Houzze Houzze Houzze
Voici un sujet
d’étude rarement abordé et qui m’a
permis de chercher loin et longtemps avant de coucher ces quelques
lignes sur
le papier. Cette fameuse « acclamation
écossaise » est pourtant
entonnée à l’ouverture et à
la fermeture de nos travaux, je dirais même qu’elle
est un symbole, invisible, certes, mais sans elle nos tenues
n’auraient plus la
même saveur.
Mais
d’où-
vient-elle, que signifie-t-elle ? Ont la dit
écossaise, est-ce le
cas ? Je
vous invite à me suivre
dans un périple qui va nous faire voyager
dans le temps et
dans
l’histoire, remontant jusqu’aux sources de la
Tradition !
Quel que soit le rite
pratiqué par une loge, une batterie
d’allégresse et une acclamation ou des
vivat marque le début et la fin des travaux.
Le terme même de
batterie tire son origine du verbe battre et se retrouve dans le
vocabulaire
militaire comme une réunion de bouches à feu,
batterie de canons, d’artillerie,
anti-missile. En musique il s’agit d’un roulement
de tambour particulier
correspondant à un signal ou un ordre, tel que
l’on pouvait en entendre sur les
champs de batailles.
Etant au REAA, il
semble normal que l’acclamation soit aussi
écossaise. Il convient de dire qu’il
existerait plusieurs orthographes, donc plusieurs prononciations et
plusieurs
origines. Au plus près de nous historiquement parlant, il
semblerait qu’il
s’agisse d’une déformation de HURRAH,
cri des marins anglais pour honorer les
visiteurs qui montaient à
leur bord.
Prononcé HOURRAI en anglais, la transcription
française aurait donné après
altération grammaticale HOUZZAI.
On trouve pour la
première fois HUZZAH en
1573.
Certains voient son
origine dans le
verbe anglais to heeze, en français hisser, a propos des
voiles, donc encore un
terme de marine. Nous connaissons tous ce cri d’encouragement
quand on tente de
déplacer une lourde charge :
ho hisse, ho hisse.
Une autre explication
est qu’il s’agit d’une
déformation du mot
« HUSSARD », ces terribles
cavaliers hongrois qui criaient HUZZAR en chargeant leurs ennemis. Ce
cri de
guerre aurait été
récupéré par les Anglais.Un chant
militaire anglais de 1745
atteste dans ses paroles la présence de HURRAH.
Autre
possibilité : HURRAH proviendrait du turc. En effet
c’est la forme
impérative du verbe urranack qui signifie TUE. La
signification serait donc
tuez-les. A l’origine cri de guerre des janissaires, ceux-ci
criaient HURRAH
lors du passage en revue des troupes, songeant à leurs
futures batailles. Ce
cri aurait été adopté par les Russes
qui le transmirent aux Anglais sur le
champ de bataille avant que la marine ne l’adopte…
Voici pour l’origine
guerrière du mot.
En 1813 le tuileur de
Delaunay, bien connu des érudits en Maçonnerie
donne pour origine le mot hébreu
HOSCHEAH qui signifie sauveur. On pourrait aussi penser ici
à OSANNAH,
acclamation lancée par la foule à
Jésus sur son passage quand il entra dans
Jérusalem Les diverses déformations auraient
donné OZZE puis OUZZE.
Plus loin encore dans
l’histoire humaine, la sourate 53.20 du Coran cite une
déesse arabe
préislamique de la fertilité à
laquelle les nabatéens rendaient un culte. Son
nom est UZZA et signifie la puissante. Liée à la
planète Venus, elle fut
identifiée à plusieurs divinités
grecques, romaines, ou égyptiennes ;
Aphrodite, Venus, Isis. Un temple dédié
à UZZA fut découvert en Jordanie, à
Petra, en 1974. Nous célébrerions une
femme ?
Dans l’Ancien
Testament, deuxième livre de Samuel, chapitre 6, il est
question d’un gardien
de l’Arche d’Alliance, contemporain de David, le père de
Salomon. Il meurt foudroyé par l’Eternel pour
avoir osé
toucher l’Arche avec sa main parce que les bœufs
faisaient pencher l’attelage.
