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Circumambulation « Et c'est lui Qui a
créé la nuit et le jour, le soleil et la lune,
chacun voguant dans une orbite. » « Truth
is the perfect
circle. Its center is everywhere; its
circumference stretches into
infinite space. The land on which we stand is sacred ground; no matter
where we
stand. »
La plupart des
rituels de la
Franc-maçonnerie, pratiquent la « circumambulation »,
particulièrement dans les formes continentales de l'Ordre.
On appelle ainsi la
façon de se déplacer dans la Loge, depuis
l'Occident en passant par le Nord,
l'Orient et le Midi si nécessaire. Ainsi la circumambulation
est dite "dextrocentrique"
c'est à dire que le centre de la Loge se trouve sur la
droite de celui qui se
déplace. Cette pratique d'une marche
réglée dans un sens afin de dessiner au
sol une forme circulaire ou de marquer les angles d'un lieu
réputer accueillir
une cérémonie particulière est, comme
le symbole du point au centre d'un
cercle, directement héritée des danses ternaires
sacrées du paganisme. Il
s'agit de développer, par le mouvement, une
énergie propice à la
matérialisation du sacré dans une enceinte. On
retrouve ce mouvement
particulier dans certaines fêtes calendaires celtiques et
paléo-germaniques,
particulièrement les célébrations des
douze jours d'hiver qui rappellent les
traditions anciennes de l'Inde et de la Grèce antique. Ces
célébrations de douze
jours reproduisent l'image du mouvement de la marche en reflet des
mouvements
lunaires. Ils marquent, autour du solstice d'hiver, le début
de l'année et
préfigurent les douze mois qui viennent. Leur
déclinaison fixe
vraisemblablement un calendrier correspondant à la
décroissance de la lune qui
suit le solstice, à l'exacte transposition, à
l'autre solstice, de la période
où l'on pratique les rituels de la danse circumambulatoire. De fait, dans les rites continentaux, et, particulièrement au REAA, la marche est réglée de manière à déambuler à l'intérieur du Temple, une fois les travaux ouverts régulièrement, de manière à marquer les angles. On tournera autour de ce que l'on nomme « pavé mosaïque », c'est-à-dire un tableau en damier formé de cases noires et blanches et sur lequel, parfois, on aura disposé une représentation symbolique des outils du travail maçonnique. On comprend aisément que pour les Rites Anglo-Saxons de type Emulation dans les Temples desquels le pavé recouvre souvent toute la Loge, la systématisation de cette pratique ambulatoire est moins marquée, ainsi, la procession d'entrée et de sortie traverse-t-elle la Loge de part en part en passant à la gauche du Premier Surveillant sans se préoccuper, par la suite, du sens giratoire. Il s'agit bien, on l'aura compris de délimiter le centre au cœur du cercle, plus que déterminer de l'existence du Sacré sur une image binaire. Si l'on considère attentivement ce point rituel, on comprend mieux les difficultés à nuancer le manichéisme induit par l'alternance. Cette
pratique de la marche à l'intérieur d'un Temple
est coutumière au bon
déroulement de cérémonies religieuses
ou rituelles et son origine remonte à la
plus haute antiquité. Soit qu'elle ait pour objet de
repousser les démons, soit
qu'elle soit nécessaire à la Création
du Monde, cette marche reproduit les
mouvements naturels observés dans le ciel et sur la surface
des eaux. "Le
soleil se lève, le soleil se couche; il soupire
après le lieu d'où il se lève
de nouveau." Sur
la rive nord de la méditerranée, on
écrit de gauche à droite comme on tourne de
gauche à droite dans les lieux consacrés. Il est
de coutume d'y voir le
prolongement d'un mouvement solaire. En extrême Orient, on
entre dans les
Temples par la gauche car ce sens de circulation est impossible aux
esprits
malfaisants. La circumambulation est aussi le nom donné par
l'Islam à la ronde
cérémonielle autour de la Ka'aba lors du
pèlerinage. Dans ce cas, cependant,
l'ambulation s'effectue de manière différente, on
tourne par la droite, comme
dans le judaïsme antique. C'est ainsi que, selon la tradition
du Nouveau
Testament, Jésus ne pouvait pas entrer dans le Temple de
Jérusalem par la même
porte que les autres Juifs, ainsi, au lieu d'entrer, comme eux, par la
droite,
il circulait à l'intérieur par la gauche. C'est
l'une des explications données
pour entrer dans les églises par la porte de gauche. Le
rite de la circumambulation est commun à l'ensemble des
traditions monothéistes
et celtes fournit une matière d'étude comparative
qui ne manque pas d'intérêt.
