Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Trois grades pour Hiram Est-il facile ou tout simplement possible de faire une introspection voire de s'examiner par une exovision de ce que l'on a été puis de ce que l'on est? La contemporanéité reste-t-elle une définition de circonstance pour ces deux dates de vie ? Pour ces deux étapes si elles en sont? Existe-t-il une formule pour calculer ce qui me différencie de moi ? Après un certain recul digne d'un canon porté et un temps certain, j'avais inséré le parcours initiatique comme une équation a deux inconnues : le deuil et la géométrie. 3 grades mais en réalité une continuité graduée par 3 étapes ou l'on s'attarde a peine, juste le temps de tenir une tenue détendue. Un parcours horizontal sur l'abscisse, puis ordonné en deux plans avant d'entamer la 3eme dimension dans la profondeur de l'âme et de la matière pour la géométrie. Je revois mon parcours initiatique contre toute symbolique et à l'encontre de toute instruction comme deux vecteurs contigus marchant au pas en symbiose mais non rythmés pas les grades connus et pourtant en synergie avec ces mêmes grades. Une équation avec pour bases les 5 étapes de deuil dans 3 grades dimensionnels 5 ETAPES DANS 3 GRADES - 1) Le déni > l'humilité Le déni, première étape débute dès l'initiation, j'y ai assimilé toute l'ampleur de mon ignorance : A mon entrée, le noir, le sol, la terre. J'ai été reçu avec mes convictions et mes certitudes : »deux points » mon ignorance. Élevé en maçon, par un maçon , je pensais pouvoir tout comprendre et l'initiation a été la première épreuve révélatrice des instantanés d'une vie future. Et me voilà déjà à toucher la terre de mes mains, moi qui pensais ne plus mettre un genou au sol. De planches en planches, de rites en rites, d'écoute en mutisme j'y ai perçu que je ne savais qu'une chose... je ne savais rien... mais ça.... je le savais. Ce fût ma première leçon : l'humilité. Alors, en pleine période d'apprenti, est arrivée la colère - 2) La Colère > la pondération La colère... D'abord une colère sourde puisque muette, l'envie de parler, d'exprimer ce qu'au fond je pensais encore pouvoir prétendre à savoir. Peut-être un sujet profane qui m’intéressait, un sujet relatif à mon travail, mes passions ou mon expérience. Puis une colère de réalisation : d'autres avaient une même expérience, le même engouement pour les mêmes loisirs ou activités et avec de bien plus jolies formules ou de bien plus beaux enrichissements.... Il paraîtrait même que certaines personnes prennent l'avion et aient pu être mes clients bien involontaires. C'était intégrer que l'on puisse ne pas être en accord sans que l'un ou l'autre n'ait le moindre tord ou la moindre raison. C'était ma seconde leçon : la pondération. Mais alors ? Que pouvais-je donc faire de mon pauvre Confucius avec sa lanterne attachée dans de dos? J'ai réalisé qu'il existait une seconde dimension, que je ne pouvais encore calculer, une dimension intemporelle ou plutôt atemporelle: le présent n'était plus qu'un leurre, seuls futur et passé avaient une existence réelle et une dimension spatiale. N'est-il pas vrai que le miroir ne renvoie au présent avec une sévérité qui lui est propre , notre propre image du passé avec la célérité ? Au fond, ce qui n'était qu'un chemin linéaire plus ou moins sinueux, aimanté par des proches fraternels ou profanes devenait désormais une image de projection sur une aire d'accueil. Chaque intention, chaque action ou chaque réaction devenait un éclat au sol avec une multitude de possibilités, un mare de bonnes intentions, un lac d'amour. Je devais seulement choisir laquelle de ces projections je pensais être la meilleure mais cela, toujours solidement attaché par la main à mon second surveillant qui était, depuis le temps, un ami et un confident. Il était donc temps, selon ce même surveillant, de passer au grade supérieur et de passer avec à ma troisième leçon : le courage. - 3) L'expression > le courage Le courage pour la mise en place de l'expression, 3ème étape de mon deuil. On découvre que cette nouvelle liberté de parole n'est qu'un droit et implique un devoir. On commence à vouloir insérer ses pensées avec les autres et non plus seulement à les ajouter ou à les mettre en dessous ou au dessus des autres. C'est la finalisation de « trouver sa place et de la prendre » dans le sens symbolique. On hésite à prendre la parole, on se retient après un frère ou une sœur, on prend de plein fouet un nouvel apprentissage mais on se reprend, on se relève et on lève la main avec le regard fébrile sur le surveillant de colonne et nous nous levons imaginant nous élever par la même, de facon pragmatique la voix porte quand elle est surélevée. Les prises de parole se