Obédience : NC | Loge : NC | 30/10/2000 |
La
violence La violence est généralement attribuée au sexe masculin. Notre société tend à minimiser la criminalité féminine. Entre mépris et indulgence il n'y a qu'un pas. De fait, on s'attend à observer plus d'actes de violence venant des hommes que des femmes. S'agirait -il d'un problème hormonal ? La répression étant la même, où serait dès lors, l'inégalité ? L'existence de la violence chez tous les êtres humains est une évidence : elle s'exprime plus physiquement chez les garçons et plus verbalement chez les filles. Ces deux formes se combinent chez les deux sexes, avec au bilan global un " avantage " pour les garçons. Cette première piste esquissée, un intervenant oriente le débat vers la genèse de la violence. Violence ou brutalité ? La violence est difficile à définir et ainsi à identifier. Elle serait une perturbation plus ou moins momentanée de l'ordre des choses. L'humanité en interdisant de tuer, se souhaite éternelle. Le premier acteur de la violence serait de ce fait l'idée de mort. La prise de conscience du temps présent, du devenir et de sa finitude est certainement un événement qui fonde la civilisation. La crise, exprimée par la violence est un moment de rupture entre l'advenu et le devenir, elle est nécessaire à la poursuite d'un processus. Le plus souvent les crises sont positives. L'application de cette idée aux crises mineures qui peuvent secouer nos échanges sur nos listes ramène aussi à l'idée que normalement un FM a les outils qu'il faut pour les gérer et les transformer. On ne peut assimiler la violence à une étape transitoire nécessaire à la vie. En fait chacun est un monde en soi et possède ainsi sa propre dynamique et peut à tous moments entrer en conflit avec les autres de façon imprévisible. Elle ne peut être qualifiée de nécessaire. Ces deux approches trouvent un écho dans une troisième voie qui consiste à admettre, reconnaître et maîtriser cette capacité à la violence que nous portons en nous. La réprimer est tout aussi dangereux que de l'exprimer, il importe de la décomprimer, nous proposera un frère. Accepter le feu de l'éloquence, celui du regard au lieu de choisir le feu des armes. De l'idée de violence nous passons aux actes de violence. Celle qui s'exerce par la force et les mots. Celle des états et des groupes : guerres, terrorismes, révolutions, manipulations. Celle des individus : conflits de voisinages, violence au " sein " des familles, vols, rackets, chômage, provocations. Notre existence serait-elle partagée entre " ennui et violence " ? Les situations de crise intéressent et réveillent. La violence verbale peut naître d'opposition d'idées. Crises ou bagarres, provocations, de plus en plus la violence prend la forme d'un jeu et s'installe en système. La violence aurait des vertus jouissives. Dérive des anciennes valeurs fondées sur la participation et la solidarité. Un de nos frères retrouvant l'expression de ce jeu sur Thema s'inquiète fortement de l'avenir de cette liste. Autour de la zoologie de la violence s'opposeront les notions de l'inné et de l'acquis. Une référence à Lorentz mettra le feu aux poudres. L'auteur du message sera assimilé à un tenant des thèses de Lorentz, ainsi paradoxalement sur Thema la violence va s'exprimer en direct. Passer de l'éthologie à l'analyse de la société humaine apparaît comme discutable. Admettre la violence comme une pulsion inhérente à l'ensemble du règne animal vise à excuser les guerres et toutes les formes de dominations. L'agression serait la résultante d'acquisitions, d'apprentissages par l'observation et non un comportement instinctif. Peut-on s'isoler de la violence s'interrogera un frère. En écho, un autre se demandera " à quoi renoncerions-nous si nous renoncions à la violence ? " Textes et morceaux choisis : - Mais si tous les citoyens ayant les moyens de s'investir dans la vie du quartier désertent pour se sécuriser...qui va agir ? On a densifié les problèmes dans des secteurs géographiques limités et délégué à d'autres, policiers, animateurs, assistantes sociales, élus, etc. le soin de les régler. Aux uns le soin de payer des impôts avec bonne conscience et de "causer" de la violence, à d'autres d'aller au charbon. Refuser ou fuir la violence pour moi, c'est contribuer à son développement. Chacun à une capacité à la violence (qui pourrait le nier)...mais nous avons aussi la même capacité à la transformer de façon positive pour soi et son environnement. Pour cela il y a même des outils que l'on trouve en F\M\. - Pour ma part, je crois que la violence de l'individu est une donnée de l'hérédité (sans vouloir me prêter a des comparaisons incongrues, on arrive assez facilement dans l'espèce canine a créer des races, pardon je devrais dire des sous-espèces, particulièrement agressives). Mais je crois que cette agressivité peut être modulée par l'éducation. Il y a hélas ici une certaine fatalité (ou un cercle vicieux): on voit souvent dans les cas de maltraitance d'enfants que le parent violent a lui-même subi des violences de la part de ses parents dans son jeune âge. Et quand on retire ces enfants de leur milieu familial, il est souvent trop tard. - Ma position, qui est des plus difficile à défendre sans ce servir d'un compas, car elle est une vue de l'esprit, mais que je considère comme "progressiste", même si elle est potentiellement fausse (ici