La
Franc-maçonnerie ou Voyage au centre de
l’être
Visita
Interiora Terræ, Rectificando Invenies Occultum Lapidem.
D’emblée, le décor est
placé. Mais comment le postulant comprendrait-il,
lorsqu’il regarde, étonné,
l’acronyme V\ I\ T\ R\ I\ O\ L\ inscrit au mur obscur du
cabinet de réflexion, que la « démarche »
entreprise est alchimique, en quelque sorte une tentative de
transmutation individuelle accomplie au sein d’une
collectivité « d’individus »
poursuivant chacun pour eux-mêmes - collectivement - le
même but par des voies différentes ? Comment
comprendrait-il qu’il est, solitaire, aux prises avec
l’Œuvre au noir, premier acte d’une
individuation qui le conduira, s’il le souhaite, à
l’athanor - Œuvre au rouge - où il
retrouvera la Parole perdue ? Impossible.
Tous ceux d’entre nous qui avons enquêté
des profanes n’ont pu que très rarement percevoir,
dans l’expression maladroite de leurs motifs, une quelconque
intuition du sens de leur quête. Ils ne sont capables que
d’exprimer des banalités ; l’affirmation
confuse d’une croyance en Dieu, certes, mais sans trop savoir
expliquer le pourquoi et le comment, rejoignant en cela à
leur insu les propos de C.G. Jung : « …à
moins que quelqu’un n’en vienne à
l’idée bizarre de prétendre savoir avec
précision ce qu’est Dieu »
; (1) une idée vague de la fraternité, mais
aussi, souvent, le sentiment d’une frustration religieuse.
Peut-être celle de ne pas avoir perçu au sein de
leur Église baptismale les discours qui sortiraient du
formalisme et de la superficialité, incapables de susciter
au sein de la communauté ecclésiale une
participation active de leur âme (psyché). Car
c’est bien de cela qu’il s’agit.
Le dogme et la doctrine au sein des Églises ne doivent pas
être considérés uniquement
éléments de frustrations des libertés
individuelles, mais aussi, reconnaissons-le, comme une
nécessaire rampe sur laquelle s’appuie la
majorité des fidèles, une structure collective
destinée à ceux qui, sans quoi,
trébucheraient (le dogme de la Trinité, par
exemple, ne peut être raisonnablement remis en cause, au
risque de renier purement et simplement le christianisme - encore
conviendrait-il ici de remplacer le mot dogme par le mot mythe qui
correspondrait mieux à notre vision maçonnique -
cf. infra : Mythe & inconscient).
Les dogmes sont par conséquent les socles sur lesquels
s’édifient les doctrines, épines
dorsales des Églises. En revanche, le danger
réside en une projection intégriste et exclusive
d’une pratique religieuse dévoyée, en
une attitude dogmatique radicale qui soustrairait à
l’âme ses valeurs, car l’individu -
entendons par individu le profane qui un jour de sa vie vient frapper
à la porte de nos temples - souhaiterait inconsciemment
pouvoir participer à son expérience spirituelle
au sein de son Église, qui n’est devenue le plus
souvent hélas, selon la formulation de Kierkegaard,
qu’une institution de prêtres-fonctionnaires qui y
font carrière, réduisant les Écritures
à un prétexte à de belles
envolées rhétoriques devant un public assoupi,
une sorte de compagnie d’assurance pour
l’au-delà ; le postulant souhaite en effet
participer à la nourriture de son âme et,
à cet égard, met son espérance dans la
Franc-Maçonnerie, cette fraternité
d’hommes dont il ne connaît rien,
évidemment.
Rappelons ici la doctrine de Maître Eckhart qui met en
exergue le thème de l’archétype (nous y
reviendrons) en ceci que l’âme se rattache
à l’essence divine par son point le plus intime,
où est situé son archétype
éternel, désigné par le dominicain
comme point central de l’âme, la
« lumière »
ou « étincelle ».
Dès lors, notre postulant potentiel, responsable de la
construction de son propre temple intérieur, est de facto un
cherchant- il cherche la lumière-, prêt
à une quête de son archétype,
prêt à remplir le vide de son âme et
mettre « tout Dieu dedans »
et non « tout Dieu dehors ».
Cette vision
repose essentiellement sur le concept de la
régularité. Or, nous connaissons tous
l’importance du Volume de la Loi Sacrée (VDLS),
l’une des trois lumières de la
Franc-Maçonnerie, témoignage écrit de
la Tradition sans distinction d’appartenance religieuse. La
franc-maçonnerie étant d’essence
occidentale, il se trouve ainsi que ce Volume soit la Bible. Il
pourrait en être autrement sans que la
régularité en soit altérée
(le Coran par exemple). Rappelons brièvement ce
qu’est la régularité :
« Le premier point de la
régularité est la croyance au Grand Architecte de
l’Univers et en Sa volonté
révélée (…) La
révélation ainsi perçue
n’appartient pas spécifiquement à une
religion déterminée (…) Le pasteur
Anderson l’a parfaitement formulé dans ses
Constitutions en désignant le franc-maçon comme
noachite » (2).
