. Monuments, inscriptions, pièces de monnaie. La Basilique de la Porte Majeure à Rome date du Ier siècle après J.-C. Pour les pièces de monnaie marquées du pentagramme voir plus loin. 54. L'ouvrage le plus critique et systématique dans ce domaine est le livre de Walter BURKERT "Weisheit und Wissenshcaft : Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon ". Edition Hans Carl, Nurnberg, 1962. Il fut traduit par Edwin L. MINAR et publié en 1972 (avec des révisions), Harvard University Press, Cambridge, sous le titre: "Lore and Science in Ancient Pythagoreanism". 535 pages. 55. Tant Jamblique (VP,90-93) que Porphyre (VP,28-29) racontent avec force détails la rencontre de Pythagore avec Abaris, l'envoyé hyperboréen qui voyageait sur une flèche d or. 56. A titre de simple et bref rappel signalons quelques dates. Les pythagoriciens Cicéron, Virgile, Ovide ont vécu au ler siècle avant notre ère. Nicomaque de Gerasa a vécu en même temps qu'Apulée, au Ier siècle de notre ère. Clément d’Alexandrie et Origène, Pères de l’Eglise qui ont attaqué les traditions grecques tout en en reconnaissant certains aspects positifs, vivaient aux environs de 200 après J-C.. Plus récent Plotin et son disciple Porphyre furent des pythagoriciens du IIIè siècle, Jamblique et l’empereur Julien ont vécu au IVè et Proclus au Vè. 57. Cyrille d Alexandrie, " Contre Julien"; I,42-43. Clément d’Alexandrie, "Exhortation aux Grecs"; VI (Loeb Classical, ,p.162). La première grande destruction des livres néoplatoniciens par les Chrétiens fut faite en 330. C’est en 392 que l’autorité à la fois temporelle et religieuse chrétienne a interdit tout culte païen, en privé et chez soi. C'est l'époque où les disciples de Cyrille d’Alexandrie ont lynché avec cruauté la pythagoricienne Hypathie, simplement à cause de son enseignement. En 530, furent fermées toutes les écoles de philosophie d'Athènes. D'où l’émigration temporaire du pythagorisme au Proche-0rient, surtout dans les écoles soufi, pour ne revenir chez nous que vers le XIIè siècle. 58. Ce fut le cas Jusqu'au XVIIIè siècle. Le livre tellement fouillé écrit par l’Abbé J. J. Barthélemy : " Le voyage d Anacharsis ", qui a demandé à l'auteur plus de trente années de travail, donne du pythagorisme une image aussi fidèle que possible, mais tout ce qui paraissait inacceptable pour les esprits du siècle dit des lumières était rejeté comme légende (comme la réincarnation). 59. Hérodote et Ion de Chios, par exemple. Cette similitude entre l’orphisme et le pythagorisme sont rappelées par A. Delatte et par W. Purkert. 60. Il ne semble pas que les " communautés " de vie pythagoriciennes aient survécu en tant que telles après le Vè siècle, mats cela n’empêchait le pythagorisme d’être bien vivant sous forme d’enseignement ésotérique en groupes spécifiques. En Italie, le pythagorisme prit vraiment vie vers le 1er siècle avant 61. Il y a tout lieu d’accorder foi à la tradition exprimée par de nombreux auteurs anciens qui font mention de l’appartenance de Platon à la tradition pythagoricienne, tout au moins au savoir pythagoricien (si l’on n’accepte que le récit de l’achat par Platon des manuscrits et textes issus de l’école pythagoricienne). 62. Telle est également l’opinion de BURKERT (op.cit.; pp. 28 et 30). 63. Dans le livre " Les Présocratiques " paru aux éditions de la Pléiade en 1988, on trouve les différents extraits des pythagoriciens, y comprenant les pythagoriciens anonymes. Ce livre est nettement plus complet que le Voilquin qui était, précédemment, le livre de référence pour les présocratiques. 64. JAMBLIQUE n’est accessible en traduction qu’en langue allemande faite par Michael von Albrech (" Pythagoras Legende - Lehre - Lebensgestaltungen ") (édit. Deubnr). J’ai eu toutefois le plaisir de proposer et de superviser la traduction française faite à partir de ce texte allemand par une étudiant Roseline Chafwehe Université de Mons-Hainaut; Ecole d’interprètes internationaux. 1986) et j’espère qu’un publication pourra être entreprise. PORPHYRE est accessible en français dans la collection Budé " Vie de Pythagore. Lettre à Marcella ") (traduction par Edouard des Places. 1982). DIOGENE LAERCE est accessible dans la collection Loeb Classical (texte et traduction en langue anglaise). 65. Citons Pompelus Trogus (ler siècle avant), Apollonius de Tyane (ler siècle après) et Justin (IIè) 66. Il cite Pythagore comme ayant avancé le concept de métempsycose. 67. Vivant à la fin du Viè siècle, il était souvent irrité par le savoir encyclopédique (" polymathie ") de Pythagore, son aîné de quelque cinquante ans. 68. Il mentionnait le voyage en Égypte . 69. Diodore a utilisé Timée pour son écrit sur Pythagore. 70. Il a cité Pythagore comme un " grand Sage " et comme porteur de la tradition orphique. 71. Cet auteur a parlé de plusieurs concepts pythagoriciens concernant la nourriture et ses interdits, la valeur des Nombres dans le Kosmos et la réincarnation. Il a également cité Pythagore comme ayant forgé le nom de " philosophe ". 72. Il s’agit d’un pythagoricien célèbre par ses traités sur les mathématiques. 