Obédience : NC | Loge : NC | 05/2010 |
La Chair quitte les O\ Au grade de Maître, le rituel tire sa quintessence autour de la mort d’Hiram, assassiné par les trois mauvais compagnons à la recherche du mot de passe. Aussi, dans nos traditions, pour corroborer, nous relevons que le mythe de l’homicide est présent, et les exemples sont légions. Depuis des temps immémoriaux, la pratique de l’homicide existe chez les égyptiens ; l’on peut citer, le cas où Seth tue Osiris, aussi comme dans l’Ancien Testament, celui où Caïn donne la mort à son frère Abel. Que représente la mort pour nous ; la disparition d’un être cher, la perte que cela cause, c’est aussi la rupture au moment de l’enfouissement de la dépouille dans la tombe. Scrutant ce haut moment, dit de rupture, peut être d’adieu, sans espoir de nous revoir ; autour de cet instant d’ensevelissement, nous sommes tentés de projeter un regard, un regard scrutateur, pourquoi pas, étaler une projection dans le déroulement d’un cycle analogue qui nous environne, c'est-à-dire, l’œuvre de nos mains qui plante, qui sème, qui cueille et récolte. Cette action noble qui consiste à donner la vie, je dirais, en d’autres termes, créer et constituer ; intègre le triptyque, naissance, vie et mort ; c’est donc, la graine dans le sol, puis plus tard, l’apparition d’une pousse ; alors on s’interroge ; sur le séjour sous terre de cette graine qui quelques temps après, donne un arbre, puis des fruits et autres… Alors, notre questionnement s’oriente vers le temps, celui qui s’écoule dans le sol ; que s’est il passé dans le sol pendant cet assez long temps et dans quel état s’est retrouvé la graine que nous avons enfoui dans le sol. Notre interrogation constitue ou pourrait être le socle d’une approche à creuser, pour tenter de cerner le processus aussi complexe, autour de la vie, de la mort et aussi de l’étape de pourrissement qui est une passerelle à la répétition de ce cycle. Au moment de planter une graine, un noyau ou autres fruits ; le tout dans l’analogie de la production et de la reproduction. Dans cette optique, le processus de vie d’une plante, ne nous interpelle t-il pas ; au regard du segment des actes de l’enfouissement, du séjour dans le sol, puis de la remontée au travers du bourgeon qui apparaît à ce même endroit ; à dire vrai, ce cycle pour peu paradoxale qu’il pourrait paraître donne à la trajectoire, de la vie ou de la naissance, puis de la croissance et plus tard de la mort, mais de quelle mort ; de celle plutôt qui redonne vie, celle qui crée la renaissance ou la palingénésie. Dans nos sociétés, un être cher qui disparaît, est remplacé ou substitué par une nouvelle naissance ; ainsi l’on dira ; cet enfant qui vient de naître est la ressemblance : le symbole de notre défunt parent qui nous revient. Placé dans ce cercle infernal d’interrogations diverses ; mon axe d’investigation va vers l’Art Royal, celui de la F\ M\, qui semble au plan virtuel m’indiquer quelques pistes de réflexion ou axes de travail. La mort est un instant de nivellement de la vie dans notre environnement car on est tous enterré de la même manière, allusion faite à la fosse, au cercueil et autres linceuls qui tranche avec la multitude de biens et autres amassés ici bas ; « tu es terre, tu redeviendras terre » ; aussi m’a dit un jour un sage de notre époque, je cite : « mon fils, as-tu déjà vu, attelé à un corbillard, un coffre fort qui escorte son propriétaire » ; eh ! bien non, répondis-je ; alors il conclu en ce terme : « vanité de vanité ». Sur quoi, vais-je prendre appui ; eh bien, sur le long processus d’initiation où, à tous les âges ; chacun selon son degré à rencontrer ou vécu la mort ; ce, depuis le cabinet de réflexion en passant par les différentes étapes d’augmentation en grades. Au grade d’apprenti, le passage des ténèbres à la lumière symbolise bien une rupture caractéristique d’une mort et d’une naissance. L’Apprenti après être mort aux préjugés du vulgaire s’est vu naître à la vie nouvelle que confère l’initiation. Au grade de Compagnon ; au moment de recouvrer la parole, il franchit une étape dans sa quête initiatique en passant de l’équerre au compas tout en enjambant le corps d’Hiram ; il devient