Obédience : NC | Loge : NC | 09/2008 |
La revanche de la MatièreQUELLE PLACE POUR LA MATIERE ? QUEL SENS LUI TROUVER ?Ces deux questions peuvent surprendre, dans la Maçonnerie Hiramite. Pas chez nous. Du
fait de
l'histoire de la pensée française, des
philosophes grecques à la religion
catholique, la matière a une odeur de souffre. Dans la
société française au
quotidien, en faculté de philosophie, et bien entendu en
franc-maçonnerie,
c'est un sujet dédaigné, pas toujours
abordé. La matière serait le bas oeuvre
de l'esprit, la porte du matérialisme, le chemin de la perte
de l'homme. Pour
ce qui concerne le rite de MM\ et plus particulièrement dans ses Hauts
Grades,
nous n'avons pas la même approche, puisque la
matière est en relation directe
avec le cosmos et le corps. On
se doit donc
d'être dualiste, de croire dans une séparation du
corps et de l'esprit ; le
monisme, la pensée selon laquelle tout est
matière, serait sans issue. Pour
ma part, ce
n'est que tardivement, pour dire vrai depuis que je suis avec vous
tous, que je
me suis intéressé à la
matière.
Athée assez tôt, après des
hésitations (je
suis
passé par le stade du déisme), j'en suis venu
à me
questionner sur la matière.
Peut-on simplement naître, pousser puis pourrir ? Pour
l'anecdote,
j'avais eu déjà des interrogations lorsque le
président de la République laïque
François Mitterrand avait fait appel aux forces de l'esprit,
lors de ses voeux
du 31 décembre 1994, pour conjurer sa mort politique et
physique. On ne sort
décidément pas indemne d'une éducation
catholique ou de n'importe quelle
religion, serait-on président. Plus
sérieusement,
j'ai eu un doute en maçonnerie lorsque l'on a
commencé à évoquer la
nécessité
d'élever son esprit en maçonnerie. L'esprit,
encore l'esprit, sur mon chemin.
Pour contrer - parfois nier - la matière ? J'ai
entendu sur
les parvis ou ailleurs qu'il fallait croire en l'esprit, dans le sens
de la
spiritualité laïque - d'ailleurs il y a
même eu une question à l'étude en ce
sens
de spiritualité laïque- et que l'on pouvait
être franc-maçon. Que la matière ne
pouvait que conduire au déterminisme, au non choix, et donc
à l'impasse. J'ai
parfois eu, dans certaines loges, le sentiment qu'à un
moment ou un autre il
fallait être dans une sorte de « croyance
» transcendantale, spirituelle, même
en maçonnerie. Décidément, culture
judéo-chrétienne quand tu nous tiens... Je
me sens matière,
nous sommes matière, au plus profond de moi-même,
de nous-mêmes. Construction
d'atomes, entouré de matière, dans un monde de
matière. Du microcosme au
macrocosme, je ne ressens que des atomes en mouvement, dont
l'assemblage peut
faire et défaire la vie. Pour
l'astronome
américain Cari Sagan (L'appel des étoiles),
« d'un point de vue réaliste
immédiat, les être humains sont des machines
construites par les acides
nucléiques en vue de la reproduction d'acides
nucléiques en plus grand nombre
». Depuis au moins 4 milliards d'années, les
molécules se reproduisent, se
développent, s'adaptent. L'homme en est un des
résultats connus de cette
évolution biologique, lente et hasardeuse, non aboutie. Ce
que nous appelons
l'intelligence n'est que le
développement d'une tendance évolutive
déjà apparente dans les organismes les
plus simples : la tendance à contrôler le milieu
ambiant. En fait, chaque forme
de vie est un chef d'oeuvre d'assemblage d'atomes. Je
ne suis pas venu
en F\M\ - pour ma part - pour trouver une
spiritualité de remplacement pour
l'homme, mais pour remplir au maximum ma vie. Pour que mon tas de
matière,
comme celle qui m'entoure, trouve un sens, une force, un engagement,
une
utilité. Chacun ne vient-il pas y trouver ce qu'il y cherche
? LA
PLACE DE LA
MATIERE. La
matière a-t-elle
un intérêt ? Un sens ? Après
cette
introduction, je vous propose - pour la place de la matière
- de faire un
rapide historique sur cette notion, des philosophes grecs à
la IIIème
République ; puis de réfléchir quelle
place un maçon peut donner à la
matière.
