Le Centre
Il est une paix
supérieure au Monde, c'est la béatitude infinie
que l'on retrouve au point central où tout est un.
Chacun son chemin, ses combats, ses chutes mais et surtout ses
victoires.
Pour moi c'est le temps de la victoire. De ma victoire sur le temps
relatif,
celui qui me situe entre macrocosme et microcosme, dans la solitude
absolue de
ma con-science, où j'ai réalisé que la
béatitude infinie du point central ne me
serait donnée que parcimonieusement puisque
limitée à ma vision terrestre.
C'est passé par la chute de la science, et ce chemin ne fut
point des plus
facile car le Léthé ne m'a pas lavé de
cet l'esprit Rabelaisien qui murmure
éternellement à mon oreille la leçon
de Gargantua à Pantagruel. « Science sans
conscience n'est que ruine de l'âme »
J'ai marché dans les pas de Socrate. Et si je commence
à me connaître je suis
encore bien loin de pourvoir connaître l'Univers et les
Dieux, car je n'ai plus
que la science de mon tout, ce qui se résume à
bien peu de chose.
Je suis Adorinam contemplant le désastre de sa mer d'Airain.
Dans son songe, il
reçoit la visite de l'ombre du Père des
Pères qui l'entraîne au centre de la terre, dans
l'âme du monde habité, là où
s'élève le palais souterrain d'Énoch
que l'Egypte appelle Hermès et que l'Arabe
honore sous le nom d'Edris. Il découvre ce monde «
idéal », son monde. Il boit les
paroles Tubal- Kaïn, l'aïeul des hommes «
Fils de Kaïn, subis ta destinée, porte
là d'un front imperturbable.
Soit grand devant les hommes »
N'a-t-il pas trouvé au fond de sa montagne, au centre de son
cercle le pouvoir
de sa connaissance ?
N'a-t-il pas trouvé la signification, sa signification de la
parole perdue ? En
ouvrant son oreille du dedans, celle que décrit notre
vénérable frère Pierre
Antoine
La béatitude (du latin béatificus) signifie
« qui rend heureux, ou bonheur du
ciel ». C'est la vue que les Elus ont de Dieu dans un bonheur
sans fin. C'est
donc pour l'initié, au présent, le continuum du
travail des glorifiés qui se
réjouissent dans le champ des roseaux.
L'Hermès souterrain m'a susurré « J'ai
été ce que tu es et je suis tout ce que
tu seras et tu seras ce que je suis. ». Je comprends mieux
mon regretté Frère
Régis Blanchet quand il m'expliquait sa vision
panthéiste de notre monde.
« Tout est dans Dieu et Dieu est dans tout ».
L'univers est présenté comme le
corps d'une grande unité aux mille facettes, qui n'a jamais
commencé et qui ne
finira jamais. L'homme tient sa force de la vie qui nous entoure. Tout
étant
sacré, tout est réceptacle d'une des hypostases
(une prolongation)
hiérarchisées de la Grande Divinité.
La prise de conscience du monde et de la nature engendre la prise de
conscience de la divinité qui l'anime (au sens de
« anima » - âme)
Au 1ère
degré nos travaux sont ouverts et suspendus, mais
jamais fermés. Les degrés suivants ne sont qu'une
étape supplémentaire que nous
franchissons, et que, par le parallélisme des formes, nous
redescendrons. Cette
Grande Divinité, celle ce que nous invoquons sous mille
noms, forme La Vérité,
dont je ne suis qu'une petite partie du tout. Je suis
quantité infime de la béatitude, qui se
développera si je ne vois que le beau, car il est des choses
comme les hommes,
elles évoluent avec le temps et l'espace. Mais leur noyau
dur, leur centre, la
cause de leurs existence est toujours la même. Seule leur
vision périphérique change.
Hermès révèle encore « Tout
ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et
ce qui est en haut et comme ce qui est en bas ».
Longtemps j'ai assimilé son dire au sablier de mon
initiation. Le sable
représentait le travail de l'homme, ce qu'il pouvait faire
de bien ou de mal.
Une fois que le sable, mesure d'une unité du temps terrestre
qu'il nous est
donné de vivre pour faire, était passé
dans la partie inférieure du sablier, le
Grand Horloger, celui pour qui le temps est infini le retourne. Et
l'homme ne
perçoit dans sa juste proportion que ce qu'il a
semé.
Aujourd'hui j'entends ces mots autrement. Ils m'indiquent que le
Principe est
Unique. Ce que je connais du bas n'est que le reflet du haut et qu'il
ne sert
rien de courir après des chimères, puisque nous
avons déjà les outils pour
bâtir notre bonheur, notre béatitude.
