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Francisco Ferrer Portrait d'un Libertaire et anarchiste franc-maçon Discours
prononcé par Hem Day à
l'université
de Bruxelles La pensée
et
l'œuvre de Francisco Ferrer se présentent sous de
multiples aspects, tous
généreux par leur noble ambition et leur
résonance étonnante. Les orateurs qui
jusqu'à présent m'ont
précédé a cette tribune comme tous
ceux qui me succéderont,
vous ont dit ou vous diront avec quelle ferveur, ils estiment l'homme,
le
penseur, le rationaliste, l'éducateur, le
franc-maçon, le radical, dont nous
célébrons le centenaire de la naissance (1859) et
le cinquantenaire de
l'assassinat (1909). Ces dates rappellent
à tous ceux dont le souvenir de F. ferrer reste encore
vivace, deux anniversaires qui s'incrustent dans les annales de la
pensée
libre. Ce n'est donc point là pour nous un simple
prétexte en vue de célébrer
la mémoire d'un homme si grand fut-il ? Cet enseignement, il
le voulait là, dans un pays où
l'éducation rudimentaire
même, se heurtait à toutes les
possibilités du progrès et au
développement
naturel de l'individu. Qu'il me soit en plus loisible au nom du libre
examen,
d'exalter l'idéal de F. Ferrer et de magnifier par la
même occasion la pensée
de celui que l'Eglise catholique romaine, associée
à l'Etat, n'hésita point d'immoler
indignement. Que l'on se
méprenne pas en réalité rien n'est
changé de nos jours, la pensée
reste persécutée, la censure use toujours de ses
prérogatives au nom d'une
morale falsifiée ou désuète et si ce
n'était la crainte des révoltes
spontanées,
mains individus, clans ou partis n'hésiteraient point
à recourir à
d'authentiques procédés inquisitoriaux pour
tenter d'empêcher la libre
expression de la pensée. Entre temps, un peu
partout, on assassine toujours, on condamne à des peines
infamantes, on emprisonne arbitrairement, on martyrise ceux qui veulent
énoncer
librement leur idéal. Il faut donc rester vigilant et
dénoncer sans trêve ni
repos les crimes qui sont en perpétuelle gestation
à l'ombre des Etats et des
cathédrales. Sachons donc,
découvrir les buts de son idéal qui de nos jours
encore est loin
, très loin d'être réalisé,
parce qu'incompris. Ferrer m'a souvent
répété,
disait son ami Alfred Naquet lors d'une conférence qu'il
donnait le 3 septembre
1909 que "le temps ne respecte pas les oeuvres à
l'édification desquelles
il n'a pas contribué. En fondant des écoles, il
croyait travailler plus
utilement à la transformation de la
société qu'en élevant des barricades
et
sans répudier les héros qui se font tuer sur
elles, il préférait parce qu'il la
croyait plus féconde, l'œuvre qui consiste
à faire des hommes à préparer la
révolution dans les cerveaux." Il visait, ajoutait
Alfred Naquet, "plus haut qu'un simple changement
politique." Tout ceci concourt
à affirmer que la pensée intime qui animait
l'idéal de F.
Ferrer pour l'élaboration de son œuvre ne peut
sous de vains prétextes, ignorée
ou passée sous silence. J'aimerais donc vous rappeler,
l'homme que fut cet
idéaliste en exprimait encore l'essentiel, peu de temps
avant d'être fusillé.
"Précisément,
la démence de ceux qui ne comprennent pas l'anarchie,
provient de l'impuissance
où ils sont de concevoir une société
raisonnable" Que l'on se
souvienne des critiques faites par l'auditeur
général relatives à
l'Ecole Moderne. Ces accusations
qui par certains côtés, ont un fondement,
étaient formulées cependant avec tant
d'arrières pensées et mêlées
à tant de partis pris, qu'il est indispensable
d'en préciser le caractère et pour cela cueillir,
ici et là , quelques écrits
où s'affirme avec une volonté l'idéal
qu'il ne cessait de valoriser. Anselmo
Lorenzo, qui a bien connu Ferrer et avec qui il a collaboré
au groupe "la
Huelga general" a montré dans une étude qu'il a
consacrée à son grand ami
et collaborateur comment F. Ferrer contribua au mouvement des
revendications
ouvrières en créant avec lui et quelques autres
ce journal périodique que fut
la Huelga general. Chez Ferrer la
pensée et le parole, les actes de sa vie et l'action pour
ses idées formaient
un tout indissoluble. Qui pouvait s'offusquer de cette franchise, qui
pouvait
s'indigner ? Ceux qui étaient incapables
d'apprécier la générosité
qui animait
cet être profondément anarchiste, ceux qui
restaient incapables de saisir la
grandeur de l'altruisme qui débordait de cet être,
prêt à tous les sacrifices
pour réaliser les rêves idéaux qu'il
portait en lui. Il est un phrase
que j'aime beaucoup rapporter : " Dieu ou l'Etat NON, la
grève générale
OUI ! " Ferrer exposait d'une manière fort logique toute la
valeur, toute
la force créatrice ou destructrice de la grève
générale en opposition avec les
luttes électorales et il concluait par une apologie de
l'action directe
consciente en invitant les anarchistes à faire comprendre
ces vérités à tous
ceux " qui croyaient à la panacée du vote comme
si c'était l'hostie qui
doit les porter au paradis. "F Ferrer affirmait encore que "
l'Emancipation complète des travailleurs ne viendra ni de
l'Eglise, ni de
l'Etat, mais de la grève générale qui
détruira les deux " (1901). Il est maintes
fois revenu à la charge et plus particulièrement
dans une autre étude "
l'hérédité
sociale " où il a dépeint le cortège
infini des privilèges exclusifs pour
dénoncer l'égoïsme des classes
spoliatrices. De cette spoliation favorisée par
une abominable série de forfaits Ferrer nous dit ce qu'il
pense et en conclue
ceci : L'idéal
de Ferrer, vous ne pouvez plus l'ignorer, il s'est préciser
à vous
tous, cet idéal vous devez vous rappeler qu'il a
été celui des écrivains et
penseurs tels que Proudhon, Godwin, Bakounine, Reclus, Kropotkine,
Malatesta,
Lorenzo, Rocker et combien d'autres. Hem Day (1959) |
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