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Jeux Olympiques modernes et
Valeurs Humaniste
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Au moment de rédiger cette planche débutent les Jeux Olympiques de Pékin. Des Jeux controversés puisqu’ils ont été attribués par le Comité International Olympique en 2001 à la Chine. La Chine, ce pays en pleine expansion économique, n’est pas un exemple en matière de droits de l’homme. Et même si nous n’avons pas à nous ériger en donneurs de leçons, nous ne devrions pas cautionner un régime autoritaire. Notre nouveau Vénérable Maître a placé cette année maçonnique sous le signe de l’étude des valeurs humanistes. Ces valeurs humanistes que nous souhaitons voir se propager dans notre société sont-elles véhiculées par l’Olympisme ? Les Jeux Olympiques Modernes souvent présentés comme un symbole de fraternité servent-ils réellement cette noble cause ? Je vous propose, mes frères, de définir les valeurs humanistes, puis d’analyser les valeurs développées par le Sport de haut niveau et les finalités poursuivies par le restaurateur des J.O Modernes, le baron Pierre de Coubertin. Je vous convie aussi à un rappel et à une analyse, au regard des valeurs humanistes, de faits sportifs et politiques qui ont émaillés l’histoire des Olympiades Modernes. Ce travail est délicat. Quand on s’adresse au corps, on ne sait jamais quelles valeurs seront  incorporées. Tout est sujet à controverse, comme pour  toute activité humaine, d’autant plus, qu’on s’adresse à de l’indicible, à du non palpable, même si le corps l’est (palpable). Je ferai aussi quelques propositions pour que ces Jeux  Modernes qui retentissent à travers toute la planète promeuvent ces valeurs humanistes auxquelles nous sommes attachés.
 