Cette formulation peut paraître réductrice. En
effet, la révélation est essentiellement un
concept issu de l’arbre abrahamique et ne concerne en fait
que le judaïsme, le christianisme et l’islam, toutes
trois religions révélées incluant la
transcendance (Moïse, le Christ, Muhammad), elle impliquerait
de ce fait davantage un aspect théiste que
déiste. Il est clair que la notion spirituelle de G\ A\ D\
L\U\ n’est pas la même dans les trois religions des
Livres (ancien et nouveau Testament, et Coran) que dans les Upanishad
ou tout autre expression livresque de doctrines orientales
qu’il ne convient pas d’analyser dans le cadre de
cette étude. Disons par exemple qu’il y a fort
à parier que si l’Angleterre
n’était pas allé coloniser
l’Inde pendant un siècle, la
Franc-Maçonnerie n’y existerait pas.
Névrose, motivations psychologiques du postulant et
individuation.
Nous pensons que le désir inconscient d’une
quête spirituelle à l’origine
d’une volonté d’adhésion
à une organisation initiatique comme la
Franc-Maçonnerie est de l’ordre de la
« névrose consciente ».
Entendons-nous bien. Il convient ici de se garder de toute
ratiocination hasardeuse, de modérer nos propos et
d’observer prudemment les caractères apparents de
la névrose - même légère -,
autrement dit ne pas se limiter à une définition
lapidaire de cette forme de psychopathie. Sous forme de boutade, nous
pourrions dire que le Maçon est un « névrosé
qui ne s’ignore pas », alors
que la plupart des individus, femmes ou hommes, que nous rencontrons
sont des « névrosés
qui s’ignorent ». Rares en
effet sont les êtres qui peuvent prétendre
à un parfait équilibre psychique.
La névrose est un état obsessionnel inconscient.
Les divers états névrotiques - même
légers répétons-le -
présentent des caractères et des troubles communs
se traduisant par des malaises psychiques et sociaux, des manques de
maturité affective (réactions inconscientes aux
situations professionnelles, familiales, etc.), névroses
d’angoisse ou autres dues à des facteurs
endogènes psychiques (éducation, conditions de
vie, circonstances extérieures, etc.). Ils se traduisent par
un besoin de rechercher une sorte de refuge où
réfléchir et agir tels que C.G. Jung les
définit lorsqu’il aborde la question des
sociétés secrètes :
« Ces identités collectives,
(…) des béquilles pour les paralytiques
(…) mais tout autant (…) un but glorieux et
ardemment escompté pour ceux qui ont erré et qui
sont déçus… »
(3).
On doit se garder ici d’assimiler les termes de
sociétés secrètes et de
Franc-Maçonnerie, les unes n’ayant
évidemment rien à voir avec l’autre,
sinon qu’elles réunissent des groupes
d’hommes menant une quête commune. Reconnaissons
ici que nos ateliers sont des cellules où chacun
d’entre nous se ressource, se reconstruit, exerce pour
soi-même ce processus d’individuation par lequel un
être est supposé devenir un « individu »
psychologique, c’est-à-dire une unité
autonome, une totalité ; c’est une voie qui nous
invite à devenir un être réellement
individuel ; un retour à notre unicité la plus
intime.
L’individuation n’exclut pas l’Univers,
elle l’inclut (« Dieu tout dedans »
selon Maître Eckhart) (4). L’individuation,
considérée comme désir d’un
approfondissement de la connaissance de soi, est une entreprise
individuelle, difficile, longue. Ce désir
métaphysique est intrinsèquement lié
à une réaction contre la déviation
épistémologique de notre monde en devenir,
orienté vers le matérialisme, succube de
l’âme, créateur d’angoisse.
L’ère gothique, transcendantale, celle
où l’âme était incluse dans
la matière, l’esprit dans la pierre des
cathédrales, était une symbiose entre la
substantialité de l’esprit et celui de la science.
Le postulant est un nostalgique de cette époque
révolue, cherchant la voie d’un retour vers
l’esprit. Nous sommes en présence d’une
dualité Matière-Esprit.
Rappelons à cet égard le symbolisme des diverses
positions successives du compas et de l’équerre
sur l’autel des serments. L’équerre,
symbole de la matière, est placée au-dessus du
compas, symbole de l’esprit, au premier degré ;
les deux lumières maçonniques
s’entrecroisent au deuxième degré,
évocation d’un début de modification
dans l’ordre des valeurs, ébauche d’un
retour de la suprématie de l’esprit sur la
matière, réalisée au
troisième degré.
