Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
En quoi le grade de maitre vous a t il fait evoluer dans votre vie ? Je ne m’étais pas rendu compte combien, ce passage à ce grade, dont sur le moment, je n’avais pas saisi toute la complexité, les subtilités, la symbolique, tout ce qui m’était encore donné par mes frères, avait pu me transformer. C’est au moment, où pour la première fois j’ai du plancher en tant que maitre et que j’ai moi même de tout mon cœur voulu partager, comme je tente de le faire avec vous, que j’ai réalisé dans le travail, combien quelque chose avait changé. Cette évolution semblait avoir révélé, exacerbé, comme jamais, ce désir d’« aller plus loin » et de « m’éprouver ». C’était une envie de chercher, où je ne trouvais pour seule réponse que de nouvelles questions. Elle semblaient m’amener vers un essentiel, quelque chose qui ne me « faisait reconnaître » que ce que je semblais déjà connaître, tant certains mots, certains gestes, m’arrêtaient, m’appelaient et qui comme depuis le début de mon initiation, se révélaient grâce au rituel et semblaient éclairer d’une nouvelle lumière tout une partie de mon esprit. Ce grade de maitre dans ma vie, c’était d’abord l’impression d’avoir une nouvelle responsabilité. Nietzsche disait : « Deviens sans cesse, celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi même ». L’impératif de cette phrase ne pouvait que me montrer la direction de ce chemin tendant vers la connaissance et la maitrise de moi même ainsi que l’obligation permanente de travailler sur ma pierre. C’était pour moi également, une nouvelle exigence de tous les instants auprès de ma famille, de mes frères et de l’ensemble des hommes. Cette responsabilité c’était aussi un positionnement, une attitude, une écoute. L’écoute imposée depuis le septentrion et librement souhaitée aujourd’hui. Hiram était un exemple, la perfection du maître maçon qui me montre la voie, ou la voix dans sa parole. Pourtant une question ne cessait de m’habiter. Ces trois compagnons qui ont « trahi », qui ont commis « ce crime inouï », avaient été pourtant ceux qui avait « rendu leurs maitres satisfaits » en tant qu’apprentis. Une nouvelle apparence de l’ambiguïté, de la contradiction semblait se faire jour… Que s’étaient ils donc passé ? Hiram ne les avaient ils pas entendu parmi les 183600 ouvriers du chantier ? Difficilement concevable pour moi. De manière symbolique me disait il, m’enseignait il d’être toujours plus à l’écoute de l’autre ? De chaque singularité ? Et si c’était pour moi maitre maçon une autre chose à écouter ? Hiram, était mort, sa parole était perdue, le rituel d’apprenti m’apprenait que le Maître de la loge « s’illuminait sous la double influence de la raison et de l’imagination », que notre travail purement symbolique nous donnait en plus de la logique une autre façon de penser, de poser des liens grâce à l’analogie. Le Rituel de maitre me disait que je devais recevoir le récit d’Hiram comme une allégorie, que je pouvais concevoir tout ce qui m’était donné, d’une autre façon. Cette parole perdue, ce manque était ce qui semblait faire de moi un être qui cherchait de plus en plus. Mais de manière allégorique et analogique, cette parole per-du n’était elle pas a entendre comme la parole du père. Ce père symbolique qui dirigeait le chantier comme il dirigeait ma vie. Mais ce père n’est plus. Est ce donc là une nouvelle naissance dans un processus d’individuation. « Si vous rencontrez le Boudha, tuez le Boudha, si vous rencontrez le maître tuez le maître » c’est que le maître zen Lin-Tsi inculquait à ses élèves. Une mort bien évidemment symbolique comme celle de notre rituel. Pour lui, cela était un passage essentiel, un changement de direction nécessaire pour trouver sa propre voix(e), prémisse de tout processus d’individuation. Mais cette individuation semblait impliquer un autre devoir : Que dorénavant l’on n’attendait plus de moi la simple exécution d’une pensée de l’autre, donnée, mais la mise en chantier perpétuelle d’une pensée aussi créatrice que singulière. Etre maitre, c’est être à une nouvelle place, comme d’ailleurs ce que nous montra Hiram, une