Approfondir ce rite particulier peut nous éclairer sur
certaines survivances
particulières au corpus symbolique de la
maçonnerie. Survivance que l'on
retrouve encore aujourd'hui, même si elles sont souvent
entourées
d'interprétations souvent erronées ayant pour
objet la
« réintégration »
de ses pratiques dans le moule particulier de
certaines formes de croyances. Pour en revenir à notre rite
d'ambulation, il
semble que son sens profond soit à rechercher dans les
pratiques primitives de
la religion, à l'époque où le
chamanisme était assez couramment répandu. Cela
semble avoir été d'abord, primitivement un rite
de pluie. La similitude
frappante des traits communs quant à son accomplissement, le
passage de la
marche à trois pas et le fait de déambuler pour
déterminer le lieu sacré se
confirme jusque dans les traditions mystiques des principales formes
religieuses de la méditerranée et du nord de
l'Europe. La procession autour de
l'autel, sanctuaire central, qui deviendra tapis mosaïque ou
tableau de Loge,
voire, dans le Style Emulation, détermination de l'univers
du chantier,
symbolise l'intégration des attributs de la conscience
Sacrée dans l'âme de
l'adepte de telle manière qu'il prenne conscience de sa
propre présence et
qu'il s'identifie au Centre permanent de l'intérieur d'un
cercle dont la
circonférence est universelle. La
circulation dans le sens solaire durant les
cérémonies est attestée depuis
l'antiquité grecque. Lorsque les prêtres de cette
époque procédaient aux
sacrifices, il était de coutume de tourner trois fois autour
de l'Autel en
chantant des hymnes sacrés composés de trois
parties ; la strophe, l'antistrophe
et l'Epode. La première partie était
chantée en tournant d'est en ouest et
symbolisait le corps divin du sacrifice. Au commencement de la seconde
partie
du chant, l'antistrophe, c'est-à-dire la strophe
opposée, l'ambulation
changeait de cours et l'on procédait, à
l'inverse, d'ouest en est pour
signifier la descente du divin dans le corps matériel. Ces
mouvements
effectués, chaque prêtre prenait une place autour
de l'Autel et restait
immobile durant l'exécution de la dernière partie
du chant afin de matérialiser
la stabilité du monde. Seule cette stabilité,
construite par la déambulation,
permettait au Grand Prêtre de lire les augures et de
déterminer si les Dieux
acceptaient ou non le sacrifice. Cette forme de déambulation
est attestée dans
l'Iliade. Souvenons-nous de l'« Hubris », de la
démesure, d'Achille lors des
funérailles de Patrocle et du rituel funéraire
exécuté à cette occasion et qui
dénote d'une pratique à deux niveaux, celui de
l'humain et du divin. L'offrande
du corps d'Hector à Patrocle durant une
cérémonie comportant une triple
circumambulation pour délimiter le
périmètre de la tombe, en fait une
manifestation sacrificielle, un don. La triple marche d'Achille nous
ramène aux
cultes de Poséidon. Le dieu, par la course des vagues,
comparée à une course de
chars, qui ébranle le sol et fait
pénétrer le bruit des sabots des chevaux dans
les profondeurs de la Terre, symbolise souvent la séparation
d'entre le monde
des vivants et celui des morts, la triple marche établie un
contact avec l'Hadès.
La circumambulation rituelle délimite
une tombe circulaire qui sera
utilisée afin d'établir un contact avec
l'âme du défunt et de permettre de lui
offrir les dons qui seront ses viatiques dans l'autre monde. La
Théogonie
d'Hésiode nous rappelle l'importance de cette marche et des
remparts de
protection qu'elle est censée construire. : « Autour
de ce lieu court un mur d'airain. Un triple
rang d'ombre en ceint la bouche étroite : au-dessus ont
poussé les racines de
la terre et la mer inféconde. C'est là que les
Titans sont cachés dans l'ombre
brumeuse, par le vouloir de Zeus, assembleur de nuées. Ils
ne peuvent sortir :
Poséidon a sur eux clos des portes d'airain, le rempart
s'étend de tous les
côtés »
La circumambulation est parfois un simple rite qui permet de rendre hommage au Sacré intuitif, mais c'est surtout sa valeur cosmique universelle qui doit être soulignée. En effet, l'un des symboles forts du Degré d'Apprenti au Style Emulation est le point au centre d'un cercle dont il est rappelé plus tard qu'il est partout où se trouve le maçon et le fait de déambuler selon une règle qui laisse en permanence le centre de la Loge à la droite de celui qui avance est un moyen de rappeler que le cercle induit est universel. Tourner autour est un moyen parfait d'en affirmer le Centre et de réintégrer l'Univers dans celui-ci. Cette forme d'ambulation a donc avant tout une valeur cosmique. Elle rappelle la course des signes zodiacaux, le mouvement des planètes, tout aussi bien le rythme des saisons. L'ambulation est accomplie 7 fois à la Mecque, ce sont les 7 sphères célestes. En Sibérie, les chamans l'accomplissent 3, 7 ou 9 fois : c'est le nombre des mondes, des planètes, des étages du ciel, etc.....En fonction des esprits invoqués et de leur nature. Imiter les astres et reproduire l'énergie de la Création du Monde est un moyen d'en assurer l'harmonie et d'en affirmer les reflets... « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »... Mais revenons
à la délimitation de l'espace
du cercle sacré. Le centre de cet espace sacré
est le pivot, l'axe de rotation
à la circumambulation, c'est à la fois la ronde
des fées et le point de
rencontre des trois branches du trépied du Lewis. La
première forme de la
marche est « dextrorsum »,
le sens « des aiguilles
d'une montre », c'est-à-dire en laissant
la droite désigner le centre.
