GLFMM | Loge : NC | 05/2005 |
L'Echelle
de Jacob
Pour Saint Augustin, l'échelle de
Jacob est le signe de l'ascension
possible des hommes, pour Saint Jérôme,
l'échelle de Jacob redonne confiance au
pécheur et rend humble le juste, alors que pour Chromace
d'Aquilée, comme dans
le texte antérieur d'Hippolyte, cette échelle
dressée de la terre au ciel est
la croix du Christ, qui peut mener au ciel... Un autre thème qui continuera
à occuper une place importante dans
l'exégèse médiévale, et qui
aura des prolongements dans l'iconographie, est
celui des quinze psaumes graduels...sans doute chantés par
les pèlerins juifs
sur la route de Jérusalem...ces cantiques des
montées évoquent la joie, l'appel
à l'aide ou l'espérance dans le cheminement vers
Sion ...ces cantiques qui
manifestent les portes du ciel, par la comparaison avec
l'échelle de Jacob ; et
les cinq livres de Moïse (le Pentateuque), avec les dix
préceptes de la Loi, en
forment les quinze échelons... Ce symbolisme de quinze étapes
spirituelles, trouve un second fondement
dans l'exégèse de la description du Temple
d'Ezéchiel...les sept degrés qui
mènent aux portes du parvis extérieur,
ajoutés aux huit degrés des portes du
parvis intérieur, dans la vision du Temple futur de la
nouvelle Jérusalem...les
quinze marches du Temple, et l'échelle de Jacob... Le symbolisme de l'échelle ne se
limite pas à l'utilisation des textes
de l'Ancien Testament... Certes l'échelle de Jacob
elle-même en est le signe
direct...Nous verrons que les deux montants de l'échelle de
Jacob signifieront,
pour la Règle de Saint Benoît, le corps et
l'âme, ou l'amour de Dieu et l'amour
du prochain...mais au IV siècle, Zénon de
Vérone voit dans ces montants l'image
des deux Testaments... La Croix comme nouvelle Echelle de
Jacob...L'adresse du Christ à
Nathanaél.... « En vérité,
en vérité,
vous verrez désormais le ciel ouvert, et les anges de Dieu
monter et descendre
sur la Fils de l'homme »(Jean 1,51), renvoie
à la fois à cette réouverture du
chemin entre la terre et le ciel et, par le thème des anges
qui montent et qui
descendent, à l'échelle de Jacob...Saint Augustin
a développé à plusieurs
reprises l'interprétation qui rapproche Jean, en les
réunissant dans une
exégèse allégorique, et qui identifie
le Christ à la pierre de Béthel... Le
second événement par rapport auquel la croix du
Christ s'inscrit comme une
nouvelle échelle dans l'histoire du monde est en effet la
vision de Bethel...en
effet pour mémoire, voici comment et pourquoi, la ville de
Luz fut rebaptisée
par Jacob « Bethel »...Jacob partit pour
Harân. Il arriva d'aventure en un
certain lieu et il y passa la nuit, car le soleil s'était
couché... Il prit une
des pierres du lieu, la mit sous sa tête et dormit en ce
lieu...il eut un songe.... « voilà qu'une
échelle
était dressée sur la terre et que son sommet
atteignait le ciel, et des anges
de Dieu y montaient et descendaient ! »
Voilà que Yahvé, le Dieu d'Abraham se
tenait devant lui et dit : « Je suis Yahvé, le
Dieu d'Abraham ton ancêtre et le
Dieu d'Isaac...la terre sur laquelle tu es couché, je la
donne à toi et à ta
descendance...Ta descendance deviendra nombreuse comme la
poussière du sol, tu
déborderas à l'occident et à l'orient,
au septentrion et au midi, et tous les
clans de la terre se béniront par toi et par ta
descendance...Je suis avec toi,
Je te garderai partout où tu iras et te ramènerai
en ce pays, car je ne
t'abandonnerai pas, que je n'aie accompli ce que je t'ai promis
» Jacob
s'éveilla de son sommeil et dit « En
vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne
la
savais pas » il eut peur et dit « Que ce lieu est
redoutable ! Ce n'est rien de
moins qu'une maison de Dieu et la porte du ciel ! »
Levé de bon matin, il prit
la pierre qui lui avait servi de chevet, il la dressa comme une
stèle et
répandit de l'huile sur son sommet.. A ce lieu, il donna le
non de Béthel, mais
auparavant la ville s'appelait Luz...Jacob fit ce voeu : « Si Dieu est avec moi et