succèdent, la voix se fait plus claire, les idées avec et, ici ou ailleurs, à la maison comme en visite, ma place est partout et partout je m'y sens bien, dans une chaleur sûre et en sûreté comme dans mon foyer. Du courage à se projeter sur une surface, il fallait que je l'assoie, alors on continue donc ainsi quelques temps dans ce qui n'est plus: le temps car malgré 5 voyages au sein des 5 sens, on ne calcule plus, on ne voit pas le temps qui passe sous nos yeux. 4) La dépression > l'assurance Les mois se sont écoulés comme autant de grains dans un sablier et le sentiment dépressif finit par arriver dans cette 4ème portion. On pense systématiquement que le choix opté est, à priori, celui qu'il faut ou seulement le meilleur dans notre capacité mais aucune aptitude en tête pour nous aider concrètement, rien pour l'affirmer, rien pour l'avérer. Déjà on commence à imaginer qu'il faille faire un choix. On a une certaine impression de stagner, d'avoir au final une place dans le bâtiment et non sa place dans la loge. Presque à se contenter d'une certaine bienséance à être « bénèze » et on est bien, conforté dans ce confortable statut, de marbre à n'être que statue de sel dans cet état de dépression. Mais... Par analogie, en termes météorologiques, la dépression est déjà une forme de concentration des éléments, il ne s'agit donc pas d'un vide, c'est aussi un endroit où les vents sont forts et puissants, il ne s'agit donc pas de stagner, c'est un endroit qui rote sur lui-même dans une mouvance longitudinale toujours vers l'orient, pour ce qui nous concerne à l'occident en hémisphère nord. Fort de cette vision, le surveillant, toujours bienveillant est assurant, parfois même rassurant, m'a donné dans cette 4ème étape de deuil, ce pouvoir unique de voir au-delà des apparences et d'y croire. C'était donc ma 4ème leçon: l'assurance. Il était temps de passer la maîtrise. 5) L'acceptation > l'amour L'acceptation qui se définit active se présente d'abord passive : c'est en fait la réalité qui fait voir son réel visage ou son visage vrai. On aime ce qui n'est plus, sans regret ni remord. On voit ce corps allongé au sol les yeux vers moi, vers le toit du temple... Mais non... il ne s'agit pas d'un toit mais d'un ciel étoilé: le temple est inachevé ici aussi. Apercevoir la voûte céleste qui semble, malgré notre élévation, toujours aussi loin, son silence aussi, la parole se perd dans le vide, dans le noir, dans la mort. On aime cette plénitude, on la prend pour soi et on la modèle comme une pâte à pain pour en faire notre nourriture spirituelle à partir des milles grains de blé déjà assemblés. On plonge ses yeux vers le haut, toujours a rebours de nos convictions ou de nos certitudes. Entouré, cerné, englobé puis absorbé par tout et son contraire c'est le passage à la troisième dimension. Par cette dernière étape de mon deuil, celle qui fait face à la mort : on accepte le contraire, tous les contraires. On en tire une dernière leçon : l'amour ; parce que l'amour c'est la contradiction, l'opposition et l'affrontement. C'est tout ça, tout seul, ensemble ou l'un contre l'autre. L'autre en profane, l'autre fraternel mais aussi l'autre moi. Comprendre que la mort est une vie, que la vie est mortelle dès sa naissance m'a autorisé à accepter l'amour comme lien unique, comme lien indivisible, comme l'atome de l'être. On se refuse des chemins comme l'injustice qui lèse, l'iniquité qui déséquilibre ou la vengeance qui aveugle; des principes immoraux opposés aux fondements de notre république : liberté, égalité, fraternité. Humble à cette pensée, humilié par la réalité des faits, je tourne mes yeux au sol, je me retourne en terre, je garde en tête mon histoire de cœur et regarde encore ce corps étendu qu'il faudra relever par les points parfaits. C'est la mort d'Hiram pour moi qui rame à renaître encore. LA MORT D'HIRAM Si je me base aux quelques lignes lues dans la 4eme partie du Manuscrit Noël.: L’Alchymie du Maçon de 1813, je devrais me constituer les 4 êtres solaires pour faire l'alchimie de moi-même. Mais comment tirer du solaire ce que je dois creuser en terre et retourner? Alors j'ai décidé, une nouvelle fois, de faire abstraction de cette symbolique pour me créer ma propre méthodologie. Comme l'archéologue, je tirerai partie de la situation S au temps T pour adapter ma lumière personnelle, en dé-focalisant le faisceau d'une lumière trop aiguë. La mort d'Hiram me donne la clef, la clef d'une porte dangereuse ouvrant vers l'intérieur, peut-être même la clef d'une trappe au sol à l'ombre d'un acacia épineux. Comme un immense entonnoir virtuel avec à son sommet l'immensité de la voûte et pour seule sortie mon intérieur, l'intérieur de la terre. Poussé par Coriolis et Mercator