La névrose est directement liée à
l’angoisse. L’angoissé cherche
désespérément ses repères,
il cherche à donner à sa vie le sens qui lui
manque. Combien de fois n’avons-nous pas entendu :
« J’ai réussi ma vie
professionnelle, mais le reste est une faillite… »
? L’homme souffre souvent de
déséquilibres psychiques dans lesquels il
s’enferme, faute de pouvoir trouver une porte de sortie vers
un plan supérieur qui lui ouvrirait l’esprit,
où il pourrait se développer en une
personnalité plus vaste. Kierkegaard parle de
l’angoisse comme « grand
privilège de l’homme »
face à son pouvoir manifesté par le
phénomène de la transgression et
exprimé dans le mythe d’Adam, dont
l’innocence se trouve face à l’immense
possibilité de ce pouvoir ; l’angoisse est
provoquée par l’interdiction et par la menace du
châtiment ; elle devient alors le vertige de la
liberté, une liberté prisonnière du
désespoir. Et le Danois d’imaginer cette formule
descriptive de l’état du moi lorsque le
désespoir en est entièrement extirpé :
« en s’orientant vers
lui-même, le moi plonge, en voulant être
lui-même, à travers sa propre transparence, dans
la puissance qui l’a posé »
(5). Se crée alors chez l’individu le
désir d’une psychologie de
l’âme, volonté reposant sur le postulat
d’un esprit autonome. Cette démarche et sa
réalisation représentent un effort individuel
persévérant.
Imago Dei et archétype.
Comme nous venons de le voir plus haut, avec Maître Eckhart
nous retrouvons l’Imago Dei (image de Dieu), produit de
l’inconscient, laquelle, d’un point de vue
psychologique, doit être comprise comme symbole du Soi, de la
totalité psychique. Nos travaux sont ouverts à la
Gloire du Grand Architecte de l’Univers, le Volume de la
Sainte Loi symbolisant Sa présence dans l’espace
sacré, constitué dans nos ateliers entre
l’ouverture et la fermeture des travaux. Jung, toujours,
s’exprime de façon claire sur ce sujet :
« Ce n’est qu’au moyen
de la psyché que nous pouvons constater que la
divinité agit sur nous ; nous sommes cependant incapables de
distinguer si ces efficacités proviennent de Dieu ou de
l’inconscient, c’est-à-dire que nous ne
pouvons trancher la question de savoir si la divinité et
l’inconscient constituent deux grandeurs
différentes. Tous deux sont des concepts limites pour des
contenus transcendantaux. Mais on peut constater empiriquement
qu’il existe dans l’inconscient un
archétype de la totalité (…) une
tendance indépendante du vouloir conscient qui vise
à mettre d’autres archétypes en rapport
avec ce centre ». On comprend ici le
rapport étroit entre la présence de la
divinité dans la loge, symbolisée par le Livre,
et l’intime perception du surconscient (6) du sentiment de
l’individu devant Mystère de Dieu.
Mystique et Initiation
Nous devons différencier ici la mystique de
l’initiation, sans pour autant rejeter l’une par
rapport à l’autre, - comme le fait à
tort, à notre avis, Umberto Eco dans son monumental
pavé : « Le Pendule de Foucault »
(7) où transparaissent à
l’évidence les pensées de Julius
Évola -, mystique et initiation qui, chacune, à
sa manière, tendent à une perception du divin,
donc du surconscient. La mystique est une coruscation
illuminée, fugitive ; l’initiation une
quête longue et persévérante, mais le
but de la totalité psychique - est le même. Notons
au passage que le mystique païen n’a rien
à envier au mystique chrétien, la mystique
étant d’ordre supra-humain, à ceci
près toutefois que les références du
mystique sont liées aux racines religieuses et
environnementales du sujet et à l’influence de
celles-ci sur son surconscient.
Mythe et inconscient
Il convient en effet de réfléchir sur le
rôle du mythe dans l’inconscient. Expression
métaphorique connue des temps les plus reculé, le
mythe est une sorte de psychodrame dont les acteurs
représentent les différents aspects inconnus de
nous-mêmes. Il nous invite tout au long du
déroulement de l’action à une prise de
conscience progressive. Le mythe n’est pas une fin en soi,
mais un fil conducteur vers notre inconscient, la suggestion
d’une méditation sur nous-mêmes sous la
forme d’une voie, d’une structure
d’idées qui proposerait une adaptation non plus
à l’ambiance, mais au sens de la vie ; une
évasion vers la sortie d’une
déréliction psychique, créatrice
d’angoisse, et qui nous envahit.
