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Pas de réhabilitation pour Giordano Bruno,
brûlé vif il y a 400 ans

ROME, 16 fév (AFP) - A l'aube du 17 février 1600, le philosophe Giordano Bruno était attaché au bûcher de l'Inquisition pour subir son supplice. 400 ans après, l'Eglise regrette d'avoir fait brûler vif le dominicain défroqué mais refuse toujours de le réhabiliter.
Les libres penseurs italiens devaient se retrouver jeudi à Rome pour dénoncer l'intolérance religieuse, place du Campo dei Fiori, devant la statue de Bruno, sur le lieu même où fut dressé son bûcher.

Cette manifestation intervient alors que l'Eglise catholique célèbre avec faste son jubilé. Depuis deux ans, le pape Jean Paul II a autorisé la consultation des archives du Saint-Office et a même condamné dans une allusion à l'Inquisition, « l'utilisation de méthodes d'intolérance et de violence dans le service de la vérité ». Cependant, si l'Eglise a réhabilité Galilée, elle refuse toujours de se repentir pour la mise au bûcher de Giordano Bruno.

Originaire de Nola, près de Naples (sud), curieux de tout, y compris parfois de façon farfelue, Bruno était partisan de la théorie copernicienne plaçant le soleil et non la terre au centre du monde. Il pensait que l'univers était infini et en perpétuelle évolution.
Plaidant pour l'égalité des hommes et des femmes, grand voyageur, professeur au Collège de France, lecteur à Oxford et à Francfort, protégé par le roi de France Henri III et la reine d'Angleterre Elisabeth Iere, il fut sans cesse en butte aux attaques de l'Eglise qui se méfiait de son insoumission viscérale.

Il se vit excommunier par les calvinistes à Genève, par les luthériens à Wittenberg avant d'être condamné par les catholiques à Rome. Arrêté par l'Inquisition de Venise en 1592, le philosophe passa sept ans dans un cachot où il fut sauvagement torturé. Jusqu'au bout il refusa d'abjurer. L'acte d'accusation le décrit comme « hérétique, impénitent, têtu et obstiné ». Il fut conduit nu au bûcher, une planche de bois clouée sur la langue.

A l'occasion de l'anniversaire de sa mort, de nombreuses manifestations culturelles et scientifiques sont prévues en Italie. La radio publique RAI Tre a prévu de dédier la journée de jeudi à Giordano Bruno. Des témoignages dont ceux de l'écrivain britannique Salman Rushdie ou du prix Nobel de la paix guatémaltèque Rigoberta Menchu rappelleront que le combat pour le respect de la tolérance demeure actuel.

Evoquant la fin tragique de Bruno, la revue des Jésuites, Civilta Cattolica a souhaité dans un de ses récents numéros que l'Eglise fasse son « mea culpa ».
« Je ne crois pas qu'on puisse et qu'on doive parler de réhabilitation », a répondu le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture tout en soulignant qu'il fallait « réfléchir à l'attitude de l'Eglise vis-à-vis de Bruno et insister sur le respect de la personne et de sa dignité ».

Si la situation s'est apaisée en Italie entre cléricaux et laïcs et que personne ne s'attend à des incidents semblables à ceux qui ont marqué, en juin 1889, l'inauguration de la statue de Giordano Bruno, Campo dei Fiori, les libres penseurs souhaitent profiter de l'événement pour faire entendre leurs voix.

Une association baptisée « Libre pensée - Giordano Bruno » regroupant laïcs et anti-cléricaux vient de voir le jour à Rome et son président, Nunzio Solendo a annoncé qu'elle allait demander sans tarder l'abrogation du concordat entre la République italienne et le Saint-Siège.

A\  J\ R\


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