GOB | Loge : Anderson - Orient de Bruxelles | 01/06/2007 |
L'affaire
des fiches
1 -
Introduction 2 - Contexte historique 3 - L'affaire - 3-1 L'histoire - 3-2 L'affaire Bidegain 4 - Conséquences de l'affaire 5 - Références 6 - Annexes - Annexe n° 1 - Annexe n° 2
1-
Introduction V\M\ et vous
tous, mes FF\, en vos
grades et qualités, je vais vous raconter, ce midi, un
scandale historique
français qui a défrayé la chronique en
son temps et dans lequel la Maçonnerie
française a joué un rôle
équivoque qui a éclaboussé la F\M\ Notre époque ne manque
pas de son lot de révélations
mensongères, ainsi, Licio GELLI, Grand Maître de
la Loge "Propaganda due" (la Loge P2) en Italie (en 1981) Dit
"le banquier de Dieu", ce dernier dirigeait la "Banco
Ambrosiano", qui fit l'objet d'une des faillites les plus
retentissantes,
et fut soupçonné dans l'assassinat de Roberto
CALVI. Ou encore les affaires
politiques en Belgique impliquant de nombreux F\M\, ainsi que
les affaires judiciaires en France, à Nice en particulier,
compromettant la G\L\N\F\ (affaires
dénoncées dans l'ouvrage "Les frères
invisibles" par Ghislaine
OTTENHEIMER et Renaud LECADRE, Albin Michel, Paris, 2001) Non, notre époque n'a
pas le monopole des scandales qui donnent des armes aux agressions
envers la F\M\ ou à
l'anti-maçonnerie primaire ! Que l'on songe à la
farce grotesque de Gabriel Jorgand PAGÈS, mieux connu sous
le pseudonyme de Léo
TAXIL (1854 – 1907), initié le 7
février 1881 à la R\L\ "Le
Temple des Amis de l'honneur français" à l'Or\ de Paris (Mais sans
toutefois jamais avoir dépassé le grade d'Appr\ !), Qui de 1885 à 1887
produit une série d'ouvrages antimaçonniques
responsables des croyances,
toujours d'actualité, soutenant que la F\M\ est une
secte satanique au sein de laquelle, lors d'immenses orgies, les juifs
font
apparaître Satan en personne.
Marie Joseph Gabriel Antoine
JOGAND-PAGÈS
Dit "Léo TAXIL" En
France, le début du
XXème
siècle est marqué par
deux événements liés à la
franc-maçonnerie. Premièrement, l'affaire dite
"l'affaire des fiches" ou des "casseroles"
et deuxièment, la loi du 9
décembre 1905,
dite "loi de séparation des Églises et de
l'État". Cette loi ne
comporte pas de référence explicite à
la laïcité, mais elle sera le pilier des
institutions laïques. Elle marque une étape
historique : l'État renonce à son
pouvoir sur les églises et celles-ci ne peuvent plus
intervenir dans le
fonctionnement des institutions (à l'exception, toutefois,
de la région
"Alsace Moselle") 2- Contexte historique Mais d'abord, voyons le contexte historique de l'affaire : l'année 1890 est le début de ce que l'on appellera, plus tard, "La Belle Époque". Ces années mythiques qui ont précédées la première guerre mondiale et la dépression économique. C'est aussi, depuis 1870, et jusqu'à 1940, la IIIème république. De CAILLAUX à POINCARÉ, de JAURÈS à Léon BLUM, de Jules MÉLINE à DALADIER, elle allait devenir une fabuleuse galerie de portraits. Après la défaire de
1870 et de l'empire de Napoléon III, et après
l'épisode du général BOULANGER,
s'installe "la république des barbus" pour nous mener vers
le premier
dénouement de l'affaire Dreyfus que n'intéressait
pas, dans un premier temps,
les radicaux et les socialistes. Les conclusions de l'affaire Dreyfus au détriment de l'armée française allait favoriser le début du "bloc des gauches" avec le ralliement de certains centristes républicains comme WALDECK-ROUSSEAU.