La pluralité des rituels a évidemment pour objet
d’adapter chaque idiosyncrasie au système
maçonnique dans son ensemble, mais le sens du mythe reste le
même. Le postulat - nous l’avons vu plus haut -
consiste à admettre que l’individu est a priori
dans les ténèbres psychologiques (mythe de la
chute - Ge. III 1/24)). Toute évolution
ultérieure à cette situation ne peut que le
conduire hors de celle-ci. Adam symbolise l’intellect,
c’est-à-dire la capacité propre
à l’homme d’agir sur le monde
extérieur, de l’adapter à ses besoins,
différent en cela de l’esprit, capacité
de s’orienter essentiellement dans le monde
intérieur et face au sens de la vie. Le mythe de la chute
symbolise la prise de pouvoir de la matière sur
l’esprit :
- « Que venons-nous faire en loge ? -
Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de
nouveau progrès en franc-maçonnerie
». (8)
- « Quels sont les devoirs d’un
franc-maçon ? - Fuir le vice et pratiquer la Vertu ».
Considérant la totalité de son fonctionnement
psychique, l’homme est à la fois faible et fort.
Il sera plus fort que faible dans la mesure où son
élan évolutif le portera à devenir
pleinement conscient de lui-même, à comprendre
tant les intentions de la surconscience éthique que les
intentions pathogènes du subconscient.
Mythe d’Hiram et Prologue
L’ensemble des structures initiatiques de la
franc-maçonnerie, à l’exemple des
« mystères »
de l’Antiquité, ont pour but de raviver
l’émotion devant le Mystère de
l’harmonie universelle, à laquelle
l’homme, pour son bien essentiel, doit s’incorporer
par auto-harmonisation (on s’initie soi-même),
d’où s’en suit le sentiment
d’éthique immanente. Il faut se garder ici de
toute conceptualisation logique de la nature de Dieu, comprendre que le
Grand Architecte de l’Univers (Dieu) doit être pris
comme symbole innommable du Mystère absolu, non pas
considéré comme Entité, Substance ou
Personne, mais comme abstraction, comme vacuum. La tradition
judaïque nous enseigne que le « Nom
de Dieu » (Y-H-W-H) ne doit jamais
être prononcé, sous peine d’une
personnification qui, l’anthropomorphisant, lui retirerait sa
signification d’harmonie infinie du silence (abomination
salomonienne : tu ne prononceras pas le « Nom
de Dieu » en vain). L’image
même de Dieu se trouve incluse dans l’homme (Dieu
tout dedans). « Seul existe le
mystère immanent de l’existence :
l’organisation harmonieuse de l’univers et
l’émotion humaine devant cet aspect
mystérieux auquel participe tout ce qui existe vraiment,
être et chose » (9). Dieu est
le reflet de la non-existence absolue.
Dans cet esprit, revoyons le mythe d’Hiram. C’est
une fable qui met en scène une situation psychodramatique en
relation avec le Prologue lu dans sa version mythique. Paul Diel en
effet nous éclaire à cet égard : selon
lui, il conviendrait de se livrer à une lecture du Prologue
différente de celle proposée dans la Bible,
laquelle - toujours selon lui - conduit le lecteur à une
interprétation dogmatique du texte. Diel propose une
interpolation de l’ordre des phrases qui lui restitue son
sens mythique par déplacement du verset 6 après
le verset 18. Nous faisons figurer en annexe les deux textes biblique
et mythique parallèlement l’un à
l’autre. Il nous a paru intéressant de soumettre
la comparaison des deux lectures du Prologue qui met en valeur son sens
mythique - maçonnique - uniformément recevable
par tous, sans distinction confessionnelle ; elle permet en plus au non
chrétien de prendre conscience de la dimension spirituelle
de ce texte biblique (et maçonnique) fondamental :
Comparaison selon Paul Diel de l'ordre d'une lecture du Prologue de
l'évangile de Jean dans sa version dogmatique selon le
Nouveau Testament, et selon un ordre mystique.
Version dogmatique
|
Version mystique
|
(1) Au commencement
était la parole (Verbum = Vulgate, logos =
l’évangile de Jean fut originellement
écrit en grec) et le Verbe était
auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.
|
(1) Au commencement
était le Verbe et le Verbe était
auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.
|
(2) Il était au
commencement auprès de Dieu.
|
(2) Il était au
commencement auprès de Dieu.
|
(3) Par lui tout a paru, et
sans lui rien n’a paru de ce qui est paru.
|
(3) Par lui tout a paru, et
rien sans lui n’a paru de ce qui est paru.
|
(4) En lui était la
vie et la vie était la lumière des hommes.
|
4) En lui était la
vie et la vie était la lumière des hommes.
|
(5) et la lumière
brille dans les ténèbres et les
ténèbres ne l’ont point saisie.
|
(5) et la lumière
brille dans les ténèbres et les
ténèbres ne l’ont point saisie.