Quand les yeux sont cillés, la lumière ne peut
franchir le sommeil artificiel
mais protecteur dont l'homme se pare. Initiée, j'ai vu, mais
il m'a fallut
pratiquement neuf ans pour comprendre que le bonheur est dans le
pré. Neuf ans,
trois fois trois ans où le temps la gestation de mon moi,
maintenant je peux
dire « je pense donc je suis »
L'infini du latin infinitus est ce qui n'a ni commencement ni fin.
C'est ce qui
est sans bornes. L'infini dépasse toute la grandeur
concevable. L'infini est
susceptible de s'accroître sans limite, dépassant
toute les autres quantités.
Son symbole mathématique est graphiquement
représenté par un huit couché,
c'est-à-dire les lacs d'amour, ceux qui nous unissent en
perpétuelle chaîne
d'union. Je ne suis que régent d'une partie de l'Univers qui
m'a été confié en
garde et en vertu d'une mission. Compagnon « j'ai
employé tout mes soins, non
seulement à cacher les défauts de mes
Frères et Sœurs, mais aussi à les
corriger par des exemples et des conseils. »
Devenir régent implique des droits mais aussi des
obligations.
• Le droit d'aller sur le chantier avec sagesse et refus du
hasard, par la
mesure qui engendre la force.
• L'obligation de rendre compte de la gérance. En
effet la régence n'est que
temporaire et temporelle.
Entre compas et équerre, entre la terre et le ciel, par sa
raison, le maître
s'attache à son Devoir et redonne à ses lettres
noblesse à l'Adam Kadmon. Guidé
par Anubis et soutenu par sa patronne, la Dame de
Vérité dont l'Etoile flamboie
devant ses yeux, le compagnon est conduit devant le tribunal du
Véridique où il a été
constaté
qu'il était pur tant dans son cœur comme dans son
être.
Vivant le drame d'Imhoteph, il découvre que les mauvais
compagnons sont l'erreur,
le fanatisme et l'orgueil.
Le maître est tué pour que vive le
maître, comme le fils doit symboliquement
tuer le père pour devenir un homme. Cette mort lui apporte
un nouvel état de
conscience qui permet de dépasser la vision de la vie qui se
résume à être et
ne plus être. Par cette mort rituelle il devient
poussière d'étoiles et rejoint
les étoiles. Il trouve la vie au sein même de la
mort car si la graine est
morte en terre pour mieux renaître c'est parce qu'elle et
porte en elle toute
la Puissance et la Gloire du l'Arbre de Vie. Le legs que nous avions
reçu en
dépôt est transmis.
Si j'ai appris à construire les cachots pour les vices et
des temples aux
vertus, il me reste surtout à savoir apporter un peu de la
lumière de notre
temple, de mon temple sur cette terre de la Vieille Egypte. Il est des
pierres
qui sont plus dures que d'autres à tailler puis polir. Mais
c'est peut être
cette dureté qui en ferons leur solidité.
L'intuition de l'errante me pousse à croire que cette
lumière est celle de
cette paix, de cette béatitude infinie qui s'auto alimente
chaque fois que mes
pas me rapprocheront du point central.
Pourtant mon horizon s'éloigne à mesure que
j'avance pour le toucher.
Il me montre une vie plus dure et moins facile apprivoiser. C'est pour
cela que
cent fois sur le métier je remets mon ouvrage.
Mais faut il d'abord que je soit en paix avec moi. Le miroir du
compagnon,
l'impitoyable juge de mon quotidien me rappelle souvent la
réalité. Je n'ai
plus confiance en mon pas et j'en connais les raisons, la raison, le
doute de
l'autre donc de moi.
Donner pour donner, donner sans retour, sans attente et sans
contrainte, donner
pour l'Amour de ma Vérité, mais accepter que mon
don ne soit pas celui que
l'autre ait envie ou besoin de recevoir. Le Tout ne
s'épanouit que dans la
juste proportion des choses.
Pas de tristesse, de regrets, de remords, car si la lanterne que je
porte dans
mon dos éclaire principalement mon passé, elle
dessine mon avenir immédiat.
Reste simplement la nécessité de reprendre
confiance dans le maniement de mes
outils à notre rite.