et maintenant), consiste à dire que nous sommes comme imprégnés par des mécanismes qui ne sont pas héréditaires, mais mimétiques, voire analogiques, et que la violence n'est pas plus un mal incurable qu'elle n'est un bien absolu en termes de dynamique vitale ou de ressources humaines. (J'appelle violence chez l'homme ce qui chez l'animal n'est que de l'agressivité, entre les deux intervient un jugement de valeur.) - Tiens donc ! Voici de la violence verbale sur la FIF ? Nouveau, n'est-il pas ? Serions-nous manipulés par l'objet du thème lui-même ? En ce qui me concerne, et très brièvement, je me limite à constater que l'espèce humaine est tout aussi violente que les autres espèces vivantes, mais que, différemment des autres espèces, l'Homme en a conscience et a construit des lois, variables selon l'environnement culturel, qui interdisent certaines formes de violence. " La violence domine toute l'histoire de l'homme et de l'humanité. Longtemps sa puissance et son évidence n'ont pourtant pas fait obstacle à l'espérance de la raison. Presque toujours la philosophie a soutenu cette espérance, même si elle reconnaissait en celle-ci une part importante d'utopie et d'illusion. Il n'est pas jusqu'à Freud - pourtant bien payé, et dans son ouvre et dans sa vie, pour avoir appris à ne jamais sous-estimer cette violence - qui n'ait refusé d'abandonner l' espoir, qu'il sait précaire, en cette raison. Pourtant, le doute s'empare du philosophe d'aujourd'hui. Un à un tombent les écrans protecteurs. L'abondance, longtemps tenue pour l'antidote absolu, à mesure qu'elle s'étend, s'en révèle plutôt comme un aliment possible, et c'est justement Freud qui nous explique pourquoi il en va ainsi. La guerre totale se supprime peut-être par l'horreur de sa propre menace, mais cela ne supprime pas la guerre, qui n'en devient que plus insaisissable à la diplomatie, à la négociation, à la politique: les conflits périphériques deviennent interminables et toujours plus atroces. La chute ou le reflux du colonialisme n'a guère accru le domaine de la paix. Si la lutte des classes au sens classique paraît s' atténuer partout, des oppositions ou des conflits peut-être plus graves se substituent à elle, entre les États ou à l'intérieur d'un même État ; et de ces violences le monde communiste n'est pas exempt. Il semble donc bien qu'en s'attaquant aux causes réelles ou prétendues de la violence, on se donne une tâche qui se dépasse constamment elle-même. Et cette tâche risque de dévoiler une vérité fort éloignée des intentions dont elle procède, à savoir que la violence ne peut être extirpée du cour humain et que ses "causes", fût-ce les plus évidentes, n'en sont aussi que des prétextes ou, plus exactement, des condensations vouées à se reproduire ou à se transformer dans l'exacte mesure où la psychologie, la sociologie ou la politique s'emploient à les dissoudre. Il n'est pas sûr que les philosophies du dépaysement ou du formalisme, en admettant qu'elles s'en soucient, y seront plus heureuses. Mais peut-être courront-elles la chance de faire apparaître que, de toute manière, si toutes les issues sont bouchées vers ce réel où l'homme, autrefois, se donnait un sens à lui-même en même temps qu'aux choses, la violence, quand bien même on la baptiserait érotisme, demeure la dernière enceinte où cet homme puisse feindre de se sentir ou de se trouver ". (fin de citation) Alphonse de Waelhens - Revenant à la violence je dirais alors que parce qu'elle se "joue" au moins à deux, elle naît le plus souvent de nos différences et surtout des craintes et des peurs que génèrent en nous ces différences. Quoi de plus facile a priori lorsque quelque chose nous gêne ou nous fait peur que de le supprimer, de l'ôter de notre vue, de notre vie et retrouver ainsi la possibilité de partir de nouveau a la recherche de l'idéal parfait , puis de nouveau de le trouver pendant un temps avant, encore une fois encore, de nous en séparer. Je dirais pour finir que la vielle dame me parait plus intolérante que méchante et disant cela, je refuse sans doute le cote "violence gratuite" qui n'aurait d'autre effet que de nuire. Et pourtant, la violence gratuite n'existe t elle pas des fois ? - Nos manières actuelles de penser, fort différentes de ce qu'elles étaient quelques générations avant nous, nous ont fait oublier que la violence fut autrefois vertu. "Comme un enfant que sa mère arrache d'entre les bras des voleurs, doit aimer, dans la peine qu'il souffre, la violence amoureuse et légitime de celle qui procure sa liberté" Pascal, cité par Littré au V° Violence). - C'est comme le souligne justement Philippe, de la qualité de l'écoute, de l'ouverture à l'autre, que dépendront à la fois le déroulement de "l’événement crise", sa gestion, et le caractère positif ou négatif que prendra la suite des échanges. On ne s'ennuie pas parce qu'il n'y a pas de crise ; on s'ennuie un peu, peut être, quand rien de nouveau ne vient relancer un débat qui s'épuise. Une crise se produit alors, par l'intervention de quelqu'un qui apporte un élément nouveau. Cette rupture dans le droit fil des échanges antérieurs, c'est une "crise". Le plus souvent elle est positive en ce qu'elle relance le débat. Chez les F\M\ que nous sommes elle devrait être le plus souvent bien gérée, et d'ailleurs elle l'est à ce qu'il me semble... |
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