|
(6) Il y eut un homme
envoyé de Dieu et son nom était Jean.
|
(6) Il était dans
le monde, et le monde par lui a paru et le monde ne l’a pas
connu (10).
|
(7) Il vint en
témoignage pour témoigner au sujet de la
lumière, afin que tous par lui fussent amenés
à la foi.
|
(7) Il est venu chez les siens
et les siens ne l’ont pas accueilli (11).
|
(8) Celui-là
n’était pas la lumière, mais il devait
témoigner au sujet de la lumière.
|
(8) Mais à tout
ceux qui l’ont reçu, il a donné le
pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui ont foi en
son nom, (12).
|
(9)
C’était la lumière, la
véritable, qui illumine tout homme en venant dans le monde.
|
(9) qui ne sont pas
nés du sang ni d’un vouloir de chair, ni du
vouloir d’un homme, mais de Dieu (13).
|
(10) Il (le Verbe)
était dans le monde, et le monde par lui a paru, et le monde
ne l’a pas connu.
|
(10) Et le Verbe est devenu
chair et il a dressé sa tente parmi nous, et nous avons
contemplé sa gloire, gloire que tient son père de
son fils unique, plein de grâce et de
vérité (14).
|
(11) Il est venu chez les
siens et le siens ne l’ont pas accueilli.
|
(11) Car de sa
plénitude nous avons reçu grâce pour
grâce. (16).
|
(12) Mais à tous
ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir
de devenir enfants de Dieu, à ceux qui ont foi en son nom.
|
(12) Car la Loi a
été donnée par Moïse, la
grâce et la vérité sont venues par
Jésus-Christ. (17)
|
(13) qui ne sont pas
nés ni du sang ni d’un vouloir de chair, ni du
vouloir d’un homme, mais de Dieu.
|
(13) Dieu, personne ne
l’a jamais vu, le Fils unique qui est dans le sein du
Père, celui-là l’a fait
connaître. (18)
|
(14) Et le Verbe est devenu
chair, et il a dressé sa tente parmi nous. Et nous avons
contemplé sa gloire ; gloire comme celle que tient de son
père un fils unique plein de grâce et de
vérité.
|
(14) Il y eu un homme
envoyé de Dieu et son nom était Jean. (6)
|
(15) Jean témoigne
à son sujet et n’a cessé de crier :
« C’est celui dont
j’ai dit : Celui qui vient après moi a
existé avant moi, car avant, il était ».
|
(15) Il vint en
témoignage, pour témoigner au sujet de la
Lumière afin que tous par lui fussent amené
à la foi (7).
|
(16) Car de sa
plénitude nous avons reçu et grâce pour
grâce.
|
(16) Celui-là
n’était pas la lumière, mais il devait
témoigner au sujet de la lumière. (8)
|
(17) Car la loi a
été donnée par Moïse, la
grâce et la vérité sont venues par
Jésus-Christ.
|
(17)
C’était la véritable lumière
qui illumine tout homme venant en ce monde. (9)
|
18) Dieu, personne ne
l’a jamais vu, le fils (unique qui est dans le sein du
père, celui-là l’a fait
connaître.
|
(18) Jean témoigne
à son sujet et n’a cessé de crier :
« C’est celui dont
j’ai dit : Celui qui vient après moi a
existé avant moi, car avant moi, il était ».
(15)
|
Les chiffres en italique
à la fin de chaque case de la colonne de droite
ramènent au chiffre des cases de la colonne de gauche.
|
Ainsi :
- Le
Maçon que nous pleurons est celui qui nous
éclairait…
- Au commencement était le Verbe…en lui
était la lumière des hommes…
Au début de la « légende »,
nous sommes avant la « chute »
; l’ordre, l’harmonie et la
sérénité règnent sur le
chantier (hiérarchie pyramidale, division des ouvriers par
classe ; l’existence du monde est inséparable de
son organisation). Dans le Prologue, le Verbe et la lumière
illuminent le cosmos (subconscient). Après
l’assassinat d’Hiram, nous sommes
plongés dans les ténèbres ; Adam a
déjà croqué le fruit de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; Lucifer
apparaît en filigrane, la Genèse sous-entend
l’avènement de la souffrance pathologique qui
apparaît avec l’être conscient
(conscience du crime, de la transgression). « Le
Verbe (Dieu) symbolise l’acte créateur,
organisateur ; au niveau humain, l’organisateur du
fonctionnement psychique (…) de sa
réalité psychologique »
(10).
- Il (Hiram) a péri par le plus
détestable des crimes…(la lumière est
éteinte).