Seule, subsiste une cicatrice. Tel notre sceau, cette trace est
gravée dans ma
chair pour me rappeler que l'essentiel n'est que la
réalisation de mon œuvre et
qu'un bonheur qui me transverse n'est déjà plus
qu'un souvenir et il me faut
encore du courage pour l'inverser et ne pas trop le retenir.
Après ma chute dans la profondeur de mon être et
que le miroir eut mis à nu mes
pudeurs les plus intimes, avant d'oser reprendre la parole je reviens
vers
cette Veuve qu'est l'humanité toute entière
privée de son animateur initial. Si
le but de la Franc-Maçonnerie Humaine est de
rebâtir ce foyer lointain où elle a connu le
bonheur
ineffable. Mais à partir de quoi peut on rebâtir ?
Selon l'adage « Un est en tout et tout est dans l'un
», c'est donc à partir de
nous même que la reconstruction de ce foyer lointain commence.
Fuyant le chemin doloriste d'un Dieu transcendant, j'ai
trouvé dans l'immanence
du tout dans l'émerveillement du pas. Notre
Vénérable frère Pierre Antoine a
écrit que notre rite était riche du tout et cela
dès le premier degré, et j'ai
découvert à quel point il pouvait avoir raison.
Notre rite a conceptualisé la dimension de ma relation au
sacré. Il a formalisé
et hiérarchisé ma pensée, celle qui a
fait de Jonathan un Dieu Majeur de mon
panthéon. Je songe souvent à ce
goéland, ivre de liberté, épris d'une
volonté
de faire uniquement pour l'amour de l'art. Il a connu un point central,
mais le
sien ne fut pas celui où l'on rencontre cette
béatitude infinie. C'était le cercle que
formaient ses pairs réunis en formation de jugement afin de
l'exclure du
groupe. Ses fautes :
• celle d'avoir cherché autre chose dans son vol
qu'une conception matérialiste
purement alimentaire
•
celle d'avoir considéré qu'il existait une
Sagesse ouvrant la porte
d'une Force, celle d'un être libre sur lequel nulle norme
autre que celle
librement consentie n'avait le pouvoir de l'asservir
• celle d'avoir décidé que son
être n'était qu'au service de sa
liberté et que
sa seule richesse est celle de son Cœur Pur
Il m'a d'abord appris que mon destin n'existe pas et qu'il sera ce que
je lui
emmène car ce que j'aime est en moi.
Il m'a surtout appris que les hommes sont comme les abeilles, ils
puissent dans
l'amertume des fleurs le nectar avec lequel ils feront le miel divin et
que
c'est des ténèbres que jaillit la
lumière.
« C'est en notre âme et en l'âme de nos
semblables que nous devons semer le
Verbe afin qu'il produise des fruits des tout genre et de toute
espèce. Car l'âme
de l'homme est la terre naturelle du Verbe »
Chaque sol, selon sa nature, sa préparation
reçoit la graine qui est de nature
à y germer. L'après, ce sont les soins quotidiens
du jardinier donc de sa
volonté de perfectionner son l'art. Saisons après
saisons, j'ai modifié mon
geste pour l'adapter aux mots et aux signes de la nature. Car
« On de ne domine
la nature qu'en s'y soumettant (Bacon) » et se soumettre
c'est ce mettre sous, devenir le
serviteur.
C'est ainsi que l'Oeuvre de la Vérité qui unit le
Très Vénérable Maître au
Vénérable Premier Surveillant féconde
aussi mon temple
Errante dans la nuit, je cherchais la Véritable
Lumière.
Montant l'escalier tournant, j'ai trouvé à chaque
étape trois lueurs, puis cinq
et sept. Mais je sais que je suis encore loin de la Pleine
Lumière. Guidée par
mon étoile, je sais que tel le pèlerin, j'avance
vers mon point central où tout
est un, et où m'attends cette paix supérieure au
monde, cette béatitude infinie
dont je ne peux vous décrire « n'ayant pu
entrevoir qu'une infime partie des
Plans Parfaits de Sagesse ». En ce jour, j'ai la conviction
que ma connaissance
ne sera jamais que partielle, et que je n'aurais jamais le temps de
découvrir
l'immensité d'un si grand Univers. Car cette Paix
Supérieure au Monde, est née
de la Béatitude soutenant l'infini.
Le sens primaire, c'est à dire premier, primordial montre
combien ils puissent
l'un en l'autre leur force dans une dialectique perpétuelle.
Se donnant l'un à l'autre, ils sont l'immensité
que seul Le verbe de la Vérité
Divine peut contenir.