Pierre
WALDECK-ROUSSEAU (1846-1904)
Député, ministre et Président du Conseil (Chef du gouvernement) du 22 juin 1899 au 3 juin 1902 Le premier gouvernement
de WALDECK-ROUSSEAU en 1889, prit pour cible le clergé
régulier et les
congrégations. Dominé
par JAURÈS, le
"bloc des gauches" avait l'ambition d'abattre la puissance de
l'église. Il comprenait les radicaux, les socialistes et les
opportunistes
dissidents opposés aux droites coalisés
regroupés dans l'"Action
libérale". Les ex-monarchistes ayant renoncé
à l'espoir d'une
restauration, les nationalistes de l'"Action française" et
enfin, des
républicains modérés. Aux côtés de Georges
CLÉMENCEAU,
qui ne fut jamais F\M\ mais accepta
d'être conférencier en Ten\ Bl\, le F\Camille PELLETAN
(membre de la R\L\ "La
Clémente Amitié") développa le
parti radical créé par les FF\ Gustave MESUREUR
et Léon BOURGEOIS. La liste des FF\, membres du parti
radical serait d'ailleurs trop fastidieuse à vous
énumérer ici !!! D'ailleurs, la majorité, à l'époque, du G\O\F\ était partagé entre radicaux et socialistes. Ce qui donnait du corps au "bloc des gauches" et établit la corrélation entre le rôle de l'ordre dans la vie politique française et l'accroissement du nombre de FF\ actifs. Par conséquent, le ministère WALDECK-ROUSSEAU et ensuite celui de COMBES ne pouvait que reprendre et mener à terme le programme de laïcisation de l'État et de la société française dont la maçonnerie avait fait son cheval de bataille. De plus, le parti radical, qui plus tard s'adjoignit l'épithète de socialiste, avait un programme qui coïncidait en tout point avec celui du G\O\F\ Les convents de celui-ci des années 1901, 1902 et 1903 revendiquèrent la laïcisation des hôpitaux militaires, la suppression des aumôniers dans l'armée, le remplacement des écoles de Saint-Cyr et de Saint-Maxent par des écoles propres à chaque arme, la création de cours pour les soldats illettrés, la suppression des mess pour les officiers ainsi que l'établissement d'une liste de promotion pour les officiers de marine. Mais l'idéal était pour les FF\ du G\O\F\ la suppression de toutes les armées professionnelles et leur remplacement par l'institution de milices nationales.
Le 7 juin 1902, lorsque Emile COMBES parvint à la Présidence du Conseil ( = chef du gouvernement, il le resta jusqu'au 1er janvier 1905), il était décidé à s'opposer résolument aux cléricaux et aux congrégations dont le rôle nocif avait été mis en évidence tout au long de l'affaire Dreyfus. Les congrégations dominaient l'école avec leurs collèges religieux, les hôpitaux, l'armée, et la presse qui avait joué un rôle néfaste pendant l'affaire Dreyfus, Par la victoire du "bloc des gauches" aux élections de 1902, le caractère agressif de la législation républicaine à l'égard de l'église se renforça.
Emile COMBES, ancien élève du petit séminaire de Castre et du grand séminaire d'Albi, franc-maçon initié à la loge "Tolérance et Étoile de Saintonge" le 1er juin 1896, interdit aux congrégations d'enseigner, et rompit, non pas le pain, mais toutes relations diplomatiques avec le Vatican. Emile COMBES nomma au ministère de la Marine le F\ Camille PELLETAN (1846-1915, élu député radical en 1881) et au ministère de la guerre le général ANDRÉ avec mission pour celui-ci de favoriser l'avancement des officiers "républicains". Il faut dire que ces