 L’HUMANISME ET SES VALEURS
 
Le mot « humanisme » pris dans son sens historique, désigne aujourd’hui un grand mouvement intellectuel, caractéristique de la Renaissance, associé au réveil des langues et de la littérature, des « belles lettres », latines et grecques, que Rabelais nomme « lettres d’humanité ». l’umanista désigne alors l’homme qui s’adonne avec ferveur aux lettres antiques. Le mot « humanisme », ignoré au XVIème siècle, ne s’introduit dans le vocabulaire français qu’au XIXème siècle. L’humanisme est un mouvement de pensée qui s’est développé en Italie pendant la Renaissance, en réaction au dogmatisme rigide du Moyen Âge. Les humanistes de la renaissance sont des érudits qui ont soif de savoir. Ils affirment leur foi dans l’être humain qu’ils mettent au centre de leurs préoccupations et dont ils recherchent l’épanouissement. La raison et le libre arbitre sont les principales valeurs sur lesquelles se fonde l’humanisme qui se démarque des superstitions et des servitudes de l’époque médiévale. L’image de la clarté, de la lumière continûment reprise pour désigner l’aube des temps modernes s’oppose à celle du « temps ténébreux » qui a précédé. Le Moyen Âge est alors assimilé à une ère d’ignorance « barbare ». Le Moyen Âge se faisait une conception très différente de celle des humanistes. Ses lettrés ne méconnaissaient pas les auteurs anciens, mais ils ne les étudiaient pas pour eux-mêmes. Ils cherchaient à y découvrir les éléments d’une sagesse compatible avec le christianisme. Aristote était mis au service de la théologie. L’humaniste au contraire, a le souci d’aborder sans préjugé le texte authentique. Il n’hésite pas à remettre en question les valeurs établies, à mesurer la relativité des opinions humaines et rejette la notion d’auctoritas (l’autorité de l’église qui fonde l’orthodoxie) dans la recherche de la connaissance, quitte à lui substituer souvent celle du respect de l’autorité des Anciens. Le retour à la pensée antique permet de redécouvrir l’homme, d’affirmer sa dignité, de revendiquer sa liberté. La nouvelle sagesse que fait naître le changement de régime intellectuel est toute laïque et humaine. Elle n’est pas païenne ni hédoniste, car sa volonté de revenir aux sources du paganisme et du christianisme s’accompagne du désir de les réconcilier. La confiance dans la raison humaine suppose l’autonomie de l’individu et fonde son aspiration à améliorer le monde dans lequel il vit. Par là, le mouvement renaissant rejoint l’objectif de l’humanisme universel : mettre  l’homme au centre des recherches dans tous les domaines du savoir pour assurer son plein épanouissement. Dès la fin du XVème siècle Pic de la Mirandole vantait la position privilégiée d’Adam « au centre de l’univers », auquel Dieu s’adresse en ces termes : « Toutes les autres créatures ont une nature définie contenue entre les lois par nous prescrites ; toi, seul, sauf de toute entrave, suivant ton libre arbitre auquel je t’ai remis, tu te fixeras ta nature… je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel, ni immortel ; d’après ton vouloir et pour ton propre honneur, modeleur et sculpteur de toi-même, imprime-toi la forme que tu préfères. » (Discours de la dignité de l’homme)
Il me semble aussi essentiel de souligner que pour les humanistes, les livres ne sauraient suffire à la formation d’un homme complet. Le commerce des hommes, les voyages doivent lui permettre d’appréhender le réel, ce qu’Erasme avait déjà affirmé dans l’Eloge de la folie, destiné à montrer, ce qui est aussi le dessein de Rabelais, la folie des prétendues sagesses. Et la découverte du monde mène à la connaissance de soi, sans laquelle il n’y a pas de sagesse humaine. Le savoir humain, pour limité et incertain qu’il soit, doit être ardemment recherché. Mais c’est à l’homme seul qu’il convient de décider de son utilisation. Il est vain si l’on ne sait en tirer parti. A travers la lettre, il faut atteindre l’esprit. La formation intellectuelle est insuffisante si elle ne se double pas d’une formation morale que Rabelais, à l’image de son siècle ne distingue pas de la formation religieuse. L’hymne à la dignité de l’homme, à son savoir et à son pouvoir ne s’adresse pas seulement à son esprit ou à son âme. L’humaniste veut restituer à la personne humaine son unité. Il a le souci de réhabiliter le corps, « cette tant magnifique plasmature » (Rabelais) en réaction contre l’ascétisme médiéval qui le tient pour la partie la plus basse et la plus méprisable de l’être et veut en dompter ou en oublier les exigences. Les philosophes antiques, eux ignoraient la notion de péché. Ils ne professaient pas le mépris de la chair et voyaient généralement dans l’équilibre harmonieux des parties,  l’être idéal humain à atteindre, selon l’adage « mens sana in corpore sano ».
Cette préoccupation anime-t-elle aussi  de Coubertin lorsqu’il initie le rétablissement des Jeux Antiques ?
 
Pour répondre à cette question il faut tenter de cerner la personnalité du baron  Pierre de Coubertin. Et pour comprendre ce personnage complexe, il convient de le resituer dans son époque. Il est né en 1863. Le fondateur de l’olympisme moderne est un patriote français éduqué dans le traumatisme de la guerre de 1870 et la perte de l’Alsace et de la Lorraine. C’est un aristocrate qui épouse bien évidemment les idées colonialistes du moment.  Il est aussi traumatisé par l’expérience de la Commune de Paris. Et en prenant en main la jeunesse, il s’agit d’abord à ses yeux de lui inculquer des valeurs « saines » pour combattre le socialisme et proposer au passage une alternative à l’internationale ouvrière, en proposant l’internationale olympique. Simultanément il travaille à former de meilleurs guerriers en vue de la reconquête. Ce qui correspond pleinement aux préoccupations du moment et aux missions assignées à la gymnastique à l’école. En 1892 lorsque de Coubertin propose son projet olympique dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, il le fait, significativement, en présence du grand duc Wladimir dans une salle ornée de drapeaux russes et français mêlés, sous le signe explicite de l’alliance russe pour laquelle il militait également. Cela accrédite l’idée de revanche sur l’Allemagne qu’il convient d’encercler pour espérer reprendre les deux régions perdues. Mais plus encore que cette revanche, c’est à l’émergence d’un homme nouveau à laquelle aspire de Coubertin. Le sport, indiquait-il, « doit être pratiqué avec ardeur, je dirai même avec violence. Le sport, ce n’est pas l’exercice physique bon pour tous au point de vue de l’hygiène à condition d’être sage et modéré. Le sport est le plaisir des forts ou de ceux qui veulent le devenir physiquement et moralement. Il comporte donc la violence, l’excès, l’imprudence. Rien ne le tuerait plus sûrement que de le voir emprisonné dans une modération qui est contraire à son essence. ». On mesure ici la distance avec la célèbre formule « Un esprit sain dans un corps sain ». Et combien semble lointaine toute vision humaniste. Coubertin se situe plus dans une logique de hiérarchie des forts et des faibles, et aussi une hiérarchisation des races (« les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance »).
 