Dans la seconde partie, nous pourrons prendre quelques exemples pour le
devenir
de la matière dans notre société
à venir. Dans
cette
recherche, commençons par les sources, par nos origines. Car
- même nous
voulant libre et de
bonnes mœurs - nous
ne sommes pas si libres que cela dans
notre pensée. Le poids de plusieurs milliers
d'années de philosophie grecque et
surtout de doctrine catholique, avec tous ses thuriféraires,
pèse sur notre
pensée ( tiens, mais d'où sort donc la
pensée ?? on va y revenir ) et parfois, et
particulièrement en Franc-maçonnerie, nous
enchaîne tous, sans que nous en
ayons conscience. *
Sur le plan
philosophique, le matérialisme se définit comme
la doctrine selon laquelle il
n'existe d'autres substances que la matière, à
laquelle on attribue des
propriétés variables suivant les
différentes formes de matérialisme, mais qui a
pour caractère commun d'être conçue
comme un ensemble d'assemblage d'atomes
(voir Démocrite et Epicure), qui occupe chacun une
région de l'espace. Cela
s'oppose à l'idée de toute existence
d'âmes individuelles et séparées, et
encore moins de Divinités, susceptibles de
préexistence, de survivance ou de
transmigration. Du
fait de
l'histoire du XXème siècle, le
matérialisme est souvent confondu et réduit au
matérialisme historique de Marx et Engels, réduit
à une sorte de déterminisme
économique. C'est
une notion
pourtant ancienne et plus large. Platon
évoque déjà
dans le « Sophiste », « les fils de la
terre » qui « définissent la
réalité
existante comme identique aux corps » ; ces penseurs seraient
pour le mieux des
sophistes (sophisme : construction de faux raisonnements pour
convaincre, donc
malhonnêteté intellectuelle), non
civilisés, n'ayant pour morale que le
plaisir. Toujours dans l'Antiquité, on retrouve les
philosophes dénommés les «
atomistes », comme Démocrite, pour qui les
principes de toutes choses sont les
atomes et le vide. L'atome est le principe de tout ce qui est ; leur
multiplicité et leur combinaison permettent de tout
expliquer. Pour certains,
l'atomisme entraîne un déterminisme strict, qui ne
laisse pas de place à la
liberté humaine. Il est vrai que le jeu des atomes
échappe à la l'emprise de
quoi que ce soit. Lucrèce évoque
déjà, pour sa part, dans « De la nature
», une
déclinaison de l'atome qui laisse une place à la
liberté et au choix. Pour
les «
atomistes », les hommes sont troublés par la
superstition, la crainte de la
mort et des dieux. D'où le développement d'une
morale positive, qui promeut les
plaisirs naturels modérés et qui vise
à
l'indépendance du sage. On retrouvera plus tard ce concept
chez les
alchimistes, puis chez Hobbes, dans le Leviathan. La
spiritualité,
qui jaillit de la matière, n'est évidemment pas,
pour les FF\ MM\ entre
les mains uniques des
religions. Pour Bergson, la spiritualité, c'est la
qualité de ce qui est dégagé
de toute matérialité. Cela rejoint donc les
cultes et le sacré, antérieurs et
postérieurs aux religions. A
la fin du XXème
siècle, le matérialisme est renouvelé
.en présentant les entités vivantes comme
des entités physiques qui peuvent ou pourraient
être décrites par des
phénomènes physiques et dont les interactions
sont gouvernées par les lois
physico-chimiques (par exemple D. Davidson — Actions et
évènements - 1993 -
pour qui chaque manifestation mentale correspondrait à un
évènement physique).