C'est aussi le « sens solaire »,
d'est en ouest. On
l'utilise pour tracer le cercle.
Pour les praticiens du REAA,
c'est le « coagula » des
alchimistes, la force qui concentre pour
donner une forme. L'autre sens de la marche, celui de l'antistrophe,
est dit
« sinistrorsum »,
c'est le sens inverse, celui qui laisse le
centre du cercle à gauche, celui que l'on nomme aussi
« sens
polaire » parce qu'il est
déterminé par le mouvement des étoiles
autour de
l'étoile polaire. Ce mouvement est celui de la fin des
travaux pour les
praticiens du REAA, c'est le
« solve » alchimique qui disperse
les
énergies. Au style émulation, on
relève la colonne J. qui supporte la voûte
étoilée. Dans ce cas, on peut penser que
l'alternance de la colonne levée et
couchée des Surveillants tant à la fin des
travaux qu'au moment du
rafraîchissement, est un rappel de l'alternance du Monde qui
affirmerait
qu'il ne tourne pas de la même manière dans le
monde non sacralisé que dans
celui régi par le rituel. Les
francs-maçons ont hérité des exercices
de la dévotion pratiqués dans les
sanctuaires et qui reposaient sur des principes identiques. N'oublions
pas que
ceux qui créèrent la Franc-maçonnerie
de Londres en 1717 étaient les mêmes que
ceux qui ressuscitèrent le « Druid
Order » la même année,
à quelques
mois d'intervalle. « La
Danse Sacrée des Druides » se
composait de cortèges qui se
déplaçaient en ronde,
réglés à la fois sur le cours du
soleil et par un rythme
définit selon une série de nombres mystiques. Le
voyage du Soleil était
particulièrement respecté et observé,
on se déplaçait avec lenteur et
solennité, comme le soleil lui-même. Le mouvement
opéré de cette manière
génère
une grande puissance magique. A cette occasion, on chantait aussi des
hymnes
usait de signes et attouchements. Bien souvent, des banquets
étaient associés
aux cérémonies. Le mouvement circulaire de la
danse était destiné à symboliser
les mouvements de la Terre et ainsi, donner une idée de
l'immensité d'un Dieu
dont les formes emplissent l'Univers. Au cœur de la
rituélie se trouvait le
sanctuaire et les règles de sa construction. L'ensemble des
mouvements, comme
une chorégraphie astrale, convergeait vers le point nord-est
de l'édifice. On le sait,
aujourd'hui, l'ensemble des mouvements et des formes, machinerie
ésotérique
dont la maçonnerie procède, et les croyances qui
en sont à l'origine, étaient
fondés sur les trajectoires des corps divins. Il
y a indubitablement une raison astronomique, une observation
précise du
mouvement des planètes, qui justifie la position de la
Pierre et la direction
de l'ambulation qui y est associée au départ du
nord-est. C'est à partir de ce
point et dans la direction qui permettait d'un revenir que
démarrait la procession.
Aujourd'hui comme hier, le nouvel initié, le
néophyte occupait la place
d'origine du mouvement de l'Univers, au nord-est de
l'édifice. Là est la base
de l'enseignement, solide et non instruit, pierre à la fois
brute et neutre de
tout préjugé. C'est très probablement
de cette pratique héritée des Druides que
s'inspire, aujourd'hui, la partie visible de la maçonnerie,
celle que l'on peut
montrer car vierge de Connaissance. La pierre, à laquelle
était attribué une
influence occulte est présentée dans les anciens
Rituels d'Alet, publiés en
1667 par l'évêque Nicolas Pavillon et
condamnés l'année suivante par le Pape
Clément IX, dans une bulle du 9 avril 1668, comme contraires
aux sacrements de
l'Eglise, ne serait-ce que pour leur rédaction en langue
vulgaire, cette
pierre, donc, est présentée comme
« solide, angulaire, de près
d'un
pied carré et posée au nord est de
l'édifice ». On
reconnaîtra là des
termes familiers... C'est, néanmoins l'une des
premières mentions de la manière
correcte de poser les pierres de fondation. |
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