me garde en la route où je vais, s'il me donne du pain
à manger et des habits
pour me vêtir, si je reviens sain et sauf chez mon
père, alors Yahvé sera mon
Dieu et cette pierre que j'ai dressée comme une
stèle sera une maison de
Dieu... »... « Une pierre sous sa
tête
:Figure de l'âme ayant renoncé à tous
les attraits du monde pour abandonner à
Dieu son dénuement...Figure aussi de la discipline de vie
que cet abandon
implique. » « Une échelle entre
ciel
et terre : L'âme qui s'humilie et s'abandonne totalement est
aussi près que
possible de Dieu et elle sera visitée par la
grâce...La vertu d'humilité est la
porte du ciel...Il faut se faire tout petit pour entrer par cette Porte
étroite. » « Il dressa la pierre comme une
stèle : Quand la grâce lumineuse
s'évanouit, il ne reste à l'âme que la
pierre...Au milieu du désert, cette
aridité même constitue le roc sur lequel se fonde
la fidélité »... En Occident, l'idée est
présente à la même époque
chez I
Pseudo-Hippolyte, qui voit dans la Croix «
l'échelle de Jacob et le chemin des
anges, au sommet duquel le Seigneur est vraiment appuyé
» L'échelle peut aussi être,
d'une façon plus générale, le signe du
sanctuaire...mais le symbolisme de l'échelle peut aussi
définir l'église d'une
façon générale...nous avons
cité le passage de la Voie du Paradis qui décrit
l'échelle de Jacob, et par laquelle les anges descendent
dans les églises, pour
prendre les prières des justes et les porter au ciel...sur
de nombreuses
églises médiévales, des inscriptions
à proximité des portes appellent
l'église
« maison de Dieu et porte des cieux », selon les
mots de Genèse 28, 17, la
plaçant ainsi dans la suite directe de
Béthel...Si le sanctuaire est assimilé
à
Béthel, comme lieu où repose la base de
l'échelle de Jacob, la montée vers le
ciel doit être possible à partir de
l'église...Là aussi, la vie du Christ est
un modèle...L'art des XI lè et Xllème
siècles offre des exemples d'images
d'Ascension du Christ sur lesquelles la pierre d'où il
s'élève vers le ciel est
représentée non comme un rocher naturel, mais
avec les proportions et l'aspect
d'un autel...car le maître-autel est bien le « Lieu
séparé de la terre et fort
proche du paradis... L'autel est le lieu d'une relation qui transcende
les
niveaux...comme Jacob a dressé la pierre de
Bèthel, comme Benoit appelle à
dresser l'échelle, l'autel est le signe d'un retour
à la verticalité, à la
rectitudo.... Si l'échelle permet de relier la
terre à l'autel, elle va également de
l'autel vers le ciel. Car, à Béthel, c'est sur la
pierre que se concentre le
caractère sacré du lieu, défini par
l'échelle qui y a pris appui, et reconnu par
l'onction... Mais le Temple symbolise aussi la géographie sacrée du monde...nous avons parlé de la tradition exégétique qui rapproche les sept puis huit marches du Temple des quinze psaumes graduels et de l'échelle de Jacob. Les deux montants de cette échelle sont la vision corporelle et la vision spirituelle... Sur le plus haut degré de l'échelle nous plaçons le Christ...Sur le deuxième en descendant , l'ordre des anges... Sur le troisième l'ordre des patriarches et des prophètes... Sur le quatrième l'ordre des apôtres... Sur le cinquième l'ordre des martyrs... Sur le sixième l'ordre des confesseurs... Sur le septième l'ordre des vierges, des veuves et des continents... Sur le huitième la vision de toutes les choses miraculeuses... L'initiale s'organise autour de
l'échelle placée en diagonale, et dont
chacun des sept échelons inférieurs est
surmonté du nom de l'ordre
correspondant, alors que le Christ se tient dans l'espace central. Comme toute échelle, celle de Jacob
est composée de nombreux échelons. Les trois principaux représentent
les trois vertus morales : la Foi,
l'Espérance et la Charité... Elle est le symbole maçonnique de
l'Espoir que tout maçon doit porter
dans son coeur afin de parvenir au ciel après une vie bien
remplie sur la
terre... J'ai dit ... |
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