Les phénomènes spirituels pourraient donc
être expliqués par leur substrat, le
cerveau. On y vient doucement, mes FF\ on y vient... Le
monisme (système
qui vise à expliquer l'univers par un
élément unique) n'est cependant pas
très
bien vu en philosophie et demeure minoritaire, parce qu'il est en fait
profondément anti religieux, non des religions elles
mêmes, mais de leur
contenu, ce qui revient à les rendre inopérantes. *Au
siècle dernier,
voire il y a deux siècles, un autre mouvement
d'idée en France a
considérablement nourri la démarche
maçonnique : celui de la spiritualité
laïque. Jules Ferry la définit d'une
façon subjective mais très juste : « La
spiritualité laïque, basée sur un
idéal moral, sans dogme et sans prêtre
». Comme
l'expose très bien le philosophe Marcel Gauchet dans
« Le désenchantement du
monde », la laïcité en France a
été la volonté de créer une
religion laïque
pour sortir de la dépendance de l'Eglise. Il s'est alors
agit de créer une
croyance, faisant suite au culte de l'être suprême
de Robespierre un siècle
plus tôt, pour faire avancer l'humanisme. Comme si
même la laïcité ou le
communisme avait besoin d'un dogme, d'un esprit supérieur
pour emporter
l'adhésion, dans ce contexte précis de
l'histoire. C'est dire à quel point la
ou les religions nous façonnent et nous conditionnent. Encore
sommes nous
dans le collectif, car il peut en effet y avoir un danger à
laisser l'individu
seul, car dans ce monde nouveau, en devenir, sur lequel nous essayons
de
travailler, l'homme seul, surinformé, mais fragile, peut se
retrouver
facilement manipulé par un mouvement médiatique
surfant sur les passions ou par
des mouvements sectaires toujours inventifs. D'ailleurs, et
après tout,
l'Eglise elle-même, n'était-elle pas au
départ une secte ? A la différence des
autres, elle a réussi, Elle ! Grâce à
Constantin qui lui a donné un sérieux
coup de main. En
maçonnerie,
c'est en grande partie pour cela que nous nous attachons à
créer une
spiritualité laïque. Pour que l'homme reste libre,
de ses idées et de ses
choix, même si là, on retrouve la bonne veille
idée du libre-arbitre chrétien.
La démarche est donc tout à fait logique et
légitime. Mais
ce faisant,
nous nous retrouvons encore dans le domaine de la Pensée,
invoqué dans le
rituel d'initiation au lfme. Or, n'y a t-il pas une place pour la
matière ?
Devons-nous rejeter la matière dont nous sommes faits et qui
nous entoure ?
Avons-nous obligatoirement besoin de l'esprit, voire d'un dessein
universel ou
encore d'un grand architecte de l'univers ou des mondes, pour
être franc- maçon
? L'esprit peut-il être perçu comme un produit de
la matière que nous ne
contrôlons pas encore, par manque de connaissances ? Si
l'on se penche
sur notre rituel, nous trouvons au début la phrase suivante
: « œuvrons donc
pour que la matière passe dans chacune des maisons du soleil
». Avant
l'initiation
: « le soleil doit maintenant retourner sous les eaux,
l'étoile du soir
paraître à l'horizon et la matière
retrouver son repos. » A
l'ouverture des
travaux, il est question de la fondation du monde. Au début
de l'initiation,
l'icto dit : « F Grd
gardien du Seuil
faites-le-avancer, de telle sorte que notre F se tienne sur
la fondation du monde
». Mais c'est quoi la fondation du monde mes FF\ si ce n'est le salmigondis de la
matière ! Le
bouillonnement complet de ce qui va devenir l'univers, et, par
delà, l'homme,
puisqu'il est lui-même matière, faisant partie de
cette matière universelle.
Notre rituel marque bien cette complémentarité,
faisant le lien entre la création
du ciel (les planètes), du temps (les jours et les saisons)
et les parties du
corps, pour arriver au tout, à l'unité. Cette
construction est directement
issue de la Kabbale et du Sephert Yetsirat, bien que la source en reste
cachée.
Mais peu importe, pourvu que le but soit atteint. On
retrouve, ici
comme ailleurs, les éléments, limités
à l'eau, l'air et le feu, le Terre
n'étant citée que comme planète. Il
est à noter qu'à chaque fois, il s'agit de
matière qui nettoie ou détruit (feu) une autre
matière, qu'il convient de
purifier. Cette opération de purification, commune
à toute société initiatique,
certes, est par le fait même lourdement chargée de
religiosité. Il faut bien
passer cette matière corporelle au Karcher avant de
l'introduire dans le nouveau
système ! La pierre brute ne peut pas entrer telle quelle,
dans le cercle
restreint, mais parfois de plus en plus étendu
(christianisme, islam), des
initiés. Et
tout ça pour
quoi ??? Permettre la découverte de l'origine de la
lumière, dixit le rituel,
c'est-à- dire de la connaissance absolue, celle qui sied
à l'initié parfait.