Aller vers c'est entreprendre un voyage, dont on ne connaît
ni le but ni le
temps nécessaire pour l'accomplir. Seul le premier pas
coûte, mais le prix à
payer, s'il reste indéterminable, vaut bien ce que j'en ai
reçu en contrepartie.
Platon disait inlassablement que « s'initier c'est savoir
apprendre à mourir ».
Je sais d'où je viens, j'arrive à savoir
où je suis, un jour je trouverai le
chemin du champs des roseaux.
Si nul passé ne mérite d'être
revécu, l'intérêt de la question ainsi
posée est
celui de l'éternel retour vers le pavé ou la
lecture lucide de ce que je suis,
de là où je suis, de ce que j'espère
devenir, mais que je sais n'être qu'une
utopie.
Si notre Très Vénérable
Maître nous annonce à la fin de la
chaîne d'union et
avant déclarer les travaux suspendus, l'existence d'un lieu
où règne cette
béatitude infinie c'est peut être pour nous
rappeler plusieurs choses.
• D'abord il ne sert à rien de demander Son chemin.
Chacun a le sien. Le pas
compagnon va sur les routes. Il s'écarte de la ligne
médiane pour y revenir. Le
maître passe par la mort, mais ne fera que la traverser.
Debout, face à au
Debhir il connaît maintenant les outils qui ouvriront la
porte d'Orient dans la
paix du travail accompli.
Cette lecture symbolique est peut être la
conséquence d'une transgression
originelle, mais que j'espère fondatrice d'une nouvelle
espèce humaine dont les
futures générations seront annonciatrices d'une
évolution positive, et non
point positiviste, de l'humanité.
• Ensuite les chemins sont quelquefois parallèles
ou se croisent, mais c'est
toujours pour un espace temps déterminé.
Pourtant, dans sa solitude et peut être par cette solitude,
le cherchant trouve
le sentier qui le mènera vers ce lieu de
félicité qu'est le centre de l'Union.
• Enfin que le chemin que je fais est une route neuve que
d'autres suivront,
comme je marche à mon pas dans celle de mes devanciers car
« ma science n'est
rien d'autre que l'image de ma vérité, celle de
jour. Peut être pas pu plus
celle de demain ».
La vérité d'être et la
vérité de connaître sont une seule et
même chose.
C'est ainsi que selon notre rituel « la connaissance triomphe
de l'ignorance et
la liberté de l'oppression » Aller vers ce point,
c'est marcher, c'est se
déplacer. Le voyage quel qu'il soit n'est jamais statique.
Voyager c'est
bouger, c'est montrer que l'on n'est pas mort. La paix et l'harmonie
sont
devenues la locomotive du train de mon voyage.
Ainsi, au soutien de ce point central où tout est Un, vient
la Sagesse terreau
de l'Arbre de Vie, puis une Force qui ce cesse de
pénétrer tout ce qui vit et
par laquelle la lumière trouve l'aliment qui lui est propre.
Cette recherche, cette quête nous unit et scelle notre
secret, ce vécu n'est
pas dicible. Il m'a pénétré le jour de
mon initiation et continu à m'habiter.
Tous, avons notre Vrai, mais il n'est pas adapté, adaptable
à l'autre. Loin des
tumultes, ces différences m'enrichissent et l'ambition qui
m'habite devient conscience et
humanitude.
« Le sage
explique au disciple Her-back « celui qui reconnaît
le sens Divin de
la Vie sait aussi que la connaissance n'a qu'un but, c'est celui de
suivre la
marche des étapes successives qui le libèrent du
périssable, car les choses ne
meurent que par le corps ; mais l'âme est le verbe Divin
retourne à sa source
est ne meurt pas » Schwaller de Libhicz.
Disciples de la raison raisonnée, les enfants de la
lumière savent que ce bien
par destination qu'ils partagent s'offrira toujours au vaste champ de
leur
réflexion mais à condition qu'ils aient la
conscience d'une âme indépendante
des contingences corporelles.
Je crois Hiram de Tyr vivra tant qu'un maître
maçon vivra, qu'il cherchera à
écarter de ses yeux le voile du mensonge, des erreurs et des
préjugés et pourra
transmettre le patrimoine dont il n'avait qu'une régence
temporelle.
Je crois Hiram de Tyr vivra tant qu'un maître
maçon vivra et qu'il transmettra
à celui qui cherchera à aller vers ce point
central ou tout est un, car il y
trouvera cette une paix supérieure au monde, la
béatitude infinie.
J'ai dit, très Vénérable
Maître le 3ème jour de la Saison de Thôt
M\
H\
B\
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