alors fils de putréfaction ; il n’est plus le même, encore une fois, on rencontre la mort. C’est alors qu’intervient la symbolique autour de la mort d’Hiram. HIRAM mort, sa dépouille est retrouvée par les neufs frères envoyés à sa recherche. Accompagné par les deux Surveillants, le Vénérable Maître s’approche. Le Second Surveillant s’exclame : « voilà l’acacia ! ». Après que le Vénérable Maître ait identifié le cadavre, le Second Surveillant se penche sur celui-ci ; il lui saisit l’index de la main droite, le doigt sur la base duquel s’exerce l’attouchement d’Apprenti et prononce le mot sacré du grade. Il tente ainsi de le ranimer en faisant appel à l’énergie intérieure, orientée verticalement selon le fil à plomb, et au feu construit inné. Le doigt lui échappe : il s’exclame « la chair quitte les os ». L’exclamation à la découverte du cadavre d’HIRAM allégoriquement, on quitte le monde terrestre pour le monde céleste ou cosmique. La chair quitte les os est le symbole de l’élévation spirituelle, au travers de la spirale de la putréfaction. Le concept de la putréfaction entraîne la naissance ; il faut revenir sur ses pas. La putréfaction c’est aussi à terme, la naissance qui appelle la beauté ; cas de LAZARE : blessé, sale, répugnant qu’on approchait plus ; puis résurrection et beauté. La mort, phénomène sacralisé dans notre société ex : le dieu de KOULITROU ; après sa mort : dans la tradition bantoue le mort est vénéré, mieux il est sacralisé. Le F\ M\ se perpétue dans ses fils qu’il ressuscite en leur personne. Nous savons que nos enfants viennent au monde avec des prédispositions héritées de nous et qui, fort souvent, agissent d’une manière décisive favorablement ou défavorablement sur leur destinée. En outre l’éducation, et avant tout l’exemple que nous donnons, déterminent dans une mesure sensible leur avenir. C’est par là que nous avons la faculté de les influencer d’une façon effective, de préparer certains point entrepris par nous même. Ainsi, nous pourrons leur aplanir la route, les mettre sur la voie qui conduit à la lumière et qu’ils sauront suivre même. En vérité, c’est pour nos enfants que nous sommes immortels. Si par son symbolisme saisissant le grade de Maître nous rappelle la mort et la fragilité de tout ce qui est ; la parole de Maître nous donne aussitôt la (meilleure des consolations) plus pure des consolations. Même ceux à qui la vie n’a pas accordé de descendance pouvant participer à cette continuité de la vie spirituelle en faisant bénéficier de nos idées et surtout de notre exemple les hommes qui nous entourent. Pour le F\ M\ la légende d’Hiram a une double signification. Tout d’abord, HIRAM est le symbole de l’homme de valeur qui, malgré les tentations et les persécutions, remporte la victoire sur les faiblesses et ses passions et rapproche de la perfection humaine. Les assassins d’HIRAM
sont les vices qui nous empêchent de parvenir à
cet état : envie, avarice, vanité,
vengeance, ambition, intolérance. Or le vrai F\ M\, le
Maître FM demeure fort dans la tentation et sait supporter la
haine, la calomnie et les offenses, afin de demeurer fidèle
à soi-même et à autrui. Cette symbolique est ébauchée dès le grade d’Apprenti : la chaîne d’Union de la Tenue Funèbre amène le dernier initié à remplacer le Frère passé à l’Orient éternel. Lors de cette cérémonie déjà, une branche d’acacia est disposée sur le drap noir qui recouvre la chaise placée sur le pavé mosaïque. Cet acacia est toujours vert, produit un bois qui détient la réputation d’être quasiment imputrescible. Il est symbole de vie et d’immortalité. Il représente aussi bien la dimension intemporelle de la F\ M\. Cette immortalité transite par la pourriture : la germination des plantes est liée à une décomposition. Une vie nouvelle passe par un anéantissement préalable. Il ne s’agit pas d’une résurrection comme celle de Lazare, qui se trouve qu’antérieurement réinséré dans la durée finie C’est au contraire une nouvelle génération, une palingénésie. Alors, si l’on craint la mort, comment pourrait-on espérer ouvrir les yeux sur soi-même puisqu’on n’a même pas ouvert les yeux sur sa vie ! J’ai dit. P\ N\ |
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