Pour y arriver, le M\ Maçon franchit pas à pas les
orbes célestes, qui vont
faire parvenir le récipiendaire au but assigné
par la cérémonie d'initiation. Mais
ce que je veux
souligner, là où je veux en venir, c'est qu'il
n'est
aucunement question de
l'immatériel dans tout ceci. La connaissance qui est acquise
par
l'initiation,
résulte en définitive de la même
démarche
que la, soi-disant, « révélation
»
des religions, laquelle est attribuée,
concédée et
non REFLECHIE. Ici, point de
connaissance obtenue par la raison, par le raisonnement, l'observation,
la
réflexion. La connaissance est attribuée,
transmise. Même
si, à titre
personnel, je peux regretter que toutes les initiations soient
bâties sur le
même modèle et ne laissent pas place au travail
personnel, à l'effort
individuel, je dirais que c'est la règle du jeu, sinon on
nie, notamment, la F\
M\ dans ses fondements ; par contre, celle-ci n'est
pas dans la mouvance
religieuse par la suite, puisqu'elle glorifie le travail sous toutes
ses
formes. Cette
digression
faite, mais où donc est la spiritualité
(spiritualité au sens de travail de
l'esprit, ce que nous venons de voir). Nulle part ! Il n'est question
que de la
matière, encore et toujours. Est-ce choir plus bas que
terre, si je puis dire,
de se placer d'un point de vue strictement matérialiste ? En
tout cas moi, ça
ne me choque pas, et je pose de fil en aiguille la question suivante :
d'où
vient l'idée ou la réflexion à
l'être humain, sinon de la matière ?! A-t-on
déjà vu une pensée, un concept,
jaillir de rien, d'une création ex-nihilo,
surgescence du néant ??? Jamais. L'esprit
a besoin
de ce support pour s'épanouir ; il ne peut donner sa mesure
que si des neurones
sont à son service. Il en va de même des
sensations, de la douleur, du bien
être, des impressions, qui elles aussi ne peuvent
émerger QUE de la matière,
pour être ensuite captées par nos
récepteurs matériels eux aussi. Bref, sans la
matière tant honnie ou vilipendée, nous ne sommes
rien, nous n'existons pas. Nous
sommes
entourés de matière, nous sommes
matière. Ce serait le résultat physique et
thermique du reste de matière restant après
l'annihilation des particules de
matière et d'antimatière, juste après
le Big Bang, pour autant que la théorie
soit juste, d'ailleurs. Matière vivante, mais
matière tout de même. Matière qui
finira par pourrir ou partir en cendre. Poussière
d'étoile à notre naissance
comme à notre fin. Plus
on avance dans
nos connaissances scientifiques, plus des pans de superstitions tombent
; plus
la richesse de la matière se révèle. Alors,
arrêtons de
la MAL traiter et rendons lui la justice qui lui revient, d'autant
qu'au bout
du compte, grâce au travail spirituel qu'elle nous permet,
nous pouvons
atteindre l'unité, but ultime qui est mis en exergue dans
nos rituels : « que
la lumière éternelle resplendisse sur ton front
comme la couronne aux douze
rais et te conduise au développement de la vertu et de la
connaissance que tu
désires ». C'est ce que dit le rituel à
propos de l'unité. Il aurait pu en dire
plus, mais, cette fois, il est maçonnique en ce sens qu'il
appelle tout
simplement au travail pour atteindre l'initié parfait. Quoiqu'il
en soit,
progresser, on peut y arriver par ses efforts, mais c'est à
mes yeux la tâche
aussi du rituel et des symboles, qui modifient notre matière
en profondeur, la
polissant progressivement. Une méthode humaniste, libre,
d'une richesse
incroyable. En loge, chapitre ou collège, centres du
macrocosme, nous venons
aussi - à l'image du pavé mosaïque -
frotter nos atomes les uns contre les
autres, pour se polir les uns aux contacts des autres. Travailler
justement sur
nos interactions. Pas dans un pur but ésotérique,
mais pour créer force,
sagesse, beauté en nous et autour de nous. Dans un but
humaniste et donc
social. *
La matière en soi
n'a cependant pas de sens. Elle ne l'acquiert que parce qu'elle peut
receler la
vie. Maçon,
nous nous
devons de respecter la vie. Pas simplement la vie humaine. Je suis
assez
compréhensif pour certains Jaïns en Inde qui ne
mangent aucun poisson ou
viande, font attention à leurs pas pour ne pas
écraser de fourmis et vont
jusqu'à se mettre une petite grille ou un petit bout de
tissus parfois devant
la bouche pour ne pas avaler d'insectes volants. Je comprends leur