Il est intéressant de noter aussi que l’idée de restauration des Jeux Olympiques est rendue possible par le fait que la notion récente de sport, venue de Grande-Bretagne, prend justement de l’ampleur en France. Depuis l’ancien régime, il n’était question que de jeux, joutes ou paris, souvent passionnées, mais très variables selon les groupes sociaux, les lieux ou les saisons, et qui, en dehors peut-être des jeux de la noblesse, ne donnaient guère lieu à un entrainement ou une préparation particulière. Tandis que ce qui se produit à la fin du XIXème siècle, c’est que l’on voit apparaître des clubs dont le but est de rassembler des amateurs de compétitions sportives et d’organiser entre eux des compétitions. Puis une connexion naît entre ces cercles afin d’agencer entre eux des rencontres. Les pratiques sportives se trouvent ainsi unifiées par un règlement non plus verbal, non plus lié à l’initiative consensuelle de quelques-uns, mais écrit et reconnu de tous, sur le plan national et international. Ajoutons à cela le formidable développement économique, la densité des réseaux ferroviaires et la multiplication des moyens de transports rapides, et nous obtenons des conditions favorables à la réussite du projet du baron, à l’internationalisation des jeux.
Dès le rétablissement des premiers jeux en 1896 à Athènes, les Grecs, qui sont de loin les plus nombreux, s’empressent d’exprimer une fierté toute patriotique à chaque victoire d’un des leurs. Du coup, Charles Maurra, envoyé de La gazette de France, qui craignait que l’amour des patries ne se dilue dans « l’internationalisme » revendiqué du nouvel olympisme, se rassure. L’entreprise imaginée par Coubertin sous le généreux prétexte de la fraternité entre toutes les jeunesses du monde n’est pas près de dissiper dans l’âme des peuples l’instinct de la terre, celle des glorieux ancêtres. Dès l’origine donc, l’internationalisme du projet et les nationalismes des pays participants sont étroitement imbriqués.
 
Je vous invite maintenant, mes frères, à un voyage dans le temps qui mettra l’accent sur les faits marquants de chaque Olympiade. Je vous laisse juges des valeurs humanistes qu’ils mettent en exergue.
 
Les jeux d’Athènes en 1896 permettent donc à la Grèce de s’affirmer en Europe. Le sentiment nationaliste est exacerbé.
 
A paris en 1900, douze femmes s’affrontent aux épreuves de golf et de tennis, malgré l’opposition de Coubertin. Le match de rugby France-Allemagne a failli être interdit car on craignait que les Français ne veuillent venger Sedan.
 