derniers avaient été quelque peu freinés par un état-major de tendance cléricale. Le général ANDRÉ, déjà successeur du général GALLIFET dans le ministère WALDECK-ROUSSEAU n'était pas membre de l'ordre, mais il prit dans son cabinet un officier F\M\, le capitaine MOLLIN, membre de la R\L\"l'Avenir", et qui présentait la particularité d'avoir épouser la fille d'Anatole FRANCE. En arrivant au ministère, le général ANDRÉ apportait avec lui deux registres qu'il avait établis pour son usage personnel, l'un baptisé Corinthe, et l'autre Carthage. Le registre Corinthe ( selon l'adage grec : "il n'est pas permis à tous d'aborder Corinthe") reprenait les officiers dévoués à la République et, bien entendu, non cléricaux. Sur le registre Carthage (du nom de la Cité que les imprécations de Caton vouaient à une nécessaire destruction) s'inscrivaient les officiers d'obédience catholiques. Et le 9 octobre 1899, le général ANDRÉ prit un décret retirant la compétence de l'avancement aux grades dévolue aux commissions d'avancement pour s'arroger le droit exclusif de nomination aux grades de lieutenant à celui de général. Le
Général Louis, Joseph,
Nicolas, ANDRÉ 3- L’Affaire 3.1. L'histoire L'affaire des fiches
commence au printemps de 1894, lorsque le docteur Antoine
(Jean-Baptiste)
BLATIN (1841-1911), Secrétaire général
du Grand Orient de France engage, avec
l'autorisation du Convent de 1894, malgré quelques
réticences, le F\ Narcisse
Amédée VADÉCART,
âgé de 37 ans, comme chef de
secrétariat ainsi qu'un
sous-chef, le F\
Jean-Baptiste BIDEGAIN aux appointements de 3.300 Francs, pour
l'époque, par
an. Qui était-il ? Le F\
Jean-Baptiste BIDEGAIN, ancien élève des
écoles chrétiennes, avait
été initié
en 1892 à la loge "Le Travail et les Vrais Amis
Fidèles". Le travail
initial des FF\ VADÉCART et
BIDEGAIN était la constitution du fichier des membres du G\O\F\, à usage interne
de l'Ob\ Ladite fiche
commençait par l'enquête préalable
à l'Init\ et se poursuivait par
des renseignements sur le F\, ses idées et ses
activités. Ce fut en 1901 que le capitaine MOLLIN, servant d'officier de liaison entre le G\O\F\ et le cabinet du général ANDRÉ demanda au secrétaire général du G\O\F\ (le F\ VADÉCART) de lui adresser des informations détaillées sur les officiers supérieurs. L'enquête devait englober ensuite tous les officiers jusqu'au grade de lieutenant. Les registres Corinthe et Carthage, œuvre personnelle du général ANDRÉ et que, dès son arrivée au ministère, il avait confié au général Alexandre PERCIN (1870-1914), directeur de son cabinet, avait besoin d'être étoffés.
Le
général
Alexandre PERCIN Chef
de Cabinet
du Ministre
Déjà, au convent du G\O\F\ de 1889, le F\ Gustave FRANCOLIN annonçait que le Grand Orient avait en sa possession des renseignements suffisants, susceptibles de permettre un jour de dissocier le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire les républicains de leurs adversaires. C'est à la demande du général PERCIN que le capitaine MOLLIN pris contact avec le sénateur Frédéric DESMONS, président du conseil de l'ordre qui lui assura le concours du F\ VADÉCARD, directeur du secrétariat du G\O\F\ Le bureau du conseil fut saisi de la question et arrêta les termes des demandes de renseignements à envoyer aux correspondants de province.
16, rue Cadet dans le 9ème arrondissement de
PARIS.