démarche,
même si elle me semble impossible. QUEL
AVENIR POUR LA
MATIERE ? *
Il y a un travail
sur lequel nous, maçons, sommes en difficulté
actuellement : c'est déchiffrer
et devancer le monde d'aujourd'hui. A l'instar de ceux qui nous ont
transmis il
y a 50, 100 ans et même plus. Or
de nouveaux
rapports dans la matière se mettent en place : les nouvelles
technologies de
l'information nous poussent dans un nouveau monde virtuel ; les moyens
de
transport nous rapprochent et nous mélangent, à
travers le tourisme, les
déménagements fréquents, les
migrations, les couples mixtes. Les lieux de
rencontre se défont et se refont, autour du net, des grandes
zones
commerciales, des évènements culturels ou
économiques majeurs. Les
notions de
distance, de proximité ne veulent plus rien dire, sauf
à ce qu'une crise de
combustible nous rappelle aux réalités. Nous
pouvons désormais garder de la
distance entre nos tas de matière, tout en nous plongeant
partout quand nous le
voulons. L'utopie de la communauté universelle,
égalitaire, peut être sur ce
chemin. Par
ce nouveau
rapport entre la matière et l'immatériel, c'est
une nouvelle humanité qui se
met en place, que nous le voulions ou non. Notre rôle de
maçon pourrait alors -
comme toujours dans l'histoire - être celui de vigies, de
guetteurs, puis
d'acteurs. Afin que ce nouvel équilibre - porteur comme
toute nouveauté du
meilleur et du pire - penche du côté des
lumières et de la tradition humaniste
et non de la destruction et de l'égoïsme. Notre
connaissance
de l'univers et de la science étant infime, nous connaissons
très peu la
matière et nous ne la maîtrisons pas beaucoup. Le
rôle et la modification du
patrimoine génétique va créer des
champs entiers de réflexion, d'actions, de
découvertes. Ce que certains appellent GADLU, d'autres
religions, d'autres
encore eue sens ou spiritualité, on peut imaginer un jour
que l'on se rendra
compte que c'est une partie de notre matière, autour de nous
ou en nous par
exemple au sein de notre cerveau, que l'on ne savait pas
maîtriser, tout
simplement. La
matière, la
science, c'est aussi une façon de se protéger de
l'irrationnel, du
superstitieux qui peut avilir l'humanité. Il
en est de même
pour le clonage, qui devra être encadré,
pensé, réfléchi au coeur de
l'humanité. Notre connaissance de notre matière
évolue ; or comme le souligne
Henri Atlan, l'espèce humaine a toujours
évolué à travers ses techniques, la
médecine, son habitat, etc. Chaque innovation, depuis les
premiers hommes,
contient bienfait et méfait, pierre noire et pierre blanche
; leur usage dépend
de cadre philosophique, politique et social. Nous-mêmes,
maçons,
ce n'est pas sur notre acquis de matière que nous nous
jugeons, pas plus que
sur notre intellectualité ; mais sur notre
capacité présente et future à
évoluer,
en doutant par l'échange et en travaillant. En
réfléchissant sur le devenir de
l'humanité et en participant à sa construction.
Nous nous voulons opératifs et
non des contemplatifs. *
Je n'omets pas,
les dangers de la matière. Pour ma part, dès que
la matière m'entoure trop, que
le matérialisme me guette, je me sens mal.
Englué. Il me faut donc m'échapper,
m'envoler, à défaut de s'élever. Se
débarrasser d'une grande partie de
l'apparat et de la matière qui nous entoure permet parfois
de respirer, de retrouver
sa liberté. Mais cette recherche de liberté, de
beauté, de sagesse, de voyage,
cette recherche tout court, cette différence dans le regard,
n'est-ce pas ce
qui nous amené ici à nous retrouver et nous
serrer les uns contre les autres ? Mon
cher ICTO, il me semble que,
comme on peut s'imaginer qu'esprit, nous pouvons donc peut
être n'être que
matière vivante. Ce qui nous élève
alors, c'est la volonté et l'espoir que
cette interaction des atomes, amour et liberté. Cet amour
universel, utopique,
désintéressé, discret, sans effusion,
platonique. Ce qui nous différencie
aussi, c'est cette volonté de combat qui nous anime, pour
aider la force des
atomes blancs de notre humanité à renverser celle
des atomes noirs. En nous et
autour de nous. A
cet amour, nous
ajoutons, chacun à notre façon, une part
d'utopie. Car poussières de l'univers,
nous essayons de garder la tête dans les étoiles. J'ai
dit, C\ S\ |
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