73. Lui aussi parle de Pythagore comme le porteur de la tradition orphique. Il dit que le Philosophe avait écrit des textes en vers. 74. Signalons d’emblée que la légende qui a voulu que ce soit Pythagore qui a créé cette monnaie est vraisemblablement fausse. Les premières pièces proviennent de Sybaris (où Pythagore n’a jamais été) et ont été faites quelque 20 ans avant l’arrivée possible du Philosophe à Crotone. 75. Signalons que les Pythagoriciens n’ont jamais utilisés l’hexagramme comme symbole spécifique. 76. Le meilleur ouvrage nous semble le livre écrit par C.J. DE VOGEL : " Pythagoras and early pythagoerism ", publié par Van Gorcum, à Assen, en 1966. Il est hélas épuisé et ne se trouve que dans les bibliothèques. 77. Jamblique; VP, 4-5. Porphyre VP, l,10. Diogène Laërce; VP, 1. 78. On a parfois dit que Mnesarchos était joaillier. 79. Notons que Pythagore a été sans doute le premier Grec à apprendre la langue hiéroglyphique égyptienne. L’importance qu’il a accordé aux langues, sans qu’il y ait l’exclusive du grec, trouve peut-être son origine dans ce bilinguisme initial. Sa mère était une Samienne et parlait donc le grec ionien. 80. N’oublions pas la règle des 5 années de silence des futurs disciples, ni l’existence de la Basilique pythagoricienne souterraine créée à Rome au premier siècle après J.-C. 81. Pour Jamblique (VP, 5), la mère de Pythagore était déjà enceinte. Étant donné les découvertes acutelles sur la vie prénatale (influences des émotions et des paroles et chants de la mère sur la vie foetale), ces aspects ne sont pas inutiles à signaler. 82. Créophyle, Phérécyde de Syros (lui aussi d’origine phénicienne. Il a sûrement été l’initiateur de la réincarnation : i1 croyait que Pythagore était la réincarnation d’Aithalides. D’où l’importance accordé à la mémoire, - tout au moins celle des incarnations antérieures. Sans doute a-t-il aussi joué un rôle dan la conception pythagoricienne du Ciel, créateur de forme, en relation avec la Terre totalement informelle grâce au " temps "), Thalès de Millet (qui lui aurait vivement conseillé d’aller en Egypte, et pour qui l’univers entier était animé. La vision mystique du monde était ainsi confirmée chez le jeune adolescent qui était venu écouter son enseignement), Anaximandre (dont l’approche très géométrique, comme chez son propre maître Thalès, avait sûrement marqué Pythagore, bien que la conception de l’univers chez Anaximandre soit totalement désanimée. Anaximandre fut sans doute le premier à transmettre l’astrologie chaldéenne et était centré sur l’étude de la géométrie). (Jamblique; VP, 9-ll). Également Hermodamas (pour la poésie et la musique), les maîtres Chaldéens (Porphyre; VP, 1)... 83. A-t-il été prisonnier de Cambyse? Ou simplement déplacé lors de la conquête de l’Egypte? 84. Porphyre; VP,6,12. 85. Cette difficulté n’aurait pas duré et le renom du Maître se répandait partout (Jamblique; VP, 21,28) 86. On ne peut s’empêcher de songer à la langue égyptienne dont il connaissait les trois aspects, dont le symbolique. 87. Elle avait été battue par la petite ville de Locres. Notons que lors du séjour de Pythagore à Crotone, Sybaris fera la guerre à cette ville et cette fois, grâce à la modification des moeurs amenée par l’école pythagoricienne, et au pythagoricien Millon, le fameux athlète dont la force colossale terrorisait les ennemis, Crotone gagnera. 88. On parlait même de 2000 akousmatiques et de 600 membres ésotériques. 89. On ne sait pas si l’incidence politique a été tellement importante dans la persécution des pythagoriciens. C’est surtout Apollonius qui parle d’un complot que Kylon aurait créé en utilisant un soi-disant discours de Pythagore, discours qui était un faux. Les autres auteurs en font une vengeance personnelle d’un homme riche, puissant et colérique, qui avait été refusé par Pythagore. 90. Porphyre; VP, 57. 91. Cicéron fit le voyage à Métaponte pour pouvoir se recueillir en face du siège où Pythagore mourut. 92. Par exemple concernant le secret terrifiant de la racine de 2, nombre qui n’était ni pair ni impair et semblait donc mettre tout l’enseignement pythagoricien en péril. 93. On ne peut pas dire que les persécutions se soient disant spécialement contre le pythagorisme. Il y a, dans la Bibliothèque Sixtine du Vatican, une fresque qui montre Pythagore parmi les plus grands prophètes de l’Antiquité, juste à coté da Moïse et de Noé et au même titre qu’eux (La devise indiquée sous ce " portrait " en pied est : " celui qui enseigna la lettre Y ", mention qui confirme que le peintre faisait partie de la tradition pythagoricienne assez florissante en Italie à l’époque). 94. Il n’est pas le seul à avoir cette caractéristique. Quel pays pourrait être gouverné par la seule mouvance enseignée par les textes taoïstes ? Quelle culture pourrait imposer un type de pensée " zen " à tous les citoyens? Mais certains de ses aspects, comme d’ailleurs ce fut le cas pour des akousmatlques modérés, peuvent sans difficulté être adoptés comme règles de pensée et de conduite pour tous. |
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