Il s’appelle UZZA.
Notre triple
acclamation est-elle un hommage
à sa
mémoire ?
Nous avons parlé
plus
haut d’une déesse identifiée
à Isis.
Une explication
égyptienne pourrait nous éclairer. Un des dieux
primordiaux de l’Egypte
ancienne est PTAH. Ptah est
le dieu créateur par excellence. Il est
considéré comme le démiurge qui a
existé avant toute chose, et qui par sa volonté a
pensé le monde. «
Ptah conçoit le monde par la pensée de son
cœur et lui donne la vie par la magie de son Verbe
». Ce que Ptah a ordonné a
été créé; en lui les
constituants de la nature, faune et flore, sont contenus.
Il joue également un rôle dans la
préservation de l'univers et la permanence de
la fonction royale.
Quel rapport avec
Houzze ?
Le rapport que la
pensée de Ptah, sa conscience est
représentée par le dieu égyptien SIA
et que
celle-ci est mise en œuvre par sa parole
créatrice, sa volonté
représentée
quant à elle par la divinité HOU.
L’invocation au dieu Ptah à Memphis serait
donc HOU SIA !
HOU
SIA
Notons ici la
ressemblance entre la théologie égyptienne et ce
qui plus tard sera la Genèse,
un Dieu unique et Créateur qui crée le monde par
le Verbe à partir du chaos et
d’une étendue d’eau….
La lignée de PTAH,
à
l’époque saint patron des artisans et plus
particulièrement des
bâtisseurs et architectes est dans la
cosmogonie des mystères de Memphis, Hermès, connu
sous le pseudonyme de
Trismégiste et à l’origine de
l’hermétisme, puis Imhotep, grand constructeur de
pyramide et enfin Hiram, héritier et dépositaire
des secrets des bâtisseurs
antiques. Les grecs identifieront ultérieurement Ptah
à Héphaïstos et Hermès
sera assimilé aux dieux égyptien Thot et romain
Mercure.
Ceci nous amène au
geste qui accompagne cette acclamation. Main droite tendue, bras
fléchi ou non,
j’ai eu du mal à en
trouver l’origine
jusqu’a ce que, toujours cherchant vers l’Egypte,
je me souvienne que les
bas-reliefs représentent toujours les Dieux
et comme on peut le voir sur la photo jointe, la
déesse Sekhmet épouse
de Ptah semble le saluer d’un geste familier, le bras droit
légèrement fléchi …
HOU
SIA HOU
SIA HOU
SIA
Un Dieu créateur du monde, dieu des
architectes, une
acclamation semblable, un geste familier, serait-ce là une
de nos possibles
origines ? Serait-ce une piste menant vers la Tradition
Primordiale ?
Le fait que nous prononcions cette acclamation
par
trois fois prouve encore une fois l’importance du ternaire,
omniprésent depuis
cette Egypte antique avec la triade Isis,Osiris et Seth, ou avec ces
grands
initiés que furent Moïse, Mahommet et
Jésus, à l’origine des trois
monothéismes
actuels et, plus proche de nous, dans la religion catholique la Sainte
Trinité
Père, Fils et Saint Esprit .
Ces explications antiques teintées
d’orientalisme sont
plaisantes et prêtent à l’enchantement,
mais d’un point de vue personnel je
pencherais tout de même pour une origine militaire et de
marine anglaise, quand
on sait où et quand est née la Franc
Maçonnerie actuelle.
Quoi qu’il en soit,
ce cri particulier, point cri de guerre mais plutôt cri du
cœur est notre
caractéristique et forge notre identité
collective, il nous lie dans un même
souffle viril, affirmant haut et fort notre appartenance au Rite
Ecossais
Ancien et Accepté. Il nous réunit dans le temps
sacré, il dit notre fierté
d’être à l’ordre sur les
colonnes et de travailler à la gloire du GADLU.
J’ai dit.
F\ GODEFROY
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