Siége du G\O\F\ à la "belle époque » Le F\ VADÉCARD demanda aux vénérables des LL\ de lui adresser des informations détaillées sur les officiers supérieurs de leur ville. Sur deux cents demandes environ, trois vénérables refusèrent leur concours. Ils s'agit des FF\ JOUCLA, de Périgueux, ARDOIN, de Roche-sur-Mer, et GUILLARD, de Saint-Jean-de-Luz, vénérable de la loge de Bayonne et fondateur de la R\L\"France et Colonies" à l'Or\ de Paris. De plus, rue Cadet, les commandants DORET et PASQUIER avaient créé une fraternelle d'officiers maçons, "La Solidarité des Armées de terre et de mer", en abrégé "SOLMER" (dénoncé dans le "FIGARO" du 27 octobre 1904, en première page, sous le titre : "La délation dans l'armée") et qui contribua à renseigner le cabinet du ministre où le capitaine MOLLIN était aidé ou suppléé par le capitaine LEMERLE et le lieutenant de vaisseau VIOLETTE, parent du général ANDRÉ, tous deux, F\M\ Des officiers F\M\, à titre personnel, contribuèrent également aux renseignements. Le G\O\F\ put, dans ces conditions, envoyer au ministère de la guerre du 1er septembre 1901 au 30 octobre 1903, 18.818 fiches, établies par le F\BIDEGAIN (dont celle concernant Philippe PÉTAIN, alors commandant du 104ème régiment d'infanterie) Certaines furent encore établies jusqu'en 1904. La correspondance entre les FF\MOLLIN et VADÉCARD était quasi officielle, le papier à en-tête du ministère de la guerre et celui du Grand Orient furent toujours utilisés par le capitaine et le secrétaire général. Toutes les lettres furent enregistrées sur les livres d'entrée et de sortie du Grand Orient. En fait, jamais le conseil de l'ordre du G\O\F\ ne fut informé de cette correspondance. Entre 1900 et 1904, seul connurent les détails de cette collaboration, les dignitaires, membres du bureau, les FF\ DESMONS, DELPECH, LAFFERRE, FONTAINAS, SINCHOLLE, RANSON et MORIN, ainsi que, bien sûr, les FF\VADÉCARD et BIDEGAIN. Les renseignements envoyés par les vénérables, sous forme anonyme à la rue Cadet, étaient recopiés à la machine à écrire par le F\BIDEGAIN et transmis au ministère avec la mention "républicain" ou "libre-penseur" à la place de F\M\ Ces renseignements communiqués par le Grand Orient servaient avant tout à contrôler, rectifier ou compléter les renseignements recueillis par la voie administrative, diligentée par les préfets. Le Président du Conseil de l'Ordre, LAFFERRE, devait déclarer par la suite à la chambre, que les renseignements politiques procurés par le G\O\F\ étaient exacts à 90 pour cent. Grâce à ceux-ci, le général ANDRÉ avait pu écarter des tableaux d'avancement, des promotions dans l'ordre de la Légion d'Honneur, ou des simples mesures de faveurs, un grand nombre d'officiers dont les opinions politiques, philosophiques et religieuses ne coïncidaient pas avec les siennes. Toutefois, le danger se précisait : la Sûreté générale avait fait savoir au général ANDRÉ que le député nationaliste de Neuilly Jean GUYOT DE VILLENEUVE avait de très nombreux documents relatifs au rôle joué par le G\O\F\ dans l'avancement des officiers. C'est le 28 octobre 1904 qu'éclate
le scandale !
Présidée par le F\ Henri BRISSON, la chambre des députés, entends les interpellations du lieutenant-colonel ROUSSET et de l'ancien officier GUYOT DE VILLENEUVE, député nationaliste de Neuilly, sur les faits révélés par le journal "Le Matin". Ils accusaient le général ANDRÉ d'avoir organisé au ministère de la guerre un service occulte de renseignements et de tenir compte pour l'avancement des officiers des fiches établies par les LL\ La campagne du journal "LE MATIN" avait été renforcée par celle du "FIGARO" qui, la veille de la rentrée parlementaire, formula les mêmes accusations et publia des documents incontestables : le F\ BIDEGAIN ayant vendu une centaine de fiches au journal "FIGARO" ! Au cours de son interpellation, et après que le général ANDRÉ et le ministre COMBES eurent nié avoir connaissance des faits, GUYOT DE VILLENEUVE donna lecture à la tribune de la correspondance échangée entre le capitaine MOLLIN et le secrétaire général de la rue Cadet, le F\VADÉCARD. Cette intervention à la chambre des députés provoqua un tumulte parmi les travées et dans le brouhaha qui s'en suivit, le président BRISSON fit le signe de détresse maçonnique à destination des députés FF\ présents.