- Et la lumière brille dans les
ténèbres et les ténèbres ne
l’ont point saisie…
Mais l’esprit d’Hiram, mort assassiné,
perdure dans les ténèbres ; il cesse
d’être instinctif pour devenir directif (celui qui
dirige) et subconscient. On assiste à un refoulement de
l’appel de l’esprit. La « lumière
qui brille dans les ténèbres »
est la vérité éternelle qui ne
parvient plus à s’imposer, car le subconscient, le
refoulement, s’opposent à
l’émergence et à l’influence
du subconscient.
- Le sage roi Salomon avait conçu le pieux dessein
d’élever au Grand Architecte de
l’Univers un temple, où seul il recevrait
l’encens des hommes…
Le roi Salomon n’est pas ici le personnage historique,
contestable, de l’ancien testament, mais un symbole du Bien,
personnage mythologique supra-humain, dont il est
l’exécuteur.
- Hiram, savant dans tous les arts et spécialement dans
l’architecture et dans le travail des métaux, fut
envoyé à Salomon (…) pour conduire
cette entreprise…
- Il y eut un homme envoyé de Dieu son nom était
Jean…
Qui envoya Hiram à Salomon ? : Dieu (le Verbe). Nous
retrouvons ici un sens caché commun à toutes les
mythologies où le Créateur (Dieu) et le Juge
(Salomon) unis en un seul symbole - le Verbe - signifiant le
mystère de l’existence. Le temple devient alors le
centre (la chambre du milieu), le lieu du subconscient
(l’encens des hommes).
Voyons ici une annonciation de l’esprit
prophétique davantage conforme à une lecture
mythique du texte qui nous dit : « Soyez
les prophètes de votre propre vie ! »
En effet, Hiram mort, nous sommes conviés à
l’achèvement psychique de la construction du
temple, de notre Soi, de notre archétype, à une
rencontre avec le Mystère. Nous sommes conviés
à nous prendre en main. Souvenons-nous ici des mots de Jung
: « Auparavant, les choses
m’arrivaient; maintenant c’est moi qui veut »
(11). Ou bien encore : « Tandis que celui
qui nie s’avance vers le néant, celui qui
obéit à l’archétype suit les
traces de la vie jusqu’à la mort. Certes,
l’un et l’autre sont dans l’incertitude,
mais l’un va à la rencontre de son instinct tandis
que l’autre marche avec lui »
(12).
- Hiram (…) maintenait encore les esprits
révoltés (…) lorsque trois compagnons
formèrent l’horrible projet d’arracher,
de gré ou de force, les Mot Sacré des
Maîtres.
- Celui qui
dit être dans la lumière tout en ayant de la haine
pour ses frères… Les
ténèbres ont aveuglé ses yeux
(première épître de Jean (II/8).
Les trois compagnons haineux : ignorance, fanatisme et ambition,
représentent les pulsions inconscientes,
incontrôlées. L’assassinat
d’Hiram est une transgression involutive, forme
négative des intentions du psychisme ; c’est le
fruit défendu du jardin d’Eden, le feu de
Prométhée.
À la fin de la légende d’Hiram,
après que le récipiendaire a
été relevé par les cinq points
parfaits de la maîtrise, le V\ M\ annonce joyeusement le
retour de la lumière :
- Le M\…est retrouvé et il reparaît
aussi radieux que jamais ! C’est ainsi que tous les MM\
Maç\ affranchis d’une mort symbolique, viennent se
réunir avec les anciens CC\ de leurs travaux et que, tous
ensemble, les vivants et les morts, assurent la
pérennité de l’Œuvre !
- Mais à tous ceux qui l’ont reçu (le
Verbe), il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu.
La voie de l’harmonie intérieure est
désormais tracée. Le déroulement
même de la cérémonie revêt
une signification symbolique qu’il convient de ne pas ignorer
: La loge est désorientée; elle est tendue de
noir; un épais rideau noir isole le
De’b’ir de l’Ehal ; le Delta à
l’orient reste allumé, mais n’est plus
visible, l’Étoile Flamboyante à
l’occident est faiblement éclairée;
l’emplacement des trois colonnettes a changé ; le
V\ M\ n’occupe plus la chaire du roi Salomon mais est
installé à une table au pied des marches de
l’orient. Cette disposition correspond à
l’image du chaos psychique dans lequel se trouve celui qui
recevra la lumière quelque temps plus tard.
Nous remarquons ici qu’un même personnage peut
recouvrir deux significations antithétiques. Le
« rôle »
joué par le V\…M\…se situe
à deux niveaux :
a) la
présidence de l’atelier (Salomon dans sa chaire).
b) un des trois assassins d’Hiram, en fait celui qui
achève l’architecte.