Les premiers Jeux américains de Saint-Louis en 1904 sont ceux de la ségrégation raciale. Les « primitifs » sont exclus des épreuves officielles. On organise à leur intention deux journées de compétition dites « anthropologiques ». Ces journées s’inscrivent dans le droit fil d’une vision raciale du monde dont Coubertin et ses proches étaient imprégnés. Ces jeux ont pour objectif d’exalter la supériorité de la race blanche, tandis que les journées anthropologiques en sont la caricature grimaçante. Ces jeux fournissent aussi le premier cas de dopage connu. Le vainqueur du marathon, thomas Hicks, s’était préparé à grand coups de cognac et de sulfate de strychnine.
 
Pour les jeux de Londres en 1908, les tensions entre Américains et Britanniques sont fortes, comme l’illustre la bravade des concurrents d’origine irlandaise qui brandissent les couleurs de la province opprimée par la couronne.
 
En 1912, les Jeux se déroulent à Stockholm. Les nations en quête d’indépendance revendiquent le droit de participer aux jeux de façon autonome, et non sous la bannière des Empires austro-hongrois ou russe.
A Anvers, en 1920, le premier serment olympique est prononcé par l’athlète belge Victor Bouin. Contre l’avis de Coubertin, ni les Allemands, ni les Autrichiens ne sont conviés aux jeux.
 
En 1924 à Paris, la Russie bolchevique et l’Allemagne ne sont pas invités.
A Amsterdam, en 1928, l’Allemagne est réintroduite dans la communauté olympique. Les français boycottent la cérémonie d’ouverture. Des femmes sont admises pour la première fois dans des épreuves athlétiques, la course et le saut.
 
A Los Angeles en 1932, le comité olympique doit intercaler la délégation britannique entre celles de l’Allemagne et de la France pour éviter des affrontements.
En 1936, à Berlin, le noir Américain Jesse Owens remporte quatre médailles d’or aux 100 mètres, 200 mètres, 4 fois 100 mètres et saut en longueur. Pour éviter de serrer la main à des « non-aryens », Hitler, dès le deuxième jour ne reçoit plus que les vainqueurs allemands. C’est la première fois qu’a lieu le relais de la flamme olympique d’Athènes à Berlin sur une idée allemande. Les jeux se transforment en outil de propagande hitlérienne.
En 1948 les jeux se déroulent à Londres, choisie comme symbole de la résistance aux totalitarismes. Les vaincus de la guerre sont une nouvelle fois bannis.
En 1952, à Helsinki, les soviétiques, invités pour la première fois, s’illustrent en gymnastique où ils raflent la quasi-totalité des médailles. Les jeux deviennent le nouveau terrain de la guerre froide. On assiste à des empoignades au basket-ball et lors de la finale du 3000 mètres steeple.
 
En 1956, à Melbourne, la Suisse, les Pays-Bas et l’Espagne boycottent les jeux pour manifester leur hostilité à la répression soviétique de l’insurrection hongroise. Le match de water-polo qui oppose les hongrois aux soviétiques est d’une rare violence. On compte plusieurs blessés parmi les joueurs et les supporters.
En 1960, à Rome, les représentants de Taiwan, contraints de défiler sous le nom de Formose, affichent finalement leurs propres couleurs. le cycliste danois Knud Jensen meurt au cours de l’épreuve, vraisemblablement pour cause de dopage.
1964 est l’année de Tokyo. C’est la première fois que les jeux se tiennent en Asie. Le Japon est en train de devenir une grande puissance.
 
1968 est une année de révoltes dans le monde. Des incidents sanglants sur fond de révoltes étudiantes et de répression armée font plus de 300 morts à Mexico où se dérouleront tout de même les Jeux 5 mois plus tard. Les sprinters Tommie Smith et John Carlos dénoncent les injustices faîtes aux Noirs américains en brandissant un poing ganté de noir au moment où retentit l’hymne américain au cours de la remise de médailles. Smith et Carlos n’étaient pas membres des Black Panthers, même si cette organisation radicale, fondée en 1966, les influença fortement. Ce qui les motivait avant tout, c’était la colère qu’ils ressentaient face à la situation faite aux Noirs dans leur pays. Et l’année 1968 avait radicalisé la jeunesse noire américaine bien au-delà des Black Panthers. L’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril, suivi de celui de Robert Kennedy le 6 juin, avait soulevé de désespoir les ghettos noirs dans les grandes villes américaine, faisant 46 morts.
Ces Jeux sont aussi ceux de Bob Beamon qui pulvérise le record du monde du saut en longueur en le faisant passer de 8, 45 mètres à 8,90 mètres. Un sauteur américain révolutionne le saut en hauteur en franchissant la barre sur le dos. Plus personne ne saute autrement qu’en « Fosbury-flop ». Cette année 1968 aura donc été révolutionnaire jusque dans les performances et techniques des sportifs.
 