A nouveau, le 4 novembre 1904, GUYOT DE VILLENEUVE monta à la tribune et mit directement en cause le général ANDRÉ. La majorité à la chambre faisant confiance au ministère s'éleva à deux voix. C'est après ce vote que le député nationaliste du IIème arrondissement de Paris, Gabriel SYVETON, ami personnel de Jean GUYOT DE VILLENEUVE, bouscula et gifla à deux reprises le général ANDRÉ. Il fut censuré et exclu temporairement, "manu militari" de la chambre des députés. Celle-ci autorisa des poursuites contre le député SYVETON. Le 8 décembre 1904, jour de sa comparution devant les assises pour répondre du crime d'outrage à un ministre dans l'exercice de ses fonctions, le député Gabriel SYVETON est trouvé mort, asphyxié, à son domicile. Malgré les accusations d'assassinat par la F\M\, ou par son épouse, et les tentatives d'explication de suicide à la suite de faits de mœurs, la justice à conclu à un accident par une chaudière à gaz, mal ventilée (il y a ici, une étrange similitude avec la mort de ZOLA !!!)
Fac-similé du "Petit journal"du 8 janvier 1905 Le capitaine MOLLIN dut remettre sa démission d'officier et le 15 novembre, le général ANDRÉ démissionna de son ministère après qu'il fit brûler les fiches qui se trouvaient dans son ministère. Il fut remplacé par un député radical-socialiste, le F\ BERTEAUX. 3. 2. L'affaire BIDEGAIN BIDEGAIN écrivit, entre autres, en 1910, un ouvrage intitulé "Une conspiration sous la IIIème République. La vérité sur l'affaire des fiches". Il y explique que, basque d'origine, il avait été élevé par les curés de l'école de la rue des Petits-Carreaux à Paris et qu'il avait perdu la foi à son vingtième anniversaire. Il fut initié en 1893 à la R\L\"Le Travail et Les Vrais Amis Fidèles" dépendante de la Grande Loge Symbolique Écossaise, Ob\ dont fut membre le F\Oswald WIRTH, qui devint le maître à penser de BIDEGAIN. Celui-ci y donna comme Pl\, le mardi 26 décembre 1893, "Ses impressions d'Appr\", qui furent publiées dans le "Bulletin Maç\, et l'année suivante, le 24 juillet 1894 : "L'idée religieuse dans la Maç\" et encore, le 11 décembre 1894 "Qu'est-ce que la Maç\". Il fut même élevé au 18ème degré. BIDEGAIN déclara que son entrée au secrétariat de la rue Cadet était motivée par son vif désir d'en savoir davantage sur le F\M\tout en précisant que son séjour au Grand Orient devait être provisoire.
L'abbé transmit l'information à Guyot de Villeneuve (par l'intermédiaire du vicaire général du Cardinal RICHARD, l'abbé Henri-louis ODELIN, qui était le parrain de baptême de BIDEGAIN). Guyot de Villeneuve accepta directement d'intervenir à la Chambre. A partir du mois d'août 1904, et durant dix-huit mois, BIDEGAIN recopia la plupart des fiches car Gabriel de BESSONIES et GUYOT DE VILLENEUVE souhaitaient dévoiler l'affaire en pleine campagne électorale des législatives, prévues pour le mois d'avril 1902. L'entrevue suivante devait se dérouler en présence du député Gabriel SYVETON. Ils décidèrent d'attaquer directement le gouvernement car certains dignitaires du Grand Orient avaient déjà été avertis de fuites possibles et dès la fin septembre 1905, le quotidien "Le Matin" avait publié des documents dérobés au ministère de la guerre. Le Conseil de l'ordre se réunit le 27 octobre à 17 heures pour évoquer les fuites et mettre à l'abri lesdites fiches au domicile du F\BOULEY, 35, rue Pigalle. Le 29 octobre, une réunion des employés du secrétariat du G\O\F\ fut organisée et à la suite de celle-ci, le secrétaire général, VADÉCARD porta plainte pour vol et complicité de vol. Celle-ci fut transmise, le 31 octobre par le garde des Sceaux au procureur général près la cour d'appel de Paris. Cette plainte est conservée aux archives nationales françaises. VADÉCARD ajouta une autre plainte contre le député Guyot DE VILLENEUVE pour avoir fait usage des documents dérobés. BIDEGAIN s'enfuit d'abord en Espagne et ensuite à Liège (Belgique) Il rentra le 4 novembre à Paris. La plainte ayant été déclarée irrecevable. Il ne s'agissait pas d'un vol, mais d'un abus de confiance. Les documents ne présentaient pas le caractère d'effets, deniers, marchandises, billets, ou autres quittances selon la loi. La plainte ne pouvait tout au plus que motiver une action en dommage et intérêts devant les tribunaux civils et n'était susceptible d'aucune sanction pénale. En 1926, Jean-Baptiste BIDEGAIN se suicida, avec son épouse, au cyanure. 4-