place plus exposée. Une place aussi, qui sous entend une autre façon de se positionner, à la fois parfaitement à travers les 5 points et le relèvement dans une verticalité. Je me suis posé une autre question qui elle aussi a modifiée mon comportement de vie. Et si comme notre père, il s’était sacrifié pour nous, pour nous faire vivre cette expérience de la mort et de la renaissance, pour nous la montrer. Pour ne plus que cela soit lui, mais pour que cela soit nous qui « nous éclairions et nous soutenions dans nos afflictions ». Pour que nous ne contions plus sur lui et que nous puissions donner le meilleur de nous ; pour nous pousser à chercher par nous même davantage. Pour moi, c’était donc dorénavant ce devoir la, de faire au mieux de tout mon cœur, pour être fidèle à une transmission pouvant aller jusqu'au sacrifice absolu. Je recevais aussi, qu’il avait voulu nous montrer à travers un acte fondateur, la vision spiritualiste de la permanence de la personne et à travers elle le triomphe de la vie, de la lumière sur les ténèbres… Cette mort, cette perte me renforçait. Encore un fait qui aurait pu sembler une nouvelle ambiguïté, comment se renforcer d’une perte, mais au contraire qui depuis mon accession à la maitrise, orientait ma pensée vers une autre façon de tout écouter, de tout voir, de tout concevoir. Je choisis ce moment pour faire un écho à cette notion de perte. Depuis le premier instant de mon entrée en maçonnerie, l’on m’a fait perdre mes métaux. Au grade de compagnon, j’ai perdu pour un temps mes frères lors d’un départ aussi émouvant de difficile à vivre. Aujourd’hui je perds (mon père), mon maitre, sa parole et son sacrifice, ces sacrifices m’ont fait prendre conscience de ce qui pouvait me manquer ? En fait que me manque t il vraiment ? Et si cette perte avait été voulue pour me permettre de voir que toutes les ressources étaient déjà en moi, en nous. Sans cette perte, nous nous reposerions en grande partie sur la parole de ce maitre et nous ne pourrions que partiellement nous éveiller intérieurement. Parallèlement quand je relis cette légende, je ne peux être qu’être frappé par la dimension totémique de l’Olivier. S’il n’était pas mort, s’il ne s’était pas sacrifié (comme le Christ) pour nous montrer le chemin, sa présence en nous ne serait pas aussi forte. Le G.A.D.L.U a toujours été la c’est « avec son aide » que j’ai vécu dans ma vie maçonnique mon augmentation, mon élévation et j’ai aussi l’impression que c’est lui qui a placé cet Olivier là, comme tous les autres signes de ma vie qui me font choisir le bon chemin. C’est par sa mort, qu’Hiram se rend encore plus présent dans notre devoir moral de fidélité (symbole de l’olivier à travers le lit de pénélope), d’exemplarité, de parole, de choix qui influenceront dorénavant toutes mes actions. Je pourrais y voir une perte mais par l’esprit, elle se transforme en un plus dans une dualité à unifier et à concevoir. Ce mot perdu, c’est d’accepter en tant que maitre qu’il n’y ait pas de totalité et de perfections absolues possibles (seul dieu peut réaliser cette perfection)… C’est une nouvelle fois accepter cette perte dans notre humilité et l’utiliser pour nous dépasser. Ce mot perdu ne nous dit il pas simplement qu’il nous faut faire au mieux avec ce qui nous a été donné. Cette parole perdue m’a montré combien ce qu’un profane pourrait concevoir dans un manque désespérant était une source de création infinie, pour moi le jeune architecte qui a encore tout à découvrir. J’ai évoqué le devoir et c’est fut pour moi un apport essentiel de la maîtrise. Devoir des serments faits depuis mon initiation : devoir d’être fidèle jusqu'à la mort à mes engagements et à ce que je suis. Devoir aussi dans cet impératif évoqué plus tôt, que cette exigence morale prime sur tout autre chose. Je ne me lancerais pas, car j’en serai bien incapable devant vous mes TCF, sur la résonance de l’impératif catégorique de Kant avec cette légende d’Hiram. Mais dans la pensée de ce philosophe, un point m’a marqué et m’a fait évoluer dans ma vie : c’est cette notion de devoir de ne pas juger. L’on me décrit ces mauvais compagnons, mais pour moi