En 1972, la RDA présente une équipe aux Jeux d’été. Depuis 1956, les athlètes des deux Allemagne concouraient sous une bannière commune. Un commando palestinien séquestre l’équipe de lutte israélienne. Neuf de ces athlètes, quatre terroristes et un policier meurent lors de l’assaut de la police allemande. « The Games must go on » déclare Avery Brundage, Président du C.I.O.
 
En 1976 à Montréal, la gymnaste roumaine Nadia Comaneci obtient presque partout la note maximale. Produit du système d’entrainement d’Etat des athlètes des régimes communistes, elle incarne la perfection. Ces Jeux sont aussi ceux du plus grand gouffre financier de l’histoire olympique. Le C.I.O refusant d’exclure la Nouvelle-Zélande qui entretient des relations sportives avec l’Afrique du sud, 29 Etats africains retirent leurs délégations  à la veille de la compétition.
 
En 1980, les Jeux se déroulent pour la première fois dans un pays socialiste. Pour protester contre l’invasion soviétique en Afghanistan, 58 pays décident de les boycotter (les Etats-Unis en tête).
 
En 1984, les jeux qui se déroulent à Los Angeles sont boycottés par l’URSS et 17 pays alliés.
La Chine participe pour la première fois aux Jeux avec 300 athlètes. Grâce aux sponsors (Coca-Cola, Mc Donald’s, Levi-Strauss…), ces Jeux ne coûtent pas un sou à la ville américaine. Les enjeux commerciaux et financiers franchissent une nouvelle étape.
En 1988 à Séoul, les Jeux sont sous haute surveillance policière sous le prétexte de l’attitude menaçante de la Corée du Nord et de l’extrême gauche japonaise. Le sprinter canadien Ben Johnson, vainqueur du 100 mètres est disqualifié pour dopage.
En 1992, l’Afrique du Sud, qui sort de l’apartheid, réintègre le giron olympique. Et comme un symbole, l’Ethiopienne Deratu Tulu remporte le 10 000 mètres et devient la première championne olympique noire d’Afrique.
 
En 1996, à Atlanta, la fête du centenaire est parrainée par Coca-Cola et rassemble des milliards de téléspectateurs. Le 27 juillet, une bombe éclate au milieu d’un concert de rock, faisant 2 morts et une centaine de blessés. L’Amérique n’est plus un havre de paix.
A Sidney, en 2000, Cathy Freeman australienne et aborigène remporte le 400 mètres. Quatre athlètes du Timor-Oriental participent aux Jeux à titre individuel.
En 2004 à Athènes, dès la première épreuve de la journée inaugurale du 14 août, la Chine hisse le drapeau rouge, comme pour affirmer ses ambitions en vue de Pékin. On assiste à une percée des équipes chinoise qui repartent avec 63 médailles dont 32 d’or.
Les jeux de Pékin viennent de se terminer. Ces Jeux ont marqué le passage virtuel de la Chine au rang de première puissance mondiale.
 