Conséquences de l’Affaire Il est
certain que l'affaire des fiches doit être
considérée comme une conséquence
directe de l'affaire Dreyfus. Pendant toute la bataille de la
révision du
procès, il est apparu aux radicaux et surtout aux
Francs-maçons, que l'armée
recelait dans ses rangs des éléments hostiles
à la république. Ce qui devait
justifier l'intervention du G\O\F\ Le ravage
provoqué par le système des fiches au sein de
l'armée française fut la cause
des difficultés de la France au début de la
guerre 14-18. Durant les tous
premiers mois de la grande guerre, les armées
françaises passèrent à deux
doigts du désastre par suite de l'insuffisance
de ses nombreux
chefs promus, non pas en fonction de leurs compétences mais
à la suite des
disqualifications d'officiers compétents mais non
politiquement
compatible. Immédiatement
exploité par la droite et l'extrême droite,
l'affaire provoqua la démission du
général ANDRÉ comme ministre de la
guerre et la démission du Capitaine MOLLIN
comme officier de l'armée française. Plus tard,
elle fut la cause de la chute
du gouvernement d'Émile COMBES. La Maçonnerie française évoqua ce scandale lors de son convent de 1905 et, approuva la démarche de son Grand Maître, Frédéric DESMONS. Ce fut la cause de nombreuses démissions de FF\indignés. Le F\ Paul DOUMER cessa d'être actif en Maç\, et le F\ Alexandre MILLERAND, init\ en 1883 à la R\L\"L'Amitié" du G\O\F\a été exclu de l'ordre en raison de son opposition. L'affaire des fiches fut la cause d'une violente campagne populaire antimaçonnique. Les F\M\ furent traités de "judéophiles cosmopolites" et certains historiens prétendent que l'affaire est à l'origine du faux document, créé en France, en 1903, à destination du Tsar NICOLAS II connu sous le nom du "Protocole des sages de Sion". L'accouplement de ce texte avec le livre de l'Abbé Augustin BARRUEL "Mémoires pour servir l'histoire du Jacobinisme" est à l'origine du fameux complot "judéo-maçonnique J'ai dit, V\M\Jean-Pierre HIENSCH 5. Références (par ordre alphabétique des auteurs) BIDEGAIN JeanLe Grand Orient de France. Sa doctrine et ses actes, librairie antisémite, 1905. Masques et visages maçonniques, librairie antisémite, 1905. Magistrature et justice maçonnique, librairie des Saints Pères, 1907. Une conspiration sous la IIIème République. La vérité sur l'affaire des fiches. La Renaissance française, 1910. Histoire de la Franc-maçonnerie française, tome 3, "la maçonnerie : Église de la République" (1877 – 1944) Fayard, 1975. FESCH Paul Dossiers maçonniques. La Franc-maçonnerie contre l'armée, Charles Clavreil, 1905. G.O.F Bulletin du Centre de Documentation du Grand Orient de France, n° 24 (pp. 7 à 15) MERMEIX Gabriel La mort de Syveton, Fayard, s.d. MOLLIN La vérité sur l'affaire des fiches, 1905. THUILLIER Guy Le Dos de l'affaire des fiches. Le maintien du système des fiches de 1905 à 1914. In "la Revue administrative", n° 295, janvier-février 1997, p 21-25. Aux origines de l'affaire des fiches (1904) : le cabinet du général André. In "la Revue administrative", 2002, 55ème année, n° 328, p. 372-381. Les prodromes de l'affaire des fiches : les manœuvres de septembre et octobre 1904. In "La Revue administrative", n°338, mars 2004, p. 133-138. VINDÉ François L'affaire des fiches. 1900-1904, chronique d'un scandale, Éditions universitaires, 1989. 6. Annexes Annexe n°1 : Fac-similé de l'exemplaire du "FIGARO" du jeudi 27 novembre 1904 suivi de l'extrait et de la retranscription du texte concernant la délation dans l'armée. |
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