en tant que maitre il m’est impossible de juger de la valeur morale de leur actes, puisque ils ne sont pas devant moi, qu’ils ne peuvent pas eux même parler, et surtout que je ne peux pas personnellement apprécier toutes les motivations de leur actes. J’ai déjà moi même tant de difficulté a juger mes propres actes selon l’équerre, tant le travail d’introspection est difficile et permanent. Il n’est qu’un seul juge, le rituel me l’a montré à deux reprises, et il est en moi et pour me juger moi. Je puis la aussi tirer de cette maitrise un enseignement que pour moi même le plus loin possible de tout préjugés. Je puis me juger moi mais je ne puis quoi qu’ils fassent, que plus aimer les autres en paraphrasant le mot de Marc Aurèle qui disait : « Le propre de l’homme c’est d’aimer ceux qui l’offensent ». Je me suis aussi beaucoup questionné sur cet Acacia. Je ne discourrais pas sur sa symbolique (l’aspect imputrescible et la victoire de la vie éternelle sur la mort, sur le piquant de l’arbre a rapprocher peut être du piquant nécessaire de l’esprit pour la aussi voir les choses autrement, le bois de l’arche d’alliance,…) mais simplement sur une de ces association, celle de la pureté. J’ai été frappé de lire dans le rituel par le 1er surveillant, que les frères qui avaient voyagé, avaient aperçu une tombe, de la terre fraichement remuée, et un acacia qui avait été planté. Cela sous entend pour moi que même les hommes coupables du plus odieux des crimes, ont planté cet acacia…avec sa symbolique. Voulait on que l’on trouve le bien aimé Hiram ? Voulaient ils qu’on les trouve eux même (car cela indique aussi une direction) ? Pour moi cela m’enseigne aussi que même dans le cœur que l’on pourrait juger le plus noir, il y a de la lumière, il y a ce respect de l’humanité. Cela me questionne comme j’en ai parlé sur le jugement ? Sur l’introspection ? Sur ma position, sur une façon différente de voir le monde, sur ce qui peut être (bien ou mal) car il semble toujours que la position juste soit entre ces contrastes, ces pôles, ces directions, que le rituel énonce comme « apparemment opposé » et que la sagesse tente de concilier en « rassemblant » tout ce qui est épars. Depuis ma première planche de maitrise, la parole semblait me dire quelque chose. Notre rituel et Saint Jean me disaient à chaque tenue que tout « a été fait par elle » et que surtout les mots et mon esprit étaient des outils qui me permettaient tous les possibles. Plus je lisais le rituel et plus un autre sens des mots me paraissent pensables. Mais cette parole qui peut tout, portait en elle une nouvelle fois un contraire. Depuis que nous parlons nous avons aussi perdu quelque chose. Car aucun mot ne pourra vraiment exprimer ce que nous sommes et ce que nous voulons. Il nous faut à chaque fois substituer des mots à d’autres mots pour faire passer nos intentions. Enfin cette parole perdue, ne me disait elle pas qu’il n’y avait que des vérités partielles et singulières loin de tout absolu, de toute intolérance. Si cela était le cas, ma position de maitre en loge et dans la vie devait ressembler au compas dans sa souplesse et devait s’éloigner du fanatisme du mauvais compagnon. Tubalcain était le mot de passe, Ce maitre du fer et des alliages, celui qui par cela, avait la « possession du monde », un monde de tous les possibles... Allier les contraires, les sens possibles, Le « tous crussent » de Jean était il un croire ou un croitre pour me montrer le devoir de verticalité du maître, L’Acacia, dont le sens grec est issu d’innocence mais dont le Kacia veut dire le vice donc le contraire) qui existe en tant que vrai ou faux acacia, qui est dur et léger, m’est il connu ou méconnu en un seul mot, pour la encore me pousser a chercher plus loin ? Je n’avais aucune certitude et cela me faisait avancer comme jamais. J’aurais pu vous citer, mes bien aimés frères de nombreux autres questionnements sur le sens des mots qui m’interrogeaient a chaque grade dans notre rituel mais pour ne pas rallonger cette planche je vous redis juste que leur apport allégorique me faisait voir le monde avec un autre regard. Tout cela me semblait me donner une