Nous nous apercevons enfin que les lectures analogiques du Prologue,
dans son sens symbolique, et celle du mythe d’Hiram,
présentent des correspondances flagrantes. Certes, aucun
miracle ne s’accomplira sans la volonté auquel
l’âge du grade (sept ans et plus…) donne
sa valeur et sa portée. Une nouvelle lumière
éclaire l’inconscient. Siècle des
Lumières et Franc-maçonnerie.
L’humanisme se développe au début du
18° siècle principalement en Angleterre
où la Royal Society joua un rôle
éminent. Dans ses Lettres philosophiques, Voltaire
écrivait : « Tout prouve que
les Anglais sont plus philosophes et plus hardis que nous. Il faut bien
du temps pour qu’une certaine raison et un certain courage
franchissent le Pas-de-Calais ».
Constatons le parallèle chronologique entre cette nouvelle
« voie royale de
l’intelligibilité »,
purement anglaise, et la création (purement anglaise elle
aussi) de la franc-maçonnerie spéculative de
1717. L’historicité de la
Franc-Maçonnerie est ainsi intimement liée
à celle de l’humanisme du Siècle des
Lumières, générateur de rationalismes
postérieurs comme le positivisme d’Auguste Comte,
ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. En effet,
l’humanisme pris au pied de la lettre est une doctrine
philosophique qui place l’homme et les valeurs humaines
au-dessus des autres valeurs y compris celle du Mystère.
Or, le symbolisme, tel qu’il doit être compris dans
la démarche mythique de la Franc-Maçonnerie,
place justement l’homme devant le Mystère. En
fait, le paradoxe n’est qu’apparent. Isaac Newton,
membre de la Royal Society, elle-même indirectement
liée à la Franc-Maçonnerie
(souvenons-nous de B. Franklin, à la fois membre de cette
institution et Maçon), auteur des « Principes
mathématiques de la philosophie naturelle »,
introduit le concept de « Démiurge »,
« l’Horloger »,
expliquant le fonctionnement de l’Horloge-Monde à
partir des lois immanentes et non pas transcendantes de
l’univers, monde fabriqué une fois pour toutes et
sans intervention ultérieure. Ce qui est
précisément le Mystère.
Il serait niais et stérile de réfuter en bloc
l’héritage des Lumières. Mais force est
de reconnaître que les doctrines philosophiques qui en
découlèrent (positivisme, structuralisme,
physicalisme, etc.) se sont évertuées
à démontrer vainement
l’indémontrable.
La Franc-Maçonnerie, pourquoi ? Le développement
de notre thèse nous invite à
réfléchir au bien-fondé
d’une démarche correctement comprise et
pratiquée au sein de notre organisation. Quelle que soit
l’époque, toute société a
creusé sa tombe pour s’y coucher une fois morte.
Une éternelle palingénésie fait
renaître le Phœnix de ses cendres
jusqu’à ce que, à nouveau, il
s’effondre et implose. Sir Thomas More écrivait
déjà au 16° siècle dans son
Utopie : « Que faites-vous donc, je vous
le demande, que de fabriquer vous-mêmes les voleurs que vous
pendez ensuite ? » Nous nous fabriquons
voleurs pour nous pendre ensuite, comble de l’absurde.
Bateaux ivres sur l’océan de la vie, nous ne
sommes souvent plus capables de trouver le bon cap.
Notre
frère J\ S\ dans son « Histoire
de l’Utopie » (13) soulignait
avec justesse : « À quoi bon
bâtir, philosopher, rêver, prier si
l’homme n’est pas le but suprême de toute
démarche et son bonheur sur terre mal assuré
». La question se pose alors de savoir en quoi consiste le
bonheur de l’homme. La prédominance de la
matérialité de notre siècle
oblitère le vrai sens de la vie sans tenir compte de
l’inter-influence constante entre les deux
phénomènes existants : esprit et
matière, et conduisant au renversement du rapport
survalorisant la matière et rendant inutile
l’approfondissement épistémologique (ou
Théorie de la Connaissance) instituant une croyance en une
Matière absolue, à la place d’un Esprit
absolu, fondant ainsi de fausses bases à toute tentative
d’explication. Et cela reste l’origine
même de la névrose dont nous parlions au
début de cet exposé.
Dans toutes les traditions, le carré a
été le symbole de la matière, le
cercle, celui de l’esprit. Dans notre tradition
maçonnique, le carré est
l’équerre, le compas, le cercle. Passer de
l’équerre au compas pour “être
relevé plus radieux que jamais” est
réaliser cette transmutation de la matière
à l’esprit. La trinité
maçonnique prend alors toute sa valeur symbolique. La
dualité Esprit/Matière
(Compas/Équerre) se fond dans le Verbe (V\ D\ L\ S\) pour se
reconstituer en un seul et unique élément :
« Un le tout ».
L’homme debout (relevé) est symboliquement
rétabli dans sa totalité psychique.