Le C.I.O prétend dans sa charte contribuer à « un monde meilleur ». L’histoire nous montre pourtant que cette instance a souvent cautionné des régimes totalitaires. Ces présidents successifs ont souvent flirté avec les régimes fascistes. Pierre de Coubertin, Président de1896 à 1925  et Avery Brundage, Président de 1952 à 1972 n’ont jamais caché leurs sympathies pour le régime nazi. Juan Antonio Samaranch, président de 1980 à 2002 ne cachait pas non plus ses amitiés franquistes. A eux trois nous cumulons 71 années de Présidences sympathisantes des régimes autoritaires. Pour un monde meilleur ?
 
Le Comité International Olympique, basé à Lausanne depuis 1981, a le statut d’une organisation non gouvernementale de droit privé suisse. Elle possède la propriété de la marque et des anneaux olympiques, ce qui la met à la tête de ressources considérables. Il est impossible de savoir ce qu’il advient de ces richesses. Ces membres aristocrates triés sur le volet sous Coubertin sont aujourd’hui au nombre de 115 et sont tous cooptés. On est en droit d’exiger plus de démocratie, de transparence de la part de ceux qui organisent le plus grand show médiatique de la planète. Douze milliards d’euros ont été investis pour organiser les jeux de Pékin qui sont les plus chers à ce jour.  La répression au Tibet, les expulsions des pékinois qui occupaient des terrains nécessaires à la construction des stades n’ont guère émus les occidentaux trop soucieux de s’attirer les faveurs commerciales de la Chine. Le passage sous silence de l’existence du laogai, plus grand système concentrationnaire de l’histoire dont la population est estimée à plusieurs dizaines de millions est aussi révélateur de l’hypocrisie qui aura entouré ces Jeux. Au premier jour des jeux certains sites internet n’étaient pas accessibles contrairement aux engagements pris. Les athlètes qui souhaitaient arborer un badge de protestation en ont tous été dissuadé. Quid des libertés ?
 
A la lecture de ce que je viens de vous énoncer, on peut avancer que les Jeux Olympiques sont pour l’instant un moyen gâché de mettre en exergue les valeurs de tolérance, de fraternité, de générosité. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que le C.I.O se transforme en instance démocratique et fasse la promotion des droits de l’homme.
Et pourtant on est passé de 14 pays participants aux jeux d’Athènes en 1896, à 202 nations présentes aux jeux Olympiques de Pékin. Et de ce point de vue un des objectifs du baron est largement atteint. Les Jeux sont universels. Il faut donc parvenir à utiliser cette magnifique caisse de résonance pour mettre en exergue ces valeurs auxquelles nous sommes attachés.
Je vous propose, maintenant mes frères, quelques pistes pour humaniser les Jeux, et promouvoir les valeurs humanistes.
 
J’ai rêvé de Jeux dans un pays pauvre. La manne financière du C.I.O (droits de retransmission télé colossaux, partenariats avec de grandes multinationales, ressources liées à l’exploitation des anneaux olympiques) servait à payer la facture de l’organisation. Ce pays pauvre sortait des jeux équipé et le C.I.O mettait sa trésorerie et son influence au service du développement de ce pays. J’ai rêvé d’un pays pauvre de moins tous les quatre ans. J’ai rêvé d’une flamme qui éclairait chaque pays traversé. Elle était tenue successivement par des athlètes et des enfants de toutes nationalités, mettant ainsi l’accent sur la fraternité et l’éducation transmise par le flambeau aux jeunes. Ces pays recevaient la lumière. Actuellement la flamme est exclusivement portée par des gloires du sport du pays traversé, quelques hommes d’affaires influents (Lagardère par exemple) et les jeunes regardent parfois la flamme passer. Cette scénographie glorifie l’athlète et exacerbe les patriotismes encore renforcés avec les hymnes qui retentissent pour honorer les vainqueurs pendant les jeux. J’ai rêvé d’un monde meilleur. Le Comité Olympique International était présidé par des sages, mettait en avant le sport comme moyen éducatif et contribuait à l’amélioration du monde en permettant de réduire des injustices tellement insupportables.
 
Pour conclure, je citerai Pascal :
« L’homme est mi ange, mi bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».

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