flexibilité, une souplesse, pour trouver ma juste place, entre. Car la place du maitre est d’être entre l’Equerre et le Compas. La rigidité d’une définition donnée, transmise et la souplesse de la création. Quelque part dans un etat de conscience entre l’Etre (Ushin de la philosophie Zen) et le Mushin (vide absolu) entre l’orient et l’occident, entre le nadir et le zénith…entre tous les sens des mots. Le maître est dans un présent entre passé et futur. Dans un cercle dont le centre est partout mais aussi et surtout comme le rituel me la montré sur mon cœur. De ce cœur je puis faire tous les cercles, de toutes les tailles pour repenser tous les « préjugés » du vulgaire. Pénétrer et comme le disait saint Exupéry, « ne voir qu’avec le cœur » le sens des mots car les mots seuls ne suffisent pas a connaître le secret maçonnique et ne pas juger encore une fois dans l’apparence des choses car comme le dit notre rituel « les plus humbles peuvent symboliser les réalisés les plus hautes ». Des le premier instant j’avais été ni nu ni vêtu…dans l’entre deux… Ce sont les 3 grands coups qui m’avaient introduit en loge, et fait recevoir la lumière et ce sont aussi les trois grands coups qui me privaient de mon maitre et donc de sa lumière. Tout pouvait donc prendre un sens et son contraire. Chaque chose pouvait être bonne ou mauvaise… Telle une équerre, avec sagesse c’était à moi de lui donner le sens du bien, de la vertu, de la vérité. En Maître chacune de mes actions doit être inspiré par le cœur. Beethoven disait que « seuls les cœur purs faisaient de bonne soupes »… C’est cette pureté qui me ramène à un autre éclairage du rituel de maitrise à travers le devoir de la sincérité… Sine Cérus, sans cire, tendre vers un miel couleur or, mais sans cire, sans impureté, continuer a persévérer dans ce voyage alchimique plus intérieur et plus spirituel pour arriver a plus de pureté plus d’essentiel. Cette sincérité c’est aussi un écho a cette quête du connais toi toi même permanente. Cette sincérité m’amène à un tout dernier point, le maitre maçon ne se sert pas uniquement de sa parole, il redonne vie à toute chose, par un dire qui est en lien à un acte (les 5 points parfaits et le mot sacré seulement donné la). Il lie son acte à sa parole avec cette sincérité de dire ce qu’il pense et de faire ce qu’il dit. Cela l’inscrit uniquement dans des actes de volonté, de décision, de choix et donc de liberté. Pour conclure, un mot de Pascal à la fin de mon travail, qui résume pour moi la place d’un maitre maçon : « L’homme dans la nature est un néant à l’égard de l’infini, un tout au regard du néant et un milieu entre le rien et le tout… » Ce milieu, cet entre, d’une souplesse que seul ce travail en moi permettra de faire progresser, tout ces changements permis par mes frères font que je peux en paix chercher, me tromper, mourir, mais si je reste fidèle à mon serment d’homme de maçon, des frères me chercheront toujours (Comme les 9 qui m’ont cherché), et me permettront de renaitre et de continuer ce parcours spirituel. Cela a éveillé en moi que je suis une colonne mais je peux m’appuyer sur mes frères, sur les autres colonnes) car ce sont eux, l’autre, les autres qui m’ont fait changer pour aller vers autre chose (« tout est immuable il n’y a que les autres qui vous font changer » disait Descartes). Je peux être vrai avec tous ceux qui m’entourent car quand on devient Maître il y a le voile du DE’B’IR qui se lève, comme le masque de la personnalité. Je peux dire : Je, dans cette démarche personnelle qui ne peux se vivre qu’ensemble. Je peux dire : Je ne sais pas dans cette incertitude du sens mais J’ai le devoir de me positionner. Cela me fait plus chercher, être curieux pour vouloir connaître la suite de cette histoire (que sont devenus ces mauvais compagnons ?) et « aller encore plus loin ». Je peux aussi vous demander pardon pour le coté brouillon de ce texte qui m’a fait aussi trouver et me trouver. Je peux aussi et surtout aimer encore plus et de multiples autres façons et c’est en tout cela que ce grade m’a fait le plus fait évolué. J’ai dit T\ V\ M\ |
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