Vanité
des vanités, tout est vanité, dit
l’Ecclésiaste ; le serpent du Jardin
d’Eden la symbolise. Cette vanité aveugle
l’homme et l’entraîne dans un cul-de-sac,
sur un chemin qui ne le mène nulle part. Afin que sa vie ne
reste pas un « grouillement
d’intentions obscures »,
l’être humain doit accéder à
la clairvoyance de lui-même, doit procéder
à un retour essentiel sur ce qu’il est :
comprendre le sens même du cogito ergo sum, ne pas se limiter
à dire : « je pense donc je
suis » mais se penser lui-même,
réaliser que l’important n’est pas de
savoir qu’il est, mais qui il est, et,
d’étape en étape (les degrés
successifs de l’initiation), de s’élever
de façon évolutive jusqu’à
l’homme, de construire l’édifice des
valeurs (le Temple) aboutissant au niveau supérieur de
l’esprit humain.
Le faux jugement porté inconsciemment sur soi-même
conduit à une survalorisation (ou sous valorisation) de soi
et au chaos. La vérité subconsciente
occultée par la vanité illusoire, peut
être découverte, et la satisfaction intense de
soi-même n’est plus vanité, mais devient
sérénité, ordre (Ordo ab Chao). Le
surgissement de la culpabilité au regard
intérieur, à l’introspection, est, elle
aussi, créatrice d’angoisse ; la
découverte de son fantôme (de son ombre) peut
devenir traumatisante sur l’instant, mais c’est le
prix de la plénitude.
Il faut être clair cependant. L’analyse de
l’aspect psychologique de la démarche
maçonnique, telle que nous avons tenté de la
démontrer, n’a jamais
représenté en soi une forme de
thérapie particulière soignant les troubles
mentaux, les déséquilibres psychopathiques ou les
dépressions profondes. Mais l’espace
sacré, constitué pendant la durée des
travaux, est pour beaucoup une « aire de
repos », un espace clos où se
confinent ceux qui poursuivent une quête semblable, une forme
inconsciente de regresus ad uterum (de retour dans la
matrice)…un but glorieux et ardemment escompté
pour ceux qui ont erré et qui sont
déçus (c.f. supra). Gardons-nous bien cependant
d’hypostasier l’irrationnel comme beaucoup de
dérives nous y invitent ! Restons les pieds sur terre !
La loge devient alors une vraie fraternité
d’hommes ayant « laissé
leurs métaux à la porte du temple »
(l’ensemble de leurs pulsions inconscientes, de leurs
angoisses, de toute forme d’inhibitions psychologiques, aussi
bien de toute apparence sociale falsifiée).
À mi-chemin entre le zénith et le nadir, dans une
position équidistante des quatre points cardinaux, devant
les trois grandes Lumières que sont le Volume de la Sainte
Loi, le Compas et l’Équerre, sous le regard muet
de l’Œil inséré dans le
Triangle, quinte partie de l’Étoile flamboyante,
muni des outils symbolisés devenus ceux des
bâtisseurs d’âmes, l’homme est
invité à réfléchir.
Le Mystère est devant soi, ad vitam eternam. Aucune
équation ne démontrera jamais
l’existence de Dieu, ineffable sentiment au plus profond de
soi-même, vision fugitive de la pierre caché
annoncée dans le cabinet de réflexion. Sans
relâche, sans relâche : Visita Interiora
Terræ, Rectificando Invenies Occultum Lapidem !
Note :
1) C.G. Jung, L’Homme à la découverte
de son mee – Ed. Albin Michel ; Paris 1987 p. 9.
2) Frédérick Tristan, Travaux de la loge
nationale Villart de Honnecourt, N° 24, 1° semestre
1992, pp. 190 et suivantes.
3) C.G. Jung, Ma Vie, collection folio 1973, p. 139.
4) C.G. Jung, Les racines de la Conscience, Ed. Buchet Chastel, Paris
1971.
5) S. Kiekegaard, Traité du Désespoir, Ed.
Gallimard/folio 1949, p. 63.
6) « Partie divine de l’esprit
humain », Paul Diel in Le Symbolisme dans
la Bible, Ed. petite bibliothèque Payot 1996.
7) U. Eco, Le Pendule de Foucault, Ed. Grasset, col. Livre de poche,
1990, p. 268.
8) Rituel officiel du R\ E\ A\ A\ à la G\ L\ N\ F\ et
à la G\ L\ F\, ouverture des travaux au grade
d’apprenti.
9) Paul Diel, La Symbolique dans la Bible, Ed. petite
bibliothèque Payot, page 54.
10) ibid.
1)1 Ma Vie – op. cit. p. 52.
12) ibid – p. 348.
13) Jean Servier, Histoire de l’Utopie, Coll.
Folio/Idées – Gallimard 1967.
Par le V\F\
M\ W\
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