je dois maintenant reprendre le chemin le plus court par où je suis arrivé mais ne pas faire marche arrière puisque j'ai 4 dimensions pour me déplacer. Un malaise quand-même à imaginer que mon chemin est sans fin, qu'il faudra toujours remonter mon boulet, en compagnie de Sisyphe, au haut de mon élévation. C'est Hiram qui me donnera la clef pour un déplacement quasi statique dans la 5eme dimension : l'amour. L'amour des autres, pour les autres et par les autres bien-sûr mais l'amour de soi, de moi, de mon ego, l'amour des lauriers du triomphe et des ronciers de la défaite sans succomber à ces deux menteurs - Rudyard Kipling le dirait mieux que moi, il a même, en « Somme », chèrement payé pour ça – Je me visite, je m'enfonce donc en moi, je m'enfonce dans la terre, dans la déesse Gé avec un G majuscule et arrive à ma genèse, au noyau de fer, un fer en constante fusion, brûlant et scarifiant avant même de pouvoir le toucher. C'est le vrai métal et le métal vrai que nous laissons à la porte du temple, si lumineux et si coloré, c'est celui que l'on aurait jamais soupçonné, que l'on ne connaît pas. C'est un soleil inscrit dans la lune, c'est la lumière spirituelle enfermée dans les ténèbres de la matière. Je fais face à lui comme on fait face à son miroir, je retourne la terre je ne m'occulte aucune réalité, n’éclipse aucune possibilité, ne m'interdis aucun symbole ni aucun outil. Ils sont tous mien, je les utilise comme je sens pouvoir le devoir. Je transforme ma matière, ils appellent ça alchimie mais il ne s'agit ni de mélanger les métaux ni de la terre noire du Nil. Il s'agit simplement de vibrations personnelles, de la théorie des cordes ; de l'universalisme de la corde à nœuds des maîtres-bâtisseurs, de ceux qui ont créé là ou il n'y avait rien, et pour moi, dans indivisibilité de l'être avec la force du chêne dans l'indivisibilité de l'atome de sa voie spirituelle. En conclusion : A mon entrée, le noir, la renaissance, la terre. J'ai été reçu avec l'ignorance de mon âge ; à ma sortie, le noir, le deuil, la voûte, j'en ai reçu la maîtrise d'un autre temps et l'histoire d'une vie. Un retour constant sur soi, un enfoncement vers soi dans un même vecteur ; une spirale concentrique, concentré sur soi, une spirale comme Dante aurait décrit l'enfer. C'est aussi un perpétuel échange, une nouvelle équation à deux nouveaux inconnus : « ego et alios », moi et les autres dont la représentation graphique serait le cheminement personnel et où, pour reprendre Platon, « L'homme est la mesure de chaque chose », l'inverse saurait aussi s'appliquer je pense. Un cheminement physique horizontal dans une continuité et parallèlement ou plutôt de façon orthodoxale une élévation spirituelle elle aussi dans une continuité. Voilà donc, ce qu'est devenu celui qui se présente aujourd'hui à vous : je suis le kayakiste qui rame, pour lui, dans le puissant torrent parce qu'il décide de se laisser porter mais non emporter par le courant. L'archéologue, qui gratte ce qu'il y a à mettre en lumière, enlève ce qui est faussé ou trompeur et laisse en place le juste nécessaire, non pour lui mais au nom de l'héritage des autres du passé, pour les autres au présent et dans l'avenir sans non plus rentrer dans le contrôle du destin ou dans de la psychogénéalogie. Je suis la montgolfière qui décolle du sol, se détache de la matière, se laisse porter par la chaleur contrôlée de son cœur au gré du temps mais retouche toujours la matière, un jour ou l'autre, loin des vents pour reprendre du souffle. Je suis cet arbre qui crée un équilibre entre ses racines et ses feuilles pour que ses fruits soient les meilleurs mais qui ne peut rien sans la lumière et les 4 éléments extérieurs. Je suis maintenant, celui qui ne reconnaît pas des grades comme des étapes mais admet son contrôle constant dans une certaine continuité avec des points de contrôle. Je suis maintenant et après, le fossoyeur d'Hiram, enterrant les souvenirs un peu trop noirs et déterrant les rêves un peu trop roses puisque chaque instant, chaque seconde deviendra un nouveau maintenant après avoir été un ancien après et je suis à la fois le gardien de la sépulture pour maintenir la matière à la place qui lui est due et pérenniser les idées qui lui sont propres. Aucun mot-valise ne saurait emmagasiner ou décrire tout ce que j'ai pu échanger et partager avec la maçonnerie. Modestement, je l'espère, je suis tout et rien, par et pour tous et personne. Décidément, je suis prêt à tout faire avec tout le monde mais surtout à ne rien faire comme tout le monde et ça, je sais le faire comme personne. C'est peut-être tout de même un peu ce qui nous est demandé à notre initiation